Le lendemain matin, les deux garçons furent réveillé très tôt par les rayons du soleil qui traversaient la fenêtre de leur chambre. Il devait être à peine 7 heures du matin et ils avaient très peu dormi. Le comble alors que Marius leur avaient justement annoncé la veille qu’ils pourraient se lever tard s’ils le désiraient. Le pire dans tout ça c’est qu’ils étaient tous les deux très fatigués mais n’arrivaient plus à fermer un œil. Il faut dire que cette journée allait représenter un tournant majeur dans la vie des deux garçons… Pour la première fois, ils allaient être séparés… En effet, c’est à partir de 18 heures ce soir que Julius et Baster se quitteront pour une longue période. Eux qui avaient passé chaque moments de leur vie ensemble, eux qui ont joué ensemble, partagé les même repas, eux qui ont travaillé, dormi, qui se sont amusé ensemble pendant toutes ces années, ils allaient être séparé pour une durée indéterminée.
Les deux garçons n’avaient pas du tout pensé à ça quand ils se sont inscrits au tournoi, même en supposant que l’un d’eux pouvait gagner. En cet instant, ils étaient chacun allongé sur leur lit, sur le dos, en train de regarder le plafond sans rien dire… Le silence régnait dans la pièce et on entendait juste le son du vent siffler à travers les carreaux de la fenêtre.
Après plusieurs longues minutes de calme dans la chambre, Mr Rink brisa le silence en entrant.
– Bonjour les enfants ! Il faut se réveiller maintenant, le petit déjeuné de l’auberge se termine à huit heures.
Marius commençait déjà à ranger la chambre avant le départ de ce soir. Baster et Julius restaient allongés dans leurs lits en silence.
– Et bien ? Pourquoi vous ne vous préparez pas les garçons ? demanda-t-il stupéfait.
En les regardant Marius devina ce qui préoccupait les deux amis. Il stoppa ses rangements et s’assit sur le lit de son fils.
– Ecoutez-moi bien les garçons. Il fallait bien que ce moment arrive un jour… dit-il désolé. Julius va partir certes, mais vous vous retrouverez très vite ! La reine et moi ne sommes pas des monstres, nous ne voulons pas vous séparer et vous rendre triste. Julius, tu viendras nous voir régulièrement j’en suis sure et puis tu vas vivre des moments fabuleux là-bas, j’en suis certain ! Quant à toi mon fils, tu pourras enfin commencer ta formation de véritable berger et tu deviendras le meilleur de la région, tu es grand maintenant. Ne faites pas cette tête-là. Vous ne vous reverrez plus aussi souvent qu’avant mais c’est loin d’être la fin ! Vous allez vous revoir très rapidement, je vous le promets, insista-t-il. De plus, il vous reste encore une journée entière à Doume ensemble, alors profitez-en !
Sur ces mots, les deux garçons se regardèrent et sourirent. Ils sortirent chacun de leur lit et prirent Monsieur Rink dans leurs bras en disant « Merci papa ! ». Puis ils se préparèrent en vitesse et quelques minutes après ils descendirent à trois prendre le petit-déjeuner au rez-de-chaussée.
Ils étaient les derniers à se mettre à table. Il faut dire que la plupart des gens qui étaient dans cette auberge étaient des voyageurs comme eux, et avaient sans doute une longue route à faire. Mais comme Julius ne devaient quitter Baster et son père seulement qu’à partir de 18 heures, ils ne rentreraient chez eux que ce soir et ne pouvaient donc pas partir de bon matin. Au petit déjeuner, les enfants prirent un grand bol de lait frais apporté ce matin par le crémier ainsi que quelques tartines de pains. Marius prit un café et avala au moins une baguette entière, il était affamé. Ceci fait, ils remontèrent tous dans la chambre pour la ranger. Il fallait la libérer pour 10 heures. Du coup, ils rangèrent leurs affaires, les descendirent, Marius paya la note, puis ils sortirent de l’auberge. Aujourd’hui il faisait encore une fois très beau. Ils portèrent leurs bagages jusqu’à la charrette, que Monsieur Rink avait soigneusement garé devant la porte Sud pour leur évité de trimballer trop longtemps leurs affaires. Puis les deux jeunes hommes demandèrent à Marius s’ils pouvaient aller jouer maintenant, ils étaient impatient de passer leur dernière journée ensemble dans Doume et voulaient absolument en profiter.
