Lorsqu’elle ouvrit les yeux, Ambre vit d’abord la douce lumière azurée qui l’entourait. Elle se redressa et ses yeux parcoururent les alentours. Elle se trouvait dans une grotte, près d’un lac calme et dont l’eau azure reflétait l’image des cristaux de glace suspendus au plafond.
Toutes les parois se trouvaient être fait de cristaux scintillants. Une grotte en cristal…
Un tunnel se trouvait à quelques pas de la jeune fille, ses parois semblaient également faites de cristaux, comment un tel endroit, aussi magnifique, pouvait exister ? Si ce n’est dans un rêve…

Une ombre noire sortit du tunnel et se dirigea vers Ambre, cette dernière, paralysée par la peur, resta immobile.
– Vous n’avez pas à avoir peur, je ne vous mangerais pas.
Ambre la regarda avec étonnement. Oui, elle rêvait, c’était obligé ! Une panthère noire qui venait lui parler, comme ça…
– Vous sentez-vous mieux ?
– Oui, merci.
La jeune fille regarda l’animal avec méfiance cette dernière s’assise près d’elle.
– Je m’appelle Léana.
– Ambre.
– Je suis vraiment navrée pour l’accueil de ces hommes, mais malheureusement c’est habituel.
Ambre hocha la tête puis baissa les yeux sur sa robe, déchirée à plusieurs endroits et couverte de terre ou de sang.
La jeune fille se concentra légèrement et l’habit reprit son apparence passée.
– Je vois que vous contrôlez déjà certains pouvoirs.
– Première fois…
– Vous apprendrez.
– Pourquoi suis-je ici ?
– Un être est à l’origine des malheurs de ce monde, il a monté une partie de l’un des peuples contre tous les autres.
Ambre voulut se redresser mais une vive douleur s’anima dans son dos, elle se rallongea donc.
– Vous feriez mieux de vous reposer.
– Vous n’avez pas répondu à ma question.
– Vous êtes censé sauver ce monde.
– Sauver…
– Oui, diriger la guerre.
– Mais…je n’ai que 16 ans…
– Un héros n’est pas choisi pour son âge mais pour son cœur et son courage.
La jeune fille s’assit tant bien que mal et grimaça lorsqu’elle ressentit la vive et intense douleur le long de son dos.
Léana se mit alors à dessiner de sa griffe dans le sable.
– Voici le continent, nous sommes ici.
Elle désigna l’une des parties au centre du dessin.
– Chaque partie appartient à un peuple différent ?
– En effet, huit territoires, nous sommes dans le plus sécurisé, parce qu’il est le plus vaste et le mieux organisé à ma connaissance.
– Et donc ?
– Je dirige un peu tous les animaux qui vivent sur ce territoire, mais nous sommes cinq représentants.
– Tous des animaux ?
– Oui, au nord ce sont les loups, à l’est près des montagnes les ours, au sud les panthères et à l’ouest les tigres.
– Pourquoi n’es-tu pas avec les tiens ?
– Il fallait un représentant pour tous et j’ai été choisie.
– Je vois, donc tu restes au centre du territoire ?
– Exactement, mais nous ne sommes plus très nombreux.
Elle ne semblait pas s’offusquer de la familiarité avec laquelle Ambre lui parlait, elle continua donc :
– L’île, c’est le territoire des humains ?
– Oui, mais attention, il y a plusieurs peuples d’humains.
– C’est-à-dire ?
Léana pointa de la griffe le territoire collé à celui où elles se trouvaient, le deuxième plus vaste, ou presque.
– Ce monde était autrefois habité de fées, de dragons, d’humains et de beaucoup d’autres êtres magiques, aujourd’hui la plupart ont disparu. Tous s’entendaient parfaitement bien jusqu’au jour où les malheurs ont commencés à nous envahir, les différents peuples ne se faisaient plus confiance et se sont divisés, voilà pourquoi certains ont disparus.
– Mais les humains d’origine seront nos alliés ?
– Peut-être, on ne peut pas véritablement en être sûres, en général on évite tous humains d’où qu’il vienne, il est très difficile de les différencier.
– Mais si je veux arrêter tout ça il va falloir qu’on trouve des alliés. Tous les animaux réunis ne suffiront pas.
– Je sais, en tout cas, nous pourrons certainement compter sur les nains.
La panthère pointa le territoire le plus au Nord.
– Ils vivent dans les montagnes du nord avec d’autres peuples qui me sont inconnus, je leur rends parfois visite, pour m’assurer qu’ils restent nos alliés, mais je pense qu’ils n’ont aucune raison de nous trahir.
