Ben l’Inde ce n’était pas ce que j’imaginais… le Taj Mahal avait perdu pas mal de sa superbe, la moitié des maisons avaient dû être bâties avec des matériaux biodégradables et je suis arrivé en plein pendant la Mousson. Tout le trip me prenait bien méchant la tête, en plus je n’arrivais plus à écrire, plus rien, même pas une lettre, on m’aurait demandé d’écrire mon nom que je n’y serai pas arrivé. Alors ben… je décidais de rentrer chez moi où je passais mes journées coincé au premier étage… en me mettant sur la pointe des pieds je pouvais, des fois, voir le paysage alentours… et puis pour m’occuper je décidai de mettre à jour mon équipement, mettre au point les trucs que j’avais toujours remis à plus tard. J’avais commencé par bricoler une tronçonneuse que j’avais trouvé pour qu’elle marche à l’électricité et puis je la montais sur un pommeau d’épée… ça faisait un moment que je rêvais d’avoir une épée tronçonneuse… à l’époque ça semblait être une bonne idée en fait… mais depuis … ben depuis…. ben ça l’était plus des masses, tout comme ma pseudo imitation de la Winchester à canon sciée de Josh Randall… Je modifiais ma moto aussi, histoire d’être plus spacieuse, un peu plus véloce, et installer une deuxième batterie juste au cas où, c’est une fois que j’ai fini la chose que je me suis aperçu que j’en avais guère besoin en fait… Je ne touchais plus au RealFeel non plus… ça ne me disait trop rien… je passais le temps où je ne bricolais pas à regarder en boucle tous les dessins animés à la con que j’avais ramené de mes trips, j’aurai pu tous les réciter avec les dialogues par cœur… Je me matais ça en buvant un truc que j’obtenais en faisant fermenter les mȗrs que je trouvais à l’extérieur… ce n’était pas de la Vodka… ce n’était même pas un compétiteur potentiel en fait mais ça faisait marcher le foie et la vessie… Quant à la cuisine je n’ai pas trop du m’en approcher non plus… ça ne me disait pas. C’était là, en tournant et retournant ma conversation avec Franz que je m’aperçu qu’elle était surtout intéressée par mes connaissances en solaire, et maintenant que je me le rappelais… il n’y avait effectivement pas de lumière là-bas, autre que les petites lanternes qu’ils allumaient. Crétin de moi, je voulais un avenir pour Ilgueu et j’étais parti sans m’assurer qu’elle aurait l’électricité, comment pourrait-elle regarder ses dessins animés? Et pour lire? Je veux dire s’ils lui apprenaient à lire comment ferait-elle pour avoir ses histoires avant de s’endormir? Et puis et puis… et puis zut… il fallait y retourner, c’était après tout le minimum pour les remercier d’avoir accepté la petite… bon à ce point j’imagine que ma libido devait fonctionner en sous-marin… mais c’était honnêtement, d’un point de vue conscient… juste un tout petit petit petit point dans mes motivations, c’est vrai d’abord. Ils avaient acceptés la petite et je m’en étais allé comme un rustre… un petit merci n’aurait pas tué qui que ce soit… non en fait il fallait redorer mon blason.

