Lorsque j’ouvris les yeux j’étais allongée dans les bras du vampire. Je me redressai lentement et l’observai. Il dormait, son teint pâle était angoissant, si on ne savait pas que c’était là la couleur de peau des vampires Sangamia. Son visage carré, ses cheveux foncés, très beau, très attirant mais aussi…très ressemblant au premier vampire que j’avais rencontré… Prenant cela pour une coïncidence, je me levai sans le réveiller. J’avais très bien entendu et très bien compris ce dont ils avaient parlé la veille, Danayel et le vampire. L’autel m’aurait fusionné avec l’un des œufs ? Cela voulait bien signifier que j’étais semi-elfe et semi-dragon ?
Je m’arrêtai dans une clairière, m’immobilisai en son centre et fermai les yeux. Prenant confiance, je me concentrai et finis par réussir : je me sentis grandir, me transformant en une dragonne blanche, immense, magnifique. Je sentais la moindre différence avec mon corps d’elfe, les ailes poussant sur mon dos, la force de mes pattes, et surtout la queue derrière moi, assez étrange tout de même. D’une poussée sur mes pattes, je pris mon envole. Au départ j’eus un peu de mal à voler correctement, ne maîtrisant pas tout à fait mes nouveaux membres. Je finis par me stabiliser au-dessus de la forêt, le vampire et Danayel dormaient toujours. Je levai les yeux et m’élevai un peu plus dans les aires, jusqu’au-dessus des nuages. L’air était plus pure là-haut, plus enivrante, j’aurais pu y rester des heures. Je finis par replier mes ailes et me laissais plonger dans le vide. Le vent glissant sur mes écailles, une délicieuse sensation de liberté, de simple liberté.
Je me posais dans la clairière, non pas celle avec les deux hommes, mais celle d’où je m’étais envolée. Je repris mon apparence d’elfe très facilement, il me suffit d’y penser.
Avec un sourire satisfait je me dirigeai vers la clairière où se trouvaient les deux hommes. Mais alors que je sortais d’entre les arbres, Lilian me prit rapidement le bras et me bloqua contre un arbre. Il baissa les yeux, me regardant, comme pour s’assurer que je n’étais pas blessée.
– Tu es folle ? Pourquoi es-tu partit comme ça ? Tu es allé où ?
Je mis rapidement ma main sur sa bouche pour l’empêcher de poser une question de plus.
– Je suis juste aller un peu plus loin pour vérifier ce que Danayel disait.
Il me prit ma main et se mit à me fixer.
– C’est-à-dire ?
– Le fait que j’ai fusionné avec l’un des deux œufs.
Il fronça les sourcils.
– Je peux me transformer maintenant.
– Te…transformer ?
– Oui, tu comprendras plus tard, il faut dormir un peu.
Je voulus l’éloigner mais il me prit rapidement les deux poignets pour les bloquer contre l’arbre.
– Pas tout de suite, tu dois m’expliquer certaines choses avant.
– Comme ?
– L’acide, ce que tu as pris dans la gueule du monstre ou même cette bête-là.
Il désigna le petit dragon endormit près du feu, en boule comme un chat.
– C’est un dragon.
Le vampire ouvrit des yeux ronds.
– Comme les vampires ou comme mon peuple, ils ne sont méchants que s’ils sont élevés méchants.
– Je vois…quelle taille atteindra-t-il ?
– Je ne peux le dire, cela dépend de comment étaient ses parents, mais aucun autre animal connut ne l’égalera.
– Ensuite ?
J’hésitai à continuer, mais finis par me décider :
– Les elfes ont naturellement une peau plus résistante que celle des autres êtres telle que les vampires ou les Hommes, pour l’objet par contre je peux rien dire, pas pour le moment.
– Tu me cache sans cesse quelque chose, tu ne fais confiance à personne à vrai dire, j’ai même l’impression que tu te méfie de Danayel parfois, dans ton regard cela se voit.
– Et alors ? ça ne te regarde pas.
Je l’écartai mais il me plaqua brusquement et m’immobilisa de son corps imposant.
– Ça me regarde, je vais rester un moment avec vous alors si ça me regarde, à force de te méfier de tout le monde tu risques de voir des dangers partout, de finir seule et n’avoir personne sur qui t’appuyer.
– J’ai toujours vécus ainsi.
– Et tu penses que c’est ainsi que tu vas aider ton peuple ?!
Je me tu devant la colère montant dans ses yeux noirs.
– Tu es décidément égoïste, pense à ton peuple, tu es l’un des derniers elfes en vie !
– Depuis quand un vampire s’intéresse au sort de mon peuple ?
– Depuis que je t’aie rencontrée, tu es différentes des autres elfes que j’ai déjà vue. Tu as du caractère, tu es…très attirante…
– C’est donc pour cela que tu veux absolument rester, pour essayer de m’avoir ?
– Non…
– Oui bien sûr, tu vas me dire que ce n’est pas uniquement pour cela, que tu veux juste faire connaissance ou quelque chose comme ça ? Que ce n’est pas juste parce que je suis attirante physiquement ? Que je te donne envie ?
Il me fixa étrangement, comme s’il cherchait ses mots. Mais je le pris de court :
– C’est bien ce que je pensais, de toute façon vous pensez tous pareil !
Son regard s’attrista légèrement, comme si mes paroles l’avaient blessé. Je l’écartai brusquement et voulu partir mais il me bloqua contre l’arbre de nouveau, glissa une main dans mon cou et se pencha. Le contact de ses lèvres sur les miennes m’obligea à fermer les yeux et à me détendre, toute la colère qui s’était installée s’envola. Tout son corps se colla alors à moi, me bloquant complètement contre l’arbre.
Le vampire finit par s’éloigner, on se regarda alors dans les yeux.
– Bon, il ne fait pas parfaitement jour encore, tu ferais mieux de te reposer un peu.
En disant ceci il me prit la main et m’entraîna vers le feu. Je m’allongeai sur le dos en le regardant, lui aussi s’allongea.
– Pourquoi ne pas avoir profité ?
– Profité de quoi ?
– De moi…du fait que je me sois laissé embrasser.
Avec un sourire il s’assit rapidement sur moi et me regarda avec des yeux enjôleurs.
– Je ne profite pas des femmes.
– Mais là je me laissais faire…
– Je préfère lorsqu’elle est parfaitement consciente de ses actes et donc parfaitement d’accord.
Je souris, il était vrai que je me serais laisser faire, mais l’aurais-je regretté comme avec l’autre vampire ? Certainement, après tout je ne le connaissais pas…et avec ce qui nous attendait peut-être serait-ce une erreur de m’attacher à quelqu’un…
– Bien, dormons.
Il nous fit tourner sur le côté et je me retrouvai allongée sur lui. En signe de gratitude je l’embrassai sur la joue puis posai ma tête sur son torse et fermais les yeux.

Au matin, lorsque l’aube claire remplaça les ombres de la nuit, les deux hommes étaient déjà bien réveillés et discutaient lorsque j’ouvris les yeux.
– Alors princesse ? Bien dormit ?
Je me redressai et le vampire put enfin s’asseoir.
– Oui et vous ?
– Très bien, cela faisait bien longtemps que je n’avais pas dormis ainsi.
Lilian passa son regard entre nous et fini par croiser les bras.
– Vous l’appelez princesse, vous m’avez dit qu’elle l’était, mais c’est juste comme ça ou elle l’est vraiment ?
– Elle l’est vraiment, la princesse, seule et unique, de tous les elfes de ce monde.
Je me levai en m’étirant.
– Ce titre n’a plus beaucoup de valeur à présent.
– Vous avez tout de même reçut l’éducation.
J’haussai les épaules et voulus me pencher pour ramasser le petit dragon encore endormit, mais un vertige me pris alors. Lilian fut le premier à réagir, se levant pour me porter dans ses bras.
– Je m’occupe de lui ne vous en faites pas.
Danayel prit donc le dragon et ramassa les dernières affaires.
– Bien, partons, nous sommes à une journée de marche des montagnes.

