On pouvait voir au loin, les grandes dunes de sable jaune. Plus ils s’en rapprochaient, plus la chaleur s’intensifiait. C’était vide, pas un oiseau, pas un animal, rien. Même le bruit du vent ne s’entendait pas.
A peine Varro avait t-il mis le pied dans le sable qu’il poussa un cri. Il était bouillant. La chaleur qu’il s’en dégageait était tellement forte qu’elle traversait même les chaussures. Le désert s’étendait sur des kilomètres à la ronde, aucune végétation ni source d’eau. Du sable, du sable et encore du sable.
– C’est horrible cette chaleur, cria Varro.
– C’est sûr, nous sommes en plein soleil et en pleine journée, expliqua Eldor.
– Cela continue sur combien de mètres?
– Des mètres? dit Eldor amusé. Il s’étend sur une vingtaine de kilomètres voir plus.
– Alors ne perdons pas de temps, dit Filen. Plus vite on passera cet endroit, mieux ce sera.
Ils marchèrent donc en direction de Tevargues. Quelques cactus clairsemaient le paysage. Varro s’en approcha d’un peu trop près et se piqua. Filen, malgré sa blessure, semblait aller beaucoup mieux. Très vite, les coups de soleil ne manquèrent pas à la règle. Exéus étaient en transpiration. Au bout d’une heure, Varro prit sa gourde et la finit d’une traite. Deux heures de marche plus tard, le paysage n’avait pas changé d’un poil. Varro s’effondra par terre pour se reposer, c’était trop dur pour lui.
– Debout, tu vas cramer si tu restes ici lui dit Eldor.
– Tant pis, je n’en peux plus.
– Il a raison, dit Dana. Moi aussi je ne peux plus continuer.
Elle s’effondra près de lui. Exéus fit de même et s’assit sur le sable chaud. Filen, lui, ne bougea pas, après tout il était porté par un cheval, il y avait pire. Eldor finit par les imiter et s’allongea au sol.
– Comment va t-on faire, on a dû à peine parcourir deux kilomètres et on a presque plus d’eau, dit Exéus.
– Ne vous inquiétez pas, il y a toujours une solution à tous problèmes.
– Il faut trouver de l’ombre, il faut qu’on se repose, on ne pourra pas aller plus loin sinon, s’exclama Dana.
– Elle a raison, dit Filen. Essayons de trouver une dune assez grande pour créer de l’ombre.
Tous se levèrent. Ils marchèrent seulement une demi-heure que Varro s’arrêta. Eldor et les autres se retournèrent en le regardant.
– Qu’est ce qu’il te prend? Allez dépêche toi! lui assena Eldor.
– Non regardez, il y a une oasis! dit il en pointant du doigt une dune de sable. J’ai bien trop soif.
– Non Varro, cria Eldor. C’est une hallucination, ce n’est pas réel.
Mais il ne l’écouta pas et se mit à courir en direction de la supposée oasis.
– Attends j’ai encore de l’eau…
– Il faut le rattraper, s’écria Exéus.
– Oui, il faut se dépêcher.
Exéus ainsi que Dana et son père coururent derrière Varro. Il courait vite et ne s’arrêtait pas. Exéus n’en pouvait plus, il avait trop couru, il avait très soif désormais. Dana continuait de cavaler après Varro. Eldor s’arrêta aussi. Il était trop vieux pour aller aussi vite que Varro. Dana abandonna en chemin. Il avait disparu dans le désert.
– Désolé, je ne pouvais plus s’excusa Dana.
– Comment peut-il faire pour ne pas s’arrêter? demanda Exéus.
– La survie! dit Eldor. Quand un humain veux survivre, il est prêt à tout, même faire des choses dont il se croit incapable.
– Donc on l’a perdu!
– Il faut espérer qu’il essaiera de nous retrouver, mais vu la vaste étendue du désert cela tient du miracle.
– Je vais essayer de lui dire de nous rejoindre par télépathie, en espérant que cela fonctionne et qu’il m’entende.
Ils étaient tous assoiffés. Eldor prit alors son grimoire et quelques minutes plus tard, il fit apparaître un grand tonneau d’eau.
