Aram installa le camp dans un bois assez éloigner de la ville qu’il venait de quitter. Kristen alla chercher du bois pendant qu’il partit chasser avec Tara. Alors qu’il avait repéré la trace d’une biche, le jeune homme sentit un peur l’envahir.

– Que se passe-t-il, mon âme-sœur ? Demanda Tara.
– J’ai un mauvais pressentiment, il faut retourner au camp, Kristen est en danger.

Tara ne se fit pas prier, elle partit à pleine vitesse. Aram la suivit en courant, arrivant à peine à la suivre. Il la perdit des yeux mais connaissant le chemin, il ne s’arrêta pas pour la trouver. En approchant du camp, il entendit un cri de jeune femme qu’il reconnut et un bruit sourd. Aram ne réfléchit pas, il fit un bond et grâce à ses dons, il décolla très haut pour atterrir dans un arbre au dessus de leur camp. Un homme était penchait sur le corps de Kristen inerte. Un autre regardait autour de lui pour surveiller les arrières de son compagnon.

– Merde, s’exclama l’homme penchait sur la jeune femme. Elle ne respire plus, Arkan va me rôtir vivant.

Aram faillit défaillir en entendant l’homme. Un colère noir monta en lui et il sauta de l’arbre pour atterrir entre les deux hommes. Il sortit son couteau avant même que les tueurs ne réagissent. Il égorgea l’homme debout. Le sang gicla et l’homme tomba dans un marre de sang. L’autre se redressa et voulu sortir son épée mais Aram l’attrapa à la gorge et le souleva du sol. Il regarda l’assassin dans les yeux, l’homme avait peur, tout ce qu’il vit avant de mourir furent les yeux remplis de colère et de haine d’Aram. Le rôdeur serra la gorge de son ennemi jusqu’à ce que l’homme ne bouge plus et deviennent un marionnette. Il le lâcha et sa colère s’évanouit aussitôt laissant place à une tristesse incommensurable. Il tomba à genoux, prit Kristen dans ses bras et pleura.

– Pourquoi elle ? Hurla-t-il. Elle n’était rien pour vous!

Il pleura sans bruit, laissant aller sa peine, tenant la jeune femme dans ses bras. Il ne sentit pas Tara s’approcher et venir coller sa tête contre lui. Il resta la pendant des heures, tremblant de rage, pleurant sa tristesse, hurlant sa douleur. Tara pleura avec lui. Quand la nuit fut avancer, le jeune homme se releva. Quelque chose de changer dans le regard. Il n’avait plus les yeux de l’homme heureux et curieux. Le regard qu’il montrait était emplis de haine et de colère. Son cœur était devenu froid comme la pierre. Plus jamais il ne pleurerait, plus jamais il n’éprouverait de l’amour pour quelqu’un. Il détruirait tous les hommes mauvais jusqu’à devenir un ange de la mort et retrouver le commanditaire de ce meurtre. La pitié n’existait plus. Il souleva le corps de la jeune femme et le porta jusqu’à ce qu’il trouve une jolie clairière. Il déposa son corps au centre puis se recula. Il invoqua son don et la terre trembla. De fines racines entourèrent le corps de la jeune femme jusqu’à ce qu’elle disparaisse entièrement. Le corps fut aspiré par la terre et l’herbe où elle se trouvait une seconde plutôt se recouvrit de centaines de fleurs colorées. Il stoppa son pouvoir, sécha ses larmes et fit demi tour pour retourner dans le camp.

– Je suis vraiment désolé, dit Tara.
– Ce n’est pas de ta faute, répondit le jeune homme les dent serrés.
– Il y en avait deux autres qui arrivaient, j’en ai tué un et l’autre s’est enfui en courant après être tombé de son cheval.
– Nous le retrouverons et il me conduira à son maître avant de mourir.

