Aram marcha quelques heures en s’arrêtant très souvent pour reprendre son souffle et reposer sa jambe. La fièvre le guettait et il ne devait pas perdre de temps. Plus vite il serait chez lui, plus vite sa tante pourrait s’occuper correctement de cette blessure. Quand la nuit arriva, il alluma un feu et se blotti dans sa couverture pour combattre le froid. Il passa une très mauvaise nuit parsemée de cauchemars et de douleurs. Quand le soleil se leva, le jeune homme était déjà en marche. Dans une semaine, il rentrerait dans la forêt qu’il avait traversé à l’allée. Il lui faudrait quelques jours pour en voir le bout mais les arbres le protégeraient du vent. Son village se trouvait à moins d’une heure de la sortie.

À l’arrivé dans le bois, il se sentit revivre. Depuis son enfance, il avait toujours aimé se trouver en forêt. Les longues marches au chant des oiseaux, au bruissement des feuilles lui donnait de l’énergie. Il pouvait passer des heures à écouter la vie de la forêt. Passer la nuit dans cette forêt ne lui posa aucun problème et il eut même la chance de trouver quelques champignons pour assaisonner son maigre repas. Il soigna sa jambe qui lui faisait moins mal de jours en jours et se coucha très tôt car il ne voulait pas perdre de temps.
Alors qu’il rêvait de son village natal, un bruit le réveilla. Il n’osa pas ouvrir les yeux et écouta sans bouger. Les bruits de pas venait de derrière lui. Il avança doucement sa main et attrapa son arc ainsi qu’une flèche. Avant même qu’il termine son geste, une voix douce mais ferme se fit entendre.

– Je ne ferais pas cela si j’étais toi !

Aram reposa l’arc et se tourna vers l’inconnu. Les flammes ne laissèrent voir qu’une ombre. L’homme n’était pas très grand et fin, il portait un arc et un long couteau à la ceinture. Sans geste brusque, l’inconnu s’avança vers les flammes. Aram put découvrir son visage et fut stupéfié. Il crut se voir dans un miroir avec vingt ans de plus. L’homme portait de longs cheveux noirs qu’il retenait sur sa nuque grâce à un lacet de cuir. Une barbe épaisse mais bien taillé lui mangeait une partie du visage et ses yeux gris identiques à ceux du jeune homme fixaient ce dernier.

– Qui êtes vous ? Demanda le jeune homme.
– Je me prénomme Radwan et je suis le frère de Lucia, ta mère.

Aram resta interloqué. Il n’avait jamais vu cet homme qui lui ressemblait comme deux gouttes d’eau et sa tante ne lui avait jamais parlé de son frère.

– Merry ne m’a jamais parlé de vous, déclara le jeune homme.
– Je m’en doute, répondit Radwan. Ma sœur Merry n’a jamais porté mon métier dans son cœur. On ne se parle plus depuis des années mais je passe souvent près de chez elle pour voir si elle va bien. C’est d’ailleurs moi qui ai envoyé Kristen pour que tu puisses partir comme tu le désirais.
– Je me disais bien que l’arrivé de Kristen était suspect. Je me décide à dire à ma tante que je veux partir et Kristen m’en donne l’occasion. Mais comment saviez vous que je voulez partir ?
– Car tu es comme moi à ton âge.

Aram garda le silence. Il se posait beaucoup de questions au sujet de Radwan mais la fatigue dût à ses heures de marches et à sa blessure ne lui laissaient pas les idées claires. Il reposa sa tête sur son oreiller de fortune et ferma les yeux pour faire fuir son engourdissement général mais il s’endormit avant même d’avoir le temps de rouvrir les yeux.
L’odeur de la nourriture fit ouvrir les yeux à Aram qui fut ébloui par le soleil matinal. Il regarda dans la direction du feu. Radwan préparait de la viande ainsi qu’une bouillie d’avoine. Le jeune homme s’assit et remarqua que sa jambe ne le faisait plus souffrir. Il releva son pantalon et ne trouva aucune trace de sa blessure.

– Je m’en suis occupé pendant que tu dormais, lui appris Radwan.
– Pourquoi n’ai-je plus de trace ?
– Tiens, lui dit Radwan en lui tendant un bol de bouillie. Mange, je vais t’expliquer.

Aram prit le bol et mangea avec appétit.

– Connais tu les différents mages et leurs pouvoirs ?
– Je ne savais même pas qu’il y avait des mages différents.
– Ta tante ne t’en a jamais parlé ?
– Euh non pourquoi l’aurait-elle fait ?
– Car nous sommes un famille de mages.

