C’est avec un soulagement non dissimulé que Zeian vit Tiago et Aman entrer dans le hall de l’astroport. Les deux hommes s’approchèrent de lui au milieu d’une foule compacte qui avait envahi chaque centimètre carré, les yeux braqués vers le parc de stationnement encore calme.
— Tu restes ? Demanda Smith à Tiago.
— Après mûre réflexion, je crois que je n’ai pas beaucoup de choix. Mais il faut retrouver Viktor. Les contacts fiables que j’ai ne savent pas non plus où il est.
— Je comprends que ce soit important pour toi. Tu ne vois vraiment pas où il aurait pu se cacher ?
— Je n’avais jamais mis les pieds là où nous avons vu les armes. Je pense que ce qu’il prépare est indépendant des affaires que j’ai déjà faites avec eux, et je doute qu’il soit rentré chez lui !
— Il fera un faux pas, il faut être patient !
— C’est ça…Patience !
Leur conversation fut coupée par l’arrivée de « Fandango 7 », le nouveau vaisseau de l’armée du Conseil sortant son train d’atterrissage pour se poser sur le parking de l’astroport. L’ensemble des habitants des cubes s’étaient rassemblés auprès de toutes les parois vitrées pour le voir arriver. Les lignes angéliques et cristallines de cet aéronef rendaient archaïques tous ceux qui étaient stationnés autour de lui.
Tout le monde était là pour accueillir ces visiteurs, attendus comme le Messie. À quelques mètres derrière Zeian, Tiago et Aman se tenaient debout, admiratif de ce nouvel engin qui avait fière allure. Les bulles servant de navettes amenèrent les 3 officiers, principaux responsables du détachement, vers leur comité d’accueil. À leur descente, le commandant s’avança en premier vers Zeian, impressionné par cet accueil, et le salua. La première chose que Brown remarqua fut toutes ces bannières affichées sur toutes les vestes. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre que c’étaient les drapeaux nationaux interdits sur Terre.
— Soyez la bienvenue sur Hauméa, fit Zeian, en lui tendant jovialement la main. Votre venue nous rassure, soyez en sûr !
— Merci pour votre accueil, répondit-il, en le saluant à son tour, mais avec plus de retenue. Je suis le commandant John Brown.
— Je remercie les nouvelles technologies qui ont considérablement raccourci le temps de trajet entre la ceinture de Kuiper et la Terre.
— Oui, c’est un formidable outil.
Il mit sa surprise de voir toutes les cultures mélangées en un seul endroit entre parenthèses, pour prendre un ton grave envers son hôte et aller droit au but.
— Chef Smith, je vais être franc avec vous, il est indispensable que nous discutions du contenu du mandat qui nous a été donné par le pouvoir central.
Surpris, Zeian, garda son aplomb.
— Il y a un problème ?
— Pourrions-nous discuter au calme ?
— Allons dans mon bureau pour cela, proposa-t-il.
Le commandant se tourna vers ses lieutenants.
— Débarquez tout le chargement, ordonna-t-il. Il ne faut pas perdre de temps.
— Voyez avec M. Wilson et M. Yash pour tout cela, enchaîna Zeian en désignant ses deux employés.
Alors que Brown et Zeian sortirent du hall, Tiago et Aman partirent monter à bord de « Fandango 7 », sous les regards envieux de beaucoup de colons.
*
Au même moment, dans la salle de sport d’Hauméa, Haïp, Lys et les autres Amazones venues en renfort, Eve, Han, Roze et Mia, s’adonnèrent à leur entraînement sportif quotidien et indispensable. Elles étaient toutes habillées avec la même tenue, un fuseau leur arrivant aux genoux, avec un débardeur blanc pour les plus anciennes, et bleu foncé pour les deux plus jeunes.
Eve encadrait la séance de circuit training de Roze, expatriée sud-africaine et Han, ressortissante japonaise. Ses trois Amazones expérimentées s’adonnèrent à la musculation nécessaire et à l’entretien cardiaque indispensable pour faire face aux missions auxquelles elles étaient confrontées. Les tissus « intelligents » amélioraient leurs performances musculaires, mais malgré cela et ses 45 ans, Eve puisait dans ses ressources pour emmener ses deux acolytes âgés de 20 ans de moins qu’elle, avec une élégance et une classe qui en déconcertait plus d’une. Accompagnée de « ball coach», des boules robotisées en lévitation qui simulaient et jalonnaient leurs circuits, Eve mit une musique qui rythma une ligne droite d’exercices. Elles s’étaient façonné un parcours d’épreuves semé de gestes de musculations sur la piste d’athlétisme, s’amusant à ramper, sauter, effectuer des roulades dans une bonne humeur mêlée de blagues, de chamailleries, et du souffle de l’effort fourni.
