– Dis-moi, Pierre, pour combien d’incidents notre aide a-t-elle été sollicitée cette année ?

– Quarante-sept, sire, répondit l’assistant.

– Et combien se sont finis comme le dernier ?

– C’est-à-dire, sire ?

– Avec plein de morts inutiles.

– Trente-neuf, sire.

– Cela veut dire seulement huit sans morts inutiles ?

– C’est exact, sire.

Ils chevauchaient sur une petite route de terre, tandis que le soleil se levait doucement. L’alentour était constitué d’une tranquille plaine agricole.

Il s’était passé quelques semaines depuis l’affrontement entre les miliciens et les Jüstans. Après avoir soigné les blessés, Henri avait réussi à convaincre les miliciens de laisser les familles des Jüstans récupérer les corps. Puis, il était parti.

Henri n’avait plus rien à faire là-bas. Aux yeux de la loi, tous les criminels avaient déjà payé pour leurs actes, tandis que les miliciens n’avaient fait qu’aider un paladin à se défendre. Même si une partie de lui en avait envie, il n’aurait jamais pu les arrêter pour le massacre dont ils étaient la cause.

Tout cela l’exaspérait profondément.

– Tu vois Pierre, je pense que le principal problème est que les gens ne réfléchissent pas assez.

– Vous avez sans doute raison, sire.

– S’ils prenaient le temps de mettre de côté leurs haines, tristesses, colères…pour réfléchir calmement, il y aurait moins de morts.

– Indiscutablement, sire.

– Évidemment, cela aiderait aussi s’il y avait plus de gens vertueux. Sans que tout le monde ait besoin d’être un paladin. Mais combien de fois a-t-on eu des attaques provoquées sans autre raisons que « je ne les aime pas » ?

– Trente-sept, sire.

– C’était une question rhétorique, Pierre. Je savais que la réponse était « beaucoup ».

– Désolé, sire.

– Et bien sûr cela serait beaucoup plus facile s’il n’y avait pas eu la croisade. Mais les Maisons marchandes créent aussi beaucoup de difficultés avec leurs implantations de colons à tout va, leurs magouilles pour contrôler les chefs de clans et le commerce inique auquel elles se livrent.

– Je suis sûr que vous savez de quoi vous parlez, sire.

– Tu te souviens, quand j’avais dit à un représentant de je ne sais plus quelle Maison marchande, que c’était mal d’acheter aux jüstans de l’ambre d’une valeur de plus de mille pièces d’or contre des céréales en valant à peine une centaine ? Et qu’il m’a répliqué que le bien et le mal n’étaient que des différences de point de vue ? Dire ça à moi, un paladin !

– Je m’en souviens, sire. Il était au service des Flavie.

– Ce n’est pas parce que tout le monde agit en suivant la voie du mal que la voie du bien n’existe pas !

– Je suis entièrement d’accord, sire.

– Merci Pierre, c’est agréable d’avoir ton soutien.

Henri n’était même pas ironique.

– De rien sire, je suis à votre service.

– Tu sais, c’est dur, tout cela.

– Je n’en doute pas, sire.

– Voir la majorité des gens autour de soi agir stupidement, gâcher leur vie ou celles des autres pour des raisons égoïstes. Et qui continuent, malgré le fait que tu leur montres exactement comment il faut agir…non…que tu leur dis comment ils doivent agir. Même pas pour aider les autres, mais pour s’aider eux-mêmes….

Pierre ne dit rien.

– Voir qu’ils continuent malgré tout à faire les mauvais choix est très décourageant.

– Je comprends, sire.

– Je crois en ce que dit le Messager. Je pense sincèrement que suivre ses idéaux est le meilleur chemin pour l’humanité. Mais je me demande juste si cette dernière est capable de suivre cette voie.

– Je ne sais pas, sire.

La conversation cessa ici car ils venaient de rallier une petite bourgade, la dernière qui précédait le Grand Krak des paladins.

Il s’agissait d’une typique petite ville de la Josaria, avec sa garde corrompue, sa milice impuissante, sa forte criminalité, sa pauvreté et où la moitié des terres agricoles ou échoppes était possédée par moins de cinq personnes. Henri n’avait aucune envie de s’attarder. Néanmoins, il se rendit quand même à l’église du Messager, laissant Pierre garder les chevaux à l’extérieur.

L’édifice était une grande bâtisse en pierre construite en forme de cercle, symbole du cycle de la réincarnation. À l’intérieur, il était possible d’y admirer deux beaux vitraux. L’un représentait un martyr de la période des persécutions, l’autre un paladin auréolé chargeant une foule d’hoplites achémiens.
Et, au centre de l’église, se trouvait une représentation du Messager lui-même, humanoïde sans forme définie, ni vraiment mâle, ni vraiment femelle. Il arborait un visage souriant et amical, chose qu’Henri trouvait bien plus importante que les ailes d’ange qu’il avait dans le dos et qui étaient devenues son symbole.

