La rôdeuse

Cali traversa la ville en passant sur les toit. Lyoris lui aillant donné rendez vous à l’académie en plein milieu de la nuit. Elle détestait la ville et cette odeur qui y régnait, un mélange d’excréments et d’ordures. De plus, il fallait se méfier des voleurs et des criminels.
Elle sauta entre deux maisons et se remit à courir. Qu’il était bon de courir dans l’air frais de la nuit. Elle sentit un animal courir à son côté. Touffic, son écureuil et son compagnon depuis maintenant trois ans, la suivait dans le noir sans bruit.
Quelques minutes plus tard, Cali s’arrêta sur le toit d’une des plus hautes maisons pour contempler l’académie droit devant. Ces bâtiments gigantesques abritaient les plus grands mages de tous les temps. Elle y avait fait ses études mais elle n’y revenait que rarement, préférant les forêt et les campagnes à la ville et tous ces gens qui paillaient pour rien.
Elle sauta du toit et atterrit en douceur devant la grille de l’école. Avant même qu’elle n’esquisse un geste, Florian, le gardien de l’école apparut derrière la porte.

– Bonsoir Cali, je suis heureux de te voir en ces lieux qui se languit de toi.
– Arrête un peu de faire ton mielleux. Je viens voir Lyoris, il doit être dans son bureau ? Aurais tu l’amabilité de m’ouvrir la grille ?
– Avec plaisir ! Répondit le gardien en esquissant un révérence.

La grille s’ouvrit en silence et Cali entra dans son ancien foyer. Elle remercia Florian et partit au pas de course vers les bâtiments. Elle entra dans la résidence des guerriers prit les grandes portes menant à la salle d’entraînement, la traversa sans s’arrêter et frappa à la seule porte de la salle.

– Entre Cali, dit une voix derrière la porte.

Elle s’exécuta et se retrouva dans un bureau simple et spacieux. Devant un atelier d’alchimiste se trouvait Lyoris concentré sur le mélange de différentes mixtures multicolores.

– Salut Lyoris, tu n’es pas encore couché ? Ce n’est pas bon à ton âge.
– Tu n’es pas beaucoup plus jeune que moi, jeune fille, répondit-il le sourire aux lèvres. Merci d’être venu. Mon messager a eu la peur de sa vie en t’apportant mon billet.
– Il n’avait pas à piétiner ses fleurs sans raison.

Lyoris éclata de rire et finit son travail en silence avant de se tourner vers son invité installé dans un des fauteuils de son bureau.

– Pourquoi cette invitation en pleine nuit ? Demanda la rôdeuse.
– J’ai une mission à te proposer pour aider un de tes frères.
– Quel rôdeur a besoin de moi ?
– Un jeune homme se prénommant Aram.
– Connais pas !
– Cela est tout à fait normal, il n’a jamais fait ses études ici. Son mentor est Radwan, un vieil ami à moi que tu dois connaître au moins de nom.

Cali acquiesça et Lyoris reprit :

– Il a besoin de retrouver certaines personnes et tout le monde sait que tu es la meilleure pour retrouver les choses.
– Il paye pour cela ?
– Je ne crois pas qu’il soit riche. Mais tu pourras toujours lui demander.
– Où est-il ?
– Il a prit une chambre à l’académie. Tu peux aller le voir.
– Quelle chambre ?
– Une des libres, répondit Lyoris tout sourire. Que dirais tu d’un petit pari comme quand tu n’étais qu’une apprenti ?
– Avec plaisir, mon vieux ! S’exclama Cali. Que dois-je faire ?
– Tu dois le trouver, entrer dans sa chambre et le surprendre. Si il te voit, tu as perdu.
– Quelle est le gain ?
– Une pièce d’argent si tu y arrive, si tu perds, tu viens avec nous gratuitement.
– Ok !

Cali serra la main tendu de Lyoris, se leva de son fauteuil et sortit de la pièce.

Aram était confortablement installé devant le feu à lire un livre trouvé sur une étagère de la chambre qu’il avait loué à un prix exorbitant pendant que Tara se prélassait devant les flammes en ronronnant de plaisir comme un chat de salon. Ses appartements étaient spacieux et élégants comportant une chambre, un salon et un grande salle d’eau. Le jeune homme avait été heureux de retrouver un bon lit mais n’avait pas réussit à trouver le sommeil.
Soudain, Tara redressa les oreilles.
– Qu’as tu senti ? Demanda-t-il.
– L’odeur d’un rongeur et d’une femme humaine. Ils sont dans ta chambre.
– Ont-ils de mauvaises intentions ?
– Ils ont l’air content mais je sens une pointe de peur chez la femme.
– Faisons semblant de dormir !

Tara reposa sa gueule entre ses pattes et Aram ferma les yeux. Il se concentra et partagea les sens de sa compagne féline. Il entendit la porte s’ouvrir, des pas silencieux avançaient vers son fauteuil. Quand il fut sûr que la femme était juste derrière lui, il se leva et l’attrapa par le bras. Il la fit passer par dessus le fauteuil et la cloua au sol, une dague sur la gorge. Tout cela en moins de cinq secondes. Il se tourna vers Tara qui tenait un écureuil entre ses énormes crocs blancs. Aram baissa les yeux sur la jeune femme d’une beauté animal. Ses yeux noisettes le fixaient avec une terreur non feinte.

– Qui t’envoie ? Demanda-t-il.

Elle déglutit et répondit d’une petite voix.

– C’était une idée de Lyoris. Je savais que je n’aurais pas dû l’écouter mais il m’avait promis une belle récompense si j’arrivais à te surprendre dans ta chambre.
– Tu aurais pu mourir en entrant ici sans y avoir été invité.
– Je te prie de me pardonner, dit-elle sur un ton d’excuse mélangé avec de la rage.

Aram rangea sa dague pendant que Tara recrachait le rongeur à la queue en panache. Le jeune homme se rassit dans son fauteuil et invita la jeune femme à s’installer sur le second, ce qu’elle fit aussitôt. Son écureuil vint se percher sur son épaule et regarda la panthère sans ciller. La jeune femme sourit mais ne dit rien.

– Pourquoi Lyoris t’a-t-il lancé ce défi ?
– Pendant mon apprentissage, il n’a pas arrêté de me mettre à l’épreuve et j’ai toujours aimé les défis. Qu’est ce qui m’a trahi ?
– Ton odeur et celle de ton écureuil. Tara vous a sentit dès que vous avez mis les pieds dans ma chambre.
– Je suis une idiote ! S’exclama-t-elle.
– Je pourrais te montrer comment cacher ton odeur, si tu le veux.
– Tu peux faire cela ?
– Oui.
– Lyoris m’a parlé d’une mission te concernant. Il m’a recruté pour faire parti de l’expédition.
– As tu un nom ?
– Cali, je m’appelle Cali et voici Touffic, répondit-elle.
– Enchanté ! Moi c’est Aram et tu connais déjà Tara.
– Lyoris a parlé d’une récompense sonnante et trébuchante, mentit la jeune femme.
– Cela m’étonnerait fort que Lyoris t’ai proposé de l’argent mais je vais faire un marché, si tu nous accompagne et que tu nous aide, je t’apprendrais certaines techniques de rôdeur.
– Comme ?
– Te rendre invisible.
– Marché conclu ! D’où viens-tu ?

Aram raconta son histoire rapidement puis Cali en fit de même. Ils se trouvèrent beaucoup de points communs et discutèrent plusieurs heures avant que la jeune femme ne se retire en passant cette fois par la porte. Ce soir là, Aram alla se coucher en sentant un poids en moins sur son cœur.

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