De son côté, Haïp encadra avec plus de sérieux les deux plus jeunes recrues en sport de combat, Mia, une fille d’expatriés jordaniens, et Lys. Elles s’échauffèrent à la corde à sauter et il ne fallut pas longtemps pour lancer le rythme cardiaque. Elles se mirent en ligne devant des hologrammes d’adversaires que des robots « ball coach» créaient, et le travail de la technique commença. Haïp exigeait une concentration extrême pour mettre, tantôt de la vitesse, tantôt de la force dans leurs coups, pas de place pour la chamaillerie. Au bout de quelques minutes, les premières grimaces, consécutives aux douleurs de l’effort fourni, se firent ressentir. Puis, devant des sacs de frappes, ce fut une grande quantité de coups qui tomba. Sans se reposer, elles entamèrent l’ultime partie de la séance, la plus fatigante, les minutes les plus intenses. Sur un ring doté de cordes artificielles, des combats courts de deux minutes s’enchaînaient entre les trois femmes. La différence de niveau entre Haïp et les deux apprenties était flagrante, et les sourires provocateurs de celle-ci pendant les combats avaient le don d’exaspérer ses adversaires. Elles se réunirent toutes autour d’une partie de volley-ball qui ne devait durer que le temps de quelques balles. La partie dura finalement une heure, et le set interminable, aucune équipe ne voulant laisser la victoire à l’autre.
La séance finie, les six jeunes femmes se retrouvèrent en cercles et s’adonnèrent au meilleur moment de séquence, une récupération entre taquineries et petites provocations gentilles. Leur dernier combat avait été très intense, mais le sentiment d’une session bien menée les épanouissait. Eve n’avait pas passé l’éponge sur l’escapade d’Haïp, mais elle se montrait conciliante et toujours apaisante. Il n’était pas si loin le temps où la petite Hippolyte s’amusait à l’imiter, elle et son accent anglais, en faisant rire toute l’assemblée. Elle savait que la contrariété d’Eve était le fruit de l’inquiétude, rien de plus.
— Je ne te pas trop fait mal j’espère, lançai Mia à Lys.
— Non !Je ne te ferais pas ce plaisir, répond-elle, avec le sourire. Et puis je t’ai battu au volley ! Alors, je vais bien dormir ce soir !
— Tu faisais moins la maligne en boxe ! Plaisanta Roze.
— Trouve-moi un nom, un seul nom, de quelqu’un qui a battu Haïp à la boxe !
— Il n’est pas né et sa mère est morte ! Lança Eve.
Elles se mirent toutes à rire, et après un bref silence, le sérieux reprit le dessus.
— Toujours pas de trace de Viktor ? Demanda Eve.
— Plus j’y pense, et plus je deviens folle, fit Lys, l’air agacée. J’ai cherché partout !Je n’ai rien trouvé… rien ! J’ai tout retourné, tout visionné, je ne comprends pas.
— Il était temps que tu sortes un peu de tes recherches, fit Han. Parfois, il faut savoir s’arrêter, et prendre du recul. Être tout le temps la tête dans le guidon t’empêche d’avoir les idées claires.
— Han à raison, poursuivit Eve. Le repos est aussi important que l’effort, cela est vrai en sport, et c’est valable pour beaucoup de choses !
Eve se leva la première et sonna la fin de la séance pour rejoindre les douches. Elle fit un clin d’œil amical à Haïp, restée au sol, sachant très bien qu’elle allait poursuivre ses étirements plus longtemps.
— Tu ne te relèves pas ? Demanda Lys.
— Pas tout de suite, je vais m’étirer encore un peu avant d’y retourner. L’armée a dû arriver maintenant. Je ne vais pas trop tarder quand même.
— Je retourne en salle de conférences 8 pour continuer mes recherches.
