Après les longues heures passées dans l’obscurité la plus totale, les rayons du soleil le blessèrent cruellement ; il passa de très longues minutes à l’ombre d’une carcasse de voiture, les yeux larmoyants.

La remontée s’était révélée ardue. Jehim n’avait pas réussi à retrouver sa petite taupe, perdue dans les ténèbres de la caverne, mais il avait en revanche trouvé un étroit boyau creusé dans la roche par l’écoulement des eaux, et avait ainsi miraculeusement trouvé le chemin de la surface. Son cœur avait fait de nombreux bonds alors qu’il progressait dans cet étrange réseau souterrain fréquenté par des rats aussi gros que lui, mais il était désormais sain et sauf. Pour le moment.

Quand il se fut habitué à la lumière, le jeune gobelin se risqua à jeter un coup d’œil autour de lui. Il aurait peut-être pu tomber plus mal, mais il en doutait sincèrement : de tous les côtés se dressaient d’immenses montagnes de détritus, et les rayons du soleil faisaient miroiter de couleurs mordorées les flaques de boue qui s’étendaient çà et là. Les décharges des Grandes Gens étaient des endroits immondes et répugnants, mais c’était surtout des labyrinthes sans fin et aux innombrables dangers pour un être aussi petit que Jehim.

— Et ben… Quand faut y aller…

Le jeune gobelin prit une grande inspiration, faisant fi de l’odeur nauséabonde qui flottait dans l’air, et fit un premier pas hors de son abri. Il allait devoir faire preuve de calme et de patience s’il voulait s’en sortir.

Ce fut au détour d’une montagne de déchets moins impressionnante que les autres qu’il fit une rencontre des plus inattendues : au milieu d’une mare de boue, empêtrée dans un vieux collant résille, une toute petite souris se débattait. Jehim regarda tout autour de lui pour chercher instinctivement de l’aide, puis secoua la tête. Il n’y avait pas âme qui vive dans ce sinistre lieu, hormis les rats et autres vermines de ce genre. La petite souris qui piaillait en tentant de se libérer semblait venir d’un autre monde, avec son pelage duveteux et blanc comme neige.

Le jeune gobelin n’hésita pas longtemps, il était hors de question qu’il laisse cette petite souris ici. Il avait toujours eu un petit faible pour les animaux, les grands comme les petits, et c’était d’ailleurs pour cette raison qu’il avait sa propre taupe domestique. En repensant à sa Cyrcléa disparue, son cœur se serra.

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