Mr et Mme Tinius n’était pas dans leurs états normaux. Leur fils était parti depuis longtemps maintenant et ils n’avaient aucune nouvelle de lui. Tout le village était inquiet, Eldor le mage, Dana sa fille, Varro Tinius, Exéus ainsi que ses parents, avaient tous disparus. Les habitants d’humanum se posaient des questions. Où étaient-ils allés? Pourquoi étaient-ils partis? Et pourquoi tous le même jour? Il n’y avait plus aucun roi présent. Le fils ainsi que le petit fils était portés disparus. La guerre du trône occupait les esprits. Tous voulurent diriger Humanum en prétendant être les plus proches de le famille royale. Il n’y avait plus aucune lois ni aucune autorité. Les gens se livraient à toutes les ignominies, c’était l’anarchie. Les autres espèces de RealSand ne comprenaient pas cette folie soudaine. Le parlement Nacient tentait de les rassurer et faisait de leur mieux pour leur venir en aide tout en respectant la promesse faite à Eldor.
Mr Tinius prit les choses en mains et organisa une réunion. Ses deux grands fils et quelques personnes étaient présents. L’objectif était de retrouver les disparus et remettre de l’ordre dans le village. Une vingtaine de personnes seulement avaient répondu à son appel. Tinius dirigeait ce petit groupe.
– Mes chers amis, notre village est en train de mourir jour après jour. Les gens sont maintenant pour la plupart devenus fous. Ils veulent tous diriger alors qu’ils n’en sont pas capables. Nous aimions tous notre cher roi Augurre 2 désormais décédé, il savait comment faire régner la loi, tout comme son fils et comme le fera son petit fils par la suite. Joignez-vous à moi et montons une expédition pour pouvoir les retrouver.
Tous montrèrent leur enthousiasme et acceptèrent cette mission salvatrice.
– Nous les chercherons, nous les trouverons et nous remettrons de l’ordre dans ce village qui fut jadis, un endroit de paix et de prospérité.
– Ouais! Ouais! Ouais! Tous avec Tinius! dirent-ils tous en coeur.
– Bien, mes amis! Nous partirons dans deux jours vers Rochevreux.
Sur ce, il termina son discours et salua chaque personne en les remerciant de s’être rallié à sa cause. Parmi eux, il n’y avait que des anciens combattants de la guerre de 1439.
Tinius avait toujours rêvé d’être un dirigeant. Cette mission allait lui conférait le rôle de chef, il n’en fut pas mécontent, il allait commander une petite armée. Sa femme Line, était inquiète. Elle avait peur pour son mari et surtout pour son fils qui était bon et qui était peut-être déjà mort. Elle priait les dieux pour qu’ils les ramènent tous en vie. Elle n’en dormait plus. Son mari, plus optimiste, essayait de la rassurer mais elle restait sceptique.
Le lendemain, il se leva de bonne heure et s’habilla aussi rapidement et discrètement que possible pour ne réveiller personne. Il ouvrit la porte et sortit de chez lui. Il devait se rendre au Parlement Nacient pour faire approuver son expédition. Il passa donc les portes d’Humanum pour rejoindre Wise. Il marcha quelques temps et arriva devant le portail. Les deux gardes qui surveillaient la porte l’arrêtèrent.
– Votre nom, dit l’un d’eux.
– Salvador Tenius.
– Armé?
– Non.
– La raison de votre venue?
– Je me rends au Parlement Nacient pour faire approuver mon voyage.
Ils le laissèrent passer dans l’enceinte du village. Comme dans son souvenir, cet endroit était magnifique, des cascades d’eau, des bâtiments en marbre, de la végétation. Un petit paradis.
Le Parlement n’était pas dur à repérer, sa taille titanesque se distinguait à des kilomètres. Il gravit l’escalier et expliqua de nouveau aux gardes la raison de sa venue. A l’intérieur, l’endroit était plein de Chefs Dirigeants Nacients. Ils étaient en pleine discussion. Il réussit à entendre quelques bribes.
– … Non, il faut envoyer quelqu’un à leur recherche. L’accord était de deux mois et dans quelques jours, ce délai sera dépassé.
– Sûrement pas, nous n’allons pas gâcher des vies pour un minable mage . Nous n’enverrons personne.
– Il le faut, nous sommes des créatures de paroles, des Nacients. Le roi Ganateon et son fils ont disparu. Ils font partie de la famille royale. De plus, nous honorons toujours nos paroles. Regardez autour de vous, c’est l’anarchie chez les humains, ils se posent tous des questions.
Salvador intervint pensant que la conversation le concernait. Il s’approcha d’eux et s’éclaircit la gorge pour qu’ils sache qu’il était là. Il se retournèrent tous vers lui. Il avait maintenant toute leur attention.
– Qui êtes-vous? cria l’un d’eux.
– Je suis Salvador Tenius, je crois pouvoir régler votre problème.
– Et comment?
– J’ai monté un groupe de personnes qui sont prêts à m’accompagner pour retrouver le roi et son fils. Nous voulons remettre de l’ordre.
– Et bien vous voyez, nul besoin d’envoyer nos hommes, ils sont volontaires pour ça.
– J’ai une question, dit Salvador. Quelle est cette histoire de deux mois?
Ils se regardèrent tous un peu gênés mais finirent par dire.
– Nous étions au courant depuis le début de leur voyage, nous avions promis de ne rien dire pendant deux mois. Nous devions envoyé un groupe à leur recherche passé ce délai.
– Vous voulez dire, que vous saviez que mon fils était avec eux depuis le début, cria Mr Tinius.
