Le Train Fantôme a repris une allure raisonnable. Les virages, les montées, les descentes vous semblent futiles à côté de la frayeur que vous venez de ressentir. Matt cherche à détendre l’atmosphère en se préoccupant des sous-vêtements d’Alex, qu’il soupçonne d’être souillés. Heureusement que ces deux garçons ne sont pas côte à côte, ils auraient fini par une amicale bagarre.

Vous vous sentez profondément rassuré par leur présence. Même si vous ignorez l’origine de ces enfants, vous avez l’intime conviction qu’ils sont là pour vous aider et que vous pouvez leur vouer une confiance aveugle. Ce qui n’est définitivement pas dans vos habitudes. Sans pouvoir mettre un souvenir précis en face de cette sensation, vous êtes toutefois certain de ce trait de caractère chez vous.

Le train ralentit à nouveau et passe à travers des rideaux faits d’une matière blanchâtre. Quand vous tendez les mains pour les écarter, ils vous collent aux doigts et s’emmêlent dans vos cheveux.
— Beurk, des toiles d’araignées, constate Jen, écœurée. C’est vraiment dégoûtant cet endroit.
— Ouais, ça manque de femme de ménage, confirme Matt.
— Non, mais c’est quoi cette réflexion ? Et pourquoi pas un homme de ménage !
— Non, mais j’dis ça comme ça. On dit « une femme de ménage » d’habitude, se défend le garçon en se recroquevillant dans son wagon.
— Que ça se reproduise plus ! Je suis la plus grande, vous devez m’écouter et m’obéir. Enfin, après le chef.
— Arrêtez de gueuler comme ça, vous allez attirer les araignées, se plaint Alex.
— T’en fais pas, réplique Matt, tout heureux de pouvoir changer de sujet. Tu crois quand même pas qu’une araignée géante va tomber du plafond pile sur nous, quand même ? Ha, ha !
— Ha, ha, reprend Alex sans conviction.
— Ha, ha, enchaîne Jen.

Ha, ha. Dites-moi, qui se trouve dans le wagon du milieu ? Si c’est Alex, rendez-vous au 18. Si c’est Matt, rendez-vous au 19. Si c’est Jen, rendez-vous au 20.

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