Nous marchions depuis l’aube, mes jambes ressentaient beaucoup de fatigue, ma tête me faisait mal, le soleil l’ayant beaucoup trop frappée. Lilian me tenait à la taille, s’assurant que je ne tombe pas de fatigue.
Mais malgré tout il finit par demander à Danayel :
– C’est encore loin ?
– Une heure ou deux pourquoi ?
L’elfe se retourna pour nous regarder.
– Elle va finir par tomber…
– Vous la porterez.
Le reste du chemin me parut interminable, mais je ne m’effondrai pas comme ils l’auraient pensés, je restai bien éveillée.

Arrivés aux montagnes, on s’arrêta devant l’entrée d’une grotte, Lilian, confiant, nous fit signe d’avancer.
Danayel était derrière nous, nous suivant de près. Alors que nous arrivions devant une porte de fer, deux hommes nous entourèrent, ils brandirent des torches vers nous et très rapidement nous ouvrirent avec de grands sourires.
– Lilian !
Un homme vient serrer la main du vampire puis nous regarda, Danayel et moi.
– Matéo, je te présente Aliane et Danayel.
L’homme nous adressa un sourire. On fut rapidement mêlés à un groupe d’humain, tous curieux de savoir ce que nous faisions chez eux.

Mais après un très long moment à discuter, je vis une étrange lueur naître dans le regard de Lilian, il commença à serrer les poings et à s’éloigner de moi. Je compris son attitude lorsque je le vis se rapprocher d’un homme, essayant tout pour être le plus près possible de lui…plus près de son cou.
Je m’éloignai rapidement du groupe d’homme et agrippai Lilian par le col de son habit pour le tirer en arrière. L’homme qu’il venait d’agripper me regarda avec étonnement. Je sortis un poignard et me plaçai devant Lilian, entre lui et les autres, le menaçant. Il était agressif alors, les lèvres entrouvertes laissant voir ses canines, les jambes pliées prêtes à bondir, le dos voûté…tout d’un vampire cherchant à attraper sa proie.
Il bondit rapidement, si vite que je fus la seule à pouvoir réagir, le frappant au ventre d’un genou. Le vampire se redressa rapidement, ses yeux rouges transcrivaient bien sa soif, mais je pus déceler une certaine peur également, une crainte.
– Lilian voyons…calme-toi.
Mais le vampire n’écouta pas Matéo et voulu une fois de plus attaquer un humain. Cette fois, au lieu de le repousser, je le pris rapidement par le bras et collais mes lèvres aux siennes. Tous étaient alors immobiles, même Lilian, tous nous regardant avec étonnement.
Les yeux de Lilian étaient toujours rouges lorsque je l’éloignai, mais il se contrôlait déjà un peu plus.
– C’est vrai que nous n’avons pas l’habitude d’héberger des vampires et donc de les nourrir.
– Ne vous en faites pas pour cela.
Je glissai une main sur la nuque du vampire pour le rapprocher de moi. Même s’il résista au début, il finit par planter ses crocs dans mon cou.
– Arrêtez !
Des humains retinrent, sur un signe de main de ma part, Danayel pour ne pas qu’il intervienne.
– Vous êtes folle !
Lilian ne se nourrit que très peu, certainement par peur de me voir mourir. Le vampire m’éloigna de lui et on se regarda dans les yeux.
– Je suis désolé.
– Tu n’as pas à l’être.
Je m’écartai et me tournai vers les hommes tenant Danayel.
– Vous vous rendez un peu compte de ce que vous venez de faire ?!
– Danayel, calmez-vous voyons.
– Non ! Vous êtes plus inconsciente que lorsque vous étiez enfant ! Vous rendez-vous compte de ce que cela pourrait entraîner ?!
Je m’approchai rapidement de lui, le prit par le bras pour nous éloigner des oreilles indiscrètes.
– Je sais parfaitement ce que ça signifie et ce que ça peut créer, mais auriez-vous préféré qu’il tu l’un d’entre eux ?
– Oui, vous êtes la princesse ! Votre sang est sacré !
