Baltimore, USA, 8 août 2015

— Comment ça, « envolés » ?

Charles Yan regretta immédiatement l’absence de moniteur entre lui et le docteur Thorne. Celui-ci arborait au visage l’écarlate des grands soirs.

— Littéralement, répondit-il, enchaînant rapidement avant que le docteur ne lui lance un objet lourd à la tête : D’après les informations que nous avons reçues d’Ares, l’opération de Raspoutine a été contrariée par un aéronef armé.

Il évita de mentionner que certaines informations parlaient d’un rayon tracteur invisible ou de la transformation de la camionnette en véhicule spatial et d’autres fariboles du genre.

Le docteur Thorne se rassit dans son fauteuil, son visage reprenant une couleur plus naturelle au fur et à mesure qu’il se barrait de rides soucieuses. Il grommela un chapelet d’imprécations inaudibles, puis frappa du plat de la main sur la table. Charles Yan espéra qu’il n’avait pas trop sursauté.

— Bon, finit-il par grogner, voyons le bon côté des choses : nous sommes débarrassés de cette engeance. Et si j’en juge par votre rapport, tout ce barouf a fini par attirer l’attention de la police allemande. Si on les pousse un petit peu, leur rapport pourrait très bien être l’étincelle qui nous permettra d’initier le plan Redlum sans avoir à nous exposer.

— En effet, docteur. Par contre…

— Oui, il y a ce point d’interrogation autour de cette… Ikarus, c’est cela ? J’ai déjà demandé à Loyola un audit et cela devrait nous permettre de renforcer la sécurité opérationnelle autour de Mazda. Un mal pour un bien.

— Et pour Raspoutine ?

— Son incompétence nous a coûté pas mal de ressources, laissez-le donc pourrir dans son lit d’hôpital et veillez à ce qu’il ne soit jamais en état de communiquer !

Charles Yan grimaça. Il aurait préféré une élimination directe pour fermer une potentielle faille de sécurité, mais l’élimination d’un des membres du Directoire ne pouvait être décidée que par Thorne lui-même. Et il ne pouvait pas s’empêcher de penser que cette décision était également un message qui lui était adressé.

Unborn-Oracle.net, 8 août 2015

Nous reviendrons, soyez-en sûrs.

Nous allons voyager vers une étoile lointaine, retrouver nos familles et régler quelques petits problèmes qui ne peuvent plus attendre. Mais nous reviendrons.

La musique, que ce soit la nôtre ou celle de tous vos groupes préférés, est une clé. Elle peut vous permettre de changer le monde en ouvrant votre esprit à ce qui vous entoure, en cherchant ce qui nous connecte, ce qui nous relie et ce qui nous unit.

Notre peuple l’appelle l’Arbre-monde.

Point L5, 11 août 2015

La première pensée cohérente que Rage parvint à formuler était de l’ordre de « tiens, où est passé mon pantalon ? », suivi de près par « au fait, où sont tous mes vêtements ? »

Il n’avait pas froid : la température de la pièce dans laquelle il se trouvait était agréable et la couche sur laquelle il reposait tiède et ferme, avec une texture qui lui rappelait un peu les tissus synthétiques des maillots de sport. Mais une bonne partie de ses sensations lui parvenaient comme à travers un brouillard.

Il ouvrit les yeux, s’attendant à la lumière crue d’une chambre d’hôpital ou, au contraire, à l’obscurité d’une maison particulière. Au lieu de cela, il se tenait dans une salle assez vaste, plongée dans une pénombre apaisante, d’où des touches de lumières chaudes et tamisées soulignaient des reliefs tout en courbes. En fait, « apaisant » définissait assez bien le décor, jusqu’à la rumeur d’eau vive, à la limite de son audition.

Au fur et à mesure que ses sens se réveillaient, Rage constata qu’il avait une sorte de pansement sur la cuisse, à un endroit où il ressentait comme une vague gêne ; il avait également plusieurs petits cercles de tissus posés sur divers endroits de son anatomie : tempe, pli du coude, poitrine et aine. Il bougea précautionneusement une main pour toucher l’un d’eux.