Tara ne répondit pas. Un fois au camp, Aram récupéra ses affaires et entassa les cadavres. Il fit ouvrir la terre sous eux et les fit disparaître dans un abysse. Sans un regard en arrière, il prit la route dans la direction du fuyard. L’homme avait pris de l’avance mais rien n’arrêterait le jeune homme et sa panthère. Il marcha pendant des jours, ne s’arrêtant que quelques heures pour dormir et repartait aussitôt. Tara avait rapidement retrouvé les traces de l’homme qui n’était autre que Arkan l’élémentaliste. Au bout d’une semaine, il trouvèrent un feu encore chaud. Tara reconnut l’odeur d’Arkan.

– C’est lui, dit-elle à Aram.

Le jeune homme posa les main sur le feu éteint.

– Il est partit il y a moins d’une heure. Le feu est encore bien chaud. Nous allons le retrouver dans la journée. Accélérons !

Tara partit en courant suivit de près par le jeune homme. Ils coururent à perdre le plus vite possible, puisant chacun dans la force qui les unissait. Aram utilisa sa magie pour décupler sa vitesse et une heure plus tard, Tara s’arrêta brusquement.

– Il est devant, je le sens comme s’il était à un mètre de moi.
– Il faut y aller doucement, déclara Aram à bout de souffle. Je ne veux pas qu’il nous échappe une seconde fois. Prends à droite, je prends à gauche quand tu le vois, tiens toi prête, à mon signal, tu lui saute dessus et tu le maintiens au sol. Compris ?
– Compris, mon âme-soeur

Aram prit par la gauche, se cachant derrière les arbres. Il avançait sans bruit, en regardant partout pour ne pas rater l’élémentaliste. Il l’aperçue enfin marchant au pas de course en observant les alentours. Aram sortit une flèches de son carquois, la trempa dans une de ses bourses en cuir et la ressortit avec la pointe noirci par un liquide visqueux. Il détacha son arc, mit la flèche en place et banda la corde. Il respira calmement, essayant de se calmer puis quand il fut sur de son tir, il lâcha la corde en expirant. Cette dernière claqua et la flèche fila dans les airs pour venir se planter dans la jambes d’Arkan qui tomba en se tenant le mollet. Aussitôt Tara sauta sur lui, elle lui attrapa la gorge. L’élémentaliste n’osa plus bouger. Le rôdeur rangea son arc et s’approcha de sa cible.

– Dis lui de me lâcher, geignit Arkan.
– Tara, lâche le, s’il te plaît, je ne voudrais pas que tu attrape une maladie en mangeant de la viande pourrie.
– Merci, dit Arkan en se tenant la jambe. Je ne sens plus ma jambe.
– Normal, j’ai recouvert la pointe d’un poison qui engourdi le tour de la blessure et inhibe les pouvoirs des mages. C’est une potion rare et difficile à préparer alors ne me fait pas perdre mon temps. Nous avons à parler ensuite tu mourras. Si tu réponds à toutes les questions, je te tuerais d’une flèche dans le cœur, si tu résiste, je te ferais souffrir pendant des heures avant de te tuer. Est ce clair ?
– Très clair !
– Qui est ton patron et d’où vient-il ?
– Il se prénomme Miros, il vient de très loin à l’est, après le grand désert. C’est un prince dans son pays mais son père l’a exilé pour avoir usé de magie noire. Il a traversé le désert et a survécu. Sa magie est très puissante. Il est entré à Oasia et a tué le roi Kaled puis il a pris sa place.
– Pourquoi personne n’en parle à l’ouest ?
– Car il est très discret. Il n’y a que les Treize qui connaisse sa véritable identité. Grâce à sa magie, il a l’apparence du roi Kaled.
– Qui sont les Treize ?
– Nous sommes ses conseillers, ses gardes personnelles et ses mages. Il nous a choisi grâce au rapport qu’il a reçu depuis son trône à Oasia. Il nous a proposé un marché et nous avons accepter de le servir.
– Pourquoi ?
– Il est riche et puissant. Bientôt il gouvernera le continent. Je n’ai jamais vu un sorcier plus puissant que lui.
– Personne n’est invincible, il mourra une flèche dans la gorge pour m’avoir retiré Kristen. Pourquoi me voulait-il ?
– Nous somme treize mages du continent mais il n’y a pas un seul rôdeur. Nous sommes quatre élémentalistes, quatre guerriers, trois nécromanciens et deux guérisseurs. Avoir un rôdeur dans ses rangs aurait été la consécration. Grâce à nous, personne n’aurait pu l’arrêter.
– S’il est si puissant que tu le dis, pourquoi ne prend-il pas le pouvoir dans tous les pays comme il l’a fait à Oasia ?
– Car il ne peut pas sortir du désert sans quoi il perdrait tous ses pouvoirs. Nous sommes ses yeux, ses oreilles et ses mains dans le reste du continent.
– Pourquoi ?
– Car sa magie est très ancienne mais n’existe pas sur notre continent.
– Merci pour ses informations !

