Chapitre 5 : Réveil

Qu’est ce qui est le plus dur, échapper de peu à la mort ou se retrouvé face à une meute de loups enragée. Je ne saurais vous répondre mais ayant goûtais aux deux, je peux vous dire que c’est des expériences absolument terrifiante. Mais comme chacun le sait, les apparences peuvent parfois être trompeuses.
Hum hum je sortais difficilement de la torpeur dans laquelle le sommeil m’avait plongé, en sentant un objet rugueux et humide sur mon visage.
Affolé, j’ouvris les yeux d’un coup, et devint blanc comme neige face au spectacle qui s’offrait à moi.
Ces yeux jaunes orangées, cette odeur musquée et surtout ce poil gris cendré. J’avais en face de moi un loup, et de bonne taille qui plus est.
Imaginé dans quel état d’esprit un jeune garçon de douze ans doit se trouver dans une pareille situation, et vous saurait ce que j’ai ressenti à ce moment-là.
La peur me nouait les tripes. J’étais plus mètre de mon corps. Le contenu de mes intestins a même faillit se déverser dans ma culotte.
Le loup a ouvert la gueule présentant deux rangées de dents monstrueuses. Son haleine fétide m’a alors fait frémir de dégoût. Soudain il s’est mis à grogner et là, j’ai bien cru que ma dernière heure était arrivé. J’ai fermé les yeux en attente du coup de croc fatal, qui allait m’emporter la gorge, tandis que ma vessie souillait mes bas.
Mais rien ne se produisit comme prévus. Je sentis un déplacement d’air devant moi, un choc sous mes fesses, puis un jappement se fit entendre.
Alors que le soleil m’inondait de sa clarté rayonnante, je mis une main en visière, pour mieux distinguer mon environnement proche. Ramos me pardonne, car le spectacle qui s’offrit à moi était absolument et incommensurablement effrayant. Devant mes yeux ébahis, se pavanait un loup comme je n’en avais encore jamais vue. Il faut dire que j’avais rarement eu l’occasion d’en rencontrer.
La seul autre fois où j’avais eu l’occasion d’observer ces fiers animaux, c’était il y-a environ cinq ans de cela, par une chaude soirée d’avril, alors que leurs hurlements se faisaient échos dans la nuit.
Agron m’avait alors demandé de l’accompagner, pour aller observer les mœurs des loups. Sous les vivats de mère qui harangué que c’était dangereux, que l’on risquait de se faire attaquer.
-Foutaise, avait répondu père. Ce n’est qu’un mythe, site moi des cas avérés d’attaque sur l’homme. Il y en a très peu, alors que l’inverse est légion. Sache mon épouse que c’est un animal avisé et réfléchi. Il ne lui viendrait jamais à l’esprit d’attaquer une proie s’il n’est pas sûr d’avoir le dessus. Et croit moi il sait la menace que représente l’homme pour son espèce. La seule chose qui pourrait pousser une meute à nous attaquer est la faim, et l’odeur du sang. Si ils n’ont rien trouvé à chasser depuis plusieurs jours, il se peut qu’il passe outre leurs inhibitions naturelle, cet état et d’autant plus accentué si nous sommes blessés. Heureusement ce n’est pas notre cas, et ce n’est pas la bouffe qui leurs manque. Hagen grouille de phacochères, d’élan et autre rongeur.
-Sans oublier nos vaches et nos moutons qui se font égorger dans leur enclot, répondit Catherina.
Père lui lança un regard emplit de condescendance.
-C’est vrai, mais ça n’arrive que rarement.
-Mais à chaque fois c’est un véritable massacre, dois je te rappeler le nombre de bêtes que l’on a perdues la dernière fois que ça s’est produit.
-Inutile, je m’en souviens encore très bien. Je sais ce à quoi tu penses mais je ne changerais pas d’avis.