– Je ne le sais que trop bien, mais ce titre n’a plus de valeur pour l’instant, mon sang est comme celui d’un autre.
– Non ! C’est bien cela qui vous rend inconsciente ! Votre sang est particulier comme l’était celui de votre père ! Vous ne devez pas le partager !
– Ça suffit ! Vous vous calmez immédiatement, comme vous le dites si bien je suis la princesse, vous n’avez pas d’ordre à me donner, alors maintenant vous gardez pour vous vos réflexions à ce sujet et vous vous tenez tranquille.
Danayel ravala donc ses paroles et baissa la tête. On retourna auprès des autres qui nous regardaient.
– Vous joignez-vous à nous pour dîner ?
– Bien entendu.
On suivit donc les hommes vers une grande salle aux murs de pierre, avant d’y entrer, Lilian me prise à part. Il attendit qu’on soit seuls dans le couloir pour parler :
– Tu n’es pas trop fatiguée ?
– Je tiendrais ne t’en fais pas.
Il me prit le menton pour regarder mon cou puis se pencha. Je le laissai me soigner de la morsure puis il s’éloigna.
– Si tu es fatiguée n’hésite pas à demander d’aller te reposer.
Je lui souris et voulus entrer dans la pièce mais il m’agrippa rapidement le bras pour me tourner face à lui. On se regarda alors, les yeux dans les yeux. Un sourire se dessina sur ses lèvres et il se mit à avancer, moi, peut-être par réflexe, je reculai.
Mais je finis par être bloquée contre le mur de pierre et me raidis.
– Apparemment, que ce soit toi ou moi, un baisé nous calme très vite.
– En effet…
– Je ne me suis pas tout à fait rassasié…il m’en faudrait un autre si je veux pouvoir me contrôler pendant tout le repas.
Il dit cela avec un sourire enjôleur comme il savait si bien les faire. A son grand étonnement, je souris aussi et passai mes bras autour de son cou.
– Mais peut-être qu’à force ça ne nous fera plus rien…
Il sourit et colla complètement son corps au mien.
– Certainement pas, pour moi c’est impossible…tu me fais tellement d’effet.
Je me sentis rougir et détournai donc le regard. Lilian se pencha lentement et déposa ses lèvres sur ma joue, petit à petit il tourna la tête, rapprochant ses lèvres des miennes.
Je le repoussai avant le baisé et souris malicieusement.
– Je t’en supplie…
Rapidement je le poussai et cette fois ce fut moi qui le bloquai contre le mur, même si, avouons-le, il n’était pas réellement bloqué.
– Je veux une promesse.
– Tout ce que tu voudras.
Je souris et, bloquant son cou d’une main pour ne pas qu’il avance, j’effleurai ses lèvres des miennes.
– Arrête cette torture…je t’en prie…
Je m’éloignai et on se regarda dans les yeux.
– Promet moi que si tu es en manque tu ne tueras personne et que tu viendras plutôt me voir.
Ses yeux devinrent ronds et il avala sa salive.
– Je…je ne veux pas te faire de mal…
– Ne t’en fais pas, tu ne peux pas me tuer ainsi.
– Bon…si tu en es certaine…d’accord.
Je souris et me penchai en libérant son cou, il s’avança très rapidement pour m’embrasser. Alors Lilian me repoussa pour me bloquer contre le mur, une main appuyée à côté de ma tête et l’autre sur le haut de ma poitrine pour me maintenir bloquée, il ne lâcha pas mes lèvres. Mais le contact devient plus…humide. Se calmant un peu, Lilian ouvrit ses lèvres, m’obligeant à ouvrir les miennes, alors sa langue entra dans ma bouche…dit ainsi cela pourrait paraître assez…étrange, mais je peux vous assurez, même sans être capable de vous la décrire, que c’était une sensation délicieuse.
On finit par s’éloigner, alors nos regards se croisèrent, hors la petite lueur d’assoiffé qui régnait dans ses yeux, une forte envie pouvait y être décelée.
– On devrait y aller, ils vont se demander ce que nous faisons…
– En effet.
