– Il est important que tu saches…
J’ouvrais les yeux, encore comateux, légèrement conscient que je devais être mort à l’heure qu’il était. Il y avait devant moi un groupe de personne, un couple notamment vaguement familier, la femme pleurait, elle essayait de me dire quelque chose.
– Ce n’était pas ta faute… tu… tu as…
Le reste se perdait en sanglots, l’homme refusait de me regarder, prenait sa femme dans les bras je voyais des larmes perlaient aux coins de ses yeux. La femme se dégagea encore une fois.
– Tu… tu as fait ce que tu croyais juste…. tu…. pas…. faute…
Elle se reprit de sanglots de plus belle… puis je la reconnu, je les reconnu… les parents d’Ilgueu.
J’étais bien mort et ma peine serait de passer l’éternité avec les gens que j’ai laissé tomber… j’aurai préféré qu’elle m’invective, qu’elle m’insulte, me torture ou n’importe quoi je ne voulais pas qu’on me pardonne je voulais expier. Je voulais payer pour mes crimes… je me relevais encore choqué et les gens autour de moi, mes amis, ma famille, tous ceux que j’ai connu me regardaient, certains tristes, d’autres graves, tous avec un mot gentil, une tentative de réconfort… j’aurai voulu mourir, encore… me perdre dans une grotte au fin fond du monde, mais ils étaient tous là, témoins de ma honte… jetez moi des pierres, enterrez moi, mais pas ça…
L’un de mes amis, me prit par l’épaule et me fit faire un tour, d’autres de mes amis nous rejoignaient. Ils m’expliquaient qu’ils avaient été les premiers à « ascendre ». Nous étions sous surveillance extra terrestre depuis longtemps déjà, c’étaient eux qui avaient aidé à financer le projet de mes amis. En effet les visiteurs d’outre espace ne pouvaient vivre sur terre ou ailleurs. A la suite de leur propre folie ils avaient tout détruit, y compris leur corps, ils ne vivaient que dans une sorte d’environnement proche de notre environnement informatique. Hors le nôtre était incompatible avec le leur, lorsque leur vaisseau s’est crashé sur terre et a été récupéré par les autorités “Compétentes” ces dernières se sont empressées de les brancher sur un ordinateur, ils ont connu notre monde par ce biais. Mais étant incompatible, ils n’ont guère compris ce qu’ils voyaient, mélangeant les informations. Quand le financement du projet de mes amis pour créer une nouvelle forme de réseau plus performant et évolutif (qui aurait pu être compatible avec le leur) a été annulé, ils ont commencé à avoir peur, il semblerait aussi qu’ils aient mal interprétés certains rapports des services secrets et ont fait une mauvaise corrélation avec la propagande des medias… Ils ont cru que nous allions nous auto détruire et ils ont voulu nous sauver… sans nous comprendre.
Les zombies n’ont jamais cherché à nous tuer, ils prenaient la tête pour les placer dans des caissons de téléchargements, nos esprits se retrouvaient dans le système de leur vaisseau. Mais ils ne nous comprenaient que mal, le processus était incomplet, au lieu de “mourir” les corps ont continué de fonctionner, dirigés par la haine, l’agressivité. Devant l’ampleur de la catastrophe ils ont été pris d’une culpabilité telle qu’ils ont préféré le suicide collectif. Mes amis ont dû apprendre leur technologie pour créer les nouvelles formes des zombies et tuer les déviants, d’où leur nombre restreint. Ils n’ont jamais pu passer de message. L’homme était libre de la faim ou de la maladie, de la vieillesse et de la pollution. Nous étions dans un paradis, tellement de choses devenaient possible… un monde parfait, j’avais juste passé 10 ans à le fuir et le mettre hors de portée de celle qui le méritait. Les deux zombies nous ont suivis à cause des parents d’Ilgueu qui ont cherchés leur enfant pendant tout ce temps, ils sont arrivés trop tard pour la sauver. Certains de ceux qui ont été absorbés étaient de ses amis, elle leur a parlé de moi… visiblement il y avait pas mal de chose dans ma vie que je n’avais pas compris.
Nous ne savons pas comment les extra-terrestres se sont “débranchés”, je n’ai pas d’autre choix que de vivre le reste de l’éternité à revivre mes erreurs, avec les parents de celle que j’ai tué.

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