– « Désolé, j’ai besoin de changement. » a-t-il écrit avant de se pendre. Une affaire -carrément & rondement- menée ! dis-je devant la famille du défunt.
Poignées de mains & congratulations.
Dans la voiture ; retour au poste.
– Vous y croyez à ce suicide ? me demande l’agent de service.
– Je l’ignore ; mais toujours faire en sorte que les suspects croient qu’on y croit ; croyez-moi! je gueule.
– Les suspects ?
– La famille ! Les amis ! même le peuple ! Un jour ; j’ai fait croire au pays entier qu’un simple témoin était mort de je n’sais plus trop quoi… La grippe aviaire ! Alors que le type habitait en plein centre-ville dans un appartement aussi stérile qu’une salle d’op’ ! Mais au final… il est mort !
– Mort de ?
– De la grippe aviaire… On l’avait installé dans un programme de protection ; en pleine campagne ! Ce con a touché un oiseau mort ; quelle idée a-t-il eue ?! Il a tout fait capoter ! Des plombes que j’étais sur l’affaire… Mais revenons sur l’actuelle ; veuillez -je vous prie- savoir si le macchabée avait le sens de l’humour-noire.
– Est-ce important ?
– Mais oui bordel ! c’est la clef -même- de cette affaire !
Toujours faire la recherche suivante en cas de suicide dit apparent ; « Est-ce que la lettre de suicide est en totalement adéquation avec le profil du potentiel suicidé ? »
– Vous n’allez pas trop loin là ? me demande-t-il.
– Nan ; c’est mon maître qui me l’a enseigné ; & c’était loin d’être un con ! Dites-moi les 5 choses ! -pour voir.
– Les 5 choses ?…
– Ignare ! Tu as séché combien de cours ?!
Je tape avec ma chaussure en disant ça ! comme le faisait mon maître…
– Arrêtez ! dit-il avant de percuter une vieille.
Silence.
– & bah bravo ! Être maître de son véhicule ; & cela en toute circonstance ! Maintenant, voyons les dégâts.
On sort ; la vieille ne bouge plus & personne à l’horizon.
– Aidez-moi à la foutre dans le coffre.
– Mais…
– Y’a pas de « mais » qui tienne ; si je fais ça, c’est pour vous & votre future carrière ; un truc comme ça, ça fait tâche sur un dossier.
Il m’aide & on la fourre dans le coffre ; on remonte & il redémarre.
– Donc ; les 5 choses ; Où, quand, comment, pourquoi & qui ! Un exemple ; la vieille que vous venez de tuer ; Où ; dans cette rue, quand ; il y a 5 minutes, comment ; écrasée par votre voiture, pourquoi ; manque d’attention & qui ; vous ! Il n’y a rien d’autre pour chaque affaire que vous traitez.
Je m’allume une clop’, lui en propose une ; il ne fume pas.
– T’as un jardin ? je lui demande.
– Ah nan ! je vous vois venir !
– Allez quoi ! Après tu fais pousser un parterre de fleurs dessus ; voir même ! Un arbre.
– Désolé ; je n’ai qu’une terrasse…
– Ca va être compliqué… Au pire ! On laisse la bagnole dans un quartier dit chaud ; on nous la tire & le fardeau change de main.
Je fume.
– Bon ; perdre sa voiture de service… je réfléchis. Mais elle fait chier cette vioque !
Je fume ; tandis qu’il transpire à grosses gouttes, la peur à plein nez ; envie de le zigouiller également. Mais puis ; la mémoire me revient. Je connais quelqu’un; nécrophile, je lui vends des cadavres avec la complicité d’un croc’-mort ; il fait brûler & enterre autre chose que lesdits cadavres & tout le monde y gagne.
– Arrête-toi & met-ça, je lui dis -impératif.
– C’est un truc qu’on trouve dans les avions ça ?
– On s’en fout ; on échange de place & toi tu mets ça ; & tu ne racontes rien à personne !
On interchange nos places. Je démarre.
-Ils ont dit quelque chose sur la nécrophilie dans La Bible ? je pouffe -nuage de fumée.
– Vous êtes dégueulasse !
– Allez quoi ?! T’as dû déjà -au moins une fois- rentré chez toi en pensant à te branler sur une scène de crime où une sublime jeune femme était quasiment à poil dû à un viol en réunion & légèrement amochée au fait qu’elle a était sauvagement agressée malmenée pénétrée tandis qu’on lui écartait les jambes aux maximums & qu’on fourrait plusieurs sexes dans son trou de balle dans son con & dans sa bouche l’empêchant d’hurler sa putain de mère tout ce qui lui sortit de la bouche n’était que bave & foutre avec des « eurfheu » atroces.
Silence dans l’habitacle. Peu de temps après, j’arrête.
– Je ne veux rien savoir de vos magouilles, me dit-il ; alors que prévu, il reste ici tranquillement.
Je sors & vais sonner. La porte s’ouvre.
– Toi ? me fait-elle ; me prenant dans ses bras.
– J’ai un colis pour toi.
– Genre ?
– Grand-mère percutée par un véhicule. Mais y’a un type avec moi ; yeux bandés, évite de parler.
– Ok. J’ouvre le portail
Elle ouvre. Je rentre le véhicule. Le transport coffre-congélateur de cave.
– Merci, je lui dis.
– La prochaine fois… dit-elle en gribouillant sur son bloc-note, qu’elle me glisse ensuite.
Je lis ; « Féminin 2O tatouée & percée »
– Blonde ? rousse ? brune ?
– Je m’occuperai de la couleur moi-même.
– Ok ; salut, se dit-on.
Retour dans la bagnole, je m’insère dans la rue. Un petit moment après ;
– J’ai faim ; pas toi ? je lui demande, puis ; tu peux retirer ce machin.

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