Enfermé dans son appartement, Pavel ruminait son chagrin, une tasse à la main. Le liquide au reflet chocolaté ne fumait plus depuis bien longtemps, et avec un soupir, le lutin se décida à aller le jeter. De toute façon, il n’aimait que la tisane, il ne savait même pas pourquoi il avait préparé autre chose.

Il ne s’était pas écoulé une journée depuis qu’Adelyn était venu le chercher, et pourtant, il avait l’impression que cela faisait une éternité. Le message de menace sur le mur de sa cour l’avait ébranlé, mais moins que la relation amoureuse qu’entretenait déjà la belle lutine avec un autre. Et le jeune détective ne savait pas s’il devait accepter de l’aider. Son esprit le suppliait d’insister, mais son cœur semblait inscrit aux abonnés absents et il se sentait totalement vide de toute émotion et de toute énergie.

Avec un nouveau soupir, il alla se poster à l’unique fenêtre de son appartement. Dehors, le soleil brillait haut dans le ciel ; le bleu pur et la lumière chaleureuse semblaient l’inciter à arrêter de broyer du noir pour mettre les pieds dehors.

Ce fut l’étrange imprimé d’une robe qui fut le déclic. Les motifs géométriques lui rappelèrent l’un des détails qu’Adelyn lui avait donné. Son compagnon avait reçu un colis contenant un costume d’arlequin, et cela avait semblé avoir eu un sens pour lui.

Après avoir jeté un rapide coup d’œil à son horloge, Pavel enfila la première veste qui lui tomba sous la main et sortit à la hâte de son appartement, oubliant même son éternelle casquette. Il avait encore quelques heures devant lui avant que les archives ne ferment.

Telm l’accueillit de son sempiternel ton bougon et Pavel s’approcha du guichet de l’accueil en souriant.

— On dirait que le grand détective a besoin d’un peu d’aide ?
— C’est possible. Est-ce qu’il y a quelque part dans les archives des informations sur la symbolique des vêtements ou des déguisements, ou ce genre de choses ?

Le réceptionniste haussa les sourcils puis se leva pour désigner l’ensemble du bâtiment d’un grand geste de la main.

— Autre chose de plus précis peut-être ?

Pavel n’arriva pas à retenir un léger soupir. D’ordinaire, il n’aimait pas révéler le but de ses recherches, mais d’ordinaire, il ne travaillait pas sur une affaire suffisamment grave pour recevoir des menaces.

— Un client a reçu un costume d’arlequin. Il y avait apparemment de la menace dans l’air. Je me demandais si ça n’avait pas un rapport avec un clan ou quelque chose dans le genre.

Telm plissa les yeux et se frotta le menton d’un air songeur.

— Tu as entendu parler de l’affaire des Goules de Bulldock ?

Le détective secoua la tête.

— Il n’y a pas de goule à Bellwade, dit-il comme si cela pouvait justifier son manque de culture.
— Oh, il ne s’agit pas de vraies goules mais plutôt d’une sorte de gang. Leur mascotte est une goule en costume d’arlequin.
— Je vois…

128