Aram s’étrangla avec sa nourriture, il toussa plusieurs fois en regardant Radwan avec des yeux exorbités. Puis il éclata de rire :

– Je ne suis pas un mage, dit-il en riant.

Radwan leva la main et fit apparaître un arc dans sa main. Le jeune homme fut tellement surpris que son rire se stoppa aussitôt.

– Maintenant que tu es concentré, je vais te donner un petit cours. Il existe cinq types de sorciers, les élémentalistes, les guérisseurs, les rôdeurs, les nécromanciens et les guerriers. Les élémentalistes comme leur noms l’indique contrôle les éléments comme le feu, l’eau, l’air, la terre et bien d’autre. Les guérisseurs comme Merry soignent grâce à la magie et aux plantes. Les rôdeurs …
– Attendez, le coupa Aram. Merry est une guérisseuse ?
– Oui, elle a toujours préféré les plantes à la magie mais elle peut utiliser ses pouvoirs pour soigner. Je continue si tu n’as pas d’autres questions. Donc je disais, les rôdeurs ont une grande variété de pouvoirs en rapport avec la nature. Les nécromanciens contrôle la magie du sang et de la mort. Et enfin les guerriers utilisent la magie de combat. Les cinq types de sorciers ont des pouvoirs en commun.
– Si Merry est une guérisseuse, vous êtes quel type de sorciers ?
– Un rôdeur tout comme toi.
– Qui me prouve que vous me dites la vérité ?
– Ferme les yeux et visualise dans ta tête un oiseau que tu aimes bien.

Aram s’exécuta.

– Pense très fort à cette oiseau et demande lui de venir à toi.
– Viens à moi, dit Aram à voix haute sans grande conviction.

Il attendit quelques secondes puis rouvrit les yeux.

– Vous voyez, rien ne se passe.
– Tu aimes bien les faucons, déclara Radwan.
– Oui, comment le savez vous ?

Le rôdeur tendit sa main vers le ciel derrière le jeune homme qui se retourna. Un faucon descendit des nuages et vint se poser sur l’épaule du jeune homme qui n’osa pas bouger. Radwan jeta un morceau de viande crue à l’animal qui l’attrapa dans son bec et s’envola.

– Tu me crois maintenant ? Demanda le rôdeur.

Aram acquiesça d’un signe de tête.

– Nous pouvons faire beaucoup de choses comme communiquer avec les animaux. Si tu le désire, je veux bien être ton mentor.
– Ce sera avec plaisir. Je peux vous poser une question ?
– Tu peux poser toutes les questions que tu veux.
– Ma mère était …
– Une élémentaliste. Nous étions une fratrie de cinq. Un pour chaque types de sorcier. Merry la guérisseuse, Lucia l’élémentaliste, Radwan le rôdeur, Alec le guerrier et Milina la nécromante. Alec est décédé pendant son apprentissage à l’école des guerriers et Milina a disparu quand elle a finit ses études. Les nécromanciens sont très mal vu. Toutes les générations de notre famille se passe ainsi. L’aînée a toujours eut cinq enfants malheureusement, cela est terminé. Ta mère était l’aînée et elle est morte avant d’avoir eut d’autres enfants.

Aram était abasourdi, sa tante Merry lui avait caché beaucoup de choses sur sa famille et ses pouvoirs. Il avait hâte de pouvoir utiliser ses nouvelles facultés mais la peur le tenaillait. En quoi consistait les pouvoirs d’un rôdeur ? Il posa la question à son oncle Radwan qui les lui énuméra.

– Les rôdeurs peuvent communiquer avec les animaux, ils sont plus rapides, plus forts et plus agiles que les hommes normaux. Notre vue est perçante tout comme notre ouïe. Certain rôdeur utilise la métamorphose. Nous avons un don inné pour l’utilisation de l’arc, du couteau et du bâton. Tu peux contrôler les arbres et les utilisait pour te donner de la force. Nous pouvons nous lier à un animal qui devient un compagnon à vie. Et d’autres pouvoirs que je te laisserais découvrir par toi même car tous les rôdeurs ne sont pas identiques.
– Quand commençons nous l’apprentissage ? Demanda Aram très enthousiaste.
– Dès maintenant si tu le désire. Par quoi veux-tu commencer ?
– Le compagnon.
– Comme tous les nouveaux rôdeurs.
– Avez vous un compagnon ?
– Oui, il est rare de voir un rôdeur sans compagnon. Tes pouvoirs sont plus puissants en leur présence.

