Je ne m’étais pas attendue à cela, un jet nous attendais, comme sachant ce qu’il s’était passé, mais ne me posant pas de question, je me laissais entraîner par Fabien à l’intérieur. D’une manière absente je m’assis sur un siège et regardai déjà dehors.
Fabien me rejoignit après avoir discuté avec un homme. Il s’assit et passa un bras autour de mes épaules pour ensuite me forcer à m’allonger, posant ma tête sur ses jambes.
– Tes parents étaient des amis d’enfance de ton vrai père, c’est pour ça qu’ils ont acceptés de t’élever.
– Pourquoi m’a-t-il fait adopter ?
– Pour te protéger.
Je soupirai :
– Me protéger, toujours me protéger, mais de quoi ?
– La vie de ton père est très dangereuse, il ne voulait pas que ses ennemis te fassent du mal pour l’atteindre lui, il t’a donc cachée.
– Et ma mère alors ?
– Morte en te donnant naissance.
Je détournai le regard et soupirai. Alors je n’avais même plus de mère, et mon père préférait m’abandonner que de m’élever lui-même, ses ennemis étaient si dangereux que ça ? Pour qu’il se prive de son enfant ?
– Tu ferais mieux de dormir, le voyage est un peu long.
Je fermai donc les yeux, Fabien mit une main sur ma tête et caressa mes cheveux, je ne réagis pas, il faisait certainement cela pour me rassurer. Mais étrangement, j’eu l’impression que cette caresse m’obligea à m’endormir presque immédiatement.

Lorsque j’ouvris les yeux j’étais seule, dans un grand lit de draps blancs nacrés. Me redressant je regardai autour de moi. Parfaitement rangée, deux armoires, l’une plus petite azure et crème, l’autre or et blanc, se trouvaient côte à côte près d’une fenêtre, les carreaux parfaitement limpides me laissaient voir le ciel bleu. Il faisait donc jour, combien de temps avais-je dormis ? La pièce comportait deux portes, toutes deux fermées. Je repoussais les draps et me levai, le sol était chaud, peut-être était-ce par lui que la pièce était chauffée. Je restai pieds nus et me dirigeai vers la porte près du lit, fermée à clef. Je pris donc le chemin de l’autre porte, ils ne m’auraient pas enfermée quand même ?! Non, je parviens à l’ouvrir et pus sortir pour enfin savoir où je me trouvais.
J’arrivais dans un salon, magnifique petit salon. Deux canapés de cuirs trônaient autour d’une table basse. De petites étagère ça et là meublaient la salle. Les tons marron et beige s’accordaient parfaitement, rendant la pièce très chaleureuse.
Je me dirigeai vers une porte fenêtre donnant sur un balcon. L’air frais me fit du bien, me réveillant un peu mieux. M’appuyant sur la rambarde je pris de profondes inspirations. Une grande prairie s’étendait derrière la maison, entourée d’une forêt, le terrain semblait vraiment immense…une maison de riche.
Je tournai la tête par la sensation d’une présence près de moi, c’était Fabien, habillé d’une simple chemise ouverte, très imposant dans cette tenu.
– Ce n’était donc pas un cauchemar.
Il soupira.
– Non, tout ce qu’il s’est passé est vrai.
– Et maintenant je vais faire quoi ?
Je tournai la tête pour regarder à nouveau l’horizon.
– Comme moi.
– C’est-à-dire ?
– T’habituer à ta nouvelle vie, au début ce ne sera pas facile, tu vas avoir du mal à comprendre et surtout à y croire, mais je serais là pour t’aider.
– Tu parle comme si tu l’avais vécu…
– C’est le cas, mes parents sont morts lorsque j’avais 14 ans, mon père m’a récupéré.
Je me figeai et tournai la tête vers lui, il se mit à rigoler.
– Tu as très bien compris, notre père attendait juste que tu ais l’âge de te défendre pour te récupérer, soit 16 ans mais les choses se sont précipitées.

Je soupirai, tout ça était arrivé tellement vite ! J’étais heureuse, moi qui me croyais fille unique, j’avais toujours rêvé d’avoir un frère, un grand frère, mais pouvais-je m’en réjouir ? Alors que je venais de perdre ceux qui m’avaient aimée toute ma petite vie ?

Fabien passa un bras autour de mes épaules et m’entraîna à l’intérieur.
– Bien, je t’ai dis que je t’expliquerais certaine choses.
On s’assit côte à côte dans l’un des canapés et je me tournai vers lui, pour être plus attentive.
– Notre père est le chef d’un grand groupe on va dire, dispersé dans le monde, mais c’est un groupe secret. Il y a cependant des sous-chef, quatre en ce moment, chacun d’entre eux s’occupe des affaires d’un continent en particulier, en séparant l’Amérique. Caroline Sautis s’occupe de l’Amérique du Sud, Dorian Halien, l’Amérique du Nord, Félice Writh, l’Asie et Alicia Laurière, l’Australie.
– Il manque l’Europe et l’Afrique.
– J’y viens, l’Europe c’est Auguste, notre père, et pour l’Afrique c’est plus compliqué, celui qui s’en chargeait est mort donc, en attendant qu’on le remplace c’est moi qui m’en charge.
J’hochai la tête, notre père lui attribuait donc un rôle important…peut-être pour se faire pardonner de l’avoir fait adopté.
– Le but de notre groupe est de s’assurer de la sécurité du monde, nos ennemis sont presque aussi nombreux que nous, voilà pourquoi nos vies sont sans cesse menacées.
– Mais ils veulent quoi ?
Il sourit sans plus répondre et fini par s’avancer un peu et me regarder dans les yeux.
– Bon écoute, là je t’ai expliquer comment on fonctionnait, mais le plus important est dure à croire, c’est tout aussi dure à expliquer.
Je fronçais les sourcils.
– Le mieux serait de lui montrer.
On tourna la tête vers la porte en même temps, un homme d’une grande carrures s’y trouvait, il sourit et s’approcha de nous. Grand, imposant, plus que Fabien, il ressemblait à ces hommes d’affaires dans les films, les mafieux, ceux que tous détestaient, les manipulateurs, un visage carré, le teint blême, des cheveux châtains coupés, peut-être trop court, un front large, signe d’intelligence, le plus remarquable était ses yeux, d’un vert vif, inspirant le respect. Cette légère impression de dureté qu’on ressentait au premier coup d’œil était accentuée par sa carrure, des épaules larges, des mains massives et une démarche fière, vive et élégante…un homme distingué.
– Les autres sont partit tu peux aller dans le jardin avec elle.
Fabien hocha la tête et me prit la main, on passa près de l’homme, qui devait donc être Auguste, notre père.
Fabien me conduisit derrière la maison, dans la grande prairie, là je me figeai. Mon frère se mit à rire en me regardant puis, une fois calmé, siffla.
– Seuls ceux du groupe les voient comme ça, les autres les voient comme des chevaux normaux.
Je restai ahuri face aux magnifiques chevaux aillés qui s’approchaient de nous.
– Chaque personne importante du groupe en as un.
L’un des trois chevaux aillés s’approcha un peu plus de moi, c’était une magnifique jument beige, la raie marron sur son dos se terminait dans ses crins, également, le bout de ses ailes était de la même couleur. Je la caressai sur le nez et souris. Cette jument était plus grande que n’importe quel autre cheval que j’avais vu, imposante mais gracieuse, ses moindres gestes étaient souples et élégants, son long museau était fin, bien proportionné, rose, de beaux crins marrons, brillants, magnifiques, mais surtout ses yeux, étincelants, luisants d’une excise couleur brune.
– Tu sais monter ?
Fabien prit place sur le dos d’un majestueux étalon noir et me regarda, avec un peu d’élan je montai sur la jument, elle était tellement haute ! Contrairement à ce que j’aurais pus penser les ailes ne me gênèrent pas, je pouvais même m’y accrocher, elle se mit directement à suivre Fabien qui partait vers la forêt.
– Donc, tout ça pour te prouver que la magie existe, que notre groupe est en fait tous ceux qui savent l’utiliser.
– Donc je sais aussi l’utiliser ?
– Evidemment, mais je t’apprendrais plus tard, pour le moment tu as plusieurs choses à savoir.
Je restai muette, regardant autour de nous, rien d’inhabituel à remarquer pour le moment.
– Il existe plusieurs mondes, une infinité en fait, certain sont totalement contrôlé par nos ennemis et d’autre par nous, dans tous il se trouve des peuples qu’on protège, pas uniquement des humains comme ici, il y a aussi des elfes comme tu les connais grâce aux films, et plein d’autres.
– Attend, tous les êtres des livres et des films existent réellement ?!
– Absolument tous ! Jusqu’aux monstres dans les placards, à ton avis ça sort simplement de l’imagination ces êtres-là ? Non.
– Donc tous les écrivains de fantastiques, tous les réalisateurs et autre sont comme nous ?
Fabien sourit.
– Pas forcément.
Je fronçais les sourcils, comment auraient-ils pu voir d’autres peuples sinon ? S’ils ne contrôlaient pas la magie ?
– Tu as déjà vu dans tes rêves des êtres que tu n’avais vus nulle part ailleurs ?
– Plein de fois oui.
– Lorsqu’on rêve, notre esprit se transporte dans les autres mondes, selon notre journée, selon si elle a été bonne ou mauvaise, ou si on est triste, on va dans différents mondes.
– Mais ce n’est pas dangereux ?
– Non, ne t’en fais pas, ils sont diabolique mais pas à ce point, cette magie, celle des esprits, nous dépassent tous.
– Ça serait magnifique de pouvoir le contrôler, pour aller espionner par exemple.
Il se mit à rigoler.
– On dirait que tu te plais déjà dans cette nouvelle vie.
Je perdis mon sourire et baissai la tête.
– J’ai toujours rêvé que la magie existait, mais j’aurais préféré le découvrir en d’autres circonstances.
– Evidemment, mais ils savaient ce qu’ils risquaient tu sais.
Je soupirais. Rapidement, Fabien fit partir sa monture au galop, la mienne suivit, mais peut-être ignorait-il que je savais parfaitement monter. Retrouvant le sourire je me penchai à l’oreille de la jument :
– On ne va pas le laisser nous distancer quand même n’est-ce pas ?
Comme si elle m’avait comprise, ce qui était peut-être le cas, elle redoubla de vitesse et très vite Fabien fut derrière nous, alors je me mis à rigoler.

