Ce qui aurait dû se passer ne s’est guère passé.
En fait, les trois premières années, tout se déroula parfaitement. Pete et Carol étaient amoureux l’un l’autre et les enfants se sentaient bien. Elle était une belle-mère attentionnée qui aimait organiser des activités avec les jeunes. Elle était mystérieuse, mais charmante.
Et puis, ce soir arriva où ;
« Les enfants, laissez-moi vous racontez une histoire. C’est une histoire d’horreur, je ne vous en ai jamais conté encore…
– Allez-y !» Lancèrent enjoués les deux jeunes bien enroulés dans leurs couvertures.
«Eh bien, ce n’ai pas exactement une histoire, mais bien un évènement qui s’est réellement passé.» Elle fit une courte pause voulue.
«Dans la vraie vie!» Elle avait rajouté à son ton quelque chose d’insécurisant et les enfants l’avaient, via leur physionomie, gobés.
« Il s’est passé quoi ?» Projetèrent Joyce et David simultanément, gardé en haleine.
« Tout d’abord, ce fut tout près d’une grosse grosse grosse forêt. Elle s’appelait Tongass cette forêt- là. Un petit randonneur qui habitait non loin de celle-ci alla se promener tout proche. Il s’assit sur un rocher et regarda les arbres se propulser soigneusement sur les rafales de vent. Il aimait voir les oiseaux voler, entendre le bruit de l’eau. C’était un jeune garçon aventureux qui aimait la nature. Sa mère lui interdisait de rôder près de là, car elle savait ce qu’il se passait dans cette forêt. C’était quelque chose d’horrible qui attaquait les gens. Mais à vue d’œil, tout avait l’air de bien allez. C’était un assez bel endroit plein de belles couleurs, beaucoup de montagnes à l’horizon et énormément de petits cours d’eau. » Elle fit un bref arrêt et reprit. « Imaginez-vous, en fermant les yeux, l’environnement. Imaginez le paysage, sentez l’air frais. C’est un joli endroit.»
Carol regarda les jeunes attentivement. Ils avaient l’air bien; submergé entièrement par l’histoire.
Et puis, elle continua.
« Le petit garçon, lui aussi, éprouvait du plaisir à la vue de ce beau petit paradis.
Et soudain, du coin de l’œil, il vit au loin, un ombre. » Elle avait vite changé son ton de narrateur, devenu épeurant, fit un bref instant d’arrêt et regarda Joyce et David, qui eux, étaient obnubilés par l’histoire et attendait une suite.
« L’ombre était immobile et inquiétante. Semblable à un grand homme à capuchon noir. Il avait dans les mains quelque chose qui ressemblait à une grande lance ou un râteau. Le randonneur qui était perché sur son rocher observait tout autant immobile.»
Joyce ce recroquevilla bien loin dans ses couvertures roses et bleu.
« Cet ombre resta immobile encore quelques secondes, observa le jeune, encore… et encore plus longtemps… puis disparu subitement dans les grands et sombres sapins…
– C’était qui lui ??? » Poussa David apeuré.
« Nous le serrons plus tard.» Ajouta Carol calmement. Elle poursuivit. « Alors, Le jeune garçon, lui, était figé jusqu’à la moelle, les poils hérissés haut haut. Ne voulant plus bougé de son roché, il prit aussitôt conscience qu’il était déjà en train de marcher vers l’homme noir. Il pensa alors à ce que sa mère lui avait dit : « Cette forêt est maudite, n’y rentre jamais.» Néanmoins, têtu comme il était, il s’approcha peu à peu de l’endroit où l’ombre était rentré. Les paroles de sa mère lui hantaient l’esprit. Le randonneur tremblait et suait à grosse goûte. Les pas suivirent les pas. Il monta une petite colline, puis contourna un mini ruisseau et sauta par-dessus. Ses bottes s’enfoncèrent alors dans une bonne bouette humide et collante. Alors là, il se dégagea bien vite du trou et continua sa route. Il était rendu sur un petit chemin de terre sec parsemé de petites brindilles séchées et devant lui continuait un grand tunnel de feuille. C’était de la que l’étranger était rentré.
Et il rentra.
Il goûta ensuite mystérieusement à un état d’euphorie qui fut surprenant.
– C’est quoi ça ?» Demanda Joyce.
