Treize ans s’était écoulés depuis la victoire de Julius au tournoi que la reine avait organisé pour fêter ses douze ans de règne sur Lanance. Treize années plus tard, la reine Rosana est toujours au pouvoir et est de plus en plus fatiguée, à l’âge de 48 ans, de gouverner le pays, surtout depuis la mort de son cher Léonard il y a trois ans de cela. Julius, lui, a grandi, comme tout le monde… C’est maintenant un beau et grand jeune homme de 25 ans. Il est grand, mince et il a un visage plus adulte évidemment et une vraie carrure de soldat. Il a toujours ses longs cheveux noirs légèrement bouclés qui lui tombent dans le cou et ses beaux yeux bleus. C’est un jeune homme séduisant, fort et intelligent.
La vie au château était toujours la même depuis des années. Le pays n’avait connu aucune guerre et il était toujours le plus paisible du territoire humain. Julius avait grandi au château, avait gardé les même amis : Zatian, Hordon mais aussi Amélia et Irys, deux filles de son âge. Il avait continué sa scolarité avec eux pendant ces treize années. Julius avait étudié les langues anciennes ainsi que l’art martial et la chasse. Zatian avait choisi une section afin de devenir entraîneur dans le futur et Hordon avait continué la musculation et représentait désormais une montagne de muscles que personne n’osait provoquer. Il voulait devenir champion de lutte et faisait régulièrement des concours dans les quatre coins du pays. Julius, lui, était chevalier de la garde royal. Il faisait régulièrement des missions en territoire de Lanance et à l’étranger. Il devait par exemple aller tuer une horde de brigands qui s’infiltraient dans le pays, parfois il devait combattre des pirates qui menaçaient les côtes, il devait mettre fin à des trafics, arrêter les voleurs, ou encore il venait régulièrement en aide, avec son armée, à un autre pays en guerre. La vie de chevalier de Lanance était relativement calme et Julius, étant devenu très fort et étant passionné par ce que lui avait appris le maître Orck, s’ennuyait de ne pas sortir plus souvent de la capitale… Car même s’il avait des missions et qu’il passait son temps à s’entrainer, il avait bien peu de choses à faire, ce qui était dommage vu les capacités qu’il avait aujourd’hui. Il voulait plus de liberté ! Mais le travail acharné de Julius ne l’empêche pas de s’amuser. Il est adulte et a des amis avec qui il sort régulièrement quand ils peuvent se retrouver.
Un jour d’hiver, Julius s’ennuyait dans sa chambre. Il n’avait bien sûr pas la même chambre que la première fois qu’il avait mis les pieds au château Il possédait désormais une grande chambre avec un bureau, des tonnes d’armoires, un lit deux places, une salle de bain suréquipée, plusieurs fenêtres, etc… tout ce dont il avait besoin. Il avait à sa disposition plusieurs valets et était devenu un ami proche de la reine Rosana. Julius attendait allongé sur son lit dans sa chambre. Il ne savait pas quoi faire. Zatian était à un cours, Hordon était partit faire un tournoi dans une ville de l’Est depuis une semaine. Amélia et Irys était rentrée chez elles pour le weekend. Julius repensa un moment à Baster… ils ne s’étaient plus parlés depuis maintenant plusieurs années et il n’oserait surement plus aller le voir. Cela aurait été très bizarre et il aurait sans doute été très gêné. Puis il chassa rapidement cette pensée de sa tête. Dehors il neigeait depuis des heures et il faisait terriblement froid. Julius ne pouvait pas sortir s’entraîner, il ne pouvait pas faire du cheval et n’avait même pas envie d’aller visiter Doume, qu’il connaissait maintenant par cœur. Il décida d’aller manger un petit quelque chose quand il entendit frapper à la porte de sa chambre.
– Qui-est-ce ? demanda Julius toujours sur son lit.
– Votre valet monsieur. Répondit poliment son valet derrière la porte.
– Entre donc Rupert, invita Julius en se levant.
Le petit et jeune valet entra dans la chambre.
– Comment vas-tu Rupert ? demanda Julius en lui serrant la main.