— C’est un senseur.

— Aah !

À vrai dire, le cri de surprise de Rage évoquait plutôt une variante de « Reuargh… », façon chaton anémique, mais le réflexe faillit le faire tomber de la couche. Une poigne puissante le retint, un visage se pencha vers lui, triangulaire et fin, les pommettes hautes ; et bien entendu, des grands yeux en amande et des oreilles en pointe, bien visibles sous des cheveux couleur bronze, tirés en arrière par un catogan.

— Hé, là ! Reste avec nous, je n’en ai pas encore fini avec toi.

La phrase inquiéta quelque peu Rage, ce d’autant plus que le nouvel arrivant était lui aussi nu, au moins jusqu’à la taille, et à peine avait son visage à peine à quelques centimètres du sien. L’autre dut lire dans ses pensées et se redressa avec un petit rire.

— Je m’appelle Saran et je suis médecin des corps. Tu es dans la salle des soins et j’ajouterai même que tu es mon dernier patient ; tous tes compagnons sont déjà repartis.
Il parlait un anglais très posé, avec un accent à la fois latin et slave. Il passa la main au-dessus d’un symbole et Rage vit avec étonnement plusieurs écrans apparaître de nulle part.

— Cool, hein ?

— Mes, euh… compagnons ?

Il rit.

— Oui, ceux que tu as failli tuer après les avoir sauvés. Ils te raconteront, mais si j’étais toi, j’essayerais d’éviter Syrin : c’est la capitaine et elle n’a pas apprécié que tu endommages son vaisseau avec ta carriole.

— Oh.

— Compte tenu des circonstances, je doute qu’elle t’en veuille beaucoup ni très longtemps. Mais tu devrais voir ça très vite : je vais couper les fonctions d’aide vitale et tu devrais pouvoir quitter cet endroit dans une heure tout au plus.

— Et, euh… mes vêtements ?

— Ils t’attendent après la sortie. J’espère que tu ne vas pas me faire une crise de pudeur comme l’autre fille : ça fait trois jours que tu es sous ma garde, j’ai eu le temps de voir tout ce que je voulais de ton anatomie.

***

Rage déboucha à l’air libre. Il n’était pas encore très flambard, mais le passage dans les thermes lui avait fait du bien. À part peut-être les latrines collectives. Quelque part, il était content de ne pas être intéressé par les choses du sexe, sinon il aurait sans doute eu des réactions embarrassantes. Surtout qu’il avait croisé pas mal de monde, hommes comme femmes, qui ne cachaient pas un certain intérêt pour sa personne.

Il avait retrouvé son sac, posé dans une sorte de casier ouvert marqué d’un symbole inconnu, à côté duquel quelqu’un avait posé un bout de papier griffonné de son nom. Il avait encaissé plusieurs projectiles ; on avait raccommodé ses vêtements, mais l’ordinateur portable était marqué de deux impacts qui avait tout l’air d’une épitaphe. Il l’ouvrit, par acquit de conscience, mais l’appareil demeura inerte ; heureusement qu’il avait prévu des sauvegardes.

Ayant constaté, d’une part, la chaleur printanière des lieux et, d’autre part, les habitudes vestimentaires des autochtones – ou absence de – il choisit d’enfiler son short et un t-shirt. Il hésita à mettre des chaussures, mais constatant que ce n’était clairement pas la mode alentours, il haussa les épaules et renfourna ses baskets dans le sac.

La salle de soin était située en bordure d’un vaste parc. Des arbres centenaires formaient une forêt massive, mais clairsemée ; dans les clairières, des grappes de bâtiments en forme d’arches imbriquées s’étalaient autour de plans d’eau et de petit canaux ; quelques silhouettes barbotaient dans l’onde. Au-dessus des frondaisons, les étoiles brillaient suffisamment pour que Rage en concluent qu’ils étaient au crépuscule.

Il s’arrêta un instant. Quelque chose ne collait pas dans le décor. Mais il n’eut pas le temps de réfléchir plus avant : quelqu’un lui tomba dessus.

