Avant de rejoindre Cléo dans la simulation, Maël s’était d’abord assuré du confort de son amie, puis il s’était installé à ses côtés, allongé sur la moitié droite de son lit recouvert d’un édredon blanc immaculé. Son kit Neurocom personnel, bien que fabriqué selon une technologie similaire, différait légèrement de celui de Cléo. Il offrait davantage de possibilités censées lui donner accès au code développé par Elie. Il avait fait des recherches sur ce gars, mais avec le peu d’éléments que lui avait fournis Cléo, il n’avait rien trouvé.

Lorsqu’il rouvrit les yeux, il perdit quelques précieuses secondes à fixer bêtement les minuscules défauts du plafond, essayant de se souvenir où il se trouvait, et dans quelles circonstances. Puis il se redressa brusquement sur son séant, les yeux écarquillés et le cœur battant à tout rompre. Cléo ! Il devait la sortir de là, et vite. Elle était toujours allongée près de lui, dans la même position que lorsqu’il avait rejoint la simulation. Mais son corps, qui reflétait auparavant une sérénité qu’elle était bien loin de ressentir, s’était à présent mis au diapason de ses émotions. Ses membres étaient agités de légères convulsions, elle grimaçait de peur ou de douleur, et ses yeux roulaient sans fin sous ses paupières closes.

Maël porta la main à sa nuque pour décoller son nanopatch usagé, et bondit du lit. Il le jeta négligemment par terre en se précipitant vers Cléo, de l’autre coté de la couchette. Il n’avait pas le luxe de prendre la moindre précaution, aussi la fit il rapidement basculer sur le côté, dos à lui. Empli de la certitude du juste, il n’hésita pas une seconde, ses doigts ne tremblèrent pas. Il glissa un ongle sous la bande adhésive, l’agrippa fermement, et tira d’un geste vif et ample. Cléo poussa alors un hurlement à lui briser les tympans, le corps tendu à l’extrême, en une vaine tentative d’échapper à une douleur qu’il n’avait pas assez d’imagination pour appréhender.

Puis un silence de mort s’étendit sur la petite chambre, les membres de la jeune femme devinrent flasques, et elle s’immobilisa. Il avait beau scruter son corps dans l’attente de ce mouvement régulier et doux, induit par le remplissage des poumons au cours de la respiration, Cléo s’était figée pour l’éternité. Si fort qu’il ait espéré la sauver, Maël l’avait tuée.

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