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L’île de l’étoile est une île se trouvant au nord des terres du soleil. Autrefois, personne n’habitait ce lieu. C’est en l’an 557 que l’île a servit de quartier général aux colonies des elricens. En effet, ceux-ci décidèrent d’aller partir à la recherche de nouveaux horizons, et descendirent la mer du ciel pour tomber sur l’île. Ils n’avaient pas perdus de temps aussi à tomber sur les terres du soleil, avec ses savanes exotiques, et surtout, ses peuples étrange d’individus à la fois humain et félin. Tigres, lynx, lions et léopards formaient des clans qui possédaient leur propre terrain de chasse dans ce lieu. Le premier contact entre les humains et les nobles-félins (nom donnés aux individus mi-homme mi-animaux pour ne pas les confondre avec les animaux « standard ») se fit avec des clans de tigres, peuple aux traditions pacifistes, qui les craignirent tout d’abord (tout comme les humains avec eux, d’ailleurs), mais les relations se suivirent par une grande curiosité et se finirent par un contact pacifique, puis une bonne entente.

Durant plusieurs années, les humains avaient colonisé ses terres ensoleillés, qu’ils nommèrent d’ailleurs « terres du soleil ». Ils vécurent en paix avec les nobles-tigres, leur partageant leurs conditions de vie, leur méthode de chasse, apprenant la langue des humains, et découvrant leurs nombreuses connaissance en technologie et autre. Petit à petit, la culture et la religion de ce peuple disparaissait pour que la religion et la culture des hommes deviennent la leur. Rapidement, les tigres devinrent presque des citoyens à par entière de l’empire Elricen.

Cette tentative d’invasion pacifique ne fut toutefois pas accueillis par les autres clans de félin d’un bon œil, au contraire. Ils voyaient en l’homme un envahisseur qui effaçait le passé et l’identité de leur espèce pour imposer la leur. Ainsi, une guerre commença entre les clans de félins unis et les hommes, séparant aussi le peuple des tigres en deux entre les loyalistes Elricens et les rebelles fidèles aux traditions ancestrales.

Cette petite guérillas qui commença vers l’an 589 prit fin en l’an 608, par un accord entre hommes et noble-félins, passé par le doyen de la communauté des nobles-tigres, et Dame Cathelyne, fille d’Orion Bassebranche et seigneur des colonies. Les noble-félins devenaient une espèce indépendante et conservaient leurs terre, et les hommes gardaient l’île au nord, pour pouvoir ainsi conserver une bonne plate-forme commerciale. En effet, cette île permet actuellement à l’Empire Elricen de faire des échanges commerciaux facilement avec les empires Orisiniens et Valeniens, ainsi que les plaines sauvage de l’ouest et les anciennes terres draconiques, même si ceux-là restent des régions plus ou moins désolés, et bien sûr, l’actuel royaume du soleil, pays des noble-félins.

Le point positif de la colonisation a été la préservation des connaissances en matière d’architecture, économie, artisanat, technologie, agriculture et tout ce qui suit des hommes par les noble-félins, passant d’un peuple tribal à un peuple presque aussi « civilisé » et avancé que la plupart des grandes puissances mondiales. Il leur reste encore du chemin à parcourir, mais ils commencent petit à petit à devenir un pays influent dans le monde éveillé.
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Chapitre 5 :

Shanny prit la carcasse du lapin et commença à l’enterrer sous la racine d’un arbre à proximité. Elle veilla à remettre suffisamment de neige dessus, espérant ainsi étouffer l’odeur du petit cadavre, au cas où les chasseurs auraient envoyés les chiens, ou penseraient à le faire. Elle était surprise de voir que cela n’a pas été encore fait. Elle était même d’ailleurs bien plus surprise de voir que depuis qu’elle s’est enfuit, personne ne l’a encore trouvée. Mais elle n’avait pas de quoi se plaindre, au contraire : la dernière chose qu’elle voulait, c’était de se retrouver aux mains de ces sinistres personnages, et de perdre son amulette.