Le retour me pris pas mal de temps, avec tout mon barda et un petit fourgon que j’avais bricolé pour l’occasion (y’avait tout le matos à se trimballer, et puis les jouets que j’avais fait quand j’ai fini de bricoler mon matos…). C’est sur la route, non loin de l’entrée de leurs caves, que les choses ont commencées à se gâter. Apres une pause déjeuné, je découvrais que l’on m’observait. Ne pouvant connaitre les intentions de mes nouveaux compagnons, je mettais mon fusil à pompe à portée de main, le chaine-épée était bien arrimée dans mon dos, et mon double canon sciés le long de ma jambe. Je continuais mon repas néanmoins comme si rien n’était. Je faillis bien ne jamais le finir, un son me fit suffisamment tourner la tête pour éviter une sorte flèche qui s’y dirigeait…
Je pris mon fusil à pompe pour tirer dans le tas, mais quelqu’un choisit ce moment pour se jeter sur moi, je tombais de la moto mais gardait suffisamment de jugeote pour sortir ma chaine épée et parer de justesse l’arme de mon adversaire. Je me retrouvais tout surpris en découvrant que c’était un des membres de la communauté, mais avant que je puisse dire quoique ce soit, ma chaine épée traversa net son arme en bois et son poids l’entraina directement sur la lame… pas beau à voir, bien gore mais efficace. J’étais dedans maintenant, ils avaient dû me prendre pour un raider ou un truc du genre. J’espère qu’ils comprendraient que je ne faisais que me défendre… une autre flèche vint me frôler le visage, me coupant légèrement la joue au passage… Le tireur était bon. Je me planquais à couvert derrière ma moto en hurlant qui j’étais… j’eu droit à une autre volée de flèches pour ma peine. Peut-être s’agissait-il de traitres ou de complice des raiders, dans ce cas il fallait vite finir le boulot pour prévenir Franz de l’attaque… qu’est que j’en savais peut être étaient-ils déjà attaqués….. Je ne savais pas où était l’archer mais j’avais une idée général de sa direction. Une partie de mon matos comprenait une bombe fumigène bricolée que je lançais dans ce que je pensais être la bonne direction, j’en fus pour une flèche au bras, heureusement que mes années sur les routes m’ont appris les bienfaits du Kevlar. La flèche laisserait un bleu mais pas grand-chose d’autre. La grenade par contre fit sortir mon agresseur que mon fusil à pompe agrémentait d’un beau trou en travers de la poitrine. En allant vérifier son identité je m’aperçu qu’il s’agissait de l’une de ses demoiselles si peu farouche lors de ma première visite… je ne me souvenais plus de son nom mais son visage suffisait. Et il me paraissait assez improbable qu’elle ne m’ait pas reconnu, ou était ce mon ego qui parlait? Une guerre civile au sein de la communauté? Quoi qu’il en soit il fallait sérieusement penser à accélérer le mouvement.
Je finis par retrouver l’endroit… enfin… il me semblait, la cave était bien la même mais la porte était ouverte et l’intérieur était vide. Je m’avançais une main sur ma chaine-épée, sans jamais trouver âme qui vive. Pourtant…. c’était bien là… inquiet maintenant je m’avançais quand j’entendis un bruit derrière moi. Une humaine, genre harpie… cheveux sales …. Franz?
– Monstre!
Elle respirait la haine, je ne comprenais pas vraiment… c’était à moi qu’elle s’adressait ou avait-elle perdu la raison?
– Où est Ilgueu?
– Tu viens finir ton travail… nous la pensions innocente… nous aurions dû savoir….monstre…
Mais de quoi on parlait là? Franz n’avait visiblement plus ses esprits.
– Pervers…
– Mais de quoi parlez-vous?
– Tu sais très bien… elle devait être innocente…. tu l’as souillé et quand tu en as eu marre tu nous l’as abandonné….
– Pardon?
– Ilgueu…
Ok là, ça devenait bien bizarre tout ça… J’étais encore trop surpris par les événements pour réellement enregistrer ce que l’on me disait, je posais la chaine-épée sur la table pour montrer ma bonne fois.
– Elle devait les garder loin de chez nous… loin… mais toi… toi… pour ça que tu nous l’as laissé…
– Franz, voyons reprenez-vous. Où est Ilgueu?
– Cérémonie… gâchée tous tués…. démons….
A ces mots, je balisais officiellement, et pour en rajouter Franz décidait de se jeter sur moi avec un truc que je voyais à peine briller, vociférant tout ce qu’elle pouvait, de préférence dans sa langue natale. Je l’attrapais en plein vol avant de recevoir un coup à l’estomac, encore une fois ma veste en Kevlar faisait son boulot, Franz tenait un couteau à beurre et c’est avec ça qu’elle essayait désespérément de me poignarder.
– MORTS! TOUS MORTS A CAUSE DE TOIIIIIII!!!!!
Dans la bousculade qui s’ensuit je trébuchais et, aidé par le poids non négligeable de la petite vieille je m’affalais sur le sol, pendant notre chute, je percutais la chaine épée qui se mit en marcher et en tête de découper mon assaillant. J’arrêtais l’appareil, vraiment trop dangereux (pas beau les coups sous la ceinture) et sommait la mourante de me donner l’emplacement d’Ilgueu… elle tendit alors une main derrière moi…
– Avec les autres… souillée…sacri…cri…ce.
