Chapitre 1 :

Une Silhouette marchait silencieusement dans la forêt enneigée. Elle marchait avec lenteur, tranquillité, presque avec souplesse, si la neige ne l’avait forcée à élargir ses pas. Elle semblait s’attarder sur le paysage. Il est vrai qu’il était suffisamment beau et agréable pour qu’elle ralentisse le rythme de sa marche afin d’observer ce petit monde qui l’entourait. L’un des charmes de cette forêt était son ambiance tranquille et reposante, car si les piaillements des quelques oiseaux et le bruit constant des vents du nord peuvent briser le silence, ils ne sont tout de même pas des nuisances sonores, au contraire. Cette silhouette inconnue aimait la tranquillité.

Cette personne, tenez…cette forme sous son domino, se protégeant du froid. Elle était de petite taille, comparée en tous cas à la taille « standard » d’un homme « standard », car elle s’avèrait être une d’une taille convenable pour un gabarit féminin. Car cette silhouette était une femme. Une vingtaine d’années, approximativement. Une jeune fille aux yeux bleu-clairs et aux cheveux bruns, tressés en une queue de cheval finissant au niveau de sa poitrine. Son visage était lisse, et ses traits pouvaient parfois paraître enfantins, et on pouvais la comparer à une gamine. Mais elle était plus mature qu’on pouvais le croire. Vivant dans un bon milieu social, elle avait vite appris à prendre les choses au sérieux, se méfier, être attentive, et non pas a être rêveuse, inattentive évasive. Bien sûr, il ne lui était pas interdit d’être heureuse, mais les raids intempestifs sur la ville où elle avait grandi et la peur de ne plus jamais voir son frère à chaque fois qu’il quittait le domaine familial l’avait emprisonnée dans une angoisse constante tout au long de son enfance.

Tel était le caractère sérieux qu’avait développé la petite Eleonore, et qu’elle avait gardé.

Eleonore arriva rapidement là où elle le voulait. Elle s’arrêta devant la bâtisse grise devant elle : l’église d’Arilia.

Arilia était la déesse unique de l’univers, selon certaines croyances régionales, mais la croyance officielle de l’empire est toute autre. Cette région, la région de Basse-branche, est considérée comme hérétique et ses liens avec les autres régions se rompent de plus en plus. Ce qui est idiot car Basse-branche est la seule région qui touche la mer, et l’empire se prive ainsi d’un débouché commercial et économique important.

Quoi qu’il en soit, l’église devant elle était dévastée. Les prêtres qui y vivaient n’avaient rien pour réparer les dégâts. Eleonore se dirigea vers la porte en bois. Cette porte était grande, humide, pourrie et trouée. Eleonore prit le heurtoir rouillé et frappa trois coup qui résonnèrent à l’intérieur . Elle pouvait voir le long et sinistre couloir derrière la porte par l’intermédiaire d’une grande fente. Elle vit aussi une large ombre s’approcher à grand pas. La porte s’ouvrit et elle vit un colosse devant elle…un vrai prêtre ? C’était étonnant de voir un homme si robuste parmi des vieux prêtres. Mais après tout, la piété peut atteindre le cœur de n’importe quel homme. Cet homme là avait la peau assez bronzée. Il était peut-être Orisinien, ces hommes de l’est qui vivaient dans les déserts. Il devait attirer l’attention dans un pays où la plupart des citoyens sont de grands nordiques aux teint clair, aux cheveux blond et aux yeux bleus profonds.

« Bonjour » commença-t-elle. « Je suis Eleonore Soufflegivre. Je suis là à la demande d’Horas.

-Ah oui. On m’a informé de votre venue. Je m’appelle Marcero, enchanté».

Le colosse tendit sa grande main vers la frêle jeune fille qui la serra. Heureusement, Marco eu suffisamment de délicatesse pour ne pas la broyer.

«Veuillez attendre ici. Horas va venir dans un instant».

Marcero lui désigna une salle et partit aussitôt dans l’un des couloirs. Eleonore rentra et trouva vite un banc en pierre pour s’asseoir.

Cet salle devait être la chapelle. Elle possédait un petit autel où se trouvait une statuette représentant une femme. Arilia sans doute. En tous cas, le lieu était en piteux état. Les pierres étaient humidifiées par la neige qui passait sans problème à travers les diverses fissures. Tout ce qui était en bois semblait pourri. La végétation poussait joyeusement entre les dalles sur le sol, et même un petit arbuste avait dicté sa loi entre quelques pierres qu’il avait pris soin de détacher du sol en grandissant. Les prêtres ici négligeaient l’église de manière phénoménale. Les torches étaient mouillées et éteintes depuis des siècles sûrement…mais le grand trou dans le toit, du à la chute d’un arbre laissait passer la lumière du soleil.

Difficile d’imaginer pour Eleonore que cette église était un nid d’espions.

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