Julius était toujours très sympathique et très poli avec ses domestiques et n’avait aucunement envie de se montrer supérieur à eux. Il se disait que tous les métiers étaient honorables et que s’il était domestique, il serait fier de ce qu’il fait et ne se sentirait pas inférieur à qui que ce soit. Julius avait d’ailleurs interdit à tous ses domestiques de l’appeler « maître » et ceux-ci jouaient parfaitement le jeu et se sentaient donc très bien et très complices avec Julius. De plus la majorité d’entre eux avaient pratiquement le même âge que lui. Julius voyait plus en eux des sortes de confidents (il leur demandait souvent conseil et leur parlait facilement de sa vie privée) que des serviteurs.
– Très bien et vous monsieur ? répondit poliment Rupert très à l’aise avec Julius.
– Ca peut aller Rupert, mais je m’ennuie un peu aujourd’hui… répondit Julius avec lassitude.
– Oh ne vous en faîtes pas monsieur, je vous apporte une bonne nouvelle ! Enfin si on peut dire ça…
– Quelle est-elle ? demanda impatiemment Julius à son valet.
– La reine Rosana souhaite vous recevoir dans son salon privée monsieur. Elle vous demandera surement de faire quelque chose pour elle.
– Merci beaucoup Rupert ! J’y cours !
Julius descendit à toute vitesse les marches de son escalier et entra dans le salon privée de la reine, situé au quatrième étage, où celle-ci l’attendait assis sur un grand fauteuil rouge, autour d’un café.
– Ah Julius, je t‘attendais ! dit-elle joyeusement en l’apercevant en train de franchir le seuil de la porte en bois.
– Bonjour Rosana, comment vas-tu ?
Julius et Rosana se tutoyaient depuis maintenant quelques années. C’était le signe ultime qui montrait qui faisait partie ou non des amis de la reine.
– Je vais bien merci et toi comment vas-tu ? Tu n’es pas trop fatigué par tout ce travail ?
– Et bien à vrai dire pas du tout, je n’ai pas grand-chose à faire en ce moment et je t’avouerais même que je m’ennuie un peu depuis quelques jours, expliqua Julius en s’asseyant près d’elle.
– Oh, j’en suis désolé, et je pense que cela pourrait te faire plaisir même si ce n’est pas une bonne nouvelle en soit…
– Qu’est-ce donc ? demanda Julius intéressé.
– Nous sommes en guerre Julius…
– Comment ? Lanance ? Mais…
– C’est la première fois depuis des années oui, finit la reine.
– Contre qui ? Et que dois-je faire ?
– Laisse-moi t’expliquer et ne t’emballes pas trop vite. Nous sommes en guerre contre le royaume Sysallaire et plus particulièrement contre le désormais célèbre « Main de Bois ».
– Main de bois ? Je n’en ai jamais entendu parler. C’est le roi du pays ? Pourquoi ce nom ?
– Ce n’est pas le roi du pays, juste un chevalier qui a décidé de prendre le contrôle du territoire des hommes avec son armée. Il s’est dressé contre le roi Sysallairien, il l’a renversé et a commencé ses conquêtes tranquillement et silencieusement. Il n’a pas encore conquit de pays entièrement, si ce n’est le sien… mais il a mis en place une grande armée et il a envahît quelques territoires ici et là dans le sud du continent. « Main de Bois » a envahit son propre pays ainsi que 6 régions dans des territoires voisins, comme la contrée de Nalaos dans le Sud de notre pays par exemple. C’est cela qui a fait que la guerre est déclarée.
Julius connaissait très bien la contrée de Nalaos, elle était situé juste au sud de Naal et il avait déjà eu l’occasion d’y mettre les pieds avec Baster il y a maintenant plusieurs dizaines d’années.
– Et pourquoi l’appelle-t-on « Main de Bois » ? demanda Julius intrigué.