Ce fut ces derniers mots. J’étais encore loin des réalisations, je ne pouvais, comme à mon habitude quand ilgueu était concernée, que paniquer comme une mère poule, et me précipitais comme un dément vers l’endroit désigné par Franz. J’arrivais devant une grande porte en bois qui me menait dans une sorte de grotte, beaucoup d’efforts avaient été visiblement mis en œuvre pour créer un chemin rudimentaire que je me mis à suivre. Autour de moi les murs étaient remplis d’écritures en Allemand, je ne comprenais pas tout mais certains ressemblaient bien à des noms. J’abouti sur un petit terrain vague, proche d’une forêt. La végétation regagnait ses droits, mais ce n’était pas ça qui réveillait une sorte de 6eme sens chez moi, plutôt une sorte de dalle en pierre comme une scène, et une sorte de piquet en bois au milieu. Tout autour, des centaines de cadavres sans tête, un vrai bain de sang.
Je hurlais le nom d’Ilgueu à pleins poumons, mais personne ne me répondit, je me rapprochais de la scène improvisée, le piquet semblait bien épais, et puis bien calciné aussi, il y avait quelque chose d’attaché… j’avançais avec plus de difficultés, une légère brise se levait m’amenant les relents de restes carbonisés et un petit bout de tissu rouge, une paterne provençale, l’une des robes que j’avais trouvé lors d’une de mes sorties pour essayer de trouver des vêtements pour la petite. J’étais rentré dans les ruines de Moustier, une petite ville en Provence, bien connues des circuits touristiques, là dans les restes d’une boutique j’avais trouvé une robe en assez bon état à la taille de mon bout de Kaiser, je me souviens de son sourire, l’un des rares que je l’avais vu me donner, elle qui était toujours si sérieuse… elle riait…. elle l’avait enfilée de suite et ne l’avait guère quittée depuis… J’avançais comme un automate, les souvenirs d’une autre époque si réels qu’ils en occultaient le présent, comme nier que le soleil est dans le ciel, ou l’existence de la terre sous mes pieds. La vision du présent était assez brouillée de toutes manières, comme si j’avais de l’eau dans les yeux, je ne m’entendais pas hurler, un désir si puissant de refuser la réalité, que j’en étais à me ressasser nos moments ensemble, le moindre rayon de soleil, la moindre de ses remontrances… n’importe quoi, j’apprendrai l’Allemand mais putaing pas ça, s’il vous plait pas ça…. J’essayais d’essuyer mes larmes d’un revers manche, histoire d’y revoir un peu clair, j’avais besoin de savoir que je m’étais trompé, elle avait pu prêter sa robe… elle… elle….
Je m’approchais de la scène pour voir les restes carbonisés d’un petit corps empalé par un pieu en bois… le corps… petit… correspondait… non, non je refusais d’y croire, ce fut la chaine autour du cou qui me levait le doute, une petite chaine en argent qui n’avait que partiellement survécue au feu… Les mots de Franz me revenaient en tête, et malgré mais meilleurs efforts du contraire, je comprenais, je comprenais tout, je revivais la scène comme si j’y assistais…

La communauté de Franz… était aussi d’ordre religieux, mais d’un type particulier, quelque soit leur raisons ils pensaient que les zombies voulaient nous tuer… alors ils offraient certains des leurs en sacrifices… ils n’ont jamais compris que c’était le fait de vivre dans les caves en passant par des entrée trop petites pour laisser les zombies passer qui leur a sauvé la vie. Alors une fois tous les x temps ils se mettaient tous dehors pour donner leur offrandes a leur bourreaux… des jeunes gens vierges de préférences… c’était leur nom que j’avais vu dans les caves… Ilgueu… avait été plantée sur un pique et brulée vive.
J’imagine que ses cris ont attiré des zombies environnant, cela devait arriver d’une façon ou d’une autre, j’imagine qu’ils devaient éduquer les gosses pour ça afin qu’ils n’aient pas peur, peut-être qu’Ilgueu s’est défendue, je ne sais pas, ce qui est clair et qu’ils étaient venus… ils les avaient tous tués… je me revoyais sans cesse la scène, ilgueu hurlante de douleur… et Franz qui m’appelait monstre… elle est morte en s’imaginant que c’était ma faute…. j’avais laissé ilgueu chez des bien-pensants, ils sacrifiaient des enfants mais pour eux c’était moi le monstre…

133