Il resta quelques secondes à admirer la statue et les vitraux. Puis une expression de honte apparut sur le visage d’Henri et son regard se détourna.
Il se dirigea alors vers deux femmes qu’il avait repérées un peu avant. Vêtues d’habits de voyage en laine, elles étaient assises sur des bancs, assez loin du centre de l’église, occupées à nettoyer des objets métalliques. Plus précisément, une armure de paladin tachée de sang et de boue.

Une des femmes était du même âge qu’Henri. Elle arborait une musculature semblable à celle du paladin et mesurait à peu près sa taille. Ses courts cheveux d’un brun clair, comme ses yeux, étaient sagement coiffés à plats. Mais ce qu’on remarquait le plus chez elle était l’aura de grande sérénité qu’elle dégageait.

À ses côtés se tenait une très jeune femme, à peine sortie de l’adolescence. Elle était plus petite et moins musclée, avec de beaux yeux verts et un air rêveur. Ses longs cheveux noirs pendaient librement.

– Hé salut Georgine, lança Henri à la plus âgée des deux.

L’intéressée redressa la tête puis se leva tranquillement, imitée avec un peu de retard par la plus jeune.

– Bonjour Henri, répondit la dénommée Georgine, d’un ton aimable. Je suis heureuse de te revoir.

– Nouvelle écuyère ? demanda le paladin en désignant l’autre femme du menton.

– En effet, permets-moi de te présenter Myriam. Myriam, voici Henri Matthias.

– Bonjour sire, murmura timidement l’intéressée en baissant les yeux et en rougissant.

– Excuse-la, je t’en prie Henri, reprit Georgine. Elle doit être impressionnée par ta réputation.

– Est-ce que tu lui as bien dit que je ne la mérite absolument pas et que tu as été mille fois plus méritante que moi dans cette affaire ? dit le paladin, agacé par la réaction de Myriam.

– Ton humilité t’honore, répondit Georgine. Mais la culpabilité te conduit à te déprécier. Tu as mérité que l’on te respecte. Est-ce que cela te dérange si nous continuons de travailler pendant cette discussion ?

– Pas du tout, répondit Henri. C’est le sang de qui ? enchaîna-t-il rapidement.

– De bandits, expliqua Georgine en se remettant à sa tâche, imitée par Myriam. C’étaient d’anciens soldats de la guerre en Albergian qui avaient sombré dans le vice au point de se livrer au vol et au meurtre. Le juge de la cité les avait condamnés à mort par contumace et j’ai exécuter cette sentence. Puissent-ils être plus sages dans leurs prochaines vies, conclut-elle, très solennellement.

– Puissent-ils l’être, enchaina Henri. Sinon, cela fait combien de temps que nous ne nous sommes pas vus ?

– Depuis ton départ pour les anciennes terres jüstans, soit un an. Quelle est la situation là-bas ?

– Très mauvaise, les miliciens et les jeunes Jüstans n’arrêtent pas de se battre pour un oui ou pour un non. Des vies sont brisées et des gens meurent stupidement.

– Cela est très triste, déclara Georgine, tandis que son visage arborait une expression chagrine. Nous continuons tous de payer les péchés de la croisade.

– Vingt ans après, j’aurais pensé que les gens auraient compris les erreurs commises.

– Apprendre des fautes passées est difficile, commettre un péché ne l’est pas.

– Hum, hum. Sinon…Georgine…

Henri était de toute évidence gêné et avait du mal à achever sa phrase. Cela fit lever les yeux de son interlocutrice :

– Est-ce que Marie se trouve au Grand Krak actuellement ? réussit finalement à dire le paladin.

– Henri, tu me déçois, répondit Georgine.

– Je sais, lâcha son interlocuteur d’une petite voix honteuse.

– Tu devrais aller lui parler et non chercher à l’éviter.

– Réponds à ma question, s’il-te-plaît, demanda-t-il.

– Puisque tu insistes, je le ferai, même si je continue de penser que tu as tort. Marie n’est pas présente au Grand Krak. Elle se trouve actuellement à Narli. Ce n’est pas très loin. Je suis sûr que le hiérarque te laisserait y aller si tu lui demandais.

– Sans doute. Merci Georgine. Bonne route à toi.

– Que le Messager te montre la voie, Henri. Tu en as besoin.

Le paladin retourna auprès de son assistant et des chevaux, puis reprit la route vers le Grand Krak.

Ce fut un voyage sans histoire à travers de paisibles plaines agricoles. Même si Henri savait que bien des malheurs étaient dissimulés sous le calme des lieux.

Le Krak était une massive forteresse de granit blanc. Le lierre poussait sur les murs et les bannières étaient un peu défraîchies. Mais l’endroit restait solide et était régulièrement entretenu.

