Dans le royaume de Terrelongue, dans la contrée dite Mornesherbes existait un vieux village où vivait Neil, notre jeune héros. Il naquit avec une peau étrangement plus mate que celle des autres villageois. Il avait hérité de la couleur de certains de ses lointains ancêtres qui, disait-on dans sa famille, étaient des habitants du Nord avant la grande migration.
Neil résidait dans un village appelé Rivelongue. Descendant d’une famille d’agriculteurs plutôt aisés, il menait une vie paisible de valet de ferme sans aventures ni tracas. Malgré leur monotonie, il accomplissait avec sérieux les tâches quotidiennes et sa famille lui en était reconnaissante. Passionné de magie, Neil passait son temps à raconter des histoires d’enchanteurs et à faire des tours d’illusionnistes aux enfants de son village avec qui il aimait déambuler.
– Un jour je deviendrai un vrai mage, vous verrez, et je vous apprendrai de vrais sortilèges, disait-il. J’irai à la rencontre des elfes, des nains et des dragons.
Si les enfants de son âge le prenaient au sérieux, les adultes y accordaient peu d’importance.
Le jour de ses seize ans ses parents décidèrent de lui faire une surprise.
Après avoir aidé à rentrer les bêtes, à l’heure du dîner, Beomar Riscod fit quérir son fils.
– Mon garçon, lit nous cette lettre.
À peine eût-il jeté un regard sur celle-ci, que les yeux et la bouche du jeune homme s’ouvrirent en grand.
– L’école des mages ?
Il sauta au cou de son père et de sa mère.
– On te remercie de toute l’aide que tu nous a apportée à la ferme, mais nous voyons bien que tu es destiné à faire de plus grandes choses. J’avais gardé un petit pactole de côté, au cas où. Il paraît que ta mère a eu un enchanteur parmi ses ancêtres. Peut-être que tu as, toi aussi, des aptitudes dans ce domaine.
Beomar était un homme simple et bien portant. Il avait cette qualité de sonder le cœur des autres, c’est pourquoi il était apprécié de tous. Son fils avait hérité de ce trait de caractère.
– Merci père !
– Cependant, nous nous sommes renseignés, c’est une école qui apprend également différents métiers. Si tu découvres que tu n’es pas fait pour la sorcellerie, tu apprendras suffisamment d’autres matières qui t’aideront à trouver ta voie. Peu importe, cela te changera des tâches agricoles. Tu en as assez fait pour nous.
Le moment est venu, fils, d’aller t’instruire et de devenir un jeune homme cultivé. C’est ce que j’avais toujours espéré pour toi à vrai dire : un grand destin. Malheureusement, on ne fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie, regarde-moi, sais-tu que j’aurais pu être un bon chevalier ? Je te raconterai cela au souper de ce soir.
– Oh merci merci merci père !
Peiné par son son attachement pour son seul fils qui allait quitter la maison familiale, la joie du futur apprenti magicien lui réchauffa l’âme. Avec le temps, Beomar avait finit par accepter ce choix, la priorité n’était-elle pas que son fils soit heureux ?
Beomar trouverait sûrement un autre valet de ferme au village pour le remplacer.
Neil était comblé. Il allait enfin apprendre d’autres métiers que celui de cultivateur. Mais alors qu’il ne restait que quelques jours avant son départ, il eût le cœur lourd.
– Mère, il m’est difficile de te quitter, je vous aime tellement, toi et père.
– Tu es le seul que nous avons mis au monde Neil, évidemment nous t’aimons beaucoup. Mais notre amour ne doit en aucun cas devenir une entrave, tu dois accomplir ta destinée. Si tu crois que tu peux devenir mage alors fais le avec passion, pense aux tiens avant d’entreprendre chaque chose et tu réussiras. Tu es un bon fils Neil, maintenant sois fort. Lorsque tu auras accompli tes études, tu pourras toujours revenir nous voir.
– En tout cas je te promets de revenir vite.
Les mots de sa mère l’apaisaient toujours. Ainsi passèrent les quelques jours avant qu’il ne quitte Rivelongue.
Dans la fameuse lettre de l’école des mages, on indiquait que quelqu’un viendrait chercher le nouvel apprenti. C’est pourquoi le jour de la rentrée, Neil et ses parents attendirent le visiteur venu de l’école.
On finit par frapper à la porte et lorsque Beomar ouvrit, il ne vit personne. Neil crut d’abord à un tour de magie. Puis, le bon père de famille se rendit compte que l’individu se tenait juste là et qu’il fallait le voir en regardant plus bas : il s’agissait d‘un nain qui semblait tout droit sorti d’un conte de fées. En cet endroit, cela était tout à fait inhabituel.
– Je vous en prie, dit le père, entrez.
Le nain pénétra dans la maison en dansant des hanches et prit ses aises dans le fauteuil du patriarche.
Il possédait une grande barbe touffue, était coiffé de longs cheveux bruns et vêtu d‘un vieux chapeau pointu. Son gilet, décoré d’écussons étoilés pour lui donner l’allure d’un vrai personnage féerique, contrastait avec le reste de son accoutrement. Il se déplaçait grâce à sa canne en bois et le sac à dos qu’il portait était presque aussi gros que lui. Manifestement, c’était un excellent marcheur et un personnage robuste.
Le père de Neil fit les présentations.
– Je suis Beomar Riscod, voici ma femme Brethielle et …voici mon fils Neil, votre apprenti.
– Enchanté M. Riscod, je suis Dwili, dit-il avec un fort accent. Ne vous inquiétez pas pour le petiot, tout se passera bien. Et puis, il pourra rentrer pour les vacances. Es-tu prêt Neil ? Nous n’avons pas de temps à perdre, nous avons un long voyage à faire.
– Je suis prêt maître nain.
Neil embrassa vivement ses parents avant de les quitter puis il sortit de chez lui, la larme a l’oeil, avec son nouveau compagnon.
– Nous ne partons pas à cheval ?
– À cheval ? Tu as déjà vu un nain à cheval ? Nous partons à pied, grimaça le nain.

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