– Mais comment…est-ce possible? dit Exéus interloqué.
– Je savais que nous passerions par ce désert, aussi j’ai anticipé et j’ai mis de côté chez moi tout ce dont il nous faudrait pour ne manquer de rien. Après, il me suffit de les faire apparaître. Rappelez- vous, je ne peux le faire que sur des objets m’appartenant ou appartenant à mon entourage.
– C’est formidable mais pourquoi n’as-tu pas fait ça plus tôt! lui demanda Exéus. C’est à cause de l’eau, qu’on a perdu Varro!!
Ils se désaltérèrent tous et remplirent leur gourde puis attendirent près d’une heure au même endroit en espérant que Varro ait entendu Eldor et revienne vers eux, mais en vain. La nuit commençait à tomber et le changement de température était radical. Il y avait maintenant une demi lune qui éclairait le ciel noir. Quelques étoiles brillaient aussi. La température ambiante était passé de plus de quarante cinq degré à moins de zéro. C’était tout où rien. Soit la chaleur extreme soit le froid glacial.
Ils repartirent donc en abandonnant Varro quelque part dans le désert, lui qui était si peureux. Ils devaient maintenant trouver un endroit où passé la nuit. C’était loin d’être simple. Ils parcoururent plusieurs kilomètres dans le froid glacial de la nuit du désert. Ils cherchèrent n’importe quoi pouvant les protéger un tout petit peu du vent. Ils ne trouvèrent d’autre solution que de faire apparaître une torche enflammée et de la planter dans le sable et ainsi créer une petite source de chaleur pour la nuit. Ils se couvrirent également de sable encore un peu chaud pour s’en servir de couverture en plus des leurs. Au début, la torche les réchauffait un peu mais le vent continuel ne faisait que de l’éteindre. Eldor devait à chaque fois la rallumer ce qui l’empêchait de dormir. Ils trouvèrent difficilement le sommeil cette nuit là, l’image de Varro perdu dans le désert les hantait. Exéus pensait à la réaction de Mr et Mme Tinius lorsqu’ils apprendraient la nouvelle. Il finit par s’endormir que très tard et fit de nouveau son rêve. C’était devenu une habitude maintenant. Comme à chaque fois, il se leva et tout à coup, le sol devint une roche noire avec à l’horizon la montagne. Il se dirigea vers cet dernière en se rappelant qu’il avait entendu ses parents. Peut-être qu’il pourrait les voir cette fois ci. Il courut vers les cachots. Il n’entendait plus leurs cris, étaient-ils morts? Non, ce n’était pas possible se dit-il. Il avança parmi les cellules vides et trouva enfin celle qu’il n’avait pas pu voir. Ses parents étaient là, retenus par une chaine de fer fixée au mur. Quand ils virent leurs fils, ils reprirent vie.
– Oh, mon Exéus, s’exclama Nidia.
– Maman, dit-il sous l’émotion.
Il avait les larmes aux yeux et était sous le choc. Depuis des mois, il ne les avait pas vu.
– Qu’est ce que vous faites ici?
– On nous a kidnappés et amenés ici.
– Oh mon dieu! cria t-il.
– Chut! Tais toi! Il va nous entendre.
– Qui? Dis moi qui, c’est le Mandore?
– C’est…
Mais encore une fois, sa vision se brouilla et le laissa sans réponse. Il ne s’était pas réveillé par hasard. La chaleur de son médaillon en était responsable. Sa couleur orangée ne laissait rien présager de bon. Il ne comprenait pas, Filen était encore avec eux et aucun animal dangereux était présent. Mais un bruit se rapprochait et éveilla son attention. Il se retourna et vit une gigantesque tempête de sable qui se rapprochait de plus en plus d’eux. Il réveilla immédiatement Eldor et l’en avertit.
– Eldor!Eldor! Une tempête de sable!
Il sortit de son sommeil en sursautant et vit la tempête. Il bondit de sa couverture et réveilla Dana et Filen. Une fois debout, ils ramassèrent vite leurs affaires.
– DEPECHEZ-VOUS! ELLE APPROCHE! cria Eldor.