«La joie ma belle, enfin, il ce mit en marche vers l’inconnu. Vous savez quand une personne est confrontée à la peur, elle fait toute sorte de chose. Il n’avait pas le droit d’y rentrer, mais s’est sentit obligé. Il s’est fait aspirer vers la forêt.
L’atmosphère avait changé du tout au tout. Un monde totalement féérique resplendissait devant lui.
L’entrée de la forêt donnait mystérieusement à un univers fantastique. Il y avait, devant lui, de gros arbres tous garnis de mousses vertes. De gros champignons gonflés de couleur rouge, vert, gris et même brun poussaient à la racine de ceux-ci. Même si le gazon était extrêmement long, il n’arrivait pas à dépasser le gros chapeau rondouillard des champignons. Le sol était couvert d’une épaisse mousse verte humide. L’entrée donnait à un tunnel, c’était que les arbres étaient tous alignés bien droit.
Il y avait beaucoup de tronc d’arbres moisis qui s’empilaient sur le sol vert froid.
– Beuuuuurk !!!! » Intervint Joyce emmitouflé dans sa couverture.
« Ça sentait si bon!» Rajouta Carol rieuse. « L’odeur de la nature est si bon, pour la santé comme pour l’esprit ! Imaginez-vous, les enfants, dans un état de paix, entouré de merveilles du monde, de bonnes odeurs rafraîchissantes, d’une douce brise tiède sur votre peau et de magiques lueurs du soleil franchissant les fins espaces des feuilles.
– Moi j’aurais grimpé dans les arbres ! » Poussa David d’un air jovial et innocent. Il sortit du lit et commença à imité le singe dans son état naturel. C’était une scène hilarante à voir. Les deux autres rirent tout leur poumons.
« Hahahaha » fit Carol. « Allons, revient David, ce n’est pas fini !» Elle lui envoya un joli sourire blanc en balayant l’air pour qu’il revienne dans son lit. « Bon, où en était-je ?
– Il traversait le chemin tu avais dis. » Affirma Joyce calmement.
« Ah oui ! Et bien, c’est alors qu’il marchait, marchait et marchait encore qu’il aperçut ensuite tout au bout deux énormes monuments de pierre aux extrémités du petit chemin. Ils étaient immensément longs et entre les deux, plus haut, se trouvait une arche de bois accroché et cloué au roc. Les grandes poutres de pierre étaient enroulées de grandes plantes en tige et de bois. Elles étaient fissurées et cela permettait aux plantes d’y pénétrer. Ce lieu exposait son état de désolation ou plus clairement; de ruine.» Il y avait de l’amertume dans sa voix. « Il se demanda alors qui aurait bien pu ériger ces tours ? Quelques secondes plus tard de grand enchantement, le petit voyageur passa l’arche gigantesque et, au-delà de ce monument, se trouvait un joyeux petit cours d’eau. Un grand cerf orangé s’abreuvait tout paisiblement et juste à ses côté se présentait un joli pont de bois arrondis et servait de passage entre les deux bouts de terre. Le petit bonhomme continua sa marche en franchissant l’humble passage en bois rond. Le cerf avait décampé tout juste après qu’il ne l’aperçoive. C’est alors que, lui bienheureux, se balada fier et réjouit, il repensa alors à ce que sa mère lui avait dit, mais devant ce chef-d’œuvre, il n’eut pu la croire. Bien évidemment, elle lui avait raconté que des mensonges à propos de cette forêt, mais tout de même, il garda en conscience que tout ceci pouvait basculer.
Malgré son âge, il était intelligent.
– Moi j’aurais pas entrée !» Lança Joyce.
« Mauviette !!!!!» Projeta son frère sèchement.
« C’n’est même pas vrai tu sauras, je suis beaucoup moins peureuse que toi David, tu as peur du noir toi !» Répliqua-t-elle.
Carol regarda exaspérèrent la scène.
« Non, quand je vais chercher le ballon dans la forêt ou quand j’entends du bruit, je n’hésite pas à entrer. Les gars c’est moins peureux que vous les filles. J’ai raison !»
«Bon ça suffit ! » Poussa la belle-mère irritée. Elle venait de mettre un terme à cette dispute puérile.
« Ce n’est pas comme ça que vous allez devenir de grande personne vous deux. Se comporter de façon altruiste entre vous est la clef de l’harmonie. Alors, maintenant, si vous ne voulez pas savoir la fin de l’histoire, dites-moi le et je m’en irai !»