– Pas tout à fait, nous n’avons pas eu connaissance de l’équipe qui devait accompagné Mr Eldor Mogue. Désolé pour votre fils.
Salvador était déconcerté. Son fils lui avait menti, il était parti avec Exéus et le vieux mage. Il était hors de lui et s’en voulait pour sa naïveté.

– Où sont-ils allés?
– Sur le continent de Gauche.
A ces mots, il faillit s’évanouir. Que diable pouvaient-ils faire là bas? Pourquoi étaient-ils partis dans l’endroit le plus dangereux de Cryon?
– Vous rigolez? Comment avaient vous pu nous cacher ça, s’écria t-il.
Il sortit du Parlement sans attendre l’approbation des Nacients et rentra chez lui avec les idées noires. Il devait avoir mal entendu, son fils ne pouvait pas être là bas. C’était impossible.
Dans tous les cas, il ne devait rien dire à sa femme, sinon la pauvre femme ferait une crise cardiaque. Je continuerai à dire qu’il a disparu et qu’il n’y a aucune raison de s’inquiéter pour lui pensa t-il. Il rentra chez lui et passa le reste de la journée à établir un plan. Il avait décidé de passer par tous les royaumes pour obtenir le plus d’informations possible sur son fils.
Line ne dormit pas de la nuit. Dans quelques heures, elle serait seule, Varro d’abord et maintenant son mari et ses deux autres garçons. Certaines personnes se proposèrent de rester avec elle, mais elle refusa à chaque fois. La présence de son époux et de ses enfants étaient irremplaçable.
Le lendemain matin, Salvator Tinius se leva, enfila son plastron de cuir qu’il avait revêtit pour la dernière fois lors de la guerre des Mandores et se coiffa avec son habituelle raie. Bien qu’il fut excité de partir, il n’en n’était pas moins inquiet pour son fils. Après avoir pris tout ce dont il avait besoin, il se dirigea vers sa femme et l’embrassa une dernière fois.
– Je te promets de revenir avec nos trois enfants en vie.
– Je prie pour que tes paroles soient entendues et exaucées. Son mari et ses deux garçons sortirent de la petite chaumière. A la fenêtre, Line pleurait les larmes de son corps. Agron et Lenius semblaient vraiment contents. Ils avaient toujours rêvé de partir à la découverte de Cryon, même si ce n’était pas le but précis de cette mission. Leur frère était le cadet de leurs soucis, ils ne cessaient de répéter que Varro saurait survivre.
Tout le monde était là. Ils étaient plus nombreux que la veille. L’idée de retrouver leur roi avait fini par convaincre beaucoup d’autres villageois.
– Tous avec Tinius! dirent tous en coeur les combattants.
– Mes amis, il est temps. Allons récupérer notre roi.
Ils passèrent le portail d’Humanum et se dirigèrent vers le royaume le plus proche; Rochevreux. A la sortie de Pacem, les gardes l’arrêtèrent et lui demandèrent l’autorisation pour quitter la ville. Salvador, qui n’en avait pas ignora leurs paroles et passa devant eux.
– J’en parlerai aux Nacients, cria l’un des gardes.
– Eh bien faîtes ce que bon vous semble. Je me fiche de l’avis de ces Nacients.
Sur le chemin, tous les hommes chantaient une chanson en l’honneur de leur roi Ganatéon. Tinius, quant à lui, était bien plus intéressé par retrouver son fils que le roi mais n’en laissa cependant rien paraître. Cette soudaine envie de rétablir l’ordre n’était qu’un prétexte pour monter une expédition visant à retrouver Varro. Personne dans le groupe ne savait ses vraies intentions et cela devait rester ainsi.
Ils marchaient depuis le matin et le royaume de Rochevreux était encore loin. Certains se plaignaient du froid et de la fatigue. Le sol était couvert de neige. Il est vrai que le climat était glacial et la nuit n’était pas encore tombée. Certaines personnes trop éreintées quittèrent le groupe et firent demi-tour. Elles s’étaient imaginées retrouver le roi dans la journée et n’étaient pas suffisamment motivées pour continuer. Seuls les plus courageux étaient encore aux côtés de Tinius. Les deux fils de ce dernier étaient très à l’aise et s’émerveillaient devant chaque nouveau paysage. Celui d’Humanum commençait à les lasser. Sur le chemin, ils virent un grand arbre. Mr Tinius s’en approcha et vit quelque chose qui le déstabilisa. Sur le sol, il vit du sang. Il pensa d’abord à un animal qui s’était blessé mais il y avait aussi un objet qu’il connaissait bien. A côté des quelques gouttes, se trouvait une petite pierre bleue. Cette pierre était celle qu’il avait donné à son fils quand il était petit et qui était censée lui porter bonheur. Varro ne l’avait jamais quitté depuis ce temps là.
Il fondit en larmes et commença à s’imaginer les pires scénarios. Il voyait déjà son fils mort. Agron et Lenius accoururent pour le consoler.
– Mon fils… Mon petit Varro, dit-il en pleurant.
– Ce n’est rien père, il s’est peut-être seulement blessé, dit Agron.
– Agron à raison, Varro est fort, il ne peut pas être mort, s’exclama alors Lenius.
– Je l’espère de tout coeur.
Il se leva avec l’aide de ses deux fils. Il semblait anéanti, si jamais Varro était mort, sa femme ne s’en remettrait jamais. Cependant, il ne voulait pas penser au pire et préféra donc, chasser cette idée de sa tête.
Il se reprit et ordonna aux hommes de continuer le chemin en direction de Rochevreux. Il était déprimé.

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