Je me rappelle distinctement du message qui passait en boucle à la radio et à la télévision, lorsqu’il ne restait qu’une seule chaîne et une seule station encore en activité pour nous tenir informés des événements qui se déroulaient de par le monde. Je me souviens de la voix féminine désincarnée, au ton laconique, qui était censée nous rassurer déclarer : « Nous demandons à nos concitoyens de rester calmes. La situation est sous contrôle. Le gouvernement et les agences de santé publique travaillent sans relâche à l’endiguement de la maladie. Tout reviendra bientôt en ordre. »

Nous aurions dû nous douter que c’était des conneries. On aurait dû se préparer pour ce qui allait suivre, plutôt que de vaquer à nos occupations futiles, comme si le monde n’était pas en train de s’écrouler autour de nous et l’humanité sur le point de disparaître. Mais à cette époque nous voulions croire à des lendemains meilleurs. Nous voulions entretenir l’espoir que tout allait s’arranger. Mais était-ce vraiment de l’espoir ? Ou n’était-ce que de la naïveté, voire de l’arrogance pure et simple ? Étions-nous volontairement aveugles à notre propre destruction, persuadés qu’elle ne pouvait advenir, que nous étions intouchables ? Étions-nous si fous que nous nous pensions au-dessus des lois de la nature, à l’abri de son courroux ?

La vraie question n’est-elle pas, en définitive, ne l’avons-nous pas mérité ?

Et la réponse n’est-elle pas, oui, en effet ?

A.J.R

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