Les quatre guerriers mirent un jour pour atteindre les Bouches. Derrière une multitude de rivières et de fleuves, Ujfalusin se dressait au sommet de la plus haute montagne du Royaume. Le Rhin.

Lorsqu’ils arrivèrent, la ville baignait dans la quiétude des temps paisibles. Le Seigneur était parti pour la chasse avec quelques hommes.

Les marchands revenaient de leur long pèlerinage dans les cités du Sud. Les dames se tressaient ou jouaient au jeu de paume. Des farceurs lâchaient, comme à l’accoutumée, leurs innombrables plaisanteries, qui manquaient cruellement de sans de l’humour. Sur la place principal, des malandrins étaient châtiés, puis brûlés vifs sur un bûcher, à la grande satisfaction des villageois, mécontents des sévices subies récemment. Les enfants apprenaient à lire avec le druide de la cité.

Lorsque la cloche sonna huitente, le prince de Rogor et ses acolytes mirent enfin pieds à terre. Le gouverneur de la place les accueillit et après quelques échanges verbaux, les conduisit jusqu’à la salle des armures. Puis il partit annoncer au peuple qu’un rassemblement militaire aurait lieu dans les minutes à venir. Les enfants, insouciants, apprenaient la nouvelle avec joie et enthousiasme.Les adultes,plus sages, savaient que ça ne signifiait rien de bon.

Lorsque tous les chevaliers d’Ujlfalusin furent regroupés dans la salle des armures, le jeune prince prit la parole:

-Salutations à vous, chers frères et sœurs. Je me nomme Kenan,prince de Rogor. Vous êtes réunis en ce jour pour apprendre la terrible nouvelle qui circule en ce moment. Et comme sa majesté votre roi est absent, je me réserve le droit de vous l’annoncer moi-même.

Le prince marqua un temps d’arrêt. Les habitants qui étaient en face de lui se concertèrent du regard, la peur se lisait sur leurs visages. Il était évident que malgré leur expérience de la vie, ces brave gens n’avait pas besoin de revivre le passé.
– Les nains nous réclament la guerre, reprit Kenan.

Le prince ne réalisa la porté du danger qui planait sur eux que lorsque les mots sortirent de sa bouche. Parmi les chevaliers présents dans l’assemblée, la nouvelle avait les effets d’une onde de choc. A présent,il régnait un silence de mort dans la salle. Chacun était plongé dans ses propres réflexions. Après quelques instants de litanie, les habitants revinrent un par un à la réalité et les chevaliers enfilèrent leurs tuniques de combat. Tous ces valeureux guerriers étaient prêts pour une bataille dont ils ne savaient presque rien, mettant leur vie en péril et abandonnant leur familles…

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