-Je ne dis pas que l’on doit exterminer tous les loups. Je respecte nos traditions et notre façon de vivre, je suis même l’une de leur plus fervente adepte. Mais il faut être réaliste, si on les laisse se multiplier ainsi, il arrivera un temps où ils seront tellement nombreux que la nourriture viendra à leur manquer. Et quand ce moment arrivera, tu sais très bien ce se produira. Ishtar t’écoutera si tu lui parle de ce problème, après tout, tu et un des membres les plus influents du village.
-Catherina ! Ma décision est irrévocable. Jamais je ne cautionnerais une battue. L’humanité a déjà fort à faire en s’entre-tuant elle-même. Tu es au courant des derniers on-dit en provenance de Méridiss. Il paraîtrait qu’Anthranax a dissout le conseil, pour s’arroger les pleins pouvoirs. Ça n’augure rien de bon, qui c’est ce qu’il peut bien manigancer. Si ça se trouve le pire reste à venir.
-Tu ne crois car même pas que…
– Je ne sais pas, mais on ne peut négliger aucune éventualité. Depuis qu’il est arrivé au pouvoir il n’a pas arrêté de nous cassé des œufs sur la tête. Pour cet homme nous sommes responsables de toutes les afflictions qui touchent Méridiss. Il paraît que les crieurs public incite le peuple à la haine raciale, leurs rabâchant toute sorte d’insanité à notre sujet. Tout ça pour nourrir leur animosité.
-Il n’a pas tout à fait tort, Anthranax, je veux dire quand il nous accuse d’être responsables de la déchéance du continent Méridiens. On a une part de responsabilité dans cette histoire.
-Ce n’est pas nous qui avons choisi de nous railler à « mon père baissa la voix» Igmol. C’était de bonne guerre, après tout ce qu’ils nous ont fait subir on aurait dû les exterminer jusqu’au dernier. Mais on en a rien fait, la pitié nous a parus préférable à la vengeance.
-N’empêche qu’on les a abandonné dans la merde. Leurs cités en ruines, leur système économique foutu. On a même était jusqu’à dépêché des hommes pour traquer et tuer tous leurs forgerons et ingénieurs. Sans parler du traité, ce fameux décret leur interdisant de posséder une armée digne de ce nom.
-Il fallait bien qu’on et des garantis ! On ne pouvait se permettre un nouveau conflit de ce genre.
-Et ce sont ces mêmes garantis qui risquent bientôt de nous péter à la gueule.
-Ouais… mais il y a autre chose.
-Quoi donc ?
-Pourquoi maintenant, ça fait plus de mille ans que la guerre c’est achevé. Tu n’iras pas me faire croire que les Méridiens, et en particulier Anthranax ont la rancœur aussi tenace. D’ailleurs tout ce qu’ils connaissent de ce conflit, ils l’ont appris comme nous, de parchemins et autre vieux grimoires.
-Peut-être est’ il simplement fou, et qu’il cherchait seulement, une bonne raison de nous attaquer.
-Je ne sais pas, mais j’ai un mauvais pressentiment. J’ai l’impression que l’on voie, ce qu’il veut, que l’on remarque, et que la véritable menace est ailleurs.
Maintenant, tu comprends pourquoi je me refuse à sacrifier les loups. Il suffit déjà que l’on se massacre entre nous, sans rajouter à notre actif l’extermination d’animaux innocents. Ceci dit, tu n’as pas complètement tort. Il se pourrait que dans un futur plus ou moins proche, leurs multiplications causent problème. Si cela venais à se produire, je te promets que j’en parlerais à Ishtar. Mais seulement et uniquement dans ce cas précis.
Puis, nous nous fondîmes dans les ombres de la forêt.
Je suivis mon père dans le dédale labyrinthique d’arbres, qui constituaient le cœur même de la forêt. Avec pour seule guide la lumière de la lune et les connaissances en matière de pistage de mon père. Au bout d’un certain laps de temps, il me fit signe de m’arrêter, s’accroupit, et me désigna quelque chose sur le sol humide, qui sentait bon les champignons.
