Le temps passait vite et après plusieurs heures de marche, ils virent enfin le grand portail du royaume. Il était très semblable à celui de RealSand sauf qu’il faisait cinq mètres de plus à cause de la taille de ses habitants. C’était un gollome qui gardait le portail du royaume, il était très grand et avait une lance dans sa main. En voyant des humains, il se mit à taper de pieds et les menaça de sa lance pour les empêcher de passer. Cependant, comme tous ses congénères, il était loin d’être intelligent et il ne fallut que quelques secondes à Eldor pour le convaincre de les laisser passer. Il lui fit croire assez facilement qu’il pourrait l’aider à devenir riche s’il les laisser franchir la grille. Le gollome prit à peine le temps de réfléchir et accepta le marché. Il ouvrit la grande porte et leur permirent d’entrer. Eldor passa le premier avec sa fille puis Exéus et Varro les suivirent. A l’intérieur, c’était incroyable. Tout était disproportionné, les maisons, les portes, les routes, tout était fait pour qu’un gollome puisse vivre à son aise.
– Ca alors! s’écria Varro
Tout le monde était ébahi à la vue d’un tel endroit. Ils n’avaient jamais rien vu d’aussi surprenant.
Eldor et le reste du groupe passèrent inaperçu de par leur taille ridicule face à ces géants de six mètres. Le décor était magnifique, les montagnes en arrière plan donnaient à Rochevreux l’impression d’être en hauteur. Les bâtiments étaient tellement grands que le ciel était peu visible. Les gollomes étaient laids, mal habillés et donnaient l’air de ne rien comprendre à ce qui se passait autour d’eux. Il y en avait de toutes sortes, des grands, des plus petits, des chevelus, des barbus, des chauves. Leurs femmes n’avaient rien de féminin seul leurs cheveux longs les différenciaient des hommes. L’intérieur de leur maison était des plus sobre. Un énorme lit et une énorme table suffisaient à leur confort. Depuis leur arrivée, Eldor et son groupe avaient faillit se faire écraser par les pieds de ces géants des centaines de fois. Plus tard dans la journée, ils virent un gollome, qui semblait être leur chef, de par ses disciples qui le suivaient à la trace. Il portait un drôle de couvre-chef qu’aucun autre à part lui n’avait. Il les remarqua et s’approcha d’eux. Eldor prit de peur par ce soudain intérêt ordonna aux autres d’aller se cacher. Ils trouvèrent refuge dans un trou creusé dans le mur d’une maison. Le gollome s’approcha d’Eldor.
– Qu’est ce que toi faire ici ?
– Je, je viens juste passer la nuit ici avec mes amis…
– Non, toi pas rester ici, toi partir, toi pas gollome.
– D’accord, d’accord je vais m’en aller.
Eldor marcha à reculons et s’approcha de l’endroit où se trouvait le reste du groupe. Il baissa les yeux pour ne pas croiser le regard du gollome, s’approcha d’Exéus et lui dit qu’il fallait partir. Ils ne se firent pas prier et quittèrent l’endroit. Ils se mirent à la recherche dans nouvel abri pour la nuit.
– Où est-ce qu’on va aller ? demanda Varro
– Je n’en sais fichtrement rien mon ami. Les gollomes de Rochevreux sont connus pour être très coriaces nonobstant leur idiotie. Ils protègent leur royaume et ne laissent personne y entrer et encore moins y rester. Ils sont un peu comme les Sirnient, ils sont très méfiants.
– On ne va quand même pas dormir dehors ? s’exclama Exéus.
– Cette grotte n’a pas l’air trop mal ! s’exclama Dana.
Ils regardaient tous à présent, l’ouverture dans la montagne que Dana montrait du doigt.
– Très bien dit Eldor. Nous dormirons là bas.
Il passa devant et marcha en direction de la fameuse grotte. Les autres firent de même et le suivirent. Soudain, son médaillon le brûla et devint orange.
– Que se passe t-il demanda t-il inquiet à Eldor?
Avant qu’Eldor ne put répondre, une petite voix se fit entendre. Exéus se retourna et chercha d’où venait le bruit. Un homme était là devant eux et leur souriait. Il devait avoir la quarantaine. Il était grand, malingre, avec des cheveux blonds filasses et un nez aquilin. Ses yeux verdoyants contrastaient avec son teint pâle. Exéus et le reste du groupe s’approchèrent de lui.
– Qui est-tu ? demanda Eldor.
– Je suis Filen.
– Que fais-tu ici Filen?