À son arrivée, Henri fut informé que Richard, chef de l’Ordre de par son titre de hiérarque, pourrait le recevoir rapidement. Le paladin prit le temps de confier son cheval aux palefreniers, de retirer son équipement, de l’amener à l’armurerie ainsi que de se laver de la poussière du voyage. Puis, il alla se présenter dans les appartements de Richard, avant de toquer à la porte.

– Entrez, fit une voix d’homme âgé, mais encore en bonne forme.

Il s’exécuta, pénétrant dans la pièce. L’endroit était d’une telle sobriété que cela en était triste. Rien ne venait décorer les murs de pierre blanche et tous les meubles et objets présents avaient une fonction utilitaire : bureau, lit, étagère, nécessaire d’écriture, autel de prière… Richard n’avait jamais été du genre à garder des souvenirs.

Le hiérarque était un vieil homme qui avait dépassé les quatre-vingts ans. Ces cheveux courts étaient totalement blancs. Malgré son âge, une vie d’exercice lui conservait un corps musclé et bien entretenu. Ses yeux était d’un bleu clair, comme le ciel.

À l’arrivée du paladin, il leva les yeux du parchemin qu’il consultait mais resta assis.

– Salutations, Henri, débuta amicalement Richard. Je t’en prie, assieds-toi, dit-il en lui montrant une chaise.

Il rangea le parchemin sur une pile de son bureau tandis qu’Henri s’asseyait.

– Bonjour hiérarque, répondit le paladin avec retenue.

Cette réponse amusa Richard.

– Tu me donne du hiérarque, maintenant ? Ha ha ha, depuis quand es-tu aussi formel ?

– Les gens changent.

– Cela est vrai. Bien, passons aux choses importantes. Comment s’est passée cette année dans les anciennes terres jüstans ?

– J’ai survécu, répondit Henri, laconique.

Richard arbora une expression pleine de compassion.

– Je ne m’inquiète pas de la survie physique du meilleur épéiste de notre ordre, un paladin que je sais prudent et plein de bon sens. Mais je m’inquiète pour la santé spirituelle de mon ancien écuyer, quelqu’un auquel je tiens et dont je sais qu’il peut être sensible, dit le hiérarque, parlant comme un père rassurant son fils.

Ces paroles firent perdre à Henri son attitude défensive. Il détendit ses muscles, relâcha les jambes, baissa un peu la tête et prit une voix plus ouverte.

– Ce fut dur, avoua-t-il. J’ai vu beaucoup de personnes agir de manière stupide et égoïste, ignorant totalement ce que je pouvais dire ou faire.

– Tu as conscience que s’ils t’ignorent, ce n’est pas ta faute, n’est-ce pas ? Les Jüstans nous haïssent à cause de péchés commis alors que tu n’étais même pas né. Quant aux colons installés là-bas, ils ont été choisis par les Maisons marchandes. Patience et compréhension n’étaient pas les qualités recherchées par ces dernières.

– Je sais. Mais cela reste difficile.

– Je pense que changer d’horizon te fera du bien.

– Si seulement la situation était meilleure dans le reste du pays…mais nous savons tous les deux que ce n’est pas le cas.

– Elle n’est pas meilleure, il est vrai, mais il y a plus de gens concernés par les maux de la Josaria. Cela te fera sans doute du bien de voir des personnes raisonnables, dont l’esprit n’est pas empoisonné par de vieux conflits ou la cupidité.

– Je préférerais rester affecté là-bas, déclara Henri.

Il était visible qu’il prenait sur lui pour dire cela. Mais il semblait déterminé. Richard écarta toutefois cette remarque :

– Non, Henri, je te connais et je vois bien que cette année t’a fait du mal.

– J’y tiens, insista le paladin.

– Puis-je savoir pourquoi ? demanda Richard, prenant une pose plus sévère.

– C’est personnel.

– Penses-tu réellement que ces raisons personnelles justifient que tu ailles contre les recommandations du hiérarque de ton ordre ?

Henri hésita quelques secondes. Il semblait avoir du mal à trouver quoi répondre.

– Non, lâcha-t-il finalement.

Cela fit perdre à Richard son air sévère.

– Tu ne souhaites toujours pas en parler, je suppose ?

– Désolé, mais non, répondit Henri d’un air à la fois soulagé et un peu honteux.

– Fort bien.

Le hiérarque était visiblement déçu, mais il n’insista pas.

– Je te réaffecte au Grand Krak, reprit-il.

– D’accord.

– Je te retire aussi Pierre pour placer auprès de toi une écuyère, une brillante jeune femme du nom de Jeanne Sévérine.

Cette fois Henri parut vraiment surpris :

– Quoi ?! s’exclama-t-il. Mais…je travaille avec Pierre depuis sept ans ! Je l’apprécie beaucoup…

– Parce qu’il est d’accord avec tout ce que tu dis ? réagit Richard, plaisantant gentiment.