– Comme je te l’ai dit, il n’est pas connu. C’est juste un petit colonel qui a pris le contrôle de son pays et qui commence ses conquêtes. Comme personne ne le connait, on lui donne le surnom de « Main de Bois ». En effet, cet homme a une main de bois à la place de sa main gauche. On aurait pu penser que cela allait être un handicap pour lui mais c’est tout le contraire. Il s’est fait fabriquer une main de bois par un artisan et s’en sert désormais comme une véritable arme de guerre. Il possède maintenant un point ultra puissant, très solide et qui ne lui fait pas mal s’il reçoit un coup d’épée dessus. On rapporte que plusieurs soldats sont morts frappé par ce puissant point de bois. Tu comprendras donc que ce n’est pas tant de cette guerre que tu dois te méfier mais de ce « Main de Bois » en personne. Il est vil et cruel. Et il a un certain goût pour le sang d’après ce que les gens disent… Il faut se méfier de lui et c’est pour ça que je fais appel à toi Julius. Tu es fort et rapide. Tu pourrais le vaincre et laisser notre armée et celles de nos alliés s’occuper du reste. La bataille ne devrait pas trop nous poser de problème, nous avons de nombreux alliés comme le royaume Birboname ou celui du Rovan par exemple. Mais j’ai besoin d’un vrai chevalier très fort pour pouvoir battre cet homme qui risque de nous poser beaucoup de problème. Il faut à tout prix stopper ces massacres !
– Je comprends. Mais je ne suis pas sûr d’être assez fort pour battre ce guerrier, s’excusa Julius. Il doit surement y avoir quelqu’un de plus perfectionné que moi dans ce domaine ? s’inquiéta un peu Julius qui pour une fois n’était pas très sûr de lui quant au fait d’affronter un puissant soldat.
– Je connais beaucoup de guerriers qui se feraient une joie d’affronter « Main de Bois »… et je sais aussi que tous se feraient battre à plat de couture par cet homme visiblement très fort. Je veux que ça soit toi qui y aille Julius, tu en es largement capable ! Tu as su prouver par le passer ta grande force au combat et le maître Orck a fait de toi un grand chevalier. Tu n’as juste pas encore eu une vraie occasion de montrer au monde de quoi tu étais capable. Cette fois-ci tu en as une !
Julius ne répondait pas. Il était surpris de se voir presque refuser l’offre de la reine alors que celui-ci n’arrête pas de demander d’aller sur le terrain. Lui qui était d’habitude si sûr de lui avait soudainement un doute énorme suite à la description de ce fameux « Main de Bois » que lui avait fait la reine.
– Mais je n’ai jamais encore combattu de grands chevaliers comme celui-ci ! Je n’ai fait que venir en aide à nos alliés, je n’ai fait que vaincre des hordes de voleurs et de brigands ! C’est totalement différent que de me mesurer à cet homme !
– Ne doute pas de toi. Où est donc le Julius que je connais ? Celui qui n’a peur de personne et qui est pressé de vaincre le mal à chaque fois qu’on lui en donne l’occasion.
– Cet homme est différent.
– Toi aussi tu es différent Julius. Tu es un grand combattant. Pourquoi je fais appel à toi ? Parce qu’il n’y a personne d’autre qui est plus fort que toi dans ce château. Tu nous l’as prouvé à de nombreuses reprises pendant ces dernières années. Tu as vaincus des soldats, des brigands, des voleurs, et même des pirates ! Tu as une expérience assez complète du combat et tu vas vaincre ce tirant.
– Oui. Je vais le vaincre ! Et je vais libérer la contrée de Nalaos ! annonça fièrement Julius en se levant.
– J’aime mieux te voir ainsi ! Et je suis déjà fier de toi Julius.
– Quand dois-je partir ? demanda Julius visiblement très motivé après que la reine ait réussi à le convaincre.
– Il faudrait que tu sois prêt dans deux jours. Le temps que le général prépare l’armée du château. Ils partiront à l’aube.
– J’y serais !
– Merci Julius. Je savais que je pouvais compter sur toi, remercia la reine satisfaite.
– Je pars de suite m’entraîner intensivement avec le maître Orck. Il doit en savoir un peu plus sur ce « Main de Bois » et il pourrait me donner quelques précieux conseils pour le vaincre.