Carol était une femme extrêmement gentille et compatissante, mais toute fois, selon la circonstance, elle pouvait perdre patience bien assez vite.
Les enfants furent figés de cette menace et entendirent patiemment que l’histoire refasse surface à leurs tympans.
Elle reprit : « Écoutez-bien maintenant, l’horreur viendra mettre un terme à la réjouissance du début. Comment ? Et voici… » Elle n’avait guère son ton chaleureux et amical que celle-ci avait pu avoir l’habitude d’émettre.
« Tout juste après le passage du pont, le petit bonhomme remarqua au loin, sur un rocher, le même homme-ombre qu’il avait observé quelques minutes auparavant.
À la vue du jeune homme, l’ombre s’élança ensuite derrière l’énorme bloc et s’échappa plus loin dans les abysses de la forêt. Le petit voyageur sprinta vers celui-ci, esquiva quelques trous, quelques pierres et branches, ne laissant plus la peur l’arrêter, il fonça la tête haute vers le noir.
Il s’arracha la peau, les cheveux. Ses bras étaient couverts de balafres rouges et visqueuses, d’égratignures et de plaies causées par plusieurs chutes. Et lorsqu’il franchissait l’un des derniers arbres épineux, il aperçut tout proche, un gros rocher de forme de visage vieillit. À sa gauche sur une petite bute était, debout, un petit personnage vert et noir aux yeux rouges perçants. Il avait sur sa tête des branches noircit tous craquelées. Il mesurait à peine 3 pieds de haut.
Le petit vagabond, hésitant, le salua, il lui fit ensuite mention de la raison du pourquoi il courrait dans les boisés. L’espèce humanoïde vert et noir lui montra, par l’intermédiaire d’un signe de son minuscule bras droit, le chemin où était passé l’ombre mystérieuse. Le bonhomme lui gratifia d’un signe de tête gauche et continua sa route.
Il se souvient alors du moment où il s’adressait à la chose, la tête rocheuse s’était tournée discrètement pour le fixer. Il l’avait vu du coin de l’œil. La chair de poule lui prit alors d’un coup vif.
– C’est quand que l’ombre va venir… » Interrompit David. « J’ai hâte de voir ce qui va arriver !»
Carol continua ensuite son récit ignorant la remarque du jeune impatient : « Le petit voyageur poursuivit sa route vers la gauche. D’après l’humanoïde, il été partie à gauche. Pourtant, vers la gauche il n’y avait ni chemin, ni passage, que de bois et de bois parsemés de feuilles et d’épines vertes sombres. Il décida tout de même de marcher en cette direction obscure. Ce tas d’arbres verts et de branches mortes et de bouette et de sueurs froides aboutirent à un merveilleux endroit enduit d’une couche blanche et rafraîchissante.
– LA NEIGE » comprit alors Joyce émerveillée. « Mais je ne comprends rien moi… pourquoi de la neige ?»
– Nul ne le sait ma chérie, ce en quoi je sais c’est qu’il y avait bel et bien de la neige sous les pieds du randonneur téméraire. Alors maintenant, ne sachant quoi penser de tous ce cirque, il s’avança et admira au-dessus de ses yeux les reflets du soleil enfin parvenu à franchir l’épaisse couche verte. La neige scintillait comme si plein de fragments de diamant furent tous répandus sur le sol bouetteux. Tout juste près d’un gros arbre aux écorces lézardés, fut planté là l’ombre à la pique noir et au capuchon noir. Ils se fixèrent, les deux, regard noir menaçant vers regard brun apeuré.
Carol se rapprocha des enfants peu à peu, lentement.
« Tout à coup, l’ombre tapota le sol avec le bout de sa lance monstrueusement longue et en un rien de temps explosa en libérant un vaisseau lumineux si agressant pour les yeux que le petit bonhomme courageux devenu aveugle quelques secondes indéterminées. Un vent si violent lui foudroya le corps entier et celui-ci se fut soufflé comme un grain de sable sur l’un des sapins verts.»

Pour une fois, les enfants étaient silencieux, comme si quelque chose leur avait échappé.

