Il apparut dans sa chambre, dans le Quatrième temps. Cela faisait longtemps depuis la fois où il avait sauté sur Unn pour le protéger. Combien de fois, une autre centaine ? Cela importait peu. Sa barbe avait poussé et il s’attelait à de très différentes sessions désormais. Il avait pu observer que bien des choses se passaient à l’étage, alors qu’il s’était toujours cantonné à surveiller la chambre et éventuellement le salon. Beaucoup de lui-même s’affairaient à ramener des outils et des matériaux dans la première des deux seules chambre de l’étage. La deuxième était condamnée, et c’était surement là-dedans que se trouvaient les réponses. Un des Nouveaux Nonn de la première chambre donnait des ordres pour que tous ceux qui soit au courant coordinent leurs mouvements pour ouvrir cette porte. Il avait déjà été celui qui récupère les marteaux et burins dans les étagères du salon, celui qui casse les étagères et en récupère le bois. Celui qui prend le marteau des mains de lui-même et retire les clous de la commode et maintenant, il en était à ceux qui construisent le bélier.

Nonn avait des sessions bien plus longue maintenant qu’il venait aussi tôt. Il entendait à chaque fois le chaos en bas mais continuait à aider à la création du bélier. Seulement, quand c’était fini, il enfonçait la porte et mourrait les uns après les autres sans raison apparente, revenant dans la Troisième de plus en plus mal en point, obligé de se soigner avant de repartir. Cette fois-ci, il avait décidé d’être l’un de ceux qui observait la scène, prêtant main forte à la fabriquation du bélier, mais s’éloignant dès que les autres enfonçaient la porte. Ce qu’ils firent.

La scène suivante était cauchemardesque. Des gerbes de sang se soulevaient derrière la porte sans qu’il ne voit ce qui les causaient. Ses incarnations tombaient en arrière et disparaissaient, laissant une entrée vide et poisseuse de sang. Il regarda les autres. Comme personne ne se décidait, il s’avança doucement et attendit sur le côté de la porte. Rien ne se passait. Il glissa sa tête à l’intérieur et le vit au fond. C’était ici qu’il était retranché avant de s’en prendre à Unn. Last était plus vieux qu’eux. Nul doute qu’il avait profité de son immortalité avant de venir ici. Il se trouvait à côté d’une machine très ressemblante à celle que Nonn avait l’habitude d’utiliser, mais qui était cependant différentes sur plusieurs aspects. La pièce était tapissé de sang et la lumière de la machine renvoyait une lueur rouge infernale. Et au milieu de tout cela, Last tenait son énorme pistolet qui était en plus rallongé d’un silencieux, le tout pointant vers Nonn. Un petit son caractéristique retentit alors qu’il recevait une balle dans l’épaule. Et sans qu’il ne cromprenne comment, il était propulsé à l’intérieur de la pièce, recevant de plus en plus de balles avant de sombrer dans l’inconscience.

**

C’était grave. Il avait beau être immortel, ses blessures étaient très graves. Il avait été percé cinq fois en une seule session et les premiers soins de sa maison dans la Troisième temporalité étaient presque épuisés. Mais il avait enfin un aperçu de son objectif. Il fallait qu’il tue Last pendant que celui-ci était vulnérable. Toutes les connections se firent dans sa tête :

La machine qui se trouvait à côté de Last devait permettre de revenir dans les temporalités précédentes. Il avait eu tout le temps qu’il voulait dans la Deuxième pour mettre au point ce prodige. Mais pourquoi se mettre en danger ? Pourquoi venir dans la Quatrième et boucler sa boucle ? Peut-être parce qu’il savait que revenir dans les temporalités était possible et qu’il voulait empêcher les Unn de le faire. Peut-être qu’il avait trop peur de rencontrer Nonn dans la Troisième et boucler sa boucle et qu’il l’avait donc laissé en vie, mais avait voulu tuer le quatrième. C’était logique, s’il tuait le quatrième, alors il n’y aurait pas de suivants. Et il ne resterait donc que le troisième, donc Nonn, qu’il aurait attendu dans son temps pour ne jamais boucler sa boucle et rester immortel éternellement.

Quel genre de monstre pouvait vouloir une chose pareille ? Sacrifier toutes les temporalités suivantes juste pour se sauver soi. Et encore, ce n’était même pas se sauver, c’était juste fuir, fuir la mort. Il était donc capable de ce genre de choses, lui qui pensait être un héros, il était en fait un meurtrier qui irait jusque là pour ne pas mourir. Là seule chose qu’il pouvait faire à présent, c’était rendre justice. Il devait le tuer, c’était à lui de le faire. Il savait que Larry Two aurait compter sur lui pour prendre la bonne décision.

Last était un meurtrier, il n’arrêterait pas de l’être. Il voudrait profiter de son immoralité jusqu’à la fin de l’humanité elle-même. Et encore après. Il se connaissait suffisament pour savoir qu’il serait prêt à aller jusque là. Last allait donc multiplier les meurtres pour survivre le plus longtemps possible et il fallait l’en empêcher. Il repensa alors aux trois flèches du shéma de Larry Two. La Première était celle de la Découverte. Unn à cet instant là avait développé la machine avec Larry One, se prenant pour un pionnier du voyage dans le temps. Pouvait-on lui en vouloir de ne pas avoir pensé à toutes les conséquences de son voyage ? Non.

La Deuxième, celle de Last… C’était la ligne de la Faute. Sa faute à lui, à Unn. Peu importe quel Unn aurait entendu le discours de son incarnation du passé dans sa chambre à cet instant serait devenu Last. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Mais il pouvait réparer cette faute. Sa ligne à lui, la Troisième était celle de la Réparation. C’était son devoir que de réparer la situation, réparer le temps. Ce n’était pas ce qu’il s’imaginait en tant que héros, mais c’était la réalité.

62