— Il y a une certaine logique dans les rêves, expliquez-vous à vos amis pendant que vous cheminez vers le portail du lycée. Alors autant aller vers la grille, le chemin naturel de la sortie.
— Mouais, réplique Alex. C’est pas vraiment comme ça qu’on a pu quitter le parc d’attractions, tu te souviens ?
— Certes, concédez-vous, mais c’était un rêve d’enfant, peuplé de dragons et d’araignées géantes. Ici, j’ai presque dix ans de plus, ce sera différent.

Aucun de vos trois camarades ne semble enthousiasmé par votre théorie, ce qui ne les empêche pas de vous suivre fidèlement. Ce qui ne s’arrange pas quand vous découvrez le portail.

La grille noire est couverte de ferronneries, de gravures représentant d’innombrables engeances maléfiques. Des pics barbelés prennent tout l’espace entre ces démons. L’ensemble vous donne des frissons. Le portail en lui-même ne laisse passer quelques rayons d’une lumière orangée infernale.
— Putain, ça c’est de la porte, résume Matt. Tu es sûr de vouloir passer par là ? On pourrait pas regarder dans la cabine là-bas ?

La cabine dont il parle est une bicoque de métal noir, accolée au portail. Le mot « Conciergerie » est peint en rouge sang au-dessus d’une porte d’entrée à la poignée en forme de bouche de gargouille.
— Parce que ça te paraît plus rassurant ? vous étonnez-vous.
— Je suis d’accord avec Joël, autant tenter la porte à ce compte-là, c’est pas beaucoup plus engageant, confirme Jen. Ou grimper la grille, tiens. La déco n’est peut-être que du bluff.
— Pas sûr, contre Alex.
— Si, si, elle bluffe, ça se voit tout de suite.
— Moi je suis de l’avis de Jen, dit Matt. On vote ?

On vote. Pour aller voir si les créatures de cauchemar du portail bluffent, rendez-vous au 152.
Si vous préférez une bonne vieille conciergerie, même morbide, rendez-vous au 151.

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