Le jour s’était levé et le petit groupe avançait silencieusement. Ils finirent par atteindre la rivière qui bordait ce côté de la ville des Grandes Gens, et Jehim remarqua un sombre complexe qui s’élevait plus loin.

— C’est la station d’épuration des Grandes Gens, expliqua Pirma. Ils disent que ça sert à rendre l’eau qu’ils salissent plus propre.

La curiosité du gobelin fut piquée au vif. Il aurait aimé savoir quelles sortes de machines pouvaient bien réaliser une telle prouesse.

— Comment es-tu si bien informée ? Demanda Naltya.

La petite souris humait l’air et ses moustaches s’agitaient. Visiblement, elle ne savait dire si l’odeur lui déplaisait ou non. La fée ne répondit pas tout de suite mais son visage vira au rouge immédiatement.

— Parce que, dit-elle finalement. Parce qu’un jour, mes sœurs ont trouvé drôle de me faire croire que c’était une source d’eau pure, et que si je me lavais les cheveux dedans, ils deviendraient de cette belle couleur vénitienne qu’avaient les leurs.

Jehim ne put s’empêcher de jeter un regard aux cheveux bruns et bouclés de la fée. Celle-ci le remarqua, et elle rabattit la capuche de son poncho sur sa tête d’un geste sec.

— J’étais blonde à l’époque. Je ne sais pas ce que mettent les Grandes Gens dans leur eau, mais ça ne s’approche pas vraiment d’une source d’eau pure.

Alors qu’elle se replongeait dans ses souvenirs, ses joues se teintèrent de nouveau d’une teinte cramoisie.

— Ça n’est pas très grave, j’aime bien tes cheveux comme ça ! La rassura le jeune gobelin.

Il ignora le regard dubitatif qu’elle jeta à sa propre tignasse brune et haussa les épaules. Naltya ne dit rien, mais elle secoua la tête d’un air compréhensif.

— Les fées de mon clan ne sont pas brunes. C’est l’humiliation de toute une vie.

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