Cette chère amulette, qu’elle gardait constamment autour de son cou…plus elle le regardait, et plus elle se sentait rassurée…et à la fois apeurée. L’objet changeait constamment d’apparence. Pas littéralement, bien sûr, mais l’impression que l’on a…le sentiment qu’elle dégage…tout était une question de point de vue, mais tout les points de vue de Shanny sur le rubis au centre se transformaient. Lorsqu’elle le touchait du regard, son rouge chaleureux la mettait à l’aise, la faisait se sentir en sécurité. Lorsqu’elle le touchait de ses doigts, elle avait l’impression qu’elle était plus froide que la neige dans laquelle elle marchait pied nu depuis…combien de temps déjà ? La petite fille n’avait pas vu le temps passer. On ne se demande pas immédiatement quelle heure il est lorsque l’on est pourchassé. En y repensant…Shanny finit par conclure qu’elle avait passé une trentaine d’heure dans cette forêt environs. Cela allait durer longtemps ? La ville qu’elle voulait atteindre était à une journée de marche de là où elle est partie. Peut-être qu’elle s’était perdue en route, et qu’elle tournait en rond, et qu’elle tournera en rond indéfiniment jusqu’à ce que l’un des chasseur ne la trouve et ne la capture, ou pire, ne la tue, l’égorge comme le lapin qui venait de lui servir de festin.

Shanny déglutit en pensant à cette possibilité, et se dit que ce n’était pas le bon moment pour rester pessimiste. Pourtant, elle avait toute les raisons d’être pessimiste : elle risquait sa vie à tout instant, elle avait tout perdue dés qu’elle avait posée la main sur cette maudite amulette, et la seule chose qu’elle voulait avoir, là, maintenant, était l’étreinte de sa mère. La seule étreinte qu’elle eu, était celle de l’amulette entre ses mains. C’était déjà bien suffisant pour elle. D’ailleurs, l’objet qui était froid pour elle il y a une dizaine de minute était comme devenu chaud, encourageant, donnant un coup d’énergie à la petite muette, qui devait juste survivre à temps pour rejoindre la ville. Après, il y avait des chances pour que tout soit plus simple…ou en tout, cas, elle aurait plus de chance de survie dans une ville qu’en pleine forêt, avec le peu d’expérience en matière de survie qu’elle avait. C’était déjà un miracle pour Shanny d’avoir pu attraper et manger un animal par elle-même. Elle a pu ouvrir la carcasse avec la flèche qu’elle a récupéré lors de sa fuite.

Après avoir couvert de neige les résidus de cendre provenant de son petit camp de fortune (son père lui avait appris comment allumer un feu autrefois), elle décida de continuer sa route. Elle fut ravie de voir que le niveau de la neige commençait à devenir de plus en plus bas. La pauvre, qui a du marcher les pieds nu ne les sentait plus, tellement ils étaient congelés. Elle veillait lors de ses pauses ou lorsqu’elle devait dormir à le faire sur une branche, afin d’éviter d’être constamment dans la neige, mais avoir les pieds glacé lui faisait tellement de mal qu’elle prenait régulièrement des pauses. Encore un peu et elle finira malade, et être malade est bien la dernière chose qu’elle voulait être alors que des personnes tentaient de la retrouver, là, quelque part, dans cette forêt.

Deux bonnes heures de marche, et Shanny eu le sourire. Plus elle avançait, plus la neige se faisait rare. Elle s’amusait à sauter de coins sec à coins sec, jusqu’à ce qu’elle tombe sur une partie de la forêt presque sans neige du tout. Elle se rapprochait du sud de l’île. La petite fille savait que le grand pays qui se trouvait plus au sud de l’île était un pays chaud et exotique, de quoi la faire rêver. Les terres du soleil, c’est ça ? Terre de naissance des nobles-félins de toutes sortes, qu’ils soient tigres, léopards, lynx, lions…Elle ne se souvenait plus vraiment, elle ne s’est jamais trop intéressée à la géographie. Paradoxalement, elle préférait découvrir le monde autour d’elle au fur et à mesure que ses pas l’amenaient vers des lieux qu’elle n’avait jamais fréquenté encore. Bien sûr, l’île restait assez grande, et elle n’avait pas le droit de sortir trop tard. Mais elle connaissait beaucoup de cachettes, de petits repères par-ci par-là. C’est aussi grâce à ses connaissances qu’elle arrive à savoir approximativement où se trouve le sud et où se trouve le nord. Mais cela ne l’empêchait pas d’avoir des doutes sur la position de la ville qu’elle….voulait…atteindre…

Portâstral se tenait devant elle.