— Lys, tu fais du très bon travail, je n’en doute pas. J’ai confiance en toi, et je sais que tu peux le trouver sans que je t’aide. Si tu as l’impression d’avoir tout épluché, cherche parmi toutes les éventualités, même les plus illogiques. Creuse partout, même là où tu es persuadé de ne rien trouver, creuse quand même. Parfois nos certitudes nous trompent, et nous induisent en erreur. Si je n’ai qu’un seul conseil à te donner, prends de la hauteur face à tes difficultés. Prends de la hauteur.
— Je vais m’y atteler. Je ne te décevrai pas !
— Bon courage.
Lys lui fit un signe amical de la tête et sortit de la grande salle en trottinant pour rejoindre les autres. Haïp se rallongea et ferma les yeux. Elle prit son genou droit avec sa main gauche et commença à tirer dessus, une petite contracture derrière la cuisse continuait à la taquiner légèrement. C’était d’ailleurs à cause de cette blessure récurrente qu’elle n’avait pas pu accompagner Faraï sur Eris. Haïp pratiquait des activités sportives et répétées depuis son plus jeune âge, entraînant quelques blessures tenaces, surtout aux articulations. Elle rouvrit les yeux et s’aperçut qu’elle était désormais seule dans la grande salle de sport. Ce silence était reposant, relaxant. Tous les habitants s’étaient rassemblés pour voir arriver « Fandango 7 ». Autant rassuré de les voir débarquer, que curieux de voir en chair et en os des habitants venus de Terre.
Elle lâcha son genou droit et inversa sa prise en prenant son genou gauche avec sa main droite. Elle ferma les yeux et profita de cet instant de solitude. Soudain, elle entendit des pas s’avancer. Elle ouvrit les yeux et vit un homme s’approcher d’elle, sans se méfier. L’homme, grand, au teint mat, marchait lentement dans sa direction, habillé, lui aussi, d’une tenue de sport. Elle l’avait déjà croisé quelque part, mais elle ne parvenait pas à se souvenir où. Haïp s’assit doucement, l’homme s’avançait en la dévisageant, le regard de plus en plus incisif. Son visage lui semblait familier, mais ses souvenirs restaient confus. Ses cheveux noirs, courts et tirés en arrière lui donnaient un air agressif. Antonio Giamoa n’avait aucune intention de se présenter. Un mauvais pressentiment gagna Haïp quand elle aperçut sur son visage de multiples cicatrices,
— Tu te défends bien Hyppolite, lança-t-il.
— Qui êtes-vous ? Répondit Haïp, de plus en plus méfiante.
— Je trouve que tu as une bonne technique, mais ça se voit que vous combattez entre vous. Le niveau n’est pas très haut.
— Comment connaissez-vous mon nom ?
Il continua à s’approcher et la dévisageait de plus en plus.
— Vous battre entre femmes, c’est une chose, avec un homme s’en est une autre, continua-t-il. Ce n’est pas comme cela que l’on progresse, et tu le sais !
— Puisque vous le dites. C’est vrai que maintenant que j’ai deux heures de sport dans les jambes, je dois être désormais à votre niveau.
Le visage d’Antonio se ferma à cette provocation et la sanction fut sans appel. Il se mit à courir sur les derniers mètres et engagea le combat contre elle. Haïp se releva d’un seul coup et tenta de parer les coups. Les siens étaient vifs, puissants. L’homme avait un très bon niveau dans le free fight. Il se servait de ses poings, coudes, pieds, genoux, l’ensemble de son corps était une arme. Malgré les douleurs et la fatigue de la séance passée, Haïp tentait de parer à tous ses coups sans pouvoir prendre le dessus. Ses muscles la brûlaient, son souffle lui manquait, elle avait l’impression de ne pas maîtriser tous ses barrages. Elle avait la clairvoyance de se dire qu’elle défendait plus qu’elle n’attaquait. Et surtout que cette technique allait ouvrir des failles que son adversaire allait, certainement, exploiter. Elle parvint à se réfugier derrière des agrès, ce qui lui donna un moment de répit.
— Tu te débrouilles, lança-t-il. Mais tu subis plus que tu n’attaques.
Elle le regarda, interrogative, elle ne comprenait pas l’objet de ce combat.
— C’est quoi ton problème ? Lança-t-elle, en cherchant son souffle.
— Ta défense est encore faible, fit-il, en ignorant sa question. Tu cherches trop à protéger tes côtes au détriment de ton visage. Si j’avais voulu, j’aurais pu t’assommer plus d’une fois.