– Bien sûr ! Allez-y les garçons et amusez-vous bien ! Ne faites pas de bêtises ! On se retrouve pour manger à la « Marmite Brulante », c’est un petit bar sur la place. Je vous y attendrais.
– Merci papa ! Allez, à tout à l’heure !
Puis ils partirent en courant à l’intérieur de la citadelle. En arrivant sur la grande place, Baster demanda :
– Bon… Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
– Je ne sais pas moi ! On est loin d’avoir tout fait à Doume je pense ! Allons visiter, je suis sûr que l’on trouvera quelque chose de très amusant à faire !
– Je te suis ! C’est partie !!! dit Baster joyeusement.
Baster et Julius partirent en direction de petites ruelles qu’ils n’avaient pas encore visitées lors de leur première venue. Ils se baladèrent dans d’autres rues marchandes que celles qu’ils avaient déjà vues puis ils atterrirent devant le château pour la seconde fois. Tous les deux se stoppèrent.
– Alors c’est bien là que tu vas partir ? demanda Baster
– Oui, affirma Julius.
– Tu es pressé d’y être je me doute !
– Oui bien sûr ! Ça doit être fantastique à l‘intérieur, répondit Julius en admirant le château aux pierres blanches et aux énormes tours. Mais…
– Mais ? demanda Baster surprit.
– J’ai peur du futur. D’être loin de vous tous et tout ça…
– Oh… je comprends. Moi aussi ça me fait un peu peur de me retrouver sans toi. Mais tu as entendu ce qu’a dit mon père !? Je pense que tu vas vraiment adorer vivre au château ! Après tout, c’est la récompense que tous les combattants voulaient !
– Oui c’est vrai…
– Et puis tu viendras souvent à la maison ! Tous les weekends j’espère ! Conduit par un garde sur un cheval en plus ! Tu vas faire du cheval !! Et tu vas apprendre à te battre, à te défendre et tout ! Ça doit être fantastique la vie de chevalier ! s’emballa Baster.
– Tu as peut être raison Baster.
– J’ai raison ! affirma Baster en riant.
– Oui ! C’est bien vrai. Bon, ce n’est pas tout ça mais qu’est-ce qu’on attend pour nous amuser la ?
– Oui Julius ! Ne restons pas planter devant ce château à ne rien faire ! Tu auras tout le temps pour l’admirer plus tard. Allons-nous amuser ! J’ai vu des affiches sur les murs tout à l’heure qui disaient qu’il y avait des sortes de jeux de sport ou je ne sais pas quoi dehors, on ferait bien d’y aller !
– Oh oui ! J’ai envie de bouger et de me défouler ! C’est partie Baster !
Ils partirent en direction de la sortie la plus proche, c’était la porte Est. En effet, quand ils la franchirent, ils virent plein de jeunes filles et de jeunes garçons qui faisaient de l’équitation. Ils sautaient au-dessus des haies et réalisaient de petits parcours. Certains ne faisaient qu’apprendre à monter dessus, mais d’autres se débrouillaient déjà très bien, de vrais cavaliers…
– Oh ! Si on essayé Baster ?? demanda Julius tout excité.
– Oh que oui ! On fait une course ? Je suis sûr de te battre Julius !
– Je ne sais pas si nous avons le droit… les jeux n’ont l’air que d’être du saut d’obstacle pour les meilleurs et de la montée pour les novices.
– Nous ne sommes pas obligé d’obéir… après tout, c’est notre dernier jour pour nous dans la capitale !
Puis ils se regardèrent en souriant, avec un air complice et ils avancèrent vers un homme qui gardait les chevaux non utilisés dans un petit enclos.
– Bonjour les garçons ! Vous voulez monter à cheval je suppose ? dit-il gaiement. Quel est votre niveau ? Vous êtes des débutants ou vous savez déjà monter ?
– Nous savons déjà monter à cheval, lui répondit Baster. Julius et lui avaient souvent fait des courses ou des jeux avec les chevaux de la ferme de Monsieur Rink.
– D’accord ! Attendez-moi là, je vais vous apporter vos chevaux et ensuite vous irez voir l’homme vêtu de bleu là-bas, leur dit-il en le montrant du doigt. Il vous dira comment sauter au-dessus des haies.
Quelques secondes après, l’homme revint en rapportant deux chevaux, un blanc et un marron.
– Alors qui prend lequel ? demanda l’homme en tendant les deux lanières de cuir qui retenaient les chevaux aux deux garçons.
– Comme tu veux Julius, à toi de choisir, proposa poliment Baster.
– Merci, je vais prendre celui-ci, dit-il en désignant le cheval blanc.