Il me prit la main pour me tirer vers la salle.
On s’installa face à face, j’étais alors à côté de Danayel et du chef des rebelles. A côté de Lilian restait pourtant une place de libre, mais elle semblait réservée.
– Alors dites-nous, comment vous êtes-vous rencontrés vous et Lilian ?
Je souris à Matéo et, tout en mangeant légèrement, commençai à raconter :
– C’était à la cité des elfes, j’avais déjà retrouvé Danayel mais j’étais parti pour tuer la bête qui avait été la cause de la destruction de la forteresse.
– Destruction ? Entièrement ?
– Oui entièrement, Danayel était le seul survivant.
– Grâce à un coup de chance.
Tous le regardèrent rapidement puis reportèrent leurs regards vers moi.
– Et alors ?
– Alors, la bête dormait lorsque je suis arrivée, j’allais pour l’empoisonner et l’endormir un peu plus, pour pouvoir m’en occuper tranquillement, mais Lilian m’en a empêcher.
Matéo se mit à rigoler.
– Toujours là pour faire foirer les plans parfaits celui-là !
– Je pensais qu’elle voulait l’attaquer directement…
Tous sourirent devant cette piteuse défense.
– La bête s’est réveillée et nous a attaqués, malgré Lilian je suis parvenue à l’endormir.
– Avec un peu de mon aide tout de même.
– Un peu certes.
Lilian sourit et se pencha sur la table, vers moi, avec un sourire malin.
– Et comment es-tu arrivé à bout de la fameuse bête ?
Je lui lançais un regard réprobateur et il sourit, comme fière.
– Cette bête, unique sur le continent se nomme Maïrouk, à l’origine elle n’était pas agressive, j’ai voulu chercher pourquoi elle avait changé mais n’ai pas trouvé alors je l’ai tuée.
Lilian se retient de répliquer et on échangea un regard.
– Et ensuite ?
Je souris de nouveau à Matéo :
– Ensuite nous sommes venus ici.
– Et avant tout cela ?
Je perdis mon sourire et tournai lentement la tête vers la porte de la salle, comme tous les autres. Le vampire, le premier que j’avais rencontré, se tenait à la porte, droit, le regard fixé sur moi.
– Frérot !
Lilian se leva d’un bond pour sauter dans les bras du nouvel arrivant.
Voulant m’expliquer, je me levai et me dirigeai vers le duo, repoussant Lilian, le vampire me sourit et me prit la main pour m’entraîner hors de la salle sous les yeux incrédules des autres.
On se mit face à face et on se regarda, mais je finis par baisser la tête.
– Je suis désolée.
L’homme se mit à rire et me prit les mains pour les porter à sa bouche.
– J’ai entendu ce que vous avez raconté, je comprends parfaitement que vous m’ayez laissé.
Je poussai un soupire soulagé et lui souris.
– Alors comme ça vous connaissez mon frère ?
– Je l’ai rencontré après vous, et j’aurais facilement pus deviner qu’il était votre frère d’ailleurs.
– Ah oui ? Et pourquoi ?
– Vous vous ressemblez beaucoup physiquement.
Il sourit et s’approcha de mon oreille.
– Sauf que moi vous avez vu mon corps en entier.
Je me sentis rougir mais fermai les yeux quelques secondes et me repris.
– Pas parfaitement puisque je n’ai pas regardé, mais lui…
Il haussa les sourcils avec un regard étonné puis regarda la porte de la salle. Je me retournai alors pour voir la tête de Lilian dépasser de la porte, il sourit et nous rejoignit.
– Oui j’ai écouté, alors c’est avec toi qu’elle a couché hein ? Eh bah grand frère ça ne m’étonne pas de toi !
Le grand frère regarda Lilian avec un regard assez…noir, comme s’il était énervé.
– Euh…ah mais non ! T’es jaloux ?!
Je regardai alors avec surprise les deux frères se prendre à une course poursuite dans le couloir.
Le petit jeu, si s’en était un, se finit contre un mur, Lilian maintenu fermement.
– T’as couché avec elle ?