Après un long moment de course on arriva dans une clairière décorée d’un lac. Les chevaux ralentir et on descendit pour ensuite s’asseoir côte à côte près de l’eau.
– En tout cas t’es plus forte que moi mentalement.
– Pourquoi ?
– J’ai fais la gueule à tout le monde pendant un mois.
– Je sais que mes parents auraient voulu que je sois heureuse sans eux, alors c’est ce que je fais.
– Et tu as bien raison.
– T’as quel âge ?
– 21.
– On a beaucoup de différence alors.
– Oui, nos parents étaient jeunes, je suis ce qu’on appelle un accident, toi tu étais voulu.
– Il t’aime tout autant Auguste.
– Bien évidemment, mais notre père regrette, il m’a avoué que c’était sa faute si notre mère était morte, mais il n’a jamais voulu m’expliquer.
– Peut-être qu’il s’en veut tout simplement.
– Possible.
– Au fait, le groupe là, il n’a pas de nom ?
– Si, les Azurios, et nos ennemis sont des Urwarth.
– Bizarre les noms.
Il rigola et d’un geste m’allongea sur l’herbe, il s’assit ensuite sur moi avec un sourire.
– L’eau a l’air très bonne non ?
Je le regardai avec étonnement puis éclatai de rire.
– Voyons grand frère, on n’a même pas de maillot.
– Et alors ?
Je rougis et lui se mit à rire. Pourtant il enleva déjà son haut puis me regarda avec un immense sourire. Je fini par le repousser, après tout c’était mon frère, je devais apprendre à lui faire confiance et puis…les sous-vêtements cachaient tout autant que les maillots de bains. Je me déshabillai et on se rendit tous les deux dans l’eau.
D’un geste rapide, Fabien m’arrosa, faisant semblant d’être outrée je l’arrosais à mon tour. Le reste de cet instant se passa ainsi, une petite bataille d’eau.

– Par contre il y a quelque chose qu’il faut que tu sache.
Il dit cela alors qu’on s’allongeait dans l’herbe pour se laisser sécher au soleil.
– J’écoute.
– Ceux dont je t’ai parlé, on les appel les membres du conseil suprême déjà, et il ne faut pas qu’ils te connaissent, ou du moins pas comme la fille d’Auguste pour le moment.
– Pourquoi ?
– On pense qu’il y a peut-être un traître parmi eux et puis Dorian voudrait prendre la place d’Auguste….
– Il peut ?
– Non, c’est héréditaire, il aurait fallu qu’Auguste n’ait pas d’enfant, ou qu’ils ne soient pas en âge.
– Donc se serait toi après notre père ?
– Normalement oui, ou toi, selon ce qu’Auguste décide, par exemple celui qui s’occupait de l’Afrique a eu un fils, mais il ne connait pas notre existence, quand il sera en âge il prendra ma place.
– Tu es juste là comme transition.
– C’est ça.
Il se leva rapidement, on commença alors à se rhabiller puis à se diriger vers les chevaux qui, tranquilles, broutaient un peu plus loin.
– Dès la rentrée normale tu vas aller dans un nouveau lycée, je passerais te prendre à la sortie.
– D’accord, il y aura d’autres Azurios ?
– Surement, mais n’en parle pas, on ne sait jamais.
J’hochai la tête.

Par la suite, après être rentré à toute allure, le salon accolé à la chambre où je m’étais éveillé devient notre lieux de discussion.
Durant toutes les vacances, Fabien passa son temps avec moi, me montrant la magie, pour le moment, le contrôle des éléments, la base apparemment, j’étais en plein rêve.

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