Les corps basculèrent en avant, vers le feu. L’équipe ennemie s’approcha prudemment des corps sans vie. C’est le moment que choisirent Alex et Clément pour mettre leur plan à exécution. Alex encore placé sur le toit tira sur le fil de nylon qui actionna le mécanisme et fit sortir le fil de fer du sol, bien camouflé. Le fil toucha la jambe de la fille. Clément, caché dans la haie, créa alors son arc électrique le plus puissant puis le transmit au fil. La fille fut électrocutée et « tuée » sur le coup. Déconnexion.
Le garçon chercha alors d’où provenait l’agression. Clément se chargea, selon le plan, d’envoyer un choc électrique à combat rapproché. Ce qu’Alex et Clément n’avaient pas prévu, c’était que le garçon avait fait du judo et maîtrisa donc aisément l’adolescent. Il le prit en clé de bras, face à lui et annonça :
« Sors de là maintenant, on arrête de jouer. C’était bien joué le coup des corps en bois recouvert de vos vêtements mais si tu tiens à ton partenaire, si tu n’es pas un lâche, sors de là. »
Alex se posa la question : « Que faire, abandonner ou pas Clément. »
Il opta pour la seconde option car il pouvait se résoudre à laisser quelqu’un mourir même dans un jeu. Il descendit du toit et atterri dans le jardin.
« Voilà, je suis là, alors que vas-tu faire maintenant ? Le tuer, moi ensuite ? Mais si tu fais cela, je n’aurais aucun scrupule à te tuer. »
Alex vit le doute s’insinuer dans l’esprit du garçon. Il en profita pour lancer sa botte secrète. Il s’était entraîné tout au long du cours pour inventer et maîtriser cette technique, en s’inspirant de techniques trouvées parmi les nombreux livres qu’il avait lus. Première étape : il lança un grand arc électrique, droit sur Clément et son assaillant qui, par réflexe, place Clément devant lui pour se protéger. Deuxième étape, l’arc électrique se divise et passe à coté de Clément et de son assaillant qui ne comprend pas ce qui est en train de se passer. Troisième et dernière étape, les petits courants électriques font un effet boomerang pour attaquer le dos de l’assaillant sans toucher l’otage. L’un des arcs électriques perce le cœur du garçon, il tombe et « meurt » sur le coup. Le corps disparaît. Déconnexion. Alex et Clément ont gagné.

Ils se font déconnecter et se retrouvent dans la salle de combat. Les autres attendent avec impatience devant l’écran pour voir la vidéo du combat. L’autre équipe avait fouillé toutes les maisons du quartier à la recherche de couteau ou autres objets pouvant servir d’armes ou de protection. Ils avaient donc été plutôt heureux lorsqu’ils avaient trouvé des protections de rollers et une magnifique collection de couteaux puis ils avaient repérés le feu qu’avaient intentionnellement fait Alex et Clément. L’autre équipe avait tout avalé, l’appât, la canne à pêche et le pêcheur qui va avec ! Clément et Alex reçurent des claques dans le dos admiratives et des petits mots de félicitation. Ils serrèrent la main à leurs adversaires qui eux aussi les félicitèrent pour cette victoire et ce plan ingénieux. Tous voulurent apprendre la technique d’Alex. Ce dernier dût promettre un bon nombre de fois de le faire. Mais toutes ces réjouissances ne faisaient pas oublier à Alex que même si cela n’avait été qu’un jeu, il avait tout de même tué deux personnes. Deux personnes mortes par sa faute conformément à un plan qu’ils avaient créé. Le professeur coupa court aux réjouissances et étant plutôt mécontent il dit qu’il « s’était absenté cinq minutes » que « on en profitait pour faire des bêtises, dès le premier jour qui plus est ! ». En effet, normalement, la zone de combat était interdite jusqu’à un mois après arrivée des nouveaux élèves. Il annonça la sentence : punition générale. Pas grave, ils s’étaient beaucoup amusés quand même. Le professeur les envoya en salle de colle. C’est vrai, faire des lignes n’était pas trop intéressant mais cela avait le mérite de se terminer vite et permettre par la même occasion à la classe de pouvoir parler tranquillement. Ils passèrent donc l’autre moitié des deux heures de colle à parler des combats. Ils assignèrent même des notes aux combats et aux équipes. Alex et Clément obtinrent la note de 18/20 (la meilleure note).
Alex était heureux : « je suis déjà connu le jour même de la rentrée. Tandis que dans mon ancien lycée, je n’étais pas populaire ou alors très peu. »
Il se remémorait quelques souvenirs de son lycée. Il avait quand même pas mal de copains et cela lui suffisait car leur amitié était sincère. Il repensa au bon moment passé avec eux, les fous-rires, les sorties, les blagues et tout ce qui va avec. La personnalité de chacun et se demanda comment il avait pu être amis avec des personnes si différentes et surtout si opposées. Cela contredisait totalement le dicton « Qui se ressemble s’assemble ». Mais bon, il revint à la réalité et se dit qu’il ne restait désormais plus que trois semaines avant de revenir chez ses parents, revoir sa petite-amie et ses copains.

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