Ils cavalèrent dans la direction opposée en allant le plus vite possible. Il y avait une rafale de vent impressionnant. Ils finirent par arriver miraculeusement devant un gros rocher assez grand pour les abriter du sable.
– Mettez-vous à l’abri, dit Eldor.
Ils l’écoutèrent et se cachèrent derrière le rocher. Eldor les rejoignit et se coucha derrière le rocher et ils attendirent que la tempête passe en espérant que le rocher les protégerait du sable.
Le sable se rapprochait de plus en plus et menaçait de les emporter avec la vitesse et la puissance du vent. Ils se couchèrent tous et le sable passa sur eux. Dana recula en arrière, la violence du vent était trop fort. Exéus ainsi qu’Eldor et Filen l’attrapèrent pour la maintenir. Bientôt, ce fut Exéus qui menaçait de s’envoler mais Filen l’aida à se maintenir.
Après quelques minutes, la tempête passa et ils purent tous de nouveau respirer.
C’est à ce moment qu’ils le remarquèrent. Varro était là allongé, enseveli en partie sous le sol.
– Varro! cria Exéus.
Ils le soulevèrent mais il était inanimé.
– Il faut lui donner à boire dit Dana.
Elle sortit sa gourde et le fit boire. Il durent lui ouvrir la bouche pour lui verser l’eau. Après un bon moment, Varro sembla retrouver quelques couleurs et ouvrit péniblement ses yeux. Il était hagard et il lui fallut quelques minutes pour se souvenir de tout.
– Ah Eldor, Exéus, Dana vous m’avez manqué dit-il faiblement.
Filen semblait blessé de ne pas avoir entendu son nom.
– Comment es-tu arrivé ici? demanda Eldor
– Je me suis rendu compte que l’oasis n’était qu’un mirage mais quand je l’ai réalisé, c’était déjà trop tard, vous aviez disparu. J’ai cru entendre Eldor me dire de revenir vers vous, alors, je vous ai cherché et j’ai marché, marché, jusqu’à épuisement mais je n’avais plus le sens de l’orientation et j’ai dû perdre connaissance.
– Eh bien, c’est une chance que l’on t’ai trouvé.
– Ca relève plus du miracle constata Eldor.
Il faisait encore nuit et ils étaient tous fatigués. Ils décidèrent de s’assoupir quelques heures encore près du rocher. Le lendemain ce ne fut pas Eldor qui les réveilla mais la chaleur caniculaire du désert. Le soleil tapé si fort que même Varro sortit de son sommeil sans qu’ils eurent besoin de le réveiller. Il était temps de reprendre la route maintenant, il restait encore une journée de marche pour sortir de ce désert. Ils se levèrent, burent de l’eau et ramassèrent leurs affaires. Eldor avait fait disparaître son cheval maintenant que Filen allait mieux. Il était essentiel qu’il se repose dans le cas où il devrait de nouveau servir à transporter un autre malade. Au loin quelques point verts égayaient à présent le paysage. Ils marchèrent pendant plus de deux heures dans le sable et la faim les gagna peu à peu. Eldor proposa de s’arrêter un instant.
– Qu’est ce qu’on va bien pouvoir manger? demanda Exéus. C’est le désert ici, pas d’animaux.
– C’est vrai, s’exclama Eldor, mais tout comme l’eau, je l’ai prévu.
– Vous allez me dire que vous avez un sanglier chez vous et qu’il attend bien sagement que vous l’invoquiez pour qu’on le mange.
Et ce fut le cas, Eldor fit apparaître un sanglier devant eux.
– Vous avez tous mon respect! cria Varro en prenant un bout de viande.
– Parce que je ne l’avais pas avant! dit-il en plaisantant.
Ils mangèrent et le sanglier disparut en moins d’une heure, ils étaient repus. A peine rassasié, Exéus sentit son médaillon le brûler et devenir orange. En voyant cela, ils se levèrent tous d’un bond et sortirent leurs armes. Ils étaient sur leur garde et guettaient le moindre danger. Pourtant, rien ne se passa.
– C’est quoi le problème cette fois ci? dit Varro.
– Je ne sais pas, c’est peut-être un dysfonctionnement du médaillon, s’exclama Dana.