Baster prit alors le second et ils partirent en direction de l’homme en bleu.
– Bienvenue à vous deux ! Alors voilà, je vais vous expliquer ce que vous allez faire.
Puis l’homme se mit à leur expliquer le parcours qu’ils allaient devoir exécuter ainsi que la technique à employer quand leur tour viendra. Rien de bien passionnant. Baster n’écoutait même pas… Puis du haut de son cheval il regarda Julius et lui fit signe discrètement de regarder le grand sapin situé à plusieurs centaines de mètres de leur position. Julius arrêta d’écouter l’homme en bleu et regarda Baster dans les yeux, il avait immédiatement comprit ce que son ami voulait dire. Pas question de faire ce parcours ridicule avec de vulgaires haies d’à peine cinquante centimètres. Ils allaient faire la course au galop jusqu’au fameux sapin. Au bout d’un moment, l’homme s’aperçu que les deux amis n’écoutaient pas ses instructions et leur fit la remarque :
– Dis donc vous deux ? Est-ce que vous avez écouté un traitre mot de ce que je viens de vous dire ?
A ce moment-là, Baster et Julius fusèrent tous les deux en direction du fameux sapin. L’homme devait leur faire la remarque, ils s’étaient mis d’accord là dessus, c’était leur signal de départ.
– Eh ! Mais qu’est-ce que vous faites ?! Sales gamins ! Rattrapez-les ! hurla l’homme surpris et terriblement fâché.
Il fulminait et tout le monde se retourna en direction des fuyards. Les deux garçons quant à eux galopaient à toute vitesse, tels deux grands cavaliers, en direction du sapin. Celui-ci se trouvait au moins à 500 mètres de là, et ils allaient à toute vitesse. La course était très serrée.
– Tu ne gagneras pas Baster ! cria Julius gaiement et en dépassant son jeune ami.
– Ah oui ? Tu crois vraiment ça ? C’est ce qu’on va voir ! Ahah ! hurla-t-il en accélérant de plus belle.
Ils étaient vraiment heureux, c’était sans doute leur dernier vrai moment de jouissance avant le grand départ et ils comptaient bien en profiter au maximum. Leurs cheveux volaient au vent à cause de la grande vitesse avec laquelle ils galopaient. Ils apercevaient même derrière eux deux hommes, dont celui vêtu de bleu, qui tentaient de les rattraper. Les deux amis riaient de bon cœur. Le sapin n’était plus très loin. Dans un dernier élan, ils accélérèrent et c’est finalement Baster qui atteignait le sapin tout juste avant Julius.
– J’ai gagnéééééé ! cria-t-il avec joie en tournant autour du but atteint.
– Félicitation ! dit Julius en claquant sa main dans celle de Baster lorsqu’ils se croisèrent, comme pour démontrer qu’ils avaient réussi leur coup.
– Maintenant il s’agit de ne pas se laisser rattraper par le vilain grincheux ! Suis-moi Julius !
Ils partirent à cheval de l’autre côté de la citadelle sans se faire repérer. Ils en riaient encore.
– On les a bien eus ! Ahahah…
– Oui, c’était très drôle. Mais tu ne crois pas qu’on devrait déposer les chevaux maintenant ? Une alerte a surement due être donnée pour nous retrouver.
– Oui, nous allons les déposer près de l’entrée Ouest, répondit Baster alors qu’ils trottaient tranquillement jusque-là.
Quelques minutes plus tard, ils déposèrent les deux chevaux à l’entrée Ouest en prenant soin de les attacher. Ensuite, ils rentrèrent discrètement dans la citadelle, comme si de rien n’était…
Il était bientôt midi, ils avaient rendez-vous à la « Marmite Brulante » pour rejoindre Marius. Ils y allèrent et retrouvèrent leur père assis sur une chaise, deux autres étaient vides à ses côtés.
– Alors les enfants vous profitez bien ?
– Très bien papa !
– Qu’avez-vous fait de beau pendant votre matinée ?
Les deux garçons se regardèrent vite fait. Ils décidèrent de ne pas raconter à Monsieur Rink leur mésaventure de ce matin, sous peine de se faire disputer et de ne pas sortir cet après-midi. C’était plus prudent.
– Nous avons visité les rues marchandes et puis nous nous sommes reposés au soleil, près d’une petite fontaine non loin de là, mentit Baster visiblement plus inspiré que son ami. Et toi papa ?