Certaines forces de la nature étaient à considérer comme inarrêtables : les tornades, les raz-de-marée, les tremblements de terre et Matt en mode « effusion majeure ». Rage attendit donc, stoïquement, que les bourrades, les pleurs et les hurlements cessent, tout en protégeant ses orteils de la paire de chaussures coquées que l’ancien hooligan avait visiblement refusé d’abandonner. Il lui fallut cinq bonnes minutes pour reprendre figure humaine, avec force reniflements et un mouchage qui attira sur eux les derniers regards qui essayaient d’ignorer la scène.

Rage soupira : ça ne faisait pas une heure qu’il débarquait chez les extra-terrestres et il trouvait le moyen de se taper la honte. Le destin, sans doute.

Profitant d’une accalmie, il finit par lâcher :

— Moi aussi, je suis content de te revoir, mais il s’est passé quoi, ces derniers jours ? Et on est où, là ? Pas sur une planète ?

Matt allait ouvrir la bouche pour répondre à la première question, mais il s’interrompit avant même d’avoir commencé, leva un index pour le faire patienter et, de l’autre main, attrapa Rage par l’épaule :

— Viens, je te montre. Ce sera plus simple.

Embarqué par la poigne de son aîné, Rage suivit Matt vers une des structures en bois, une série d’arches en bois entrecroisées et posées sur une petite île au milieu d’un plan d’eau. Les quelques personnes présentes, dans et autour du bâtiment, regardaient leur équipage avec un air de curiosité et d’amusement dépourvu de toute hostilité et Rage avait l’impression d’être l’attraction du moment. Matt les dirigea vers un pilier central, comportant un escalier en colimaçon qui descendait de quelques mètres.

La salle inférieure ressemblait à un grand salon moderne, avec des murs décorés de fresques non figuratives, des séries d’arabesques aux couleurs de terre et de sable. Des tas de coussins étaient disposés de façon totalement aléatoire et une douzaine de personnes y étaient installées ; quelques-uns dormaient, d’autres lisaient sur des écrans flottants, d’autres encore discutaient – voire plus, si affinités.

Une grande baie vitrée dominait la pièce et Rage resta scotché : dehors, c’était l’espace.

— Classe, hein ?

Il prit quelques secondes pour retrouver assez de salive et demanda :

— On est où, là ?

— Dans un vaisseau spatial, si j’ai bien compris. J’ai pas retenu le nom, mais c’est un truc vachement élégant, genre elfique et tout. Il est posé dans un coin qui s’appelle « L5 », ou quelque chose comme ça. Un point stable dans l’espace autour de la Terre.

— Un point de Lagrange ?

— Ouais, c’est ça.

Rage resta silencieux un instant. Il nota que, sur la vitre, des logos indiquaient des corps célestes dans un alphabet qu’il ne reconnaissait pas.

— Ça, dit Matt en désignant un des points, c’est la Terre.

— Non, dit une voix féminine avec un fort accent slave, c’est ici.

La jeune femme qui venait de parler était de taille moyenne – c’est-à-dire petite par rapport à la plupart des habitants de l’endroit –, des cheveux bruns noués en queue de cheval et un visage rond, aux traits assez durs. Elle portait un pantalon ample et une chemise simple, dans les tons brique ; elle aussi avait abandonné la notion de chaussures.

— Ah, ouais. Rage, je te présente…

— Ikarus, répondit-elle d’abord.

— On se connaît du forum du Club, non ?

— Joyeux Noël, dit-elle avec un sourire amusé.

***

Ils finirent par rejoindre les autres dans une vaste cabine. Pour ce que pouvait en juger Rage, l’endroit était assez richement décoré, avec beaucoup de matériaux nobles, des fausses fenêtres diffusant des images de nature et des lumières étudiées pour avoir l’air naturelles ; il avait confusément l’impression qu’il s’agissait de l’équivalent d’une cabine VIP, mais il n’avait pas de point de comparaison.