– Je viens vous aider pardi. On parle de vous dans tout RealSand. Selon les rumeurs vous seriez morts, mais moi je n’y ai jamais cru. Je suis donc parti à votre recherche et je vous trouve ici. A Rochevreux, c’est incroyable!
– Pourquoi veux-tu nous aider s’enquit Eldor méfiant?
– Les Mandores ont tué mes parents lors de la guerre de 1439. J’ai toujours voulu me venger, alors quand j’ai appris qu’un des leurs avait survécu et que vous vouliez le tuer, j’ai sauté sur l’occasion.
– C’est bien gentil, mais d’où tiens-tu l’idée que nous cherchons le Mandore survivant.
Filen parut soudain géné.
– J’ai entendu Drac le dire à son père finit-il par avouer.
Eldor était hors de lui.
– Tu ne devrais pas accorder trop d’importance aux propos de Drac. Quoiqu’il en soit nous n’avons besoin de personne. Rentre chez toi lui assena Eldor tout en s’éloignant.
Tous partirent et laissèrent Filen seul à ses réflexions.
– Attendez, finit par dire Filen, je sais quelque chose qui pourrait vous intéresser.
Tous s’arrêtèrent et se retournèrent vers lui.
– Alors parles! dit Eldor.
– Eh bien, je sais où sont les parents de notre jeune Exéus.
A ces mots, Exéus devint blanc et s’approcha de lui pour mieux écouter ce qu’il avait à dire.
– Qu’est ce que tu attends vas y! cria Exéus.
– Avant tout, je veux que vous promettiez de m’amener avec vous.
– Hors de question! dit Eldor catégorique.
– Non, je veux savoir où sont mes parents, cria Exéus.
– Réfléchis bien mon garçon! S’il nous ment, ils nous mettra tous en danger.
– Qu’il en soit ainsi, je veux savoir hurla Exéus.
Filen avait l’air satisfait, il avait obtenu ce qu’il voulait. Il regarda longuement Eldor et parla.
– Tes parents, sont en ce moment avec Decimus.
– Qui est Decimus questionna Exéus?
– Tu l’ignores?
– Qui est il? cria Exéus en redoutant le pire.
– C’est le Mandore survivant bien-sûr!
– Comment connais tu son nom?
– Et bien, c’est ce qui se dit dans le continent de Gauche.
Exéus n’en revenait pas. Cet homme, Filen, qu’il n’avait jamais vu auparavant, apparaît soudain et lui annonce que ses parents étaient avec la créature la plus dangereuse de Cryon.
– Ils sont encore vivants finit-il par demander?
– Nul ne le sais. Mais nous le serons bientôt.
– Attendez, dit Eldor. Comment savez vous qu’ils sont avec lui. Personne pas même moi n’a eu connaissance de ce fait. Vous ne voyez pas l’avenir à ce que je sache ?
Filen avait l’air gêné.
– Je voyage beaucoup, un de mes informateurs m’a assuré qu’un couple ressemblant comme deux gouttes d’eau au fils du roi Augurre 2 récemment décédé et sa femme avaient pris un bateau pour le continent de Gauche, autrement dit avec Decimus.
– Qui est cet informateur?
– Un Touzient.
– Vous rigolez, un Touzient en répétant le mot plusieurs fois. Ce sont les êtres les plus arrogants et les plus manipulateurs que Cryon ait jamais porté. Ce ne sont pas des sources sûres.
– Peu importe coupa Exéus. Je veux en avoir le coeur net. En presqu’une semaine, c’est la seule information que j’ai pu obtenir. S’ils sont encore vivants, je veux les sauver, même si je dois pour cela amener un inconnu avec moi.
Le reste du groupe écoutait la conversation sans rien dire. Ils ne savaient plus quoi penser.
– Alors je viens avec vous, dit Filen tout heureux?
– Je te préviens cria Eldor, un seul faux pas et tu pars. C’est compris.
– Absolument !
Eldor paraissait plus énervé que jamais. Il ne connaissait pas Filen et il ne lui inspirait pas confiance. Il ne pouvait pas en vouloir à Exéus, retrouver ses parents était pour lui capital, même lui, aurait sûrement fait pareil.
Sur la route, Exéus, Varro et Dana questionnèrent Filen à propos de ses voyages et de ce qu’il avait vu. Filen racontait qu’il avait été à Menosque où vivent les elfes d’hiver. Il leur raconta que le froid là-bas était tel, qu’il avait dû enfiler tous ses habits et ses couvertures qu’il avait amené alors que les elfes se baladaient nus sans être affectés par la température. Il leur dire qu’il avait été aussi à Traux où vivent les nains victorieux. Il leur apprirent qu’ils ne mesuraient pas plus d’un mètre.