– Et le territoire de l’est ?
– Les dragons, eux aussi serons nos alliés, et de puissance ! Leur territoire est divisé en deux par la mer, il y a peu chaque territoire était gouverné par un dragon, deux frères, mais l’un est mort.
– Et l’île du sud ?
– Les elfes, là par contre on ne peut même pas espérer.
– Pourquoi ?
– Ils ne se préoccupent pas de nous et ne veillent qu’à leurs petits plaisirs.
– Et au Sud, sur le continent ?
– Les Stalles, là je ne sais pas, je n’ai jamais su de quel côté ils étaient.
– On pourrait quand même leur rendre visite.
– Oui.
– Et tu m’as parlé de fées ?
– Depuis que les peuples se sont séparés elles se sont renfermées et ne communiquent plus beaucoup, on dit que se sont de puissantes magiciennes mais elles ne se battent que lorsqu’elles ont une bonne raison.
– On pourrait essayer.
Ambre observa un moment le dessin et resta silencieuse, mais la panthère finit par rompre cette tranquillité :
– En résumé on doit faire le tour complet du continent.
– Par où commencer ?
– Je conseille les fées, mais c’est toi…vous qui décidez.
– Tu peux me tutoyer. Les fées c’est une bonne idée, si elles acceptent de nous enseigner la magie par exemple, nous pourrions mieux nous défendre par la suite.
– Surtout pour toi, moi ce n’est pas important.
– Tu sais déjà guérir n’est-ce pas ?
– Oui, mais pas parfaitement c’est pour cela que tu souffres encore.
Ambre se leva doucement, la panthère l’imita et elles sortirent côte à côte de la grotte. Il faisait jour et le soleil était haut dans le ciel.
La jeune fille réfléchit, comme pour réparer la robe, elle fit apparaître sur elle un short et un t-shirt simple. Alors elles commencèrent leur marche.
– Et après avoir rencontrées les fées, on fera quoi ?
– On verra selon ce qui arrivera, mais je pense que les nains seraient un excellent second choix.
– Si tu le dis.
– Je propose déjà qu’on rejoigne la mer pour ensuite remonter vers le Nord et entrer en territoire des fées.
Ambre laissa un moment de silence avant de répondre :
– Je pense que c’est une bonne idée mais ne risque-t-on pas de rencontrer des humains en chemin ?
– Bien sûr, mais nous devons rejoindre la mer.
– Pourquoi ?
– Les océans sont les territoires de plusieurs peuples très puissants et qu’il vaudrait mieux avoir de notre côté.
– Quel genre de peuples ?
– Il y a les sirènes, qui pourraient couler les bateaux des humains et ainsi les empêcher d’atteindre la côte.
– Ça pourrait être utile en effet.
– Sinon il y a les serpents de mer, ceux-là sont avec nous et peuvent être de redoutables alliés à terre comme en mer.
– Plus on a d’alliés mieux c’est.
– Exactement.
Un petit instant suivit avant qu’Ambre n’ose poser sa question :
– Il n’y a pas que deux peuples dans la mer n’est-ce pas ?
– On peut dire que tu as de l’intuition, en vérité il y en a trois, mais le troisième est assez particulier.
– Comment ça ?
– On raconte, mais ce ne sont que des légendes, que les Arcaniens seraient des entités sans forme et sans matière comme des fantômes, juste des esprits contrôlant la magie la plus puissante au monde, ils pourraient modifier la forme du continent s’ils le désiraient, on dit même que dès qu’on les aperçoit on est immédiatement changé en poussière, voilà pourquoi on ne peut affirmer qu’ils existent.
– Les légendes ne sont pas toujours exactes.
– Non, mais il est vrai que personne n’en a jamais vu, les sirènes et les serpents refusent d’en parler.
– Je fais bien partie de légendes, dans mon monde ça m’aurait paru complètement fou, maintenant que je suis ici et que je parle à…une panthère, c’est différent.
– Parce que tu vis des événements qui te font douter.
– Voilà, même si j’ai encore du mal à y croire et que je pense toujours que je suis en plein rêve.
– Si tu es en plein rêve tu peux te permette de profiter et de vivre en héroïne.
– C’est ce que je me dis.
– Sans pour autant faire de connerie bien sûr, ne prend pas de risque, même si tu te crois dans un rêve.
– On n’est pas censé pouvoirs mourir dans un rêve, on se réveille.
– Là tu ne te réveilleras pas.

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