Elle n’avait juste escaladé qu’une petite falaise qui lui bouchait la vue, et voilà qu’elle pouvait voir la ville à l’horizon. À ce moment là, ses émotions étaient mélangé entre le soulagement et l’inquiétude. Elle était soulagée, car elle avait atteint son but. Shanny voulait aller ici, c’était son objectif. Elle se sentait plus en sécurité au milieu d’autres êtres humains que de la forêt dangereuse, avec ces chasseurs. Mais aussi inquiète car…Et maintenant ? Elle était inquiète tout simplement car elle n’avait rien prévu jusque là. D’accord, il fallait rejoindre un lieu habité, et c’était le seul lieu habité qu’elle connaissait, mais elle n’avait jamais pensé à ce qu’il fallait qu’elle fasse maintenant. Faisant les cents pas, elle réfléchissait. Il fallait déjà qu’elle trouve à manger, à boire, et un toit. Oui, c’est vrais, elle s’était déjà donnée ces objectifs lorsqu’elle avait commencé à fuir. Peut-être qu’il fallait improviser. Manger, boire, dormir, puis improviser pour le reste….cela semblait être la meilleure solution. Rester ici la rendait encore plus nerveuse : elle avait l’impression que si elle restait entre la forêt et la ville, les chasseurs allaient brusquement sortir pour l’attraper et la tuer. Cette idée lui donna un coup de fouet, et ses jambes prirent spontanément la direction des portes de Portâstral.

Shanny eu déjà l’occasion de fréquenter un petit village pas loin de chez elle : deux-trois maisons, une petite communauté accueillante où personne n’étais inconnus à personne, un lieu plus ou moins paisible. Cette ville…C’était la première fois qu’elle visitait une ville, et elle était impressionnée. Toute cette activité, cette vie, ces gens…Tous les individus étaient différent les un des autres, elle pouvait en prendre mille, aucun ne se ressemblait. Il était tellement difficile de prendre ses repères dans un tel endroit. La petite muette partit du principe que toute personne se trouvant dans un lieu inconnus devait prendre du temps pour s’habituer aux chemins, et que certains avaient plus d’orientation et de mémoire que d’autre. Regardant partout, écoutant chaque bruit de la ville tel un cerf sauvage entendant le bruit d’une brindille cassé, observant tout ce qui se passait avec un air presque dubitatif, Shanny errait sans même savoir où elle allait. Instinctivement, elle prit son amulette entre ses mains, cherchant un peu de réconfort. Mais elle se sentit rapidement assez mal à l’aise et décida de la cacher sous son vêtement. Présenter autant à découvert son bien le plus précieux au milieu d’un nombre incalculable d’individus ne lui faisait pas plaisir. Elle adorait chaparder un bout de saucissons dans les cuisines chez elle de temps en temps, alors elle ne voyait pas pourquoi personne ne serait tenté de voler un magnifique bijoux à une fillette sans défense.

Tandis qu’elle se laissait guider par ses jambes, elle atterrit devant la mer. C’était la première fois qu’elle voyait la mer de sa vie, ayant passé sa vie au centre de la grande île. C’était tellement impressionnant…Bien sûr, les nombreux bateaux qui se trouvaient sur le port gâchait l’aspect théâtrale qu’offre une étendue d’eau gigantesque partant au loin, semblant ne jamais terminer, car sa vision était restreinte par leur présence, mais Shanny resta tout de même droite, fixe, à contempler l’infini. Le soleil commençait à se coucher, et l’eau prit une couleur orange magnifique. C’était un grand spectacle qui s’offrait à la petite fille qui resta une éternité à regarder devant-elle.

-Et encore, tu devrais voir les côtes dorées d’Astranna, la citée des Hauts-elfes. L’eau y est encore plus pure.

Une voix qui surgit de derrière-elle la retira de ses pensées, et regarda craintivement derrière-elle, se tournant presque immédiatement vers son nouvel interlocuteur avec beaucoup de surprise

-On dit qu’elle est tellement pure que lorsque l’on tente de la salir, elle deviens encore plus pure qu’elle ne l’était avant….

Un…un lynx ? Un lynx grand comme un homme, qui se tenait comme un homme, qui était habillé comme un homme….mais pourtant tellement animal. C’était l’espèce dont parlait sa mère autrefois ? Les terribles nobles-félins sauvages ?

-Ayant fait tombé un tonneau de vin dans cette mer, je peux t’affirmer que non…mais cela reste un magnifique endroit, avec de merveilleuses plages aux sables fins.

L’animal…ou l’individu ? Possédait un accoutrement en soie vert, un type d’habit qu’elle n’avait jamais vu avant. Sur sa tête, un large chapeau marron possédant, planté dessus, une grande plume rouge. L’éclat métallique d’une drôle d’épée attira l’œil de Shanny.

-Ça ? C’est un mousquet. Une belle arme que j’utilise si quelqu’un me veut du mal.

Relevant la tête, Shanny aperçu plus précisément le visage du lynx, ses yeux d’émeraudes posé sur sa petite personne, l’air amicale et souriant.

-Tu n’as jamais voyagé, petite ?

Shanny restait muette, et pour cause. Son mutisme l’en empêchait bien. Elle restait juste debout, droite comme un balais, regardant le lynx dans les yeux.

-Que fait-tu là ? Les docks ne sont pas sûr pour une fille de ton âge toute seule.

Lui, continuait de la regarder avec un sourire. Plus elle attendait, plus elle se sentait mal à l’aise. Pourtant, elle ne bronchait pas d’un poil, continuant de le regarder dans les yeux.

-Pas trop bavarde hein ?

L’individu étrange posa un genoux à terre et se retrouva au même niveau que la petite fille. Pourquoi restait-il là à parler dans le vide ? Elle ne comprenait pas pourquoi il ne lâchait pas l’affaire. Si après avoir tenté de parler quatre fois de suite à une petite fille sans qu’elle ne vous réponde, vous ne décidez pas de faire autre chose, c’est que vous deviez être idiot.

-Tu es de la ville ?

Ou fou.

-…As-tu simplement des parents ?…

Ou à la fois idiot ET fou

-…eh bien, j’aime beaucoup ta répartie, gamine. Ça fait longtemps que je n’ai pas eu une conversation aussi intéressante, répliqua-t-il avec un rire.

Le drôle de lynx décida de se relever, regarda encore un instant Shanny, qui gardait la tête baissé, mais son regard restant sur lui. Allait-il enfin partir et la laisser tranquille, pour qu’elle puisse continuer à profiter de la mer ? C’était tout ce qu’elle demandait. Elle ne voulait déranger personne, et ne pas être dérangé elle-même…Regardait-il sa nuque maintenant ?

-Tu voles ? Avec tes habits, cela donne un drôle de contraste.

Elle suivit son regard, et atterrit sur les chaînes dorés de l’amulette qui était caché sous ses vêtements. Elle recula instinctivement et pris la chaîne dans sa main avec un air craintive. Certes, elle l’avait volée, mais elle ne voulait pas de problèmes. Allait-il la prendre, et tenter de trouver qui était le propriétaire ? Eh bien il cherchera longtemps alors pour le trouver. Et de toute manière, elle ne va pas le laisser prendre SON amulette aussi facilement. Elle recula encore un peu, le regardant avec des flammes dans les yeux, évitant de lui offrir sa peur sur un plateau d’argent. Le lynx ? Il continuait de sourire, comme si rien de tout ça n’était sérieux.

-Si j’étais toi, je la vendrais contre une petite réserve de nourriture que je garderais bien au chaud dans une planque. M’enfin c’est à toi de voir.

Il approcha la main d’une sacoche qui était accroché autour de sa taille, et en sortit une miche de pain chaud, encore moelleux, venant sans-doute d’être sortis du four. Il s’approcha tranquillement et posa la miche sur un ponton près d’elle.

-Je te souhaite un bon courage, gamine. Ceux qui survivent sont ceux qui persistent.

Et après cette phrase, l’individu fit enfin demi-tour, et marcha tranquillement, jusqu’à ce que sa silhouette disparaisse dans une ruelle au loin. Lors d’un instant, Shanny regarda le chemin qu’avait pris le lynx, puis la miche de pain, et la ruelle encore, puis à nouveau la miche de pain…et sauta sur la miche de pain avec rapidité. Une fois en sa possession, elle commença à retirer toute la mie se trouvant à l’intérieur par grands bout et la plaça dans la bouche en mâchant lentement, et lentement, savourant chaque bouchée comme si c’était le dernier repas qu’elle devait prendre. Elle adorait le pain. Sa mère préparait souvent des pains pour les personnes avec qui elle vivait, les meilleures que l’on pouvait goûter à des lieux et des lieux….sa pauvre mère. En regardant à nouveau le morceau de pain, celui-ci prit la forme du visage de sa mère. Et brusquement de sa mémoire cet instant atroce resurgit comme un diable hors de sa boîte. Elle qui voulait tant oublier ça… Son cœur rata un battement, et elle tomba au sol, brusquement. Alors qu’elle regardait la mer il y a quelque seconde, sa vision se perdit dans un grand vide. Elle était dans un état de choc. Elle venait de se rendre compte de quelque chose.

