07:00

Le réveil sonne. La main de Francis s’abat avec force dessus pour arrêter le mélodieux son qui a l’honneur de le réveiller chaque matin. Il se leva tranquillement, s’habilla, et décida de jeter un coup d’œil à la fenêtre: aucun nuage dans le ciel, un jour ensoleillé. Francis avait l’impression que hier encore, le temps n’avait pas changé, tout comme avant-hier et même toute la semaine…Bah…Pouvait-t-il se plaindre? Le temps était beau, sa maison était belle, il faisait de belles études, sa vie était parfaite. Sans aucun tracas, Francis rassembla ses affaires et quitta son confortable domicile.

Une nouvelle journée commençait.

07:33

Encore une fois, Francis avait manqué ce satané bus. Il devait être maudit ou quelque chose. Qu’il quitte la maison à 07:30, 07:35, 07:25, le bus lui passait sous le nez. Cela lui permettait de remettre un peu en cause la perfection de sa vie, mais lui-même et tout le monde savait que la perfection n’existait pas: On est tous rongé par les petits tracas du quotidien au mieux. Au pire…Il ne voulait pas y penser. De toute façon ce n’était qu’un bus, rien de gravissime. Une station de métro se trouvait à coté de l’arrêt de bus. C’était le moyen de transport le plus rapide pour aller à sa faculté de toute façon.

07:34

Le seul ticket de métro qu’avait Francis semblait avoir été utilisé récemment. Comment il n’avait pas pu voir ça plus tôt? à tout les coups, il avait du l’utiliser hier, et au lieu de le jeter à la poubelle en rentrant, il l’avait posé à l’entrée et l’a confondu avec un ticket valide sans avoir fait attention. Sa seule solution était d’acheter de nouveaux tickets. Cela l’embarrassait bien, car il avait pris pile l’argent qu’il lui fallait pour manger son sandwich. En ce beau jeudi 5 mai, il comptait manger un de ses sandwichs préféré dans une boulangerie…Bon…Il n’aura qu’à improviser.

07:48

Le jeune homme n’avait pas vu le temps passer. à peine entrait-t-il dans le métro qu’il était déjà à l’arrêt où il devait sortir. huit minutes sont passé alors que le trajet durait généralement quinze minutes, du moins il avait toujours eu cette impression. Francis était du genre à vivre chaque minute de sa vie avec lenteur et tranquillité…Et en ce disant ça, il vit l’horloge à l’entrée de la faculté, et si il restait encore dans le hall, il allait rater ses cours.

11:30

Francis commençait à s’ennuyer durant ses cours. Pourtant ses études le passionnait, mais aujourd’hui…Il avait cette impression de déjà-vu, ou plutôt de déjà-entendu. Il comprenait tout de suite ce dont on parlait, copiait plus vite que le professeur ne parlait, connaissait les réponses aux questions avant même qu’on y réponde…Il décida à un moment de quitter la salle. Tout était troublant en ce moment. Francis était sur, SUR qu’il avait déjà entendu ce cours-là, alors que le professeur avait certifié lorsqu’il lui posa la question que ce cours était tout à fait nouveau dans le programme. Commençait-t-il à devenir fou ou quoi?

Non…non, c’est juste qu’il devait être un peu fatigué. Il fallait qu’il se réveille un peu. Francis décida de faire un détour dans les toilettes pour se rafraîchir un peu. Alors qu’il ouvrait le robinet, il avait déjà cette impression d’avoir le visage au frais, mais décida quand-même de se jeter un peu d’eau sur la face.

Il fallait qu’il reprenne ses cours. Si il commençait à prendre du retard, ce serait mal pour lui. Devant la porte de la salle, il prit une grande inspiration. Cette journée était une journée particulièrement étrange, rien de plus, rien de moins. Il allait pouvoir reprendre ses cours, ainsi que son petit quotidien tranquille. Il s’assit sur sa chaise, rassembla ses affaires, main gauche sur le bloc-notes, main droit sur le stylo. Maintenant, il pouvait…

…Tout était déjà écrit…

Le cours du jeudi 5 mai était déjà écrit sur le bloc-notes. ça aurait pu être une blague de ses amis, mais c’était son écriture…C’était sa propre, unique écriture dans l’encre qui avait noircit toute les pages du bloc-notes. Comment c’était possible? C’était trop, trop, beaucoup trop étrange pour être vrai. Devenait-t-il fou? Pour de vrai cette fois-ci?

Soudain, il pensa à quelque chose…Une théorie complètement ridicule sur tout ce qui se passait. Il ne pensait pas que ça allait lui être utile…Mais il ne savait pas quoi faire d’autre. Il devait écrire un message. C’était l’idée qu’il avait en tête. Remplis d’inquiétude, Francis repris le bloc-notes, décida de tourner la page, tomber sur une feuille vierge, et mettre son plan en exécution.

« Non, Francis, tu ne rêves pas »

Son message…écrit…Ce qu’il voulait écrire…C’était exactement ça…Et c’était déjà écrit avant qu’il ne fasse quoi que ce soit…C’était…C’était donc vrai?