Tout le monde était absorbé par ses voyages et ses aventures. Eldor observait quant à lui la scène.
Arrivés à la grotte où ils étaient censés dormir, Eldor suggéra à Filen d’aller chasser du gibier pour le repas. Ce dernier accepta sans rien dire et s’en alla pour montrer sa bonne foie. Dés qu’il fut parti, Eldor s’approcha d’Exéus.
– Mon garçon, tu commets une grave erreur. Ce Filen est sûrement un ami de Drac, il a peu être de mauvaises intentions, d’ailleurs, ton médaillon ne t’a t-il pas brûlé juste avant qu’il n’apparaisse?
– Peut être, mais il peut nous aider à retrouver mes parents et je ne laisserais pas passer une chance pareille. Il suffit que l’on soit vigilant et qu’on le surveille en permanence. Et puis, ses parents ont été tués par un Mandore, peut être veut-il vraiment se venger et nous aider?
– Eldor était dubitatif.
– Nous verrons bien, en attendant il reste avec nous dit fermement Exéus.
La discussion prit fin et Filen revint juste après avec un cerf assez gros pour tous les nourrir. Eldor le dépeça et l’embrocha pour le faire cuir à la chaleur des flammes. Ils mangèrent le cerf en entier. Après ce copieux repas, Filen proposa de leur raconter de nouveau une de ses aventures. Tous acquiescèrent. Seul Eldor ne semblait pas d’accord. Après une bonne heure de récit, ils allèrent tous se coucher. Eldor cependant n’était pas tranquille, il restait persuadé que Filen leur préparait un mauvais coup. Cet homme en savait beaucoup trop pour être honnête. Il était peu être un espion pour le compte de Drac ou de son père et il avait peu être à l’idée de faire échouer leur mission. Alors qu’il se retournait, il vit Filen qui retirait sa couverture et qui sortait de la grotte. Eldor crut rêver. Il se demanda pourquoi diable, il était parti. Quelques instants plus tard, il revint et se recoucha. Eldor ne savait plus quoi penser. Qu’était t-il aller faire à cette heure si tardive? Il se dit qu’il attendrait demain pour avoir une petite discussion avec lui.
Le lendemain, à son réveil, Eldor trouva la tente vide, il n’y avait personne. Il se leva et ramassa toutes les affaires restantes. Il sortit et chercha le reste du groupe. Il finit par les trouver dans les bois avec Filen qui leur apprenait à chasser. Eldor s’approcha d’eux.
– En route, dit-il, Traux n’est pas la porte à côté alors dépêchez vous.
Personne ne le contredit et tous le suivirent. Alors que les trois adolescents parlaient ensemble, Eldor s’approcha de Filen et l’aborda en chuchotant.
– Que faisiez-vous hier soir?
– Eh bien, je suppose que je dormais comme vous, dit-il ironiquement.
– Ne faites pas l’idiot avec moi, je sais que vous vous êtes levé dans la nuit et que vous avez quitté la tente, alors dites-moi où vous étiez?
– Vous savez, les humains ont besoin de se soulager même en pleine nuit. Alors, à moins que vous vouliez que je pisse dans la tente, je doute d’avoir commis une erreur en sortant dehors.
Offusqué par l’interrogatoire d’Eldor, Il se dirigea vers Exéus et les deux autres. Eldor était septique. Il se dit que si c’était un imposteur, il finirait par montrer un jour ou l’autre son vrai visage.
Varro et Dana semblaient maintenant bien mieux s’entendre au plus grand plaisir d’Exéus. Ils pouvait enfin discuter de choses sérieuses tous ensemble sans craindre les sempiternelles disputes.
– Je le trouve sympa, moi Filen s’exclama Dana.
– Oui, il parait gentil et toutes ses aventures sont intéressantes, j’ai hâte d’entendre un de ses prochains récits, répondit Varro.
-Tu crois qu’il serait en train de nous mentir? dit soudain Exéus.
– Pourquoi ferait-il cela? dit Dana, quel serait son intérêt?
– Ton père pense qu’il nous manipule depuis le début. Tout à l’heure, j’ai entendu une de leur dispute. Apparemment, Filen serait sorti pendant la nuit, mais je n’en sais pas plus, je n’ai pas pu tout entendre car Eldor m’observait.