Sa mère était morte.

C’était évident. Elle avait vu ce qui s’était passé, elle se rappelait de chaque instant, chaque moment, chaque mouvement, chaque bruit…peut-être avait-elle été trop choqué lors de cet instant pour pouvoir réellement se rendre compte de ce qui s’était passé. Depuis qu’elle a quitté ce sinistre endroit, elle n’avait pensée qu’à une chose : courir, courir, manger, survivre, fuir…et ce n’était que maintenant, lorsqu’elle ne se sentait plus en danger, lorsqu’elle retrouva quelque chose qui lui rappelait le réconfort de sa mère, qu’elle se rendit compte de la vérité pure et dure. Commençant à pleurer, elle reprit à nouveau le médaillon entre ses mains. Celui-ci était chaud, presque rassurant. Avoir quelque chose comme ça lui permettait de reprendre ses esprits.

Mais lorsqu’elle regardait le médaillon…lorsqu’elle regardait ses reflets, chacun de ses reflets…elle se disait qu’il y avait de l’espoir. C’était bête, tellement bête de penser que quelqu’un pourrait revivre, que quelqu’un pourrait affronter la volonté de Tarra et Lovena, les sœurs jumelles du cycle de la vie, que quelqu’un pourrait y échapper…et toute ces folles idées à cause d’un médaillon. Devait-elle garder espoir ? Elle ne savait pas. L’espoir la faisait vivre, endurer les souffrances, et même si elle savait que sa mère ne reviendrait probablement pas d’entre les morts, l’espoir lui permettait de tenir. Mais trop d’espoir la rendrait naïve, et elle devait rester intelligente et forte, pour sa propre survie.

Ça suffit ! Garder les idées claires. Il fallait que Shanny trouve une solution à ses problèmes. Pouvait-elle fuir toute sa vie ? Ce ne pouvait pas être possible pour elle. Pourtant, elle était sure que les chasseurs n’allaient jamais abandonner. Les tuer ? Ben voyons. Comme si elle avait les moyens de les neutraliser, elle seule face à eux. La solution était réellement de fuir à jamais ? Elle ne pouvait pas faire ça toute sa vie. Elle habitait une île. Cette île Avait beau être relativement grande, ce n’était pas pensable. Elle pourrait très bien…

Shanny s’arrêta de penser un instant. Elle regardait autour d’elle, comme si elle venait d’avoir une illumination.

Les bateaux….les bateaux, bien sûr. C’était ça, son moyen. Si elle quittait tout simplement l’île à bord d’un bateaux, alors peut-être que les chasseurs vont la perdre. Cela semblait logique. Eux, chercherons probablement dans toute la ville pour elle, et peut-être les alentours avant de se dire qu’elle a pu prendre un bateau. Et si ils y pensent avant, comment ils pourraient rejoindre le bateau exact où elle était ? Il y en avait bien trop. Et comment sauraient-ils où elle va ? Ce plan était incontournable, c’était sa meilleure solution. Mais…mais quel bateau prendre ? Elle ne savait pas si il fallait se présenter gentiment devant quelqu’un pour demander un voyage, donner des pièces pour payer le voyage, ou même si il y a des bateaux consacré au transport d’individus d’un lieu à un autre. Saleté de mutisme. Si seulement elle pouvait communiquer avec les autres….tout serait plus facile. Elle aurait pu récolter des informations, savoir un peu plus dans quel situation elle allait s’embarquer. Pourtant, Shanny était forcée d’affronter l’inconnu. C’était pour le mieux. Elle ne pouvait demander, proposer, n’avait de quoi payer une entrée dans un bateau…autant s’infiltrer.

Elle se tourna vers la gauche, et regarda le bateau à coté d’elle. Celui-ci ferait l’affaire. De toute façon, elle n’avait pas à choisir trop longtemps, elle ne savait rien sur les bateaux. Ils se ressemblent à peu près tous. Elle décida de marcher tout autour du bateau, cherchant une faille ou un endroit où elle pouvait se glisser. Rien. C’était logique pour un bateau après tout : si la coque était troué, le bateau coulerait, non ? Le seul moyen de monter que la petite fille avait remarqué, était une grande planche en bois qui reliait le pont au quai. Hors de question d’emprunter ce chemin. Elle ne pouvait pas juste passer par l’entrée principale tel une fleur devant les yeux de tous le monde et se poser pour aller faire un somme. Elle songea aux cordes sur les cotés, mais cela en revenait au même pour elle : elle se retrouverait sur le pont devant tous le monde. Mais au lieu d’avoir l’air d’une folle, elle passera pour une clandestine…enfin…elle allait en être une après tout, mais c’était dans son meilleur intérêt de le faire. Sa vie était probablement en jeu.