À son arrivée, un peu tout le monde – Sally, Florianne, Arel, Kelvin et Max – étaient, sinon habillés, du moins décents. Ils avaient dû être avertis de son arrivée – Matt avait probablement envoyé un SMS, ou l’équivalent local – et ils avaient passé quelques vagues frusques, mais c’était de la pure convenance. Il dut reconnaître que l’environnement ne se prêtait pas à des débauches vestimentaires.

Comme il entrait dans la cabine, il croisa un jeune homme aux cheveux roux, qui était sur le départ ; il avait la particularité d’avoir une apparence de stellaire, mais avec des cheveux courts et il portait un jean’s et un t-shirt beige. Il salua Rage de deux doigts portés au visage et d’un sourire, puis s’approcha d’Ikarus et déposa un baiser sur ses lèvres.

— Maintenant que la mission est terminée, tu n’es plus ma cliente.

Elle sourit.

— En général, je ne couche pas avec des mercenaires, mais je peux faire une exception.

Les deux s’éloignèrent, la main dans la main, comme deux collégiens.

— Philip, répondit Arel à sa requête muette. Notre fils. Tu le connais probablement sous le pseudo de « Eldritch ».

— Aaaah. Je crois que je vois de qui il tient.

— Tu n’as pas idée à quel point, répondit-il en l’accueillant d’une accolade.

Personne ne semblait lui en vouloir pour le « petit accident » de leur arrivée à bord du vaisseau. Matt avait fini par lui raconter : il avait perdu connaissance alors qu’il arrivait sur la rampe qui arrivait à la navette. Kelvin avait eu la présence d’esprit d’attraper le volant et avait tenté d’utiliser ses pouvoirs de télékinésie pour freiner le véhicule. L’action combinée de ce freinage peu conventionnel, d’un coup de volant brutal et de Sally tirant le frein à main avait contribué à ce que la camionnette ne frappe le fond du hangar qu’à une vitesse très raisonnable.

Après cet épisode, tout le monde s’était retrouvé en maison de soins pour des bobos plus ou moins graves, mais Rage ayant perdu beaucoup de sang, il lui avait fallu un bon moment supplémentaire pour récupérer. À présent qu’il était réveillé, il était temps pour les Terriens de retourner sur Terre et aux stellaires de repartir vers les étoiles.

— Hmm. C’est obligatoire ? demanda Rage.

Florianne cligna des yeux, surprise. Rage entendit presque le « blink ».

— Tu veux nous accompagner ?

— Tu veux dire, est-ce que je veux aller sur une autre planète, découvrir le monde d’où vous venez, la civilisation dans laquelle, avec un peu de chance, ma planète va venir s’insérer ? C’est une question-piège ?
Matt ricana :

— Rage au pays des obsédés sexuels, ça va donner ! Tu nous enverras une carte postale ?

— Mieux que ça : je pourrais continuer le blog du groupe.

— Pardon ? Arel venait de s’étrangler avec ce qui ressemblait à de la bière et avait manqué d’arroser Sally, qui était à moitié allongée sur lui.

— OK, Unborn Oracle part pour les étoiles, les extra-terrestres vont régler une affaire de famille. Et si on racontait ça ? « En tournée avec des stellaires, the next generation »…

Un silence stupéfait suivit l’énoncé. Tout le monde se regardait, abasourdi. Jusqu’à ce que Sally lâche :

— C’est génial.

Barcelone, Catalogne, 18 août 2015

Comme d’habitude, c’était vers huit heures du matin que Karin Sinciewicz arrivait au siège de Ngora S. Coop. Elle avait sa tête des mauvais jours, ou plutôt des mauvaises nuits, mais ça ne l’empêcha pas de sourire à la quinquagénaire grisonnante qui tenait la réception et qui l’accueillit d’un cordial :

— Bonjour, Karin ! Un café ?

— Bonjour Camilla ! Avec plaisir.

— Bonne conférence ? J’ai entendu que la douane américaine vous a encore fait des misères ?

Elle soupira. À quarante ans passés, sa grande carcasse avait tendance à pardonner de moins en moins ces vols transatlantiques et les désagréments qui ne manquaient pas d’aller de pair. Elle avait aussi la sale tendance de garder les kilos plus facilement que les perdre.