– Impossible, cria Eldor. J’ai conçu ce médaillon et il est en parfait état de fonctionnement…
Mais il s’arrêta de parler et regarda derrière lui.
– Regardez derrière vous, chuchota t-il.
Ils se retournèrent et virent ce qu’ils redoutaient le plus. Les Sabloscorpios. C’était les créatures redoutables du désert, des scorpions de taille humaine. Leurs yeux étaient effrayants et leur dard recourbé sur leur abdomen était chargé d’un poison mortel capable de tuer en moins de dix minutes.
Ils ne semblaient pas les avoir vus pour le moment.
– VITE ALLEZ VOUS-EN! s’écria Filen.
– Hors de question! dit Exéus. Nous allons les combattre et leur montrer que nous sommes plus fort qu’eux.
– Tu rigoles, nous sommes des insectes à leurs yeux, rien de plus.
Exéus ne tint pas compte de ses dires, sortit son glaive et fonça dans le tas. Il y avait cinq Sabloscorpios. Il s’approcha du premier et monta sur son dos. Il brandit sa lame et lui enfonça dans sa tête. Dana vu qu’Exéus avait commençait le combat et elle le rejoignit avec son couteau. Elle réussit à en écorcher un mais ils étaient trop puissants pour eux et ils durent se replier de peur d’être piqué.
– Ils sont trop nombreux, dit Exéus.
– Il faut mettre en place une stratégie, s’exclama Dana.
– Il faut agir avec méthode, surenchérit Filen. Tout d’abord il faudrait qu’Exéus en attire un vers lui, moi je l’attaquerai par l’arrière et pourrai plus facilement le tuer. Ensuite, Varro tu tiras une flèche dans un autre pour faire diversion et Dana le poignardera. Pour les deux derniers, il faudrait que vous les provoquiez pour que je puisse passer entre les deux et leur trancher la gorge avec mes deux machettes. qu’en pensez-vous?
– C’est risqué mais ça peut se tenter, répondit Exéus.
– Pareil, dit Dana.
Varro répondit d’un hochement de tête.
– Vous, Eldor, si jamais nous sommes en danger, vous nous faites un petit tour de magie dit-il malicieusement.
– Ouais…dit-il en grognant, ne supportant pas de recevoir des ordres de quelqu’un d’autre.
Exéus se prépara et se plaça devant l’un Sabloscorpios. Il l’attira en faisant de grands gestes de la main. L’animal mordit à l’hameçon et se précipita vers lui. Il approchait de plus en plus et Filen n’était pas là. Il était maintenant très proche, prêt à enfoncer son dard. Au moment où il s’apprêtait à le faire, une lame traversa sa tête et du sang noir s’écoula de sa blessure.
– J’ai bien cru que tu m’avais oublié! dit Exéus.
Ce fut à Varro de tirer sa flèche sur l’un d’eux. Elle atteignit une de ses pattes. L’animal le vit et se précipita vers lui. Dana se rapprochait doucement de lui et lui planta son poignard dans son dos mais ce ne fut pas suffisant. Il bougeait encore. Dana revint à la charge mais le dard du Sabloscorpios s’enfonça dans la jambe gauche de Varro qui s’effondra.
Exéus vit le danger et lança son épée en direction de l’animal. Elle arriva en plein dans son oeil et l’immobilisa quelques instant, permettant ainsi à Filen de l’abattre complètement. Il en restait deux et Varro pouvait mourir d’un moment à l’autre si on ne s’occupait pas de sa blessure. Filen et Exéus, décidèrent qu’ils s’occuperaient des créatures pendant que Dana et Eldor trouveraient un moyen de sauver Varro.
La fille et son père portèrent Varro à l’abri des Sabloscorpios. Ils l’allongèrent au sol en pressant sa jambe blessée. Elle était devenue verte en un instant. Dana fouilla dans son sac mais ne trouva rien d’approprié pour ce genre de poison.
– Fais quelque chose, cria de loin Exéus à Dana.
– Je n’ai rien contre ce genre de blessure, dit t-elle affolée.
– Papa! Trouve quelque chose s’il te plait.
Il sortit son grimoire et chercha entre les pages mais ne trouva rien non plus.
– Désolé, je n’ai rien non plus.

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