Tandis qu’elle traînait autour du bateau, elle longeait les diverses caisses qui se trouvaient sur le port. Tellement de caisses, grandes, petites, longues, larges, de toute taille, de toute dimensions. On transposait des tonnes de choses diverses et variés à l’intérieur non ? Des éléments de l’île vers d’autres pays, et inversement. Ou alors…Oui, on lui avait apprit que Portâstral était une ville importante, comme un sorte de carrefour pour les bateaux provenant du nord, de l’est, du sud, de l’ouest, d’à peu près partout.

Cela devait être reposant d’être un objet. Cette pensée lui était venus subitement en tête de nulle part. À force de commencer à vivre une histoire compliqué, cela avait du surgir inconsciemment, Shanny cherchant juste à ne pas avoir de problème, et une vie toute simple. ça semblait être une réflexion totalement stupide…mais pas fausse non plus. Être un simple objet et simplement être quelque chose, se moquer de tout ce qui peut se passer. Des chasseurs me veulent ? Je m’en moque. La survie ? Hahaha, allons bon, ça n’existe pas. Entrer dans les bateaux sans être vu par tous le monde et renvoyé du pont ?…ce n’était pas un problème pour une caisse…..non….pas de problème du tout.

Shanny commença à regarder toutes les caisses qu’elle trouvait sans se faire trop repérer. Tel un serpent, elle glissait d’une caisse à l’autre, regardant si elles étaient toutes cloués, bien fermés, impossible à détacher…elle mit un certain temps avant de se rendre compte que presque toutes les caisses ne lui permettaient aucun moyen de rentrer à l’intérieur d’eux. Toutes, excepté l’une d’entre elle, qui, par miracle, était mal cloué. Shanny n’en croyait pas ses yeux : elle allait pouvoir quitter cet île. Elle commença à fouiller les affaires se trouvant à l’intérieur pour se faire une place. Elle y trouva un certains nombre d’armes de toute sorte…Elle tenta de les prendre et les jeter dans la mer, profitant d’un moment où personne ne la voyait. espérant qu’aucune dague ne s’était caché dans la paille dans laquelle elle allait se poser, et s’installa à l’intérieur de la caisse, reprenant le couvercle et tentant de le refermer du mieux qu’elle pouvait. Tout ce passait comme prévus pour l’instant. Peu importe l’endroit où elle ira, ça allait être certainement bien plus sûr que les terres où elle a vécu, avec les chasseurs. Plongée dans le noir, avec comme seule source de lumière un trou discret dans la caisse, elle poussa un soupir de soulagement, bien qu’elle avait peur qu’un marin trop curieux ou maladroit n’ouvre le couvercle de sa cachette.

Un temps qui semblait interminable pour Shanny passa, sans qu’elle ne puisse rien faire d’autre qu’attendre dans la paille, le noir, et la chaleur. Elle voulait juste embarquer le plus vite possible. Depuis un certain moment, elle avait entendu de l’activité à proximité des caisses et des bruits de pas, et elle pu voir à travers un trou que les marins commençaient déjà à embarquer les affaires. Bientôt, ça allait être son tour. Shanny pria les cinq d’avoir de la pitié de sa pauvre personne. Elle devait le faire, elle devait y arriver, la défaite ne devait pas être une option.

Créon posa la dernière caisse du chargement dans la cale. Celle-là était particulièrement lourde. Il était tenté de regarder ce qu’il y avait à l’intérieur, voir un peu qu’est-ce qui pourrait bien peser comme ça. De plus, le couvercle semblait mal fixé…

-Créon ! Les caisses sont toutes chargés ?

Le marin se tourna et vit son camarade arriver dans la cale depuis la porte au fond.

-Heu…oui, j’ai chargé la dernière.

-Alors arrête de glander ici et vient nous aider sur le pont. Le capitaine a dit que nous allons partir bientôt.

Et celui-ci quitta la salle. Créon regarda la caisse un instant, et décida de lui tourner le dos et de rejoindre le pont. De toute façon, la prochaine fois qu’il ira dans la cale, il pourra bien assouvir sa curiosité. Ce n’est pas comme si elle allait partir en dehors du bateau avec ses petites jambes.

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