Vous vous approchez du surveillant et l’abordez en lui demandant poliment s’il peut vous renseigner. Il vous toise d’un air glacial sans répondre. Vous vous lancez néanmoins, au point où vous en êtes, et sollicitez de sa grande bienveillance la démarche à suivre pour mettre un orteil hors de ce fabuleux établissement.
— On ne sort pas du lycée, vous répond-il d’une voix d’outre-tombe. Ou alors les pieds devant.
— Et si… commencez-vous.
— Y a pas de « et si », de « je dois aller à l’enterrement de ma grand-mère » ou et autres conneries que vous sortez, vous autres. Vous êtes au lycée et vous y resterez jusqu’à la fin de votre existence.
— Jusqu’au Bac, voulez-vous dire, intervient Alex.
— Non, répond le pion en vous dévisageant d’un air mauvais. Et je crois bien que vous ne tiendrez plus très longtemps.

Ce rappel à la raison de votre présence ici vous glace le sang et fait revenir le sentiment d’urgence que vous aviez réussi à taire. La sonnerie annonçant la fin de la récréation retentit, mettant un terme à votre tentative de sociabilisation.

Vous suivez le flot de lycéens vers une nouvelle classe et une nouvelle épreuve.

Rendez-vous au 170.

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