Avant même que Arkan comprenne la phrase une flèche était planté dans son cœur. Le jeune homme ne regarda même pas le cadavre et le laissa pourrir sur la route. Il reprit son chemin suivit par Tara.

– Nous allons nous rendre en Mitrilla, nous irons voir mon oncle. Il pourra m’aider enfin je l’espère.
– Je te suivrais où tu iras, répondit Tara.
– Merci d’être là, Tara.
– Ma tristesse et ma colère sont tiennes. Je te suivrais jusqu’à la fin de nos jours. Tu es mon âme sœur, je ferais tout pour toi.

Il leur fallut trois semaines pour arriver au cottage de Radwan. Le vieux rôdeur était installé dans son fauteuil habituel à l’ombre d’un grand chêne. Quand il vit Aram, il sauta de sa chaise et serra son neveu dans ses bras.

– Je suis heureux de te voir, s’exclama-t-il. Je ne t’attendais pas avant quelques années et te revoilà au bout de deux mois…

Radwan s’arrêta et dévisagea son ancien apprenti.

– Raconte moi tout, je vois que ça ne va pas et que tu as changé. Que se passe-t-il ?

Aram laissa tomber son sac et s’installa près de son oncle. Il raconta son court voyage et le drame qui l’avait stoppé. Des larmes coulèrent sur ses joues à la fin de son récit mais il ne les essuya pas.
Radwan prit son neveu dans ses bras le temps que les larmes finissent de couler et qu’Aram reprenne ses esprits.

– Je vais aller voir le conseil et leur parler de ce Miros. Nous verrons ce qu’ils savent et ce qu’ils comptent faire. Ensuite si tout cela est fondé et non la divagation d’un homme proche de la mort, je monterais une équipe d’assassins-rôdeurs et nous vengerons Kristen. Je connais ses parents depuis une vingtaine d’année. Ce crime ne peut rester impuni.
– Je veux y aller avec toi ! Déclara Aram.
– Ce n’est pas une bonne idée. Tu es un bon rôdeur même le meilleur que je connaisse mais tu ne connais rien au travail d’équipe et à la discrétion. Tu es une pierre brute débordant de pouvoir, ce que nous avons besoin pour cet affaire, c’est de la discrétion. Par contre j’ai une tâche pour toi, je veux que tu te rendes dans chaque capital et que tu débusques les hommes de ce Miros. Je te joindrais dès que j’aurais plus d’informations.

Aram réfléchit quelques minutes et se laissa convaincre.

– Très bien, je vais faire ce que tu veux mais si tu échoues ou si tu ne me donnes pas de nouvelles toutes les semaines, j’irai seul à Oasia et je détruirais la ville s’il le faut pour faire payer cet homme. Il ne peut bouger de la bas, je n’aurais donc aucun problème à le trouver.
– Je te promets que je m’occuperais de tout cette affaire personnellement même si l’avis du conseil va à l’encontre de mes projets. Tu es ma famille, et cela passe avant la confrérie. Quand tu partiras d’ici, va directement à Piléos, et trouve Lyoris. C’est un mage guerrier, il te sera très utile de l’avoir avec toi, il connaît beaucoup de chose sur le moyen de traquer un homme. Ne te formalise pas en le voyant, il peut paraître arrogant mais c’est un grand guerrier.

Aram acquiesça résolu à faire ce que lui demandait son oncle et son mentor. Il passa la nuit chez Radwan et au levé du soleil, il était reparti en direction de Piléos pour trouver ce guerrier.

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