Elle te demande comment s’est passée ta réunion avec le directeur. Tu ne sais trop que lui dire, tu commences par la corriger, à défaut de directeur, c’est une directrice. Et quand tu vois sa réaction tu ne sais guère que lui dire, tu ne veux pas lui faire du mal, tu sais combien elle peut être jalouse et soyons honnête, tu adores ca, mais d’un autre cote il t’est insupportable de lui mentir. Vous vous êtes rencontres il y a 3 ans à l’académie, vous ne vous êtes plus séparés depuis, il te semble impossible de ne faire que regarder une autre femme. Dommage que Magalie (c’est son nom) n’en soit pas encore convaincu. D’un autre coté ta “réunion” avec la directrice n’était pas exactement ce que tu pensais, tu étais venu préparer pour ton affaire et au fur et à mesure de ta présentation tu t’es aperçu qu’elle ne pouvait pas plus s’en moquer. Exaspéré et vexé, tu as fini par lui demander ce qu’elle attendait de toi… la réponse était… inattendue. En fait tellement que tu n’as pu que courageusement ramper vers la porte de sortie. Le sourire à peine contrariée qu’elle t’a donnée t’a glacé le sang dans les veines. Tu t’es senti comme une sorte de mulot en face d’une bande de chats affamés. Il y avait quand même quelque chose d’assez grisant à dire non à l’une des personnes les plus puissantes au monde, un certain courage, de l’héroïsme même. C’est sous cet angle que tu as préféré l’annoncer. A ta surprise Magalie n’en tire aucune satisfaction, au contraire elle a pris un ton très concerné. Tu as beau la rassurer sur tes sentiments pour elle, tu n’as pas totalement réussit à la calmer. La multiplication des veillées de nuit qui ont suivis n’ont rien fait pour arranger les choses. C’est là qu’on t’a mis sur une vraie affaire, en Afrique, on soupçonnait l’existence d’un labo clandestins, tu devais agir sur place. Ta relation avec Magalie devenait difficile, elle semblait toujours avoir peur et tu n’arrivais plus à la rassurer, inutile de dire que tu ne le vivais pas bien, alors un peu de temps en dehors de tout ça vous ferez peut être du bien.
C’est dans cet état d’esprit que tu arrivais en Uganda, le pays avait bien change depuis le 21 eme siècle, la relative stabilité qui s’y été établis a été complètement balayée durant les émeutes pro égalitaires de 2122. Le gouvernement encouragé par le G-12 a déclaré les protestants traitres à la patrie et le président s’est proclamé “à vie”… supporté par le Pluralis. Comme dans le reste du monde, si la vie s’est allongée, le renouvellement d’idée a suivis le même chemin. Les progrès n’arrivent que de manière sporadique, les technologies restent donc plus longtemps, ainsi que leur prix, ce qui freine le développement de la plupart des pays de l’Autre Monde (et du G-12 mais il ne faut surtout pas en parler). En fait le progrès est si lent qu’il ne peut combler le décaie, les bâtiments tombent par faute d’entretiens, mais rien ne vient les remplacer, la plupart des villes de l’autre monde ressemble à un paysage post apocalyptique, les réseaux électriques ne peuvent alimenter que certaines régions, surtout les résidences gouvernementales et les ambassades du G-12. Quand à l’eau… avec les réchauffements climatiques c’est toute l’écologie locale qui a changée. Si les membres du G-12 ont accès à des drogues rendant l’organisme plus résistant à ces conditions (besoin de moins d’eau, supporte de plus vaste piques de températures, meilleur système défensif, ajustement des pores de la peau pour les climats humides, ou meilleures réutilisation de l’eau pour les milieu désertique) la vaste majorité de la population n’a pas suivis. Ces gens sont passés d’un climat tropicale à désertique en quelques décennies sans avoir aucun moyen pour s’y adapter, puis quand les pluies annuelles tombent la quasi-totalité du pays se trouve sous les eaux. Les morts dues aux inondations sont énormes mais comblées par une politique de surnatalité (les aides du G-12 se dirigeants dans ce point précis, avec interdiction du préservatif et de tous moyens contraceptifs contre des drogues pour faciliter les accouchements, ou qui assure la sante du fœtus, la population devant payer ses “aides” avec la seule chose qui leur reste a produire… les leurs) mais pas de fond dédiés à l’éducation. L’Uganda est devenu un de ces pays que l’on appelle aujourd’hui “centre privilégié d’essais cliniques”, en fait une population de cobayes entièrement dédiée à se faire médicalement mutiler par les entreprises pharmaceutique. Tu ne le savais pas au début, tu voulais sauver le monde, 1 mois d’enquête sur le terrain plus tard, tu es prêt a tout faire sauter. Tu ne savais pas, tu y croyais… tu voulais changer les choses, mais que pouvais tu faire devant l’ampleur de la tache? Tout allait de travers, et pour arranger les choses Magalie ne répondait plus à tes messages. Ajoute à ça le malaise de plus en plus important lié à ton enquête. Tu voyais bien la misère autour de toi et pourtant ton enquête te forçait dans la seule zone où tout allait relativement bien. Le taux de mortalité dû aux maladies, ou d’infirmités était bien en dessous de ceux du reste du pays, les gens vivaient en moyenne 10 ans de plus qu’ailleurs et en bien meilleur forme. Paradoxalement c’était là où la demande d’aide à l’accouchement était la moindre, tout cela était très bien caché bien sûr, d’autant plus que les hôpitaux locaux, n’ayant pas forcement l’électricité en permanence, avaient toutes leurs données sous forme de papier qu’il fallait se peler un classeur à la fois, même avec les aides à la lecture électronique et les aides de mémoires, d’attention et d’accroissement de réactivité (histoire de lire plus vite), cela prenait des heures. Tu avais aussi l’impression d’enquêter sur la mauvaise chose. Ces gens se portaient mieux que le reste du pays, quelques soient les gens responsables ils méritaient plus une médaille qu’autre chose, tu en as même fait part à ton supérieure un jour. Ce dernier s’est contenté d’ajourner la réunion, il t’a ensuite invité dans un bar où vous avez discuté du devoir, de philosophie obscure, et de l’état politique du monde. Tu penses qu’il voulait te dire quelque chose mais tu ne l’as pas compris tu étais trop préoccupé par ce que tu soupçonnais être une injustice pour l’écouter, et puis ses tentatives à être sympathique t’exaspéraient.
Sans nouvelle de ta petite amie, tu avais le choix entre devenir fou ou finir ton enquête, tu voulais comprendre, tu voulais savoir. Tu commençais à te sentir une responsabilité, qui faisait ça et pourquoi ? Et surtout pourquoi recherchais-tu un coupable? Alors tu as forcé, tu as abusé de tes droits, tu as utilisé toutes tes capacités et tu les as trouvés. Tu aurais préféré échouer…

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