– Non, moi je préfère la draguer et pas lui donner envie et qu’elle le regrette après.
Ils se défièrent du regard mais finir par s’éloigner et retourner vers moi. Je croisai alors mes bras en les regardant.
– Vous êtes autant gamin l’un que l’autre, c’était quoi cette crise ?
Les deux garçons, comme des enfants qu’on dispute, rentrèrent leur tête dans leurs épaules.
– De la jalousie peut-être ? j’ai couché avec l’un et me suis faite draguée par un autre et alors ? Vous vous battez pour moi mais mon avis compte-t-il ?
– Bien sûr qu’il compte.
Je les regardai tous les deux puis tournai les talons pour entrer dans la salle. Je m’assis aux côtés de Danayel qui me regarda étrangement, Lilian et son frère s’assirent côte à côte, toute colère semblait alors avoir été bannie.
– Donc je vous présente mon frère Castiel pour ceux qui ne le connaissent pas.
– Et de quoi avez-vous parlé ?
Matéo avait immédiatement tourné la tête vers moi pour me poser cette question.
– De choses privées.
Castiel me sourit malicieusement, ce regard, Danayel sembla parfaitement le comprendre. L’elfe se leva en tapant du poing sur la table, surprenant tout le monde.
– Ne me dites pas que vous avez couché avec l’un d’eux ?!
Je fus au début autant surprise que les autres et restai figée. Mais, reprenant mes esprits, je me levai lentement et regardai Danayel.
– Cela ne vous regarde pas.
– Vous êtes inconsciente ! Ils ne sont pas de notre peuple ! Si jamais vous vous êtes accouplée avec l’un deux…
– Stop !
Il se tu immédiatement et se redressa. Tous les hommes autours, et les quelques femmes présentes s’étonnèrent certainement de mon autorité sur lui.
– Danayel, je connais mon rôle, je connais les interdictions, je sais que je suis précieuse pour notre peuple, mais il n’existe aucune règle qui m’interdit de coucher avec un homme d’un autre peuple.
– Vous salissez votre sang !
Je me laissai emporter et lui assénai un coup de poing, il se retrouva à terre mais se redressa rapidement sans oser me regarder.
– Ils ne sont pas de notre peuple, nous sommes différents, mais ils vivent comme nous, ont des sentiments comme nous, alors non je ne sali pas mon sang.
– Le sang noble ne doit pas se…
– Ça suffit !
Il hocha la tête et ne leva toujours pas les yeux par signe de soumission.
– Nos ancêtres considéraient les autres peuples comme inférieur, si vous pensez ainsi je vous conseille de partir de ces montagnes immédiatement.
– Ce n’est pas une question de peuple…
– Pour vous si, enfin de rang aussi, je sais que vous avez toujours voulus me protéger des autres elfes que ceux de ma famille, soient ceux du plus haut rang.
– Pour votre bien mais je…
Je cessai sa parole d’un geste puis lui indiquai de s’asseoir.
– Si vous tenez à cette conversation nous l’aurons plus tard.
– Bien.
On se rassit donc tous les deux sous les yeux éberlués des humains et des deux vampires.
Après un moment de silence, Lilian se mit à applaudir :
– Très belle démonstration de voter autorité princesse.
– Princesse ?!
Plusieurs l’avaient relevé en même temps, dont Castiel et Matéo. Je souris et continuai de manger.
– J’ai caressé le corps d’une princesse, très intéressant.
Je sentis le sang monté à mon visage lors de cette phrase de Castiel. Alors tous, sauf Danayel et moi, se mirent à rire, je finis par sourire également, comprenant que c’était simplement pour détendre l’atmosphère. Mais Danayel se mit à fixer le vampire avec une certaine colère.
– Serait-il possible que Danayel aille se reposer ?
Matéo me sourit et fit un signe à un homme qui se leva.
– Merci.
Danayel partit donc.

Le reste du repas se passa sans aucun incident. Une fois repus on partit vers les chambres. J’emmenai le petit dragon avec moi. Lilian entra dans la siennes assez rapidement, s’isolant de tous, mais Castiel m’accompagna jusque devant la porte de ma chambre.
