Les reflets d’un chaud soleil d’été dansaient joyeusement à la surface de l’eau bleue en dessous d’eux, tandis que la senteur piquante de l’iode planait sur l’assemblée. La cérémonie avait lieu au sommet des abruptes falaises de granite qui dominaient la baie, dans un paysage d’une beauté à couper le souffle. Un décor simulé, comme il n’en existait plus sur Terra Primus. Une tonnelle en arc de cercle, tendue de tissu mauve et recouverte de fleurs blanches et odorantes, avait été dressée devant un parterre de chaises occupées de silhouettes indistinctes.

Vêtue d’une vaporeuse robe blanche de dentelle et de tulle, dont l’immense traîne s’étendait à l’infini derrière elle, Cléo se tenait aux côtés d’Elie, majestueux dans un costume noir fabriqué sur mesure. A de nombreuses reprises, il avait cherché à connaître son idéal de beauté, mais elle n’avait pas prononcé un mot depuis que Maël avait mis fin à sa vie terrestre. Elie n’avait donc pas de visage. A chaque fois qu’elle tournait vers lui son regard hanté, sa peur croissait à l’horrible vision de cet ovale flou et sans aucune personnalité. Il disait que c’était ainsi qu’elle le voulait.

— Elie, voulez-vous prendre Cléo pour épouse ? Promettez-vous de l’aimer, la chérir, dans la richesse comme dans la pauvreté, dans le bonheur comme dans l’adversité et ce jusqu’à ce que la mort vous sépare ?

— Je le veux.

L’enthousiasme d’Elie lui donnait la nausée. Et pourquoi ne l’aurait-il pas manifesté ? Il avait obtenu précisément ce qu’il voulait, ce qu’il avait cherché à obtenir depuis la toute première fois où il s’était immiscé dans ses simulations. Et elle n’avait plus la force de s’en offusquer, encore moins de lutter. C’est d’une voix sans timbre, éteinte et atone, que Cléo répondit finalement à l’officiant.

— Cléo, voulez-vous prendre Elie pour époux ? Promettez-vous de l’aimer, le chérir, dans la richesse comme dans la pauvreté, dans le bonheur comme dans l’adversité et ce jusqu’à ce que la mort vous sépare ?

— Je le veux.

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