46 jours auparavant

Trois jours après la réunion qui avait eu lieu chez moi, nous assistâmes au départ de la famille Ramirez pour le camp de réfugiés de Berre-L’étang. Je passais toute la matinée, assise sur le rebord de la fenêtre de ma chambre, à regarder le balais incessant que faisait l’aide-soignant et sa femme, afin de remplir leur minuscule twingo verte d’autant de sacs et autres paquets qu’elle pouvait contenir. Puis, vers midi, leur fille unique de neuf ans parut sur le perron de chez elle. C’était la première fois que je la voyais depuis des semaines. Un instant plus tard, je regardai mes propres parents sortir de chez nous pour aller à la rencontre des Ramirez, qui se dirigeaient vers leur véhicule, dans lequel s’installa seule la petite Maria. Ils se parlèrent durant quelques minutes puis, les uns après les autres, se prirent dans les bras pour se dire au revoir, avant que les Ramirez n’entrent dans leur voiture et ne démarrent. Je restais longtemps, très longtemps, à observer l’horizon de la rue à l’angle de laquelle ils avaient disparus. Et je me demandais quand ma famille et moi ferions de même.

Quand ce serait à notre tour ; d’abandonner tout espoir.

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