– J’avoue que cela joue, oui, admit Henri en se calmant. Mais il est aussi très professionnel, doué pour repérer les embuscades, a une excellente mémoire… Le principal point est que je ne veux pas avoir la responsabilité d’un écuyer. Tu sais que c’est trop lourd pour moi.

– Tu penses que c’est trop lourd pour toi, mais en vérité tu en es parfaitement capable, dit le hiérarque d’un ton apaisant. Je te l’ai épargné jusque-là, car pendant longtemps, le nombre de candidats pour rejoindre notre ordre était très bas. Le souvenir des excès de la croisade, ainsi que de la purge qui a suivi, était vivace. Mais depuis ces sept dernières années, le nombre de personnes voulant rejoindre nos rangs a considérablement augmenté. Cela est d’ailleurs directement lié à ta réussite à Maxaberre.

– Je ne suis pour rien dans le succès de cette affaire et tu le sais, répliqua Henri.

– Si tu veux, dit Richard. Reste que je ne peux plus me permettre de laisser un paladin sans écuyer. C’est une simple question d’effectif et de devoir que tu dois remplir.

– D’accord, dit Henri. Je comprends, je n’ai pas à être privilégié par rapport aux autres membres de l’Ordre. Mais pourquoi une fille ? Traditionnellement on affecte plutôt des garçons à des hommes, non ?

– Comme tu le dis, c’est ce que nous faisons traditionnellement. Mais là encore une fois, je suis contraint par les effectifs : il y a tout simplement plus d’écuyères que de paladines disponibles pour les former.

– Tu n’es pas inquiet de cette situation ?

– Non. Je sais que d’autre ordres dans d’autre pays ont connu des…incidents lorsque ce genre de situation est arrivé, et d’ailleurs même sans que les deux sexes aient à être différents. Mais ici, en Josaria, cela ne s’est jamais produit. Nous sommes beaucoup plus engagés dans notre foi, pour le meilleur et pour le pire.

Richard montra une expression de grande tristesse à ces mots, tandis que son regard se perdait dans de lointains souvenirs. Henri savait ce qu’il évoquait. Le hiérarque était un des paladins ayant participé à la croisade contre les Jüstans, un des rares qui avaient refusé de commettre des massacres de civils et autres actes ignobles contre les païens. Pour cela, il avait été exclu de l’Ordre, n’ayant été réintégré qu’après la purge.

– Ce que je subis aujourd’hui ne doit être rien comparé au fait de voir ses frères et sœurs de l’Ordre sombrer dans une folie sanguinaire, déclara Henri.

– Oui, cela fut la pire période de ma vie, dit Richard, revenant doucement dans le présent. Mais ce n’est pas parce que les épreuves que tu vis sont moins dures que celles que j’ai traversées qu’il ne faut pas pour autant t’aider, ajouta-t-il.

– Tu repenses à tes pires souvenirs et même dans cette situation je trouve le moyen de me plaindre, et toi, de me réconforter.

– Cela me fait plaisir de t’aider, Henri. J’espère que tu prendras toi aussi autant de plaisir à aider Jeanne.

– J’espère déjà que j’arriverai à l’aider, dit le paladin, à moitié ironique.

– Cela ne devrait pas être trop difficile. Comme je te l’ai dit, elle est très brillante. Beaucoup des formateurs la qualifient même de génie. Elle a obtenu les meilleurs résultats en histoire, théologie et science militaire. De la même façon, elle est la plus douée de cette génération à l’épée et à l’équitation. Il n’y a qu’en morale que ses résultats sont « juste » bons.

– Pourquoi gâcher un tel joyau en me la confiant ? demanda Henri.

– Je ne pense pas un seul instant que te la confier soit du gâchis, déclara Richard.

– Tu me surestimes. Tout le monde me surestime depuis Maxaberre.

Cette fois Henri parlait de manière totalement sérieuse.

– Au contraire. Je pense que tu as beaucoup perdu là-bas et que tu étais bien meilleur avant cette affaire.

Le ton de Richard était triste, mais compatissant :

– La victoire a été obtenue à un coût élevé. Subir cette perte t’a blessé et tu n’as pas encore guéri de cette plaie. Elle n’a fait que s’aggraver avec le temps.

– Tout ce que j’ai perdu depuis Maxaberre est mon insouciance, déclara Henri, clairement de mauvaise humeur.

Richard soupira, puis sourit tristement.

– J’ai fait dire à Jeanne que tu irais à sa rencontre à midi, dit-il. Cela te laisse encore plusieurs heures devant toi. Prends ce temps pour prier et méditer. Tu en as besoin. Ensuite, va faire connaissance avec ton écuyère. Je suis sûr que cela se passera très bien.

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