Reine. Arianne ne cessait de se repeter ce simple mot depuis plusieurs heures. Enfermée dans ses appartements, elle était plus une prisonnière qu’une invitée comme l’avait énoncer le roi Morgrit.
– Vous serez la femme de mon fils unique, lui avait-il dit, je ne souhaite pas qu’un individu vous fasse du mal alors que vous marcherez dans les couloirs de mon palais.
Mais Arianne ne voulait pas de cette vie. Tout ce qu’elle voulait, c’était Edwin, une maison a la campagne, des enfants et une vie paisible. Mais apparemment, elle pouvait renier cette utopie de son esprit. Jamais plus elle ne pourrait courir, insouciante, dans les vertes plaines du royaume d’Aleandis. Quand serait célébrer le mariage ? Elle ne se souvenait plus de la date. Tout ce qu’elle savait, c’était que la nouvelle se répandait en ce moment même dans le royaume. Une paysanne épouserait le prince Solis, fils unique du roi Morgrit. Que penserait Edwin en apprenant qu’elle, Arianne, se marierait avec un autre homme que lui ?
– Il est peut-être mort, se surprit-elle a murmurer tout haut.
Mort. L’etait-il vraiment ? Dans ce cas, pourquoi tant de remords en elle ? Il s’était passer tellement de choses depuis leur séparation qu’elle se dit qu’en fin de compte, mieux valait qu’il soit mort. Putain. Puis reine. Quelle serait la prochaine étape ? Trois coups furent frapper a la porte. Les battants s’ouvrirent et un flot de servante déboulèrent, les bras chargés de paquets et de tissus. Une dame, grande, fine et élégante malgré son nez crochu et son chignon strict, s’inclina face a elle.
– Votre altesse …
– Inutile de m’appeler ainsi, la coupa Arianne, je ne suis qu’une paysanne.
– Mais vous allez épouser le prince, dit la femme, alors je me dois de vous appeler convenablement. Je me présente: je suis la comtesse de vaulneroid, dame Cassandra. Pour vous servir.
A l’entrée, les lourdes portes se refermèrent.
– A quoi servent tous ces tissus ? demanda Arianne curieuse en s’approchant des paquets.
– Nous allons prendre vos mesures, lui expliqua Cassandra, vos robes seront prêtes dans quelques jours.
– Mais je n’aie pas besoin de robes sur mesure, se plaignit Arianne.
– La future reine le doit, siffla Cassandra, et c’est un ordre du roi. De plus, les préparatifs de votre robe de mariée doivent débuter au plus vite.
– Mais …
– Ordre du roi ! fit la voix de dame Cassandra en claquant comme un fouet, enlevez cette tenue hideuse et montez sur ce tabouret.
La comtesse claqua des mains et les servantes s’affairèrent autour d’Arianne furieuse. D’habitude, elle aurait été heureuse d’avoir une nouvelle garde robe. Mais les conditions ou elle était faisaient qu’elle était dans une rage intense. Elle ne voulait pas devenir reine, tout comme elle n’avait pas voulu devenir une putain ! Mais après plusieurs disputes avec dame Cassandra, Arianne fut obligée de monter sur le tabouret de force.
– Je vous hais, siffla la jeune fille les poings serrés.
– Comme vous voudrez votre altesse, lui répondit la comtesse en palpant un tissus de ses doigts expert, mais tant que sa majesté le roi Morgrit vit, vous ne pourrez me donner d’ordre.
La torture des mesures dura plusieurs minutes qui lui semblèrent des heures. Apres l’épreuve, toutes les servantes repartirent et la jeune fille resta seule avec la comtesse de Vaulneroid.
– Pourquoi moi ? demanda-t-elle alors qu’elle regardait par la fenêtre la cité en fête.
– Vous êtes issue du peuple. Votre alliance avec le prince Solis apaisera le peuple qui …
– Ca ne répond pas a ma question, la coupa Arianne, pourquoi moi ?
Cassandra ne répondit pas.
– Je ne sais pas, dit-elle au bout d’un moment, peut-être était-ce votre destin ?
Arianne rigola tristement.
– Dans ce cas le destin est bien cruel, dit-elle avec un soupire.

La nuit tomba sur la ville de Tibre et Arianne, épuisée de sa journée chargée en émotions, s’endormit dans son grand lit. Trop grand pour elle a son gout, elle qui avait tant l’habitude avant de dormir aux coter d’Edwin ou dans un lit piteux qui se trouvait dans le dortoir du premier étage de la  »Jument Chaleureuse ». Mais elle dormit bien, dans ce grand lit aux multiples coussins et aux couvertures immenses. Durant la nuit, un bruit la réveilla. Arianne se leva et vit avec appréhension une chandelle poser sur la table du petit salon. Qui l’avait poser la ? Une servante ? Un garde ? Arianne s’approcha et tendit la main vers la petite flamme qui éclairait a peine la multitude de tableaux ancestraux et les somptueux sofas de la pièce. Soudain, elle aperçut un mouvement mais ce fut trop tard. Une main s’appuya sur sa bouche, l’empêchant de crier ou d’émettre le moindre bruit qui pourrait alerter les gardes a l’entrée. L’agresseur appuyait si fort contre sa mâchoire qu’Ariane gémit.
– Salut ma jolie tigresse, murmura la voix dans son dos, ça fait un bout de temps.
La jeune fille le mordit et il la lâcha aussitôt.
– Sale … voulut l’insulter Arianne.
– Hola ! la stoppa l’homme en l’emprisonnant de ses bras et en pressant son torse contre son dos, ça sert a rien de te débattre ma jolie, tu n’es pas de taille !
– C’est toi qui n’est pas de taille, siffla Arianne furieuse en se débattant, que dira le roi en apprenant que la future femme de son fils s’est fait violer par son neveu ?
Helori ricana.
– Tu as vite pris la grosse tête sale petite putain, dit-il dans un murmure, je ne sais pas ce que le roi a penser en te fiançant a mon stupide cousin …
– Parler ainsi du prince ? se moqua Arianne, en tant que cousin ne devriez-vous pas …
– La ferme stupide femme ! Tu n’aurais pas du être choisie par mon imbécile d’oncle !
– Et pourtant je l’aie été ! Et bientôt, je me marierais avec le prince Solis, ton cousin, et je deviendrais reine !
Elle se retourna et planta son regard vert sur l’homme furieux devant elle.
– Et dans quelques années je porterais dans mon ventre les futurs souverains et souveraines d’Aleandis que tu le veuilles ou non.
Un éclair de rage passa dans les pupilles d’Helori qui gifla Arianne et bloqua sa mâchoire entre ses mains.
– Justement, siffla Helori avec une haine hors norme, que ce soit Solis ou un autre membre de la famille royale, au bout du compte tout le monde s’en fiche de savoir qui t’a engrosser !
Un frisson d’horreur remonta le long de sa colonne vertebrale.
– Tu n’oserais pas … souffla la jeune fille.
– Oh tu crois ? ricana méchamment Helori, tu serais surprise d’apprendre tout ce que je peux faire dans ce château ! Il me suffit d’attendre que le mariage soit passer et de venir te voir … la nuit … dans cette chambre …
Arianne se dégagea d’un brusque mouvement.
– Sors d’ici, siffla-t-elle.
Helori s’inclina, l’air insolent, un petit sourire sur les lèvres.
– A vos ordres, ma reine. Mais n’oubli pas … le soir du mariage … qui sait ? Je viendrais peut-être te rendre visite …
Et il repartit en laissant sa chandelle sur la table.

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