Julius partit donc en vitesse rejoindre le maître Orck. Celui-ci fut interrompu en pleine méditation par Julius mais accepta finalement la requête de ce dernier. Après tout, il s’agissait de l’avenir du pays. Si Julius venait à vaincre « Main de Bois », il sauverait alors le pays et tout le continent humain par la même occasion. Tous les pays voisins de Lanance s’étaient alliés contre ce tirant. La guerre devrait logiquement vite être réglée. Julius, lui, devait juste s’occuper du chef, le terrifiant et sanglant colonel Sysallairien qui menaçait les magnifiques forêts et les beaux villages de Nalaos.
Il s’entraina durement pendant deux jours sans s’arrêter. C’était un entraînement très intensif qu’il s’imposa pendant cette courte période, mais cela ne pouvait qu’être bénéfique. Julius ne doutait plus de lui. Il était même très emballé à l’idée de partir et de se battre contre « Main de Bois » mais restait toijours sur ses gardes. Il allait enfin pouvoir mettre à l’œuvre tout ce dont il avait appris pendant ces années. Il allait enfin pouvoir se battre contre un adversaire que tout le monde redoute, face à un ennemi qui en vaille vraiment la peine. Julius n’avait pas la grosse tête non, mais il se sentait fort. Le fait que la reine l’ait choisi lui… ce n’était pas un cadeau mais presque. Cela montrait aussi qu’elle avait confiance en lui et qu’il a les capacités pour vaincre le tirant. Et surtout, Julius était impatient de se mettre en route vers Nalaos.
De plus, Julius trouvait que l’histoire de cet homme était passionnante. Il se demandait vraiment à quoi il pouvait ressembler avec son point de bois. C’est un adversaire pour le moins atypique il faut dire ! Le fait de savoir qu’il avait à faire à un tirant qui avait la réputation d’être très sanglant lui faisait froid dans le dos, mais cela lui donnait aussi une force… comme s’il appréciait ce danger et le fait de se mesurer à ce que tous les autres redoutaient.
Deux jours plus tard, dès l’aube, Julius était déjà présent à la porte Sud de la citadelle. Il attendait l’armée pour partir en direction de Nalaos et défendre les terres de son pays. Ce matin, Julius portait une belle armure de chevalier. Elle était épaisse et argentée, avec une cape noire et l’armoirie de Lanance sur le torse. Il avait à ses côtés un grand cheval noir, lui aussi, vêtu d’un drapé blanc avec les armoirie de la famille royale et quelques protections. Il faisait très beau ce jour-là, un grand soleil chauffait et illuminait les plaines et la citadelle. Julius attendit quelques instants au soleil, assit dans l’herbe. Puis, quelques minutes plus tard, il entendit un son envoutant… c’était l’armée de Lanance qui sortait de la citadelle. Julius vit soudain des milliers de soldats sortir de Doume. Il était tous bien en rang et marchaient en même temps à un pas soutenu en claquant les pieds par terre. C’était impressionnant. S’en suivait des cavaliers, des catapultes et des canons. Une véritable parade militaire très imposante partait en guerre. Les drapeaux du royaume flottaient dans le ciel et des trompettes et des tambours rythmaient le pas de soldats. Julius était toujours assit sur son cheval et l’armée avançait à côté de lui. Il était en admiration devant cet ordre, cette prestance. Puis, il se leva. Cela lui avait donné encore plus de motivation ! Il chevaucha son cheval et partit au trot au côté de l’armée marchante vers le sud.
Pendant le voyage, l’armée fit quelques pauses, notamment pour manger et reposer les soldats. Mais la durée et la dureté du voyage jusque Nalaos ne détériorait pas la motivation des chevaliers. C’était ça le principal. Ils étaient fiers de servir la reine et leur patrie, encore mieux, ils étaient fiers de servir tout le continent humain menacé par le tirant à la main de bois. L’armée marchait d’un pas empressé même la nuit et arriva quatre jours après, assez tard le soir, dans la ville de Nalaos.