«Le garçon se réveilla désorienté avec un mal de tête épouvantable. Il était tout sale, car de haut en bas de ses habits se couvrait de boue flasque et collante. La neige avait même disparue. Il fut troublé, horrifié, terrorisé.» La belle-mère changea radicalement de ton. « Les arbres furent tous morts et courbés, leurs branches furent tous tombés et la couleur de ceux-ci noir carbonisé. Le ciel avait changé de bleu au gris fer, les arbres noirs et les ombres toujours aussi noirs. Il y avait au-delà des collines, plus au loin, des hurlements stridents de monstres géants cherchant quelques bons gens à grignoter, des cris d’oiseaux gros comme des dragons, des sons dans l’amoncellement d’arbres brûlés derrière et devant lui de pas, de fouet, de griffes et de crocs contre les troncs et contre la chaire vive. Il y avait des grognements et des rugissements aussi féroces que cent lions réunis. Des cris suraigus s’échappèrent des arbres, mais de plus proche, le jeune homme s’aperçut que c’était des squelettes d’hommes tous noirs attachés aux arbres par de lourdes chaînes de métal rouillé du torse à la cheville. Il y avait de grosses larves gigotant dans les orbites et la bouche était soutenue par quelques ligaments moisis. C’était tellement morbide qu’il dégueula tout ce qu’il avait dans l’estomac.
Un épais brouillard s’y était installé et empêchait toute vue de loin. Alors, le jeune garçon se releva et tenta tout de même de rebrousser chemin dans la forêt hantée.
Les branches d’arbres se tortillaient entre eux et bougeaient de tous les côtés. Les troncs présentaient chacun un vieux visage rabougri. Du sang s’échappèrent de leurs yeux crispés comme si le brouillard leur picotait les yeux. C’était atroce à voir.
Le bonhomme croisa à nouveau le gros visage rocheux et vu du coin l’œil la petite chose verte et noir se nourrissant d’un vieux cadavre pourri. Sans le savoir, il avait échappé un cri, la petite créature se retourna, lâcha son repas et se précipita vers lui avec de minuscules enjambés.
La course était folle, les trous, les branches, la boue, les roches ne rendaient pas la vie du petit gars bien belle. Avec tout ça, se rajoutait, les cris, les visages, les ombres, les créatures et les spectres.
Tout ce qu’il voyait à présent s’éteignit pour devenir un monde entièrement noir et peuplé de vilains spectres rieurs. Il continua de courir et de courir et de courir vers le néant. Les monstres étaient même venus par traverser ses pensées et peuplés sa tête en riant la gorge déployée. Les têtes s’approchant de plus en plus et disparurent et reparaissait à nouveau tous différents les unes après les autres. Et puis finalement, plouf!
Il reprit ses pensées dans un grand marais sombre et visqueux. Il avait tombé dans cette grande étendue tout en courant et sans s’en rendre compte. Il se hissa avec peine sur une petite dénivellation où la terre fut assez dure pour qu’il puisse se tenir fermement. Le petit bonhomme repensa alors, tout sale, à ce que sa mère lui avait dit; il comprit alors tout bouleversé.
Plus jamais qu’il alla recroisé le chemin de cette forêt, il se le dit même à haute voix, et plusieurs fois. » Elle fit un bref délai intentionnel question d’étudier la physionomie des deux jeunes.
«Voilà mes chers enfants, vous savez désormais l’histoire du petit randonneur bien aventureux. Toujours et toujours écoutez la parole du plus vieux, car vous savez pourquoi? Il a l’expérience ! Et lui, saura constamment ce qui est le mieux pour vous. » Elle se leva et rejoignit les enfants devant elle en les serrant chacun dans ses bras bronzés. « Bonne nuit mes enfants. Faites attention aux cauchemars surtout, mais soyons en rassuré, il n’y a rien de pire que cette forêt.» Elle s’en alla pour refermer discrètement la porte quand Joyce prit la parole. « Qui était ce jeune garçon ? » Tout perplexe était le son de sa voix. Elle tremblait juste à l’entendre. « Je n’en ai aucune idée. Par contre, ce que je sais c’est qu’il faudrait vous couché vous deux, il est bien tard et je n’étais supposé vous conté quoi que ce soit.
– Je veux seulement savoir, je sais que tu sais.
– Moi aussi je veux savoir ! S’vous plait, s’vous plait ! » Pleurnicha David.
« Le petit garçon… c’était moi.» La porte se referma aussi vite qu’un oiseau qui décolle laissant un vide si sec à en vous trancher la gorge.

114