– D’accord ! Moi je me suis baladé près de la cathédrale et dans quelques rues piétonnes. Ensuite je suis allé m’occuper de la charrette dans la plaine pour qu’elle soit fin prête pour le départ. J’ai fait faire un petit tour aux chevaux pour qu’ils se remettent en jambes. D’ailleurs j’ai vu qu’il y avait un jeu de saut de haie à la porte Est. Vous pourriez y aller pour vous amuser cet après-midi., proposa Marius.
Julius et Baster se regardèrent en souriant et n’essayèrent ne pas rire. Puis Julius répondit :
– Oui, cela me semble être une bonne idée. On ira voir ce que c’est Baster.
Ils mangèrent un plat délicieux en prenant leur temps assis sur la terrasse au soleil. Ensuite, les deux garçons partirent se balader pour digérer et regardèrent un petit spectacle l’après midi, qui avait lieu dans une petite place de la partie Sud de la ville. Puis, 17 heures sonna. Ils devaient retrouver Marius à 17h30 pour qu’ils arrivent ensemble au château. Peu de temps après, ils se retrouvèrent à l’endroit que leur père leur avait indiqué après le repas du midi. Et ils partirent tous ensemble en direction du château…
En arrivant vers l’immense château blanc, Marius, Baster et Julius virent que la reine les attendait déjà, entourée de plusieurs gardes et valets. A peu près deux mètres en face d’elle, ils firent leur révérence et la reine les salua également. Elle avait l’air très sympathique et cela rassurait beaucoup Julius qui appréhendait un peu la situation. Elle était vêtue d’une longue robe verte ce jour-là, et avaient un diadème à fleur posé sur la tête. Elle était très belle. Puis elle prit la parole :
– Alors voilà mon héros, dit-elle en plaisantant. Je suis très heureuse de te voir car vois-tu, je n’ai pu regarder ton combat que depuis ma fenêtre et je ne voyais pas ton visage. Félicitation Julius. Tu as fait un merveilleux tournoi.
– Merci, répondit Julius un peu impressionné, et ayant peur de répondre une bêtise devant la reine.
– Je pense qu’il est temps de vous quitter désormais… J’en suis navrée. Mais tu peux toujours refuser ta récompense si tu le désir, je ne t’en empêcherais pas.
Julius regarda Baster et son père, qui lui faisait signe d’accepter. Et il répondit que oui, il acceptait sa récompense.
– Génial alors ! Bienvenue dans mon château jeune homme, dit-elle en le montrant d’un geste du bras. Ici tu suivras une formation de chevalier avec le meilleur maître d’arme du pays, maître Orck, et tu deviendras un grand chevalier. Mais ne vous en faîtes pas les garçons, je sais à quoi vous pensez ! Tous les vendredi soir, Julius retournera chez sa famille accompagné par un garde et un cochet, et reviendra au château le lundi matin. Vous pourrez ainsi passer du temps en famille. Nous ne sommes pas des monstres et ne sommes pas la pour vous séparer ! Votre père le confirmera.
Marius fit oui de la tête et sou visage s’illumina légèrement. Il était heureux de savoir qu’il verrait son fils au moins chaque semaine mais il restait tout aussi sérieux et droit comme un « i ». Cette nouvelle, confirmée par la reine, réjouissait les deux garçons qui se regardèrent en souriant. Tous les weekends, c’était plus que ce qu’ils espéraient.
– Il est maintenant 18h30 et c’est le triste moment des adieux… annonça-t-elle.
Julius serra Baster et Marius dans ses bras pendant un long moment, quelques larmes furent versées par Marius, et ils se quittèrent assez lentement. Baster paraissait abattu mais ne pleurait pas. Il regardait son ami partir. Julius, qui marchait avec la reine en direction de l’entrée, était tiraillé entre le fait de quitter sa famille et son plus grand ami, son frère, et le fait de démarrer une nouvelle vie qui paraissait tellement excitante… Puis il se fit une raison, il allait les revoir dans cinq jours, ce n’était pas si long. Et la vie au château avait l’air d’être des plus passionnantes. Julius grimpa alors les marches en laissant derrière lui son frère et son père.
Quand Julius entra dans le hall du château, accompagné de la reine, il fut abasourdit. Il était émerveillé par la grandeur et la luxure des lieux. Il s’émerveillait tout particulièrement pour le gigantesque et magnifique lustre doré qui dominé la pièce. « C’est magnifique » s’exprimait-il. La reine était heureuse de faire découvrir son château au nouveau venu. Ils marchèrent un petit bout de temps et dans plusieurs lieux différents. La reine lui faisait visiter les principaux endroits du château pour qu’il ne s’y perde pas. La disponibilité de la reine rendait le garçon stupéfait. Il ne pensait pas avoir droit à une petite visite guidée par la reine en personne. Son impression qu’elle paraissait sympathique se confirmait.