— La conférence était plutôt intéressante, merci. Mais oui, comme d’habitude, les autorités américaines ont été pénibles. Ils n’aiment pas savoir que notre logiciel utilise des niveaux de chiffrage au-delà des capacités de leur NSA et sont toujours très frustrés qu’en tant qu’Américaine, je refuse de collaborer à leur « lutte antiterroriste ». Et comme je voyage toujours avec des équipements électroniques soigneusement nettoyés de toute information utile, cela les vexe beaucoup.

Karin sourit. Ce jeu du chat et de la souris durait depuis quelques années déjà, à l’époque où elle avait conçu des forums de discussion – notamment pour le Club 1225, dont elle faisait partie depuis une certaine veille de Noël 1992. Mais avec l’arrivée de Ngora et, surtout, la publicité faite autour par Unborn Oracle, les services étatiques faisaient pression sur elle, ses soutiens, ses sous-traitants et ses employés. La coopérative avait même mis au point un « dispositif homme mort » qui changeait les paramètres de sécurité – clés de chiffrage, mots de passe, certificats numériques et autres – quand un des employés-clés ne donnait pas signe de vie pendant plus de vingt-quatre heures.

— Merci Camilla, dit-elle en prenant la tasse. Quoi de neuf, aujourd’hui ?

— Les réunions de production habituelles à dix heures. Ah, et la nouvelle employée est arrivée : Irina Milosevic. Entre nous, elle aussi a l’air d’avoir fait un long voyage et d’avoir peu dormi ; je l’ai mise dans la salle de repos.

Karin acquiesça. Un long voyage, en vérité.

— Vous avez bien fait, je vais la voir tout de suite.

— Bonne journée.

Karin traversa les bureaux d’un pas lent, saluant les quelques employés déjà présents – ou pas encore partis. Elle ouvrit la porte de la salle de repos et vit la jeune femme affalée dans un des fauteuils. Elle portait un tailleur-pantalon qui était un peu long et avait retiré des escarpins qu’elle n’avait sans doute pas l’habitude de porter. Comme souvent chez les nouvelles recrues, elle s’était habillée de façon bien plus formelle que nécessaire : chez Ngora, le standard était plus à chercher du côté de la sainte trinité, aussi connue sous le nom « 3T » : trunks, t-shirt & tongs.

— Hello ! dit-elle dans un anglais marqué d’un accent américain. Tu dois être Irina ; Karin Sinciewicz, enchantée.
L’autre eut du mal à se dépêtrer du fauteuil ; Karin l’aida en transformant sa poignée de main en une traction vigoureuse.

— Euh, bonjour, répondit-elle.

— Bienvenue chez Ngora et… joyeux Noël !

Unborn-Oracle.net, « La route des étoiles », partie 2

Demain, notre vaisseau part pour une planète que les peuples stellaires appellent Ardanya. Elle se situe à environ quarante-six années lumières de la Terre, ce qui signifie pas loin d’un mois de voyage. Enfin, un peu plus de vingt jours, mais il est probable que mon arrivée au sein de l’Elyantura – c’est ainsi que s’appelle l’entité politique régionale – engendre quelques soucis administratifs et donc du retard.

Le vaisseau est assez imposant, de la taille d’un petit paquebot ; il peut emporter quelques centaines de personnes. La vie à bord est organisée autour d’un vaste espace vert qu’ils appellent « le jardin » et qui est en quelque sorte le poumon des systèmes environnementaux – mais aussi ses reins et quelques autres organes du même genre. Il filtre et reconstitue en grande partie l’eau et l’air nécessaire à la vie. Je vous passe les détails, je les ai visités et ça ne sent pas bon.

La plupart des passagers ne quittent pas cet endroit : ils y vivent, dorment, s’amusent – oui, ça implique souvent du sexe – et même l’équipage du vaisseau y vient le plus souvent possible, gérant les différents systèmes à distance. Il faut quand même dire que c’est plus sympa que des cabines.

Quand j’ai demandé ce qui se passait pendant le voyage, on m’a répondu par des sous-entendus salaces. J’ai prévu de la lecture.

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