Aujourd’hui

Une fois notre moment de terreur passé, nous commençâmes à trottiner d’un même élan, en hâte de nous mettre hors de portée des infectés qui rôdaient dans la zone. C’était – presque – drôle de constater comme la menace d’une mort lente et douloureuse pouvait créer l’harmonie parmi nous. Lorsque Jordan nous annonça soudain que nous nous rapprochions, je ne pus retenir une lourde expiration de soulagement. Un instant plus tard j’aperçus, grâce à la luminosité argentée d’une lune pleine, Kimiko me jeter un regard en biais, un minuscule sourire tremblant sur ses lèvres pâles. Nous ne pouvions certes pas communiquer efficacement d’ordinaire, mais à cet instant, je n’eus aucun mal à la comprendre.

Enfin, nous atteignîmes le petit local blanc en tôles promis par Jordan, que nous découvrîmes avec horreur scellé d’une courte mais lourde chaîne, agrémentée d’un cadenas. L’injustice de tout cela nous atteint de plein fouet et j’aurais hurlé ma haine en direction des cieux, si seulement je n’avais pas eu la certitude de signer mon arrêt de mort en le faisant. Le désespoir m’envahit, bientôt remplacé par une résignation tout aussi coutumière, que la flamme d’une détermination farouche que je ne commençais à connaître que trop bien se chargea vite de consumer.

Je ne mourrai pas. Pas ici, ni ailleurs. Pas avant de l’avoir retrouvé. Et surtout pas à cause d’un putain de cadenas à la con. Avant que quiconque ne puisse réagir, je me précipitai vers l’avant et abattis ma hachette sur ce dernier de toutes mes forces.

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