L’armée fut accueillît par les dirigeants déjà présent qui les invitèrent dans un immense campement dans une plaine, là où des milliers d’autres soldats de Lanance les attendaient déjà. En arrivant, on pouvait voir des tentes par milliers, et des soldats qui, soit dormaient déjà, soit mangeaient et buvaient, soit jouaient ou discutaient entre eux. L’ambiance avait l’air sympathique bien qu’une bataille se préparait le lendemain. « J’espère qu’ils n’ont pas trop confiance en eux » pensa Julius. En effet, sous-estimer son adversaire était la pire erreur qui soit. Il fallait toujours être concentré. Le maître Orck l’avait répété de nombreuses fois à Julius…
– Il reste encore de nombreuses places ne vous en faîte pas, affirma un dirigeant du campement.
– Merci à toi l’ami, répondit le général de l’armée de Doume.
Puis, toute l’armée s’installa au campement.
Julius fit de même. Il se baladait dans l’énorme campement à la recherche d’une tente libre dans un endroit qui lui convenait. Il reconnaissait ce lieu. Il avait déjà était dans les plaines de Nalaos dans sa jeunesse. Seulement aujourd’hui, il les voyait sous une pluie battante et investit par un campement militaire remplit de boue. Julius s’avançait toujours plus profondément dans le campement dont on ne voyait pas le fond. Il observait les soldats en train de préparer leurs affaires pour le lendemain, et vit également les dirigeants qui s’étaient réunis dans la grande tente centrale pour élaborer leurs différentes tactiques. L’atmosphère était triste. Il commençait à apercevoir les tentes libres du fond du campement. Au bout d’un petit moment, il descendit de son cheval, l’attacha à un piquet proche d’une tente vide, prit ses affaires et se faufila dans la tente entrouverte. Il crut qu’elle était vide quand il vit un homme de dos qui était déjà en train de poser ses affaires.
– Oh ! Je suis désolé je pensais que celle-ci était libre, s’excusa Julius en sortant lentement de la tente.
– Ce n’est pas grave, répondit poliment l’homme en se retournant.
A ce moment-là, les deux hommes se regardèrent dans les yeux. Ils s’étaient tous deux stoppés dans leur mouvement avec un air étonné. Ils ne surent quoi dire pendant un long moment. Puis Julius prit la parole :
– Ba…Baster… ? C’est toi ? demanda-t-il à l’homme devant lui.
– Julius ? Ca fait si longtemps…
– Désolé… répondit Julius en baissant la tête.
– Pourquoi ? demanda l’homme surprit.
– Je vous ai abandonné… je t’ai abandonné Baster… Je suis désolé… Tu m’as tellement manqué !
Les deux amis se jetèrent dans les bras l’un de l’autre et étaient presque en train de pleurer. A ce moment-là, c’était plein de souvenir d’enfance qui leur revenaient à l’esprit. L’émotion était au rendez-vous.
– Viens, installe toi Julius, on a plein de choses à se raconter !
Julius installa ses affaires et s’assit proche de son « ami ». Il était terriblement gêné. Il se demandait même s’il ne préfèrerait pas l’avoir vu.
– Ca ne va pas Julius ?
– Je regrette tellement… tu étais mon ami… mon frère…
– Ne regrette pas Julius. Cette séparation nous a fait beaucoup de mal, à nous tous tu sais. Mais c’est la vie, tu as gagné le tournoi et est devenu un grand chevalier maintenant.
– Je sais mais…
– Mais quoi encore ? l’interrompit Baster. Tu ne vas pas faire le déprimé et être désolé toute la soirée quand même !
Julius leva alors la tête et regarda son ami qui souriait. Julius lui rendit son sourire et le regarda :
– Tu as raison Baster. Je suis si heureux de te voir.
– Moi aussi Julius. Tu m’as beaucoup manqué. Mais ne parlons pas de tout ça. Nous avons grandi depuis tout ce temps. C’est du passé ! Aujourd’hui, nous nous sommes retrouvés ! C’est le principal.