Paniqué, Francis abandonna toute ses affaires et quitta en courant la faculté. Pourquoi? Il ne le savait pas lui-même, mais il fallait qu’il rentre à la maison, mette ses idées en place, se calmer un peu…

11:35

Lorsqu’il arriva à la station de métro, il dévala les escaliers avec hâte, sortant de sa poche le paquet de ticket inutilisé. Dans sa course trop rapide, il tomba par terre, faisant tomber et voler dans tous les sens les tickets. Sans-même prêter attention à la douleur résultant de sa chute, il agrippa le premier ticket venu…Utilisé…Le second aussi…Et le troisième, et l’autre et l’autre et l’autre…Jeudi 5 mais, Jeudi 5 mais Jeudi 5 mai…Tous usé au même jour, jusqu’au dernier, tous utilisés à 11:35…C’était qu’un mauvais rêve, un cauchemar. Francis remonta les escaliers: il ira à pied.

22:02

Avant même qu’il ne s’en rende compte, c’était déjà la nuit. Pourtant, il ne vivait pas si loin de la faculté. Francis regarda sa montre, qui lui indiquait qu’il était 22:03. Il rentrait presque tout les soirs vers cette heure-ci, car il possédait un travail après les cours, et travaillé toute la journée pour gagner un peu d’argent…Il rentrait presque tous les soirs à 22:02. Francis avait une grande envie de vomir. Il rentra rapidement chez lui, ferma la porte, couru dans la salle de bain pour trouver un médicament, n’importe quoi pour le calmer.

Tous les médicaments étaient utilisés…Les bouteilles étaient vides, les cartons, plus de pastilles ou autre, tout était éparpillé par terre. Il entra avec vitesse dans sa chambre, faisait les cents pas, continuait de paniquer de plus en plus, et dans l’énervement, il renversa un fauteuil à coté de lui et le vit tomber lourdement sur le sol.

C’est à ce moment là qu’il prit conscience que tout son appartement était sans dessus dessous. Tout était renversé, détruit, démolis, déchiré, par terre, jetés…Si seulement c’était un cambriolage…Si seulement…

Mais en regardant un calendrier déchiré…En regardant chaque feuille, où il y avait écrit « Jeudi 5 mai », Francis comprit que toute sa théorie était fondée, officiellement. Impuissant, il commença à pleurer.

23:04

Le temps…

23:45

C’est fou comme le temps est étrange…Comme il le voyait passer…

23:46

à la fois…C’était long…Tellement long…Qu’il pouvait compter chaque seconde qui passait…Et en même temps tellement rapide qu’il était surpris lorsqu’une minute passait.

23:47

Et en un rien de temps, une éternité passait alors qu’il avait compté avec une infinie concentration chaque seconde d’une seule minute.

23:48

Chaque fibre de son être était tellement focalisé sur le temps…Qu’il en perdait sa notion…Quel paradoxe…Quelle situation ridicule pour lui…

23:49

Il ne pourrait dire combiens de temps il est resté sur son lit, les yeux rivés sur le réveil à coté de lui….

23:50

Pourquoi gaspillait-t-il tout ce temps alors qu’il pourrait chercher une solution à ses problèmes? Car il était sûr qu’il y en avait pas…

23:51

Aucune autre solution qu’attendre, juste attendre, espérer que la prochaine fois, il y aie une issue possible…

23:52

ça ne peut pas être éternel…Rien n’est éternel…Il devait juste y croire…Car ça lui permettait d’avoir un peu d’espoir…

23:53

Il avait peur…Juste tellement peur…Il devait avoir de l’espoir, juste un peu…Peut-être que prier allait lui donner du courage…

23:54

Francis n’avait jamais été très croyant, mais dans la situation où il était, si il existait vraiment un ciel, vraiment quelqu’un qui pourrait entendre sa prière, alors on pouvait peut-être l’aider à se sortir de son cauchemar…Il commença à chuchoter de sa voix brisée:

23:55

« Notre père qui êtes aux cieux…Que ton nom soit sanctifié…Que ton règne vienne…Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel…

23:56

Donne nous aujourd’hui notre pain de ce jour…Pardonne nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés…Et ne nous soumet pas à la tentation…

23:57

Mais délivre nous du mal…Délivre moi…Délivrez-moi, je vous en supplie…

23:58

……………………………………………………………………………………..

23:59

………….Je ne veux pas que tout… »

07:00

Le réveil sonne. La main de Francis s’abat avec force dessus pour arrêter le mélodieux son qui a l’honneur de le réveiller chaque matin. Il se leva tranquillement, s’habilla, et décida de jeter un coup d’œil à la fenêtre: aucun nuage dans le ciel, un jour ensoleillé. Francis avait l’impression que hier encore, le temps n’avait pas changé, tout comme avant-hier et même toute la semaine…Bah…Pouvait-t-il se plaindre? Le temps était beau, sa maison était belle, il faisait de belles études, sa vie était parfaite. Sans aucun tracas, Francis rassembla ses affaires et quitta son confortable domicile.

Une nouvelle journée commençait.

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