Les cours se passent bien, ils suivent avec assiduités, ces gosses sont prêt à tous pour un peu d’attention, et tu es plus que ravis de tout donner. Il y a quelque chose de gratifiant à les voir tout fier de leur prouesses. Et certains sont extrêmement doués, que ce soit pour le graphisme, ou l’écriture. Un sentiment d’injustice devient un autre de tes compagnons quotidiens, ces gosses méritent mieux, pourquoi n’y ont-ils pas droit? Pourquoi personne ne se préoccupe-t-il d’eux? Il est tentant de trouver la une justification à ta vie, de tout remettre à une cause divine, de te dire que tu ne fuis pas, mais que ta place est finalement ici et que c’était ton destin de t’occuper d’eux, de leur donner une chance… c’est un beau rêve, mais tu sais que l’inconvénient avec les rêves est que tu dois te réveiller, toujours. Alors tu essaies de garder tes distances… enfin tu te dis que tu gardes tes distances.
Alors que fais-tu dans cette cuisine, les mains dans la pâte? Tu dis que c’est une surprise, une récompense pour les efforts qu’ils font dans leur autre études, leur niveau a beaucoup progressé, il est vrai. Tu t’es mis en tête de leur faire les biscuits originaires de ta ville, les navettes, tu as acheté ce qu’il fallait ce matin, suffisamment pour que tout le monde en est. Te voyant arriver chargé comme tu l’étais, Dalia s’est immédiatement proposée pour t’aider, Dalia se propose immédiatement pour t’aider dans tous ce que tu fais, et tu en es heureux. Le seul point noire de ta vie reste le Fidelis, ta résistance interne se porte bien, pas qu’elle soit en train de l’emporter, loin de là, mais tu te rappelles que tu n’as pas encore abandonné. Tu n’en as pas encore parlé à Dalia mais lorsque tu la vois te regarder, une trace de farine sur la joue, tu te dis que tu ne pourras pas repousser l’échéance bien longtemps, il faudra lui en parler… Tu n’as pas envie de la perdre, la pensée devient même plus difficile chaque jour, mais quel future peut il y avoir pour vous deux?… Tu décides de remettre cette discussion à plus tard. Tu décides toujours de remettre cette discussion à plus tard, espérant tout en craignant que tu te trompes, qu’elle ne s’intéresse pas à toi.
Lorsque tu sors les biscuits du four, tu as un moment un peu peur, les gosses ne font pas de bruits. Ils regardent les pauvres excuses d’attentat à la pâtisserie sans réellement les comprendre. Tu penses à tout ce que tu as pu faire de travers… le doute te traverse un moment. Il t’étreint d’avantage, lorsqu’ils demandent ce que ça peut être. Le plus courageux d’entre eux, en prend un d’un air dubitatif et l’essai, sur l’insistance de la mère supérieure. Tu ne veux forcer personne, tu ne comprends pas leur réactions. Dalia est derrière toi, tu n’as pas réalisé qu’elle te tenait la main, l’ombre d’un sourire sur le visage. Le gosse goute le gâteau, un moment qui prend une éternité, il mâche… doucement tout d’abord, puis une sorte de lumière s’allume sur son visage. Tu ne le vois pas engloutir le reste. Il est tout surpris, le reste est une razzia infernale, l’armée d’Attila lâchée sur des paysans sans défenses, la quantité de gâteaux ne survit pas à la prochaine heure, même malgré les meilleurs efforts de la mère supérieure, qui sourit maintenant ouvertement. Dalia t’explique que la plupart des enfants ont rarement mangé de sucreries, les fonds de l’orphelinat ne permettant pas de leur payer autre chose que le strict minimum pour la survie. Elle rayonne, elle n’a toujours pas lâché ta main, tu n’as d’ailleurs fait aucun effort dans ce sens.
La bande de vorace petit monstres, a fini son œuvre d’extermination, ils te dévisagent avec de grand sourires, l’un d’eux annonce fièrement que tu vas épouser Dalia et rester avec eux pour toujours. L’annonce et l’enthousiasme qui l’accompagne te fait monter le rouge aux joues, tu cherches désespérément un trou de souris pour aller te refugier, mais il n’y a nulle part ou te cacher et tu es tout seul, nu devant l’armée d’inquisiteurs en culotte courtes. Dalia prend les choses en main et tente calmer la bande de sauvageons tous excités déjà fermement décidés à organiser les prochaines fiançailles, tu remarques qu’a aucun moment elle ne tente de les contredire. Tu réalises qu’ils ont fait plus que t’accepter, tu leur appartiens, la figure paternelle qu’ils n’ont jamais eu, à la fois père et grand frère. Tu te sens écrasée par cette responsabilité sans penser une seconde à la délaisser. Tu es chez toi.

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