Chambre Emilie:

Elle dort, son souffle est régulier. Lui est éveillé. Il caresse des yeux sa peau nue. Il approche ses lèvres d’une des mains endormies, souffle une légère brise et remonte lentement le long du bras jusqu’à l’épaule ronde et douce. Elle sourit, se détend et se retourne vers lui. Les deux corps s’enlacent, s’embrassent, s’unissent, oublient…
Il s’éveilla seul, ce n’était qu’un rêve. Alex se sentit désorienté quelques instants, Il se redressa et resta assis au bord du lit, la gorge serrée, Ses pieds se posèrent sur le plancher. Des frissons le long du dos, le sol était froid. Le vieil homme alluma la petite lampe de chevet et fouilla dans une grande enveloppe, posée sur la petite table. Il en retira une vieille feuille de papier qu’il déplia soigneusement. Il l’a lut, lentement, savourant chaque mot, chaque phrase. Puis ses doigts érodés par les ans replièrent la lettre et la glissèrent dans le tiroir de la table de chevet. Alex pleurait. Il renifla et se frotta les yeux.

Chambre Angeline:

Le vent souffle. Elle doit faire vite. Sa chemise de nuit la gêne pour courir. Elle ouvre la porte d’entrée. Une rafale violente pénètre dans la maison, elle doit descendre dans l’abri. La tornade arrive, gigantesque et arrachant tout sur son passage. Elle sort mais les pleurs d’un bébé la retiennent. Elle se précipite dans la maison. Les sanglots sont plus violents. Elle monte au premier étage. Elle n’entend presque plus l’enfant. La tornade est là. Les murs tremblent. Elle le voit, le bébé est assis sur le rebord de la fenêtre. Il sourit et soudain un bras de vent tourbillonnant l’emporte. Hurlements.
Sarah s’éveilla en sueur. Elle regarda autour d’elle. Où était-elle ? C’était une chambre d’hôtel. Ce n’était qu’un rêve. Elle repoussa les draps et passa le revers de sa main sur son front.

Chambre Jonas:

Elle ferme les yeux, les ouvre, les laisse fermer.
Se tourne à gauche, se tourne à droite.
Regarde le plafond, regarde la fenêtre.
Repousse les draps, les ramène.
Compte des moutons, puis des étoiles.
Puis elle s’éveilla.
Rêver que l’on n’arrive pas à dormir, voilà qui est étrange, pensa-t-elle.
Elle se mit à rire.

Chambre Marie:

– Une fée est morte.
– Quand ?
– Ce matin.
– Pourquoi est-elle morte ?
– Parce que je n’ai pas cru en elle.
– Parce que tu n’y a pas cru, elle est morte ?
– Oui
– C’est fragile une fée.
– Aussi fragile que nos certitudes.
– C’est quoi une certitude ?
– Croire à une fée en est une.
– Une certitude peut mourir ?
– Oui.
– Mais les fées n’existent pas.
– Si tu le dis…
– J’ai un doute…
– Une certitude qui meurt…

Elle agita les bras en signe d’agacement et ouvrit les yeux. D’étranges ombres dansaient au plafond.

Chambre Caleb:

Pas de rêve. Une chambre presque vide. Une nuit tranquille.

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