– Oh c’est rien, il devait sûrement avoir envie de prendre l’air, dit Varro.
– J’espère bien.
– Ne t’inquiète pas! Il est tout à fait normal que tu aies des doutes sur lui. Mais, si tu retrouves tes parents grâce à lui, tu le remercieras, crois moi.
– Tu as raison, il n’y a pas de raison de s’inquiéter.
Ils marchèrent pendant plusieurs heures en direction de Traux où Eldor devait rencontrer un vieil ami.
– Qui est cette personne que doit rencontrer ton père demanda Exéus à Dana?
– C’est un voyageur qui serait apparemment revenu du continent de Gauche sans une égratignure, ce qui est un exploit. Mon père pense qu’il pourra peut-être nous aider.
La route pour rejoindre ce Royaume était d’une beauté impressionnante. Il y avait des cerisiers roses qui bordaient la route et des fleurs de toutes les couleurs étaient plantées un peu partout. Plus le temps passé, plus malheureusement, le soleil disparaissait pour laisser place à la lune. Il faisait à présent très froid. Tout le monde grelottait et priait pour trouver un abri pour la nuit. Par chance, après plusieurs kilomètres, ils en trouvèrent un. C’était un arbre avec un tronc gigantesque qui était entièrement creusé de l’intérieur. Ils s’y engouffrèrent un par un pour échapper au froid glacial qui régnait dehors. Ils sortirent chacun leur couverture et se couchèrent pour récupérer un peu d’énergie. Dans la nuit, un bruit étrange réveilla Exéus. Il ouvrit les yeux, et vit que Filen n’était plus dans sa couverture. Il voulut se rendormir mais une chaleur brulait son torse. Soudain, il vit que l’arbre était éclairé par une lueur oranger. Son médaillon annonçait un danger imminent. Exéus ne comprit pas, il crut d’abord que c’était un dysfonctionnement du médaillon. Pour en être sûr, il réveilla Eldor et lui posa la question.
– Eldor, réveille toi vite !
– Que se passe t-il ?
– Le médaillon, il est orange!
– Oh mon dieu. Où est Filen ?
– Il est parti il y a quelques minutes. C’est juste après son départ que le médaillon s’est manifesté. Vous croyez que…
– J’en ai bien peur. Il faut aller voir où est-ce qu’il est allé.
Ils sortirent tous les deux de la tente et se mirent à chercher Filen. Ils s’attendaient à le voir manigancer quelque chose contre eux, mais au lieu de ça ils le trouvèrent en train de se battre avec un loup. Il était là, les crocs sortis, la gueule grande ouverte, son pelage était recouvert de sang. Filen était en train de le maitriser, il sortit deux machettes et lui trancha la gorge. Le loup blanc lâcha un dernier cri et s’effondra sur le sol. Eldor et Exéus ne le croyaient pas. Le danger que le médaillon annonçait était tout simplement, le loup.
– Ah vous êtes là, j’ai failli y rester. Heureusement que j’avais mes machettes, sinon il serait venu et il nous aurait tous tués.
– Comment avez-vous su qu’un loup était ici, en pleine nuit? questionna Eldor.
– J’ai une excellent ouïe, j’ai entendu un grognement qui ressemblait à celui d’un loup des forêts. Quand j’étais parti à Traux j’en ai combattu quelques uns comme eux.
– C’est une chance que vous étiez là, dit Eldor d’un air cynique.
– Tout à fait dit Exéus.
Ils revinrent tous dans l’arbre et se recouchèrent. La route est encore longue pour arriver à Traux. Le lendemain matin, Filen était déjà debout et avait préparé un petit déjeuner pour tout le monde. Après le repas, Exéus voulut mettre Varro et Dana au courant de ce qui s’était passé la veille.
– Hier, mon médaillon m’a brûlé et est devenu orange leur annonça t-il.
– Tu veux dire que nous sommes en danger? cria Varro!
– Non, c’était finalement qu’un loup qui rodait mais il aurait pu nous tuer. Heureusement, Filen s’en est débarrassé juste à temps. Il était sur place pile au bon moment, je trouve quand même cela très étrange, pas vous?
– C’est vrai qu’il un peu bizarre en ce moment, il s’absente beaucoup pendant les nuits, remarqua Dana mais cela ne veut rien dire du tout.
– S’il nous a sauvé alors tant mieux, moi je l’en remercie, dit Varro.
– Tu as raison, il faut lui laisser le bénéfice du doute consentit Exéus.

63