Ataen s’était réfugié dans une auberge. Il commandait pinte sur pinte au tavernier moustachu qui le dévisageait sans le reconnaître. Le rôdeur saoul, pensait à voix haute :
– Que nenni tavernier, je ne fais pas partie de ta clientèle de pochtrons. Je suis un magicien moi, un vrai de vrai. Mais tous les magiciens sont maudits, c’est le prix à payer. Mon fardeau est de provoquer la mort de mes compagnons. Alors je bois à tous nos bons moments passés ensemble puisque je ne puis plus le faire à leur santé. Lamentable je suis, je ne vaux pas mieux que mon paternel.
Le magicien ivre et vulnérable finit par s’endormir à sa table et des brigands vinrent lui faire les poches. Sur le point de passer la porte d’entrée avec leur butin, une épée les retint. Neil arrivé au point nommé, tendit autoritairement la main pour récupérer les biens de son maître.
– Je n’ai pas le temps de m’occuper de sangsues. Déguerpissez !
L’auberge en alerte, vit en Neil un chevalier issu de l’élite. Le tavernier remerciât Neil qui vint s’asseoir à la table de son Maître.
– Réveillez-vous Maître, il est temps de partir. Vous me mettez dans l’embarras. Vous faire dépouiller devient une habitude et ce n’est vraiment pas le moment.
– Neil ? C’est toi, que fais-tu encore là ? As-tu seulement compris, L’Éloquence ne suffit point. Finir Dominateur est un voyage sans retour. Je crains de ne pouvoir aider ton ami, le jeune converti. Va t’en pauvre fou !
– Je ne puis l’abandonner tout comme vous ne l’avez jamais fait. Peut-être que nous sauverons d’autres magiciens si nous réussissons à améliorer votre sortilège ? Nous avons aussi fait le serment d’aller aux portes du Nord. Voyez que les prophéties se réalisent. Partons, nous n’avons plus rien à faire ici.
*

Une grande table ovale, que le Roi de Beauport présidait, était entourée de ses fidèles conseillers. Ces derniers avaient des statuts divers et variés : Mage, alchimiste, mestre, riche marchand… Les membres étaient sélectionnés en fonction de leur grade, leur expérience, leur fonction au sein de la cité et leurs qualités remarquées durant les graves crises du passé.
Le Roi Aldwil était en pleine conversation avec ses fidèles guides. Les membres du conseil d’un âge avancé avaient des dégaines différentes : barbus, chauves, gros tuniqué… Des soldats à chaque coin de la pièce montaient la garde. Une fois tous les invités présents, un soldat annonça le discours du Seigneur. Le monarque présida la table ovale :
– Comme vous le savez nous avons été assiégés une nouvelle fois. Il faut, sans plus attendre, nous préparer pour un prochain sommet réunissant tous les royaumes environnants. Ce dernier devrait se tenir dans un lieu secret. A l’heure où les traîtres nous entourent, seuls les monarques et les princes seront conviés. Je demanderai à chacun de se confier à moi, pour le bien de notre terre. Qui se cache derrière ces attaques bon sang, puisque le Roi sur la montagne a été déchu ?! Personnellement, je crois de plus en plus que nous sommes entrain de vivre les signes de la fin du monde tels que l’avait prédit Ibus Le Sage. Sa prophétie décrit le jour de la résurrection des morts. La montagne noire cracherait des gobelins par milliers. Telle une nuée de fourmis, les créatures envahiraient notre monde quand l’Homme en Noir les aura relâchés de la barrière protectrice et nourrissante appelée Noirpic. Les morts se lèveraient de leur tombe et les étoiles du ciel tomberaient. Ciel et terre ne feraient qu’un, avant qu’un tourbillon infernal n’aspire notre monde.
Tous écarquillèrent les yeux en entendant ce récit.
Il convient de dire que notre monde doive s’en remettre une fois de plus aux magiciens et je veux leur faire confiance.
Je dois vous avouer que ma rencontre avec le prophète Ibus a changé ma vie, nous lui devons beaucoup. J’étais encore jeune à l’époque et je cherchais des magiciens bénévoles pour nous aider à marcher sur Noirpic.
Dans un monde divisé, il a été le seul du royaume de Terrelongue à répondre au nom de l’amitié. Il nous a montré l’exemple, mais il n’a fait que retardé l’échéance. L’oeuvre de destruction du Malin ne s’est pas arrêté.
Alors suivons sa parole et rallions nous enfin. Il nous a appris qu’il nous faut à tous faire le premier pas, si nous voulons léguer notre terre à nos enfants demain.
Les hommes ont maintenant le devoir de se rassembler. Nous allons sonner le cor de l’amitié et demander l’aide de nos voisins sans plus tarder.

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