— Mais que me voulez-vous ? Cria-t-elle. Qui êtes-vous ?
— Je suis là pour te montrer tes faiblesses, et tu en as beaucoup. La preuve est que tu commences à perdre son sang-froid…Parce que tu sais que tu n’as pas le niveau.
— Je n’ai rien à vous prouver.
— Oh que si, et ce n’est qu’un début.
Malgré les instruments de musculation, il parvint à trouver une faille et la fit sortir de sa cachette. Pourvue d’une détente impressionnante, une simple impulsion de sa part le fit franchir une machine. Il se retrouva face à elle et la repoussa hors de son recoin.
— Ne te cache jamais ! Cria-t-il d’une voix forte. Sort de là !
Il continua à l’assainir de coups, puis la fatigue l’emporta, elle baissa sa garde une seconde de trop. Il lui mit un coup droit dans le visage qui la projeta en arrière. Elle tomba sur le dos, et dut attendre quelques secondes pour revoir clair. Il s’approcha d’elle, la prit par la bretelle de son débardeur, et la souleva avec désinvolture pour la regarder dans les yeux.
— Je vais bientôt m’occuper de toi, dit-il menaçant. Nous allons tout reprendre là où nous en sommes restés !
Il la lâcha brusquement, se releva et quitta la salle. Haïp, allongée et sonnée, comprenait à peine les événements qui venaient de se dérouler. Quand elle reprit ses esprits au bout de quelques secondes, l’homme avait déjà disparu, et la salle était de nouveau vide et silencieuse.
Haïp passa une bonne demi-heure seule dans des vestiaires déserts. Elle se doucha l’air hagard, les yeux dans le vide, accaparée par cet homme mystérieux. Elle avait beau chercher dans ses plus lointains souvenirs, elle ne parvenait pas à se remémorer de quoi que ce soit concernant cet individu. Par contre, il avait l’air de bien la connaître, et connaissait son prénom, alors que tout le monde l’appelait avec son diminutif depuis longtemps. Elle n’arrivait pas à trouver de logique. Les mots de Viktor sur Eris se mirent à résonner dans sa tête :
« Tu me rappelles quelqu’un… Je suis sûr que tu as bien connu…Une femme, l’année dernière, je crois qu’elle s’appelait… Faraï »
Puis elle pensa à ce qu’il avait dit juste après cette révélation,
« Nous avons un traitement bien spécial pour elle…de quoi lui rappeler de bons vieux souvenirs !. »
Vêtue d’un simple peignoir, Haïp se recoiffa une tresse devant un miroir dans un vestiaire toujours désert. Elle s’examina le visage, et devina un cocard commençant à se former sous son œil gauche. Son driver se mit en route et sonna un bruit doux, ce qui la sortit de sa torpeur. Elle prit son émetteur et le réinstalla derrière son oreille.
— Oui, D-v ?
— Un message vocal de Zeian, Madame.
— Je prends
— Merci de venir dès que possible dans mon bureau.
Haïp se rhabilla à grande vitesse, rangea ses affaires de sport en vrac dans son casier, et sortit du vestiaire d’un pas pressé.
Encore préoccupée par cet incident, elle se rendit dans l’amphithéâtre pour rejoindre Zeian, et croisa des militaires dont elle ne reconnaissait ni les insignes, ni la provenance. Elle en déduisit que c’étaient les envoyés du Conseil. Ils déchargeaient des caisses de matériel quand elle entendit la conversation de deux d’entre eux.
— Il faut libérer un espace suffisamment grand. Vous avez trouvé ?
— Nous n’avons pas trop le choix. On peut réaménager un des entrepôts de stockage, et pourquoi pas, celui qui est juste à côté de la mine.
— C’est une bonne idée. Ce nouveau QG pourra sécuriser l’extraction et le magasin.
Elle ne remarqua pas que les deux militaires se mirent à l’observer lorsqu’elle s’éloigna.
— Tu crois que s’en est une ? Fit l’un.
— Une tresse, un arc…Oui, je le pense !
— Quel gâchis !
— De quoi ?
— Paraît qu’elle prête serment ! Elles n’ont aucune vie de famille. Elle consacre leur vie à leur mission.
— Tout ce que j’espère, c’est que ma fille ne me dise pas, un jour, qu’elle veuille en devenir une ! Je ne pourrais jamais vivre en sachant qu’elle prends des risques pareils !
