J’ai parcouru les mille vallées

J’ai affronté mille dangers

J’ai foulé les plus beaux champs de blé

Qui furent engloutis sous le pas des guerriers.

J’allais de place en place

Proposer aux rois, mes services.

De leurs appétits voraces,

Je me faisais le complice,

Me roulant dans la charogne

Des plus basses besognes.

J’y ai plusieurs fois perdu mon honneur

Pour quelques futiles faveurs.

Il en va de l’honneur

Comme du fil des heures.

Le temps qui est perdu

Ne reviendra plus.

C’est pourtant sur ce chemin funeste

Que me fut adressé un signe céleste.

On me confia la plus terrible des quêtes

Sauver une princesse des griffes d’une bête…Pour le service de mon courage mercenaire

On me propose la grâce pour unique salaire.

La rédemption de mes fautes

Et la clémence de mes hôtes.

Une chance rare et insigne,

Il faut la saisir et s’en monter digne.

C’est ainsi que sur mon noir destrier

Je parti à la recherche de la bête à tuer.

Le chemin fut long, parsemé de dangers

Des montagnes j’ai franchi les sommets.

Jusqu’aux confins du royaume maudit

Qu’en récompense on m’avait promis.

J’ai affronté le monstre le plus féroce

Dans le choc du fer et les hurlements atroces.

Une chimère démoniaque toