C’est ainsi que commença le voyage de Neil accompagné de Dwili, son premier tuteur de l’école. Le curieux apprenti finit par poser des questions au petit homme qui, malgré une humeur changeante, semblait sympathique.
– Vous aussi êtes magicien ?
– Celle là on me la pose souvent. Non, je suis seulement nain.
Dwili, peu bavard n’aimait pas beaucoup les discussions vaines. Il s’efforçait cependant d’être aimable car il comprenait la crainte d’un jeune élève avant sa première rentrée. Dwili avait parcouru bien des lieues en allant chercher les apprenants de l’école, ce qui expliquait son certain manque d’amabilité.
Les deux compagnons traversèrent le pont qui chevauchait une rivière puis quittèrent la route. Ils pénétrèrent dans la forêt pour quitter la contrée de Mornesherbes. Le voyage devenant ennuyeux, le nain finit par prendre la parole et conta quelques récits. Il dévoila ensuite quelques secrets de cette institution à Neil.
– L’école des mages est unique. De braves personnes l’ont bâtie pour les moins favorisés. Elle ne coûte pas cher et on y apprend différents métiers dans un contexte merveilleux.
– De quoi vit-elle ?
– Et bien de la magie ! répondit le nain comme si c’était d’une grande évidence. Elle se suffit à elle-même. Pour ma part, je travaille bénévolement pour l’académie; en contrepartie de toute l’aide apportée aux nains dans le passé.
– Je ne comprends pas.
Dwili parut désemparé par une telle ignorance.
– Vois-tu, les enchanteurs sont des personnes qui voyagent pour aider leur prochain. C’est ce que l’école enseigne. Pour les moins doués en sorcellerie, l’enseignement est adapté en fonction du potentiel magique de chaque élève. Tu verras, tu seras bien là-bas mon p‘tit, dit-il pour le rassurer.
Le crépuscule tombait et nos amis suivaient maintenant une route dont peu connaissaient l’existence.
– Voilà, c’est ici, nous allons attendre !
– Attendre quoi ?
– Tu poses beaucoup de questions…, grimaça le petit homme lunatique, mais bon… cette question est pertinente. Nous attendons une diligence qui ne devrait plus tarder à arriver.
Neil était impatient de la voir. Quelle ne fut pas sa réaction lorsqu’il l’entendit dans une cacophonie de sabots et de hennissements. Un point sur la route finit par devenir la diligence. Elle apparut en un éclair.
En voyant les yeux écarquillés de Neil, Dwili eut un fou rire.
Les deux chevaux blancs étaient magnifiques. En contrepartie, la voiture était décorée de la même façon que le gilet de Dwili, autrement dit pour cacher son mauvais état. Une fois de plus le contraste était saisissant.
Le conducteur, un vieux monsieur moustachu et enveloppé, s’adressa à eux en lisant un parchemin.
Êtes-vous bien le jeune Neil qui veut devenir magicien ?
– C’est moi, répondit Neil rempli de joie de pouvoir enfin réaliser son rêve.
– Dadus Randard, à votre service, c’est moi qui suis chargé de vous déposer à l’académie des mages.
– Tout d’abord, une question, comment font vos chevaux pour aller aussi vite ?
– Je suis un Chloromancien – répondit le conducteur – je libère tout le potentiel de mes braves bêtes grâce à une Magie qui se concentre sur les énergies vitales et la guérison. Ma diligence atteint ainsi une vitesse que nul ne peut imaginer.
– Un Chloromancien dites-vous ?
– Un Mage guérisseur si vous préférez, montez mon cher, un maître mage de l’école vous expliquera cela mieux que moi.
Neil et Dwili s’empressèrent d’entrer dans l’énorme diligence. La jeune recrue entra la première et fut gênée lorsqu’elle constata qu’elle avait attiré l’attention de tout le monde à l‘intérieur. Les voyageurs déjà présents dévisageaient le fermier. Trois nains étaient déjà assis. Chacun près de sa jeune recrue. Tous regardèrent Neil pendant une seconde. L’image de toutes ces barbes le fixant en même temps, pendant ce court instant, fit sourire Neil qui préféra garder cette image amusante pour lui. Enfin il prit place à côté d’un nain et Dwili le rejoignit de l’autre. La diligence redémarra et Neil apprécia la secousse. La voiture prit ensuite une vitesse constante. Elle roulait très vite dans un bruit incessant de sabots et la nuit tomba pendant leur voyage.

24