Radwan se tourna vers les arbres et cria un mot qu’Aram ne comprit pas. Quelques minutes plus tard, un loup blanc apparut derrière les arbres. Il marcha tranquillement en humant l’air. Il regarda fixement Aram puis se tourna vers Radwan. Ils se regardèrent et le jeune homme comprit qu’ils se parlaient par la pensée. Puis le loup vint s’asseoir près de Radwan tout en regardant Aram dans les yeux.

– Bonjour, petit frère.

Aram entendit les paroles directement dans sa tête et sursauta.

– Bon… bonjour, répondit-il en pensée.
– N’aie pas peur, petit louveteau, je ne communique qu’ainsi.
– Je n’ai pas peur, s’exclama Aram. J’ai juste été surpris.
– Tant mieux.

Aram sentit la présence du loup s’échapper de sa tête et le jeune homme regarda son oncle qui souriait.

– Cela surprend la première fois, mais tu t’y habituera très rapidement.
– Je l’espère. Comment vous êtes vous choisi ?
– Grâce à l’appel. Les rôdeurs ne prennent pas un compagnon au hasard. Ils envoient l’appel à travers le monde et le compagnon vient à eux. Quand tu le verras la première fois, tu n’auras aucun doute sur son identité.
– Je pourrais me retrouver avec une souris pour compagnon ? Demanda Aram désormais plus très sûr de vouloir le faire.

Radwan éclata de rire.

– Ne t’en fais pas, une souris n’est pas assez intelligente pour répondre à l’appel. Ce soir, tu appelleras ton compagnon et ils nous rejoindra dans quelques jours. Si tu es assez en forme, nous allons rejoindre ma demeure pour passer l’hiver et commencer ton enseignement.

Aram se leva et s’étira pour détendre ses muscles puis commença à remballer ses affaires. Une heure plus tard, les deux hommes et le loup marchaient dans la forêt. Aram suivait son oncle tout en se posant des centaines de questions. Mais la principale était pourquoi personne ne lui avait parlé des pouvoirs de sa famille ? Au détour d’un petit chemin, Aram s’arrêta dans sa course en relevant les yeux. Devant lui se trouvait un petit cottage caché par les arbres et les buissons. Ce n’était pas une grande maison mais elle était d’une beauté à coupé le souffle. Des rosiers montés sur les murs et entourait une porte en bois. Des pots de fleurs étaient posés sur les rebords des fenêtres. Des animaux se baladaient autour de la maison sans aucune crainte. Aram regarda ce spectacle magique. Radwan ouvrit la porte et entra dans la demeure suivit du loup et d’Aram. Il se retrouvèrent dans une la salle principale. Un feu brûlait au centre de la pièce. Quelques armoires et étagères décorait les murs blancs. Son oncle devait aimer les plantes car partout où le jeune homme regardait, il voyait des pots de fleurs. A côté du feu se trouvait une table entourée de quatre chaises bien rangées.
Radwan posa son sac sur un crochet près de la porte d’entrée. Entre deux armoires, un porte ouverte donnait sur un long couloir.

– Voici mon chez moi, déclara le rôdeur. Ce n’est pas très grand mais se devrait être assez pour nous deux. Viens, je vais te montrer ta chambre.

Aram suivit son oncle qui se dirigea vers le couloir. La maison contenait une salle à vivre, un bureau, deux chambres et un grenier. Radwan montra la chambre d’Aram. C’était une petite pièce décoré d’un lit double, d’une armoire et d’un bureau.

– J’espère que cela te convient.
– C’est parfait, s’exclama Aram en allant à la fenêtre.

Il avait vu sur le jardin qui comprenait un potager et une petite table.

– J’espère que tu aimes les fleurs et les plantes car j’en ai partout.
– Cela ne me dérange pas, j’aime beaucoup.
– Tant mieux. Repose toi, ce soir tu lanceras l’appel et demain nous commencerons ton apprentissage.

Radwan se retourna vers la porte et sortit. Avant qu’il passe la porte, Aram le retint.

– Merci, dit-il.
– C’est normal, on est une famille, répondit le rôdeur.

Quand Aram fut seul, il rangea ses quelques affaires dans l’armoire et se posa sur le lit pour réfléchir à ce qui lui arrivait. Il avait pensé rentrer chez sa tante et reprendre ses activités mais son oncle avait chamboulé ses projets et maintenant il se retrouvait dans cette petite maison pour faire l’apprentissage de la magie qui résidait en lui. Il posa sa tête sur l’oreiller et finit par s’endormir en rêvant de magie et de gloire.

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