– Merci Baster, dit Julius en serrant une nouvelle fois son ami contre lui. Au moins cette guerre aura servi à quelque chose ! dit-il en souriant et en faisant sourire Baster à son tour.
– Tu n’as pas changé ! reprit Baster pour démarrer une conversation plus guète. Toujours le même !
– Toi c’est tout l’inverse ! reprit Julius de plus bel. Cette barbe… C’est quoi ça ?! reprit-il avec moquerie. Un vrai berger ! Tu ressembles décidément de plus en plus à ton père Baster !
Baster laissa échapper un rire grave.
– Oui… tout le monde me dit ça ! Mais je la couperais en rentrant de cette bataille ne t’en fait pas.
– J’espère bien ! répliqua Julius en riant.
– Oui, c’est vrai que nous ne sommes pas sûr de rentrer indemne, acquiesça Baster.
Baster avait beaucoup grandit et faisait pratiquement la taille de Julius. Il était aussi vêtu d’une armure et portait les armoirie de Nalaos sur son torse, il faisait donc partie de l’armée du Sud. Il avait les cheveux un peu plus longs qu’il y a 13 ans mais il portait surtout un grosse barbe d’une semaine, qui commençait à roussir et qu’il fallait absolument raser. Julius remarqua qu’il avait toujours le couteau de géant en guise d’épée. Il vit également qu’il portait toujours son pendentif avec une chèvre.
– Tu as encore cette épée ! affirma Julius en l’observant.
– Et oui… je ne l’ai plus utilisé depuis des années. Mais que de souvenirs autour de cette arme.
– C’est vrai ! Et ce médaillon ? Tu l’a toujours ?! demanda Julius surprit en le regardant de plus près.
– Evidemment ! Ça sera bientôt ma ferme après tout. Et ce médaillon me rappelle tant de souvenir.
– Je comprends. Que deviennent papa et maman depuis le temps ? demanda Julius qui n’avait même pas réfléchit sur le coup. Il considérait toujours Mr et Mme Rink comme ses propres parents.
– Oh ils vont bien ! Ils vieillissent juste un peu comme tout le monde !
– Normal ! J’aimerais tellement les revoir…
– Quand cette guerre se terminera je t’emmènerais à Naal. Tu as beaucoup de choses à rattraper !
– Je me doute… Vivement alors !
– Oui ! Il faudra que je te présente ma femme…
– Tu as une femme ?! demanda Julius avec un grand sourire et visiblement très étonné.
– Oui pourquoi ? Je n’ai pas le droit ? blagua Baster. Et devines quoi, je vais même être bientôt papa. Elle est enceinte depuis six mois.
– C’est génial… Je suis si content ! Félicitation ! J’en ai raté des choses ! J’ai beaucoup de choses à rattraper effectivement !
– Oh oui…J’espère juste que cette première guerre ne sera pas ma dernière ! Je veux voir mon enfant quand même !
– Ne t’en fait pas pour ça. Tu te bats admirablement bien d’après ce que je me souvienne. Il n’y a aucun danger, affirma Julius comme pour le mettre un peu plus en confiance avant le commencement de la bataille.
Les deux jeunes hommes parlèrent pendant des heures entières dans la tente. Ils en avaient presque oublié pourquoi ils étaient ici. La guerre leur était totalement sortit de la tête. Contrairement à la fois où Julius était rentré du château et où tout le monde l’asseyait de questions, la, c’était lui qui ne faisait que poser des tonnes de questions à Baster. Il était tellement heureux de retrouver son ami… il était toujours aussi désolé aussi. Mais il était de plus en plus à l’aise au fil de la soirée. Le temps passa et la fatigue les rattrapa. Ils se couchèrent tard le soir malgré la dure et longue journée qu’il allait avoir le lendemain. Bien qu’ils doivent se lever à l’aube, ils ne regrettaient rien de leur soirée et ils n’étaient même pas fatigués. La nuit allait être courte et le lendemain très long. Les deux amis allaient une nouvelle fois se séparer lors de la bataille, sans savoir encore une fois s’ils se reverront quand celle-ci s’achèvera…

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