– Bien sûr tu t’habitueras à la grandeur des lieux avec le temps que tu passeras ici. Et tu n’es pas prêt de découvrir toutes les salles que contient ce château crois-moi. Je ne les connais pas toutes moi-même. C’est tellement immense ici. Si tu te perds n’hésite pas à demander ton chemin aux gens qui travaillent ici, ils t’aideront volontiers.
En effet, le château était très lumineux et très beaux. Et Julius croisa beaucoup de monde. Le lieu avait l’air assez attractif et pas ennuyeux du tout. Quelques minutes plus tard, après avoir monté un grand escalier de pierre et avoir traversé un long couloir, ils arrivèrent devant la chambre de Julius.
– Nous sommes dans la tour Nord, au quatrième étage. Voici ta chambre. Ici, c’est l’étage des apprentis chevaliers comme toi. Vous êtes une bonne trentaine à suivre cette formation. Néanmoins, toi, tu as gagné le concours. Tu auras donc le privilège d’avoir ton maître d’arme à toi, le meilleur, sous forme de cours particuliers. Mais il y aura quelques entrainements communs pour que tu puisses vite faire connaissance avec les autres. Mais ne parlons pas de tout ça maintenant, maître Orck t’expliqueras tout cela demain. Il s’y connaît bien plus que moi sur l’organisation des cours. Je te laisse maintenant découvrir ta chambre. J’espère qu’elle te plaira. Rendez-vous à 19h30 pour le dîner dans la grande salle à manger. Ce soir, tu mangeras avec moi pour que je puisse répondre à toutes tes questions, si tu en as bien sûr. Ensuite, tu mangeras avec les autres apprentis. A tout à l’heure, lui dit-elle chaleureusement.
– Oui, c’est gentil, au revoir, répondit Julius un peu intimidé et embarrassé.
Julius était impressionné par la convivialité qu’il y avait au château. Et encore plus par la reine elle-même ! Jamais il n’aurait cru qu’elle serait si sympathique et si attentionnée pour un simple apprenti comme lui. Bien qu’un peu stressé, elle le mettait à l’aise, et c’était très bien comme ça. Quand Julius entra dans sa chambre, il resta bouche-baie. Il ouvrit la bouche et laissa tomber son sac sur le planché. Sa chambre était énorme, comme toutes les salles du château. Il y avait pleins d’armoires, alors que la moitié d’une seule lui suffisait. Son lit était bien trop grand pour lui mais tellement confortable. Il se jeta dessus à peine entré. La salle était entourée de tableau et de plusieurs torches qui l’illuminait. Il y avait aussi une énorme fenêtre qui faisait la taille de tout un mur et qui donnait une magnifique vue sur le jardin. Julius était aux anges. Il rangea ses affaires dans une des armoires, la plus proche de son lit, et partit se laver. Dans son « appartement », la salle de bain était l’endroit qu’il préférait. Contrairement à la ferme, il n’avait jamais eu un tel choix de savons et de parfums. La baignoire, le miroir, les tapis,… étaient eux aussi en modèle agrandit. Après avoir rangé, il s’empressa de prendre un bain brulant de plusieurs longues minutes. Julius était exténué et cela lui fit le plus grand bien. Il était simplement heureux et plus particulièrement sous le charme du château qui l’avait intégralement séduit.
Il se lava et se prépara, puis descendit en direction de la grande salle à manger. En marchant, il croisa un autre garçon qui montait dans sa chambre, ainsi qu’une jeune fille qui mettait une lettre dans une boite en bois près du hall. C’était un courrier. Cela lui donna l’idée d’écrire immédiatement une lettre à Baster, pour lui raconter sa découverte du château. Il le ferait après manger. Julius arriva dans la grande salle à manger. Il vit la reine, debout à l’autre extrémité de la table. Il fut très bien accueillit, mais assez brièvement. Plusieurs autres personnes mangeaient avec eux. Ils parlaient sans cesse et Julius n’osait pas prendre la parole. Il ne la prit d’ailleurs pas une seule fois du repas. De plus, il était bien plus préoccupé à manger le fabuleux plat que les cuisiniers leurs avaient concoctés. A la fin du repas, il n’en pouvait plus. Il avait tellement mangé, c’était tellement bon… Il se sentait lourd et ne désirait qu’une seule chose : aller se coucher dans son grand lit douillé. A la fin du repas, la reine vint le voir et lui dit :
– Et bien tu n’as pas de question ? Tu n’as pas dit un mot. Ça te plait ici ? demanda-t-elle joyeusement.