Haïp continua sa route et arriva dans l’amphithéâtre. Elle savait désormais se repérer sans se perdre dans ce cube et descendit les marches sans que personne ne fasse plus attention à elle. Les Amazones faisaient désormais partie du paysage d’Hauméa pour les colons. Entrant discrètement dans le bureau, Haïp arriva au milieu d’une conversation énergique entre Zeian et le commandant Brown.
— C’est une situation qui viole les lois des « huits chapitres » ! Protesta Brown. Le croisement des communautés doit répondre à des protocoles stricts ! Où sont les conciliateurs ?
— Le projet de vie d’Hauméa répond d’un programme qui porte un nom « Arragoa », validé par la présidente Sorensen en personne ! Répondit Zeian, avec autant de force.
— Je me dois signaler cette situation !
Haïp sentit atmosphère lourde, de défiance. Elle fut soulagée de la présence de Tiago et Aman dans un coin du bureau, car cela voulait dire qu’ils restaient. Mais le bleu formé sur son œil gauche interpella tout de suite l’assemblée,
— Que s’est-il passé ? Demanda Tiago.
— Rien de grave, il y a un problème ? Répondit-elle.
— L’armée n’est là que pour un mois, répondit Zeian. Et nous allons nous contenter de gérer cette question pour le moment.
— Sachez que je suis conscient des conséquences que cette résolution entraîne, et des conséquences néfastes que pourrait avoir mon rapport sur votre…style de vie, fit Brown. Mais je suis aux ordres de ma hiérarchie, et d’un règlement intransigeant.
Aucune réponse ne vint le conforter. Le commandant salua son auditoire et sortit du bureau laissant derrière lui une ambiance lourde. La porte se referma et l’image du drapeau américain se remit à briller.
— Ils peuvent remettre en cause le projet « Arragoa » ? Demanda Haïp.
— Il a été validé par la présidente Sorensen, répondit Zeian, abattu. Je doute qu’elle se désavoue, mais ils sont capables de tout ! Je n’arrive pas à le croire, l’armée ne reste pas un mois !
— Il faut se pencher sur d’autres recours, fit Aman. Nous n’avons plus le choix !
— Le Conseil vous envoie droit dans le mur, fit Tiago. Je ne comprends pas cette décision.
— À quoi jouent-ils ! S’énerva Zeian, en tapant du poing sur la table.
L’émetteur d’Haïp s’alluma, et le bandeau virtuel se tendit devant ses yeux :
— Madame, un appel de Lys.
— Je prends.
Haïp vit l’hologramme de son apprentie s’élever devant elle.
— J’ai réussi à localiser le vaisseau de Viktor lorsqu’il a quitté Eris.
— Bon travail Lys, où est-il ?
— C’est là qu’il y a un problème. Vous pouvez me rejoindre en salle de conférences huit ?
— Nous arrivons.
La communication se coupa en même temps que son bandeau s’estompa, puis elle se retourna vers Tiago pour lui annoncer la nouvelle qu’il attendait tant.
— Lys a localisé Viktor, fit Haïp.
— Où est-il ? Répondit Tiago, impatient.
— Elle souhaite tous nous voir en salle de conférences.
— Alors allons-y, intervient Zeian.
Ils se levèrent tous et sortirent de la pièce, alors qu’Haïp s’apprêtait à suivre les autres, Tiago la retint par le bras.
— Qu’est-ce qui s’est passé ? Comment t’es tu fait ce bleu ?
Elle n’avait pas envie de parler de ce combat qu’elle venait de livrer avec cet inconnu. Elle ne comprenait déjà pas grand-chose à ce qui venait de se passer, et se voyait mal le partager, il y avait déjà assez de problèmes. Elle préféra dire un petit mensonge, que de s’enliser dans des explications.
— Nous venons de faire une séance de sport où nous avons travaillé du combat.
— C’est une Amazone qui t’a fait ça ? Répondit-il, sceptique.
— Mais qu’est-ce que tu crois ? On ne rigole pas quand on s’entraîne ! Tu devrais venir !
— Seulement si t’es en colère quand tu te bagarres !
— Mieux que ça, je suis très énervée !
Tiago ria mais ne crut pas un seul instant son explication. Ils suivirent les autres en montant l’escalier pour aller rejoindre Lys dans la salle de conférences numéro huit.

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