– Il me fait peur, dit le conseiller.
– N’allons pas jusqu’à là !
– Mais il inculque des valeurs à ses élèves !
– Mais quelles valeurs ? la non-liberté de l’Homme ? le fait que même avec entrain on ne peut changer quoi que ce soit ? c’est du pain béni pour nous !
– En tant que conseiller…
– Votre gueule ! Nous le gardons ! un point c’est tout.
Ils s’installent sur des fauteuils de velours rouges -différentes teintes.
– Gouteur ! un verre ? demande le président.
– Volontiers… boude M.ZO.
– Négro ! A boire !
Il sert le verre ; M.ZO boit.
– Il m’a dit -pour me convaincre- ; « Mettez de la beauté là où il y a de l’oppression », cela en dit long envers le personnage. Vous ne croyez pas ? demande Le Président.
– Certes, mais contrôler la jeunesse ; & vous contrôlez le futur. J’ai peur que ses élèves ne soient de futur activistes !
– Vous poussez le bouchon un peu trop loin. C’est un déterministe matérialiste je sais plus quoi ! tous ces termes en isme/iste… Que c’est de la poudre aux yeux ! êtes-vous d’accord avec moi ?
– Oui Mr Le Président, je vous suivrais n’importe où…
– M.ZO, cessez de me lécher les bottes ; je n’en porte jamais ! Mais pour revenir à BendyWay ; cet esprit de génie m’a dit comment contrôler le peuple ! C’est un Nicolas Flamel dans sa catégorie ! Je pense le mettre en tant que Ministre de La Jeunesse… Quel doux rêve… Un ministre comme lui ! Il en a la posture ! Voyez les fameux « Ce que veulent les règles de l’Art-en-Question-&-Cie » ! C’est encore lui ! M.ZO ! Cessez de vous endormir !
– C’est l’alcool ; je ne la supporte très mal, je dois avoir un organisme de femme…
– Comment ?! Allez voir -sur le champ- un médecin ! Attendez ; je vais en appeler un de mon téléphone rouge… dit crâneur Le Président.
– Nan, ce n’est rien ; sans toute un moment de fatigue…
– Je ne vous le permets pas ! Réveillez-vous !
– Poi… poison…
M.ZO s’écroule sur le fauteuil & son verre se brise. Le Président appel la garde.
– Analysez le contenu de cette bouteille ! Il doit s’agir d’un poison… plisse les yeux Le Président.
– Bien Monsieur Le Président ; en avez-vous bu ?
– Pas la moindre goutte !
– Bien Monsieur Le Président !
La Garde sort ; emportant verre, bouteille & corps-de-conseiller.
Le Président décroche son téléphone rouge & compose le numéro du Dr BendyWay.
– Bonjour, secrétaire du Dr BendyWay ; j’écoute.
– Oui, je souhaiterais parler au Dr BendyWay ; c’est très urgent !
– Ne criez pas sinon je raccroche.
– Veuillez m’excuser Monsieur.
– Mademoiselle.
– Veuillez m’excuser Mademoiselle ; c’est très important.
– C’est à quel sujet ?
– Un sujet auquel seulement le Dr BendyWay peut s’entretenir avec moi.
– Quel est votre nom ?
– Robert, Sophien Robert.
– Veuillez m’excuser Mr Robert, je vous le passe tout de suite.
– D’accord ; merci.
Patience.
– Allô ; j’écoute, dit BendyWay.
– Ici le Président de La Nation-&-Cie.
– Oui, je vous reconnais, que puis-je pour la Nation-&-Cie ?
– Il l’est ou sur le point de l’être. Je vous veux dans ce rôle !
– J’en suis ravi, mais j’opère un patient là, un changement de sexe, vous comprenez que c’est plus urgent.
– Oui, je comprends, je vous rappellerais plus tard.
– On fait comme ça.
Le Président raccroche, puis ;
– Quel homme !
Un garde frappe à la porte.
– Entrez !
Le garde rentre.
– Il est mort ? demande le président.
– Oui.
– Mettez son corps dans un four ; & dispersez ses cendres dans le jardin présidentiel, il mérite au moins ça. & cherchez qui parmi ceux qui ont accès à ma bouteille celui ou ceux qui ont eu le cran de mettre un poison dans cette dite bouteille.
– Bien Mr Le Président.
Le garde sort.
– Ah ! il n’a eu -seulement- ce qu’il méritait ! Hein mon nègre ! gueule-t-il, puis ; « Il regarde l’Africain silencieux, qui balaie lentement les débris de [verre]. »

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