Déjà, à leur arriver, les trois se sentirent bien.
Ce que les enfants appréciaient le plus, c’était les nombreux petits animaux qui venaient souvent rôder sur le terrain. Ils avaient du plaisir à les regarder et les pourchasser.
C’était un magnifique endroit, entouré de forêt, de rivières et de montagnes. C’était une ville paradisiaque pour tous ceux qui aiment l’aventure et la nature. Loin d’être une ville comme New York ou San Francisco, ce bourg avait tout de même son grand charme. Ce spectacle naturel était à son meilleur durant ces beaux mois de printemps. La fonte des neiges permettait aux arbres de s’épanouir et la fonte des glaciers de redonner vie aux courants marins. L’arôme de l’air frais rendait tout le monde heureux. Le Golden Heart City conservait ses aspects rustiques du début 1900.

La demeure du trio Swanson se situait non loin de la ville, en altitude, une maison de pierre brute d’un intérieur champêtre simpliste. Le grand terrain qui entourait celle-ci était parsemé de petites fleurs. C’était un joli terrain bucolique.
Pour Pete, ceci incarnait la paix.

***

Deux mois plus tard, l’été arrivé, Joyce et David arrivèrent de leur dernière journée d’école. David s’attarda de monter au premier étage tandis que Joyce pénétra dans la cuisine. Une grande femme d’âge incertain était assise sur l’un des tabourets. Pete était face à cette dernière et préparait le repas. Suite à l’entrée de la jeune fille, la femme mystérieuse la regarda d’un air abasourdi et celle-ci fit de même. Elle déposa son sac à dos sur une des armoires et vint marmonner à son père.
– « C’est qui elle ?
– C’est une bonne amie, ma princesse.»
D’un regard inquiet, Joyce se dégagea et monta à l’étage rejoindre David.

Le lendemain, en se rendant à la salle de bains, Joyce vit son père bavarder au téléphone. À la vue de celle-ci, Pete raccrocha.
« Viens ici, ma belle.» Avec sa main, il lui fit signe d’approcher et la fit s’asseoir sur ses genoux.
« Tu sais ma chérie, dit Pete, ce qui est arrivé à ta maman est malheureux.» Il fit un bref arrêt, prit une lampée d’air et repris difficilement.
« Je… Je pense toujours à elle… Joyce, je le sais que tu comprends la situation. J’ai voulu nous créer une nouvelle vie, un nouveau monde, j’ai tout effacé derrière moi. C’est grâce à vous que je suis ici et c’est même pour vous. Je vous aime plus que tout toi et ton frère. Je crois en vous, soyez-en sûr et… En ce qui concerne cette femme… Papa à envie de se créer une nouvelle vie. C’est une bonne personne pour moi et j’ai grand besoin du soutien qu’elle m’apporte.»
« Personne ne peut remplacer maman… » Continua Joyce, tristement.
«Écoute, ma princesse, tu n’as pas à avoir peur, papa fait les meilleurs choix pour que nous puissions tous être bien. Je ne ferai jamais quoi que ce soit qui pourrait vous causer du mal. » Il s’arrêta net et lui caressa les cheveux.
« Joyce, tu es la meilleure petite fille du monde. Papa est heureux de nouveau, ma princesse. Tu sais pourquoi?»
«Non?» Ajouta Joyce en suspens.
«Car vous êtes heureux et je peux enfin vous offrir ce que vous méritez, toi et ton frère.»
«Je n’ai jamais été malheureuse…» Poursuivit l’enfant d’un ton inoffensif.
Pete sourit. « Va rejoindre ton frère ma princesse, retourne vite à ton château avant que les méchants monstres viennent l’attaquer!» Il chatouilla Joyce en riant et la redéposa sur le sol tapissé. Celle-ci rieuse se dégagea des chatouillements, lui projeta un dernier regard aimant et retourna à l’étage en courant.
Pete retomba sur son siège berçant joyeusement. Il fit un dernier regard à ses messages textes, sourit et alla se coucher.

***
Cette femme vint habiter à la maison des Swanson deux mois après la rencontre avec Pete. Ce fut une journée d’été où la ville de Fairbanks organisa un petit marathon pour donner des dons aux gens malades. Les deux, encore inconnu l’un de l’autre, s’étaient porté volontaires à l’événement.
Cette femme s’appelait Carol.

Elle venait, elle aussi, de s’installer dans la ville pas longtemps avant la famille.
Son histoire; inconnue, elle ne voulait n’en parler à personne. Pour Pete, mise à part ses enfants, elle était la seule personne qui pourrait lui redonner un sens à la vie.

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