– Je vous prie de m’excuser.
– Pour ?
– Ma petite crise de jalousie.
Je lui souris.
– Mais j’aimerais vous demander quelque chose.
– Je vous écoute.
– Plusieurs choses en fait.
– Mais allez-y voyons.
– Bon, hum, premièrement, comment est Lilian avec vous ?
– Euh, c’est-à-dire ?
– Est-il gentil ? Ou vous embête-t-il un peu de temps en temps ? Est-il attentionné ? Ou vous évite-t-il parfois ?
Je baissai les yeux à cette question et souris une fois de plus.
– Lilian est un homme responsable, j’ai été blessée en sa présence il insistait pour me soigner, limite en me forçant, et puis oui il m’embête un peu mais ce n’est jamais méchant.
– Je vois…
– Quoi d’autre ?
– Un service, ne jamais parler de notre relation à une certaine personne.
– Qui ?
– Vous ne la connaissez pas pour l’instant, enfin je ne crois pas, une femme du nom de Magalie.
– Pourquoi si je puis me permettre ?
Il passa nerveusement sa main dans ses cheveux et regarda autour de nous pour s’assurer qu’on ne nous écoute pas.
– J’entretiens une relation particulière avec elle…je ne veux pas la blesser.
– Je vois, et bien je le ferais seulement si ça ne se reproduit pas tant que vous êtes avec elle.
– Parfait, je vous en remercie.
– Moi je voudrais vous demander quelque chose.
Il me laissa parler.
– Tutoyez-moi.
Il me sourit puis prit ma main pour l’embrasser avant de partir vers sa chambre. J’entrai dans ma chambre et l’observai.
Des murs de teintes marrons, un lit sobre, d’armatures de bois, de draps blancs, quelques meubles en chênes, rien de bien compliqué.
Je m’assis sur le lit, posais le petit dragon et réfléchis.
Après un court instant, je me levai, allai fouiller dans un tiroir, sortis une longue robe de nuit de soie blanche et l’enfilai. Ma nuit fut courte, dehors dans la montagne d’étranges créatures semblaient vouloir m’empêcher de dormir, criantes et bruyantes au point de maux de tête. L’une parvient même jusqu’à ma fenêtre, par son apparence particulière je compris d’où elle venait : des entrailles de la montagne. Ces créatures, j’en avais déjà rencontrées dans des sous-sols, préférant l’obscurité, elles étaient inoffensives et s’approchaient très rarement des autres peuples, alors, pourquoi étaient-elles sortit ce soir ? Je préférais en parler aux autres demain plutôt que de m’aventurer dans une escapade nocturne.
Lorsque le ciel se teinta d’un bleu amère, je me levai de mon lit. Dans la chambre il faisait assez chaud mais dans le couloir j’en doutais. Je trouvai une fourrure, l’enfilai puis sortis de la pièce. Je refermai doucement la porte, ne réveillant pas le dragon, tous étaient encore dans leur sommeil, je devais être discrète.
Je m’approchai de la porte de la chambre de Lilian, mais avant de toquer j’y entendis comme une bagarre. Je toquai rapidement et entrai en restant sur mes gardes. La pièce semblait avoir été saccagée.
– Lilian ?
Ma voix inquiète ne déclencha pas l’apparition du vampire, mais le calme de la pièce était inquiétant.
Alors que je commençais à m’affoler, une main agrippa ma nuque et je fus plaquée face contre le mur. Je sentis un corps chaud, brûlant, se coller dans mon dos, un souffle s’approcha de mon oreille :
– Pourquoi toi…pourquoi es-tu venue ?
Je me calmai en comprenant ce qu’il se passait.
– Lilian, as-tu oublié ta promesse ?
– Non…
– Tu aurais dus venir me voir avant de saccager ta chambre.
– Je ne veux pas te faire de mal.
Malgré cette phrase, je sentis son souffle descendre, faisant voler mes cheveux, balayant la peau de mon cou de sa chaleur ardente.
– La seule chose que je risque c’est de la fatigue, tu n’as pas de crainte à avoir pour ma vie.
Comme rassuré, ou ne se tenant plus, le vampire dégagea mon cou de mes cheveux, sa main glissa ensuite sur la fourrure que je portai, la faisant descendre.
La morsure fut beaucoup plus longue que les fois d’avant, plus douloureuse vers la fin aussi. Je fermai les yeux en sentant mes forces se vider en même temps que mon sang coulait dans la gorge de Lilian. Le vampire se serra complètement contre moi, plantant un peu plus ses crocs dans ma peau, doublant la sensation d’aiguilles s’enfonçant dans mon cou.
Lorsqu’il s’éloigna se fut lentement, il essuya sa bouche et me regarda. Je me retournai pour l’observer, ses yeux transcrivaient une certaine peur, un écœurement.
– Je suis un monstre…
Une larme translucide coula sur sa joue. Je m’approchai mais il recula jusqu’à atteindre le lit, alors il s’y assit, regardant dans le vide. Je m’assis près de lui et posai une main douce sur son épaule.
– Lilian, tu n’es pas un monstre…
– Mais regarde-moi !
Il me prit par les bras pour me rapprocher de lui, ses poings étaient tellement crispés que j’aurais juré sentir ses doigts s’enfoncer dans ma chair.
Le vampire finit par me lâcher, il regarda ses mains puis mes bras, puis il se recroquevilla ensuite dans le fond du lit, s’éloignant de moi.
– Lilian…
Je m’approchai lentement, oubliant déjà les marques que j’aurais certainement sur les bras. Je lui pris la main puis me rapprochai.
– Je suis un monstre Aliane…rien qu’un monstre…
– Mais non.
Je posai une main sur sa joue puis glissai mes doigts sur son menton pour qu’il me regarde.
– Tu me vois moi ? A part le fait que je sois une femme, qu’avons-nous comme différence ?
– Je bois du sang…je ne peux pas me contrôler au point de te faire du mal…
– Ça ne fait pas de toi un monstre, je mange des animaux, suis-je un monstre ?
– Non…tu n’as rien d’un monstre toi…
Je pris sa main et la collai, paume à paume à la mienne.
– Deux êtres se ressemblant physiquement à ce point peuvent-ils être si différents ?
Il baissa la tête et soupira.
Je me glissai rapidement dans ses bras et posai ma tête sur son torse.
– Tu n’es pas un monstre.
Doucement, comme redoutant de m’écraser, il referma ses bras autour de moi.
– T’ai-je fais mal ?
– Un peu mais ne t’en fais pas.
– Désolé.
Il me prit le menton pour me forcer à pencher ma tête en arrière et se rapprocha de mon cou. Une fois qu’il eut refermé ma blessure il rapprocha ses lèvres des miennes, je me laissai entièrement faire, fermant simplement les yeux. Je finis par glisser une main sur sa joue, le gardant près de moi. Il avait besoin d’être rassuré, cela se voyait.
Lilian m’obligea à m’allonger en se mettant sur moi, j’étais alors complètement bloquée sous lui, je ne pouvais me libérer, à vrai dire, je n’en avais pas envie, mais il était vrai qu’ainsi une certaine crainte monta en moi, je n’osais pourtant pas l’éloigner. Ce fut Lilian qui s’écarta de lui-même. On se regarda alors dans les yeux.
– Tu es sûr que ça va ?
Je fronçais les sourcils, pourquoi demandait-il cela ?
– Tu es pâle…
Je lui souris, il était vrai que je me sentais assez fatiguée depuis qu’il m’avait mordue.
– Tu ferais mieux de te reposer.
En disant ceci il se redressa et resta assit sur moi. Je souris et me redressai légèrement.
– Tu veux bien rester ici ?
J’hésitais quelques instants mais finis par sourire :
– Bien sûr.
Il me prit les poignets puis sans aucun effort apparent, m’installa dans le lit. Alors qu’il s’allongeait à côté de moi, je m’allongeai sur son torse et fermai déjà les yeux.
On dormit ainsi, même si déjà, dans le couloir les premiers réveillés s’activaient.

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