– Oh oui c’est merveilleux ! Et c’était délicieux ! affirma Julius.
– Je suis contente alors. J’aime que mes invités se sentent bien chez moi. Si tu as des questions n’hésite pas.
– J’en ai une madame. Comment va se passer demain ?
– Surpris par sa question, la reine sourit. Et bien j’ai parlé avec le maître Orck. Il aimerait que tu viennes le voir à 13 heures demain pour ton premier cours. Il t’expliquera tout ça. Je n’y connais que peu de chose sur les cours de chevalerie.
– Merci beaucoup ! Je suis impatient d’y être !
– Tant mieux alors. J’espère que ça te plaira Julius. Maintenant ne m’en veux pas mais je vais aller me coucher. Je suis exténuée. On se retrouve demain à midi dans la même salle. Le matin, tu mangeras avec les autres enfants. Le petit déjeuné est jusque 10 heures, donc tu as le temps de dormir, dit-elle en riant.
– Bien madame. Merci madame. Bonne nuit, dit Julius heureux et en saluant la reine qui partait dans une direction opposée.
Julius était complètement rassuré. La reine était tellement bonne avec lui, il ne s’en remettait pas. Et surtout, il l’admirait beaucoup. Elle savait recevoir ses invités ! Puis, Julius monta dans sa chambre, s’installa sur le petit bureau de bois, prit une plume et une feuille à disposition, et se mit à écrire.

« Cher baster,

Je viens de passer ma première soirée au château. C’est magnifique et j’en suis encore tout retourné. C’est tellement grand. Un jour je vais m’y perdre c’est certain. Il y a des centaines d’escaliers, de salles… ça change beaucoup de notre belle petite ferme. Mais j’aime vraiment bien cet endroit, c’est beau, c’est tellement luxueux et majestueux. Les gens sont bien habillés, les repas sont copieux, les salles sont décorés de grands tapis, de miroirs, de lustres et de tableaux. J’espère qu’un jour tu pourras venir me voir pour que je te fasse visiter ! Tu vas voir c’est génial !

La reine est très sympathique avec moi, elle est très gentille aussi et je me sens bien au château. Même si au début j’étais assez stressé. Je le suis encore un peu… Elle me rassure et m’est d’une grande aide dans ce monde que je ne connais pas du tout.

Je suis impatient de commencer ma formation avec ce fameux maître Orck. Beaucoup de gens parle de lui ici, mais je ne sais même pas à quoi il ressemble… Normalement je le rencontrerais bientôt. Je te raconterais comment cela s’est passé en détail ce weekend quand on se reverra !

On se revoit très vite, j’ai déjà envie de m’amuser avec toi, de tous vous revoir et vous me manquez déjà beaucoup.

Je pense à vous tous et je vous embrasse très fort.

Julius »

Après avoir signé, Julius mit soigneusement la lettre dans une enveloppe, qui était disponible sur la table. Il écrivit l’adresse et le nom de « Baster Rink ». Ensuite, il descendit les marches de la tour silencieusement pour ne pas faire de bruit. Car certaines personnes devaient déjà dormir. Il arriva dans le grand hall et s’approcha de la boîte en bois. Il avait vu comment avait fait la fille tout à l’heure. Il inséra sa lettre dans l’encoche disponible à cet effet et remonta fièrement. C’était la première lettre qu’il envoyait de sa vie. Et, en vue de ce qu’il était inscrit sur la boite, Baster devrait la recevoir demain soir. Julius remonta donc silencieusement la bonne centaine de marche de l’escalier pour aller dans sa chambre. Il ferma la porte à clef, retira ses vêtements. Un pyjama était posé sur son lit. Il faisait sa taille. Julius l’enfila. Lui aussi était très confortable et il sentait bon. Après s’être lavé les dents et juste avant d’aller dormir, Julius regarda pour la première fois le jardin par l’immense fenêtre. Il était magnifique dans la nuit et il avait hâte de le parcourir de jour. Il projeta de le faire demain matin, s’il se réveille assez tôt. Peu après, Julius se glissa dans son lit douillet et, sous le coup de la fatigue, s’endormit très vite.

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