-Tu vois cette marque à mes pieds.
-Qu’est-ce que c’est ?
-C’est l’empreinte de la patte d’un loup, et à en voir la taille et la profondeur, je dirais que c’est celle d’un mâle. Leur tanière ne doit plus être très loin. A partir de maintenant, il va nous falloir être plus prudent encore, si l’on ne veut pas se faire remarquer.
-Pourquoi tant de précautions, dis-je en tremblant, alors qu’une bourrasque venait de faire tangué la cime des arbres. C’est bien vous père qui avez dit que les loups sont inoffensifs.
-Je ne disais pas ça pour nous. Enfin, quoi que. Ce que je veux dire, c’est que si on s’approche sans prendre de gants, on n’apercevra rien du tout. Les loups ont une vision nocturne très développées et leur flair n’est pas en reste. Ils sont capables de sentir une proie qui se trouve à plus de vingt kilomètre. Quant à leur ouïe elle est tout aussi développée.
C’est pour cela Thartos que je n’en démordais pas devant ta mère. Je savais que le vent n’allait pas tarder à se lever. Apparemment Ramos me donne raison une fois encore, dit’ il en observant le sous-bois s’éveiller à une vie nouvelle, sous l’effet de la bise. Merci les Chardons de grand-mère.
Nous devons nous pressés maintenant. Le vent masquera notre odeur, mais notre plus grande difficulté consistera à l’avoir toujours de face. Par contre quand la pluie commencera à tomber, ça sera une autre histoire.
-Il va pleuvoir !
-Oui et pas qu’un peu. C’est d’ailleurs l’autre raison, qui a motivé mon expédition. Le sol détrempé va étouffer le bruit de nos pas, empêchant les branches mortes de craquer sous nos pieds. Mais le revers de la médaille c’est que l’eau va porter plus rapidement notre odeur. C’est pour ça que nous allons devoir accroître notre vigilance.
Nous marchâmes encore un long moment. Nous arrêtant juste le temps que Agron observe le sol, les plantes nous entourant.
Finalement, alors que la bruine commençait à tomber, nous finîmes par arrivés à bon terme. Père, leva la main pour m’empêcher de continuer et s’enfonça dans une hais de Millepertuis. Il en ressortit peu de temps après, et me fit signe d’approché.
-A partir de maintenant, je ne veux plus un bruit, je veux pouvoir entendre les battements d’ailes d’un papillon, chuchota t’il.
Puis il me fit un clin d’œil malicieux et m’invita à le suivre.
-Crois-moi, tu vas vivre une expérience inoubliable, de celle qui nous marque à jamais.
Il ne croyait pas si bien dire. Malheureusement ce n’est pas ce moment-là qui reste gravés dans ma mémoire, mais un autre beaucoup plus sombre, malsain. De celui-ci, je retiens juste l’un des derniers instants de joie avec mon père. Avant que celui-ci ne change et devienne froid et distant.
Nous rampâmes sur une dizaine de mètre, avant de percer de nouveau le rideau végétal. Et là, s’offrant à mes yeux ébahis, se déroulait un incroyable spectacle.
Se tenant à quelque mètre de moi, dans une légère dépression, plusieurs loups somnolaient.
Obnubilais par mon excitation et ma curiosité, je fis fit de tout bon sens et me redressé pour aller à leur rencontre.
Une main s’abattit lourdement sur mon épaule me stoppant nette dans mon élan.
-Qu’est-ce que tu fous ? murmura père.
Reprenant mes esprits, et me rendant compte de la bêtise que j’allai commettre, je me fermais comme une huître et sentit mes joues s’empourprer.
-Ne t’en fait pas, ce n’est pas graves, je ne t’en veux pas. A dire vrai, je t’envie même un peu. Je répugne ces moments de faiblesses qui me rappellent ma propre enfance et l’innocence qui l’accompagnait. Alors que tout paraissait merveilleux, et brillé de mille feux à mes yeux. Tandis que maintenant, je suis accablé par les soucis, et les responsabilités inhérentes à ma position. C’est pour cela, que je veux te voir profiter un max de temps de tout ce que la nature a de plus merveilleux à nous offrir.
Maintenant lève la tête et regarde derrière le bosquet de hêtres, qui se trouve à ta droite, à environ huit mètre.
Plissant les yeux pour sonder la pénombre ambiante, je remarquai le boqueteau en question, mais n’entraperçus rien. Du moins rien qui ne semblait sortir de l’ordinaire
-Je ne vois rien !
-Patience.
Soudain un reflet capta mon attention. Comme deux petites lucioles perçant l’obscurité. Suivi par une forme sombre mouvante. Mon cœur ne fit qu’un bond dans ma poitrine, un autre loup.
– Un éclaireur. Maintenant, tu vois les deux un peu à l’écart des autres.
– Oui
– C’est le mâle et la femelle alpha, les dominants de la meute. Un peu comme Ishtar et Séraphine au village.
– C’est les chefs !
-On peu dire ça, mais leur organisation hiérarchique est très particulière. Déjà tout les membres ou presque de la meute sont issus des portées du couple Alpha.
-Comme une grande famille.
-Exactement.
-Ensuite viens le mâle bêta, c’est le protecteur attitré de l’alpha et son remplacent potentiel, s’il venait à arriver quelque chose à celui-ci. Le gamma, joue en quelque sorte le rôle de l’éclaireur, il prévient les autres en cas de danger, particulièrement lorsque la meute est assoupie. Finalement, on trouve les louves et les louveteaux, et tout en bas de la pyramide, L’oméga. C’est le paria du groupe, le soufre douleur, celui qui prend pour tous les autres. Mais cet ordre n’est pas gravé dans le marbre. Tu dois savoir Thartos que n’importe quel loup, qu’importe sa position, peut défier l’Alpha pour tenter de le destituer. Car celui-ci est en effet, le seul à pouvoir se reproduire et uniquement avec la femelle Alpha. Mais celle-ci aussi, peut-être destitué par une rivale désireuse de procréer. Dans le cas du perdant, celui ou celle-ci devient un nouvel oméga, ou le reste à moins qu’il ne se décide à quitter la meute, pour en créer, ou rejoindre une nouvelle. Mais là où je voulais en venir mon fils, c’est que contrairement à l’homme qui s’entretue à la moindre contrariété, cherchant toujours une bonne raison de faire couler le sang. Rare sont les fois où ces fiers animaux en arrivent à cet extrémité. Car vois-tu Thartos eux, contrairement à nous… enfin à la majorité de l’humanité, n’ont pas renié leurs racines. Ils vivent toujours en parfaite communion avec la nature. Et de par cela, ils savent que le perdant d’un duel, doit continuer à pouvoir foulée librement le sol de notre belle planète. Car si ce loup a eu le cran de défier l’autorité de l’Alpha, c’est qu’il en a dans la culotte. En conséquence sa semence est porteuse d’un gène fort qui pourra assurer la pérennité de l’espèce.
Mais ces loups-là, n’avaient rien en commun avec celui qui me faisait face. D’un pelage noir ébène, il devait mesurait 140 cm aux garrots, au bas-mot. Et son regard saphir, tellement perçant, donné l’impression qu’il sondé les méandres de mon subconscient. Affolé, je n’avais toujours pas esquissé le moindre geste. Puis, il se détourna de moi et poussa un long hurlement sinistre à vous glacer les sangs, qui se fit écho dans toute la forêt. A ce moment-là d’autres hurlements entrèrent en concordance avec le sien. Comme une espèce de macabre mélodie. Je me rendis alors compte que pleins d’autres paires de pupilles dilatée m’observais. Certaine proche, mais gardant car même une certaine distance et d’autre plus éloignée caché dans les broussailles m’entourant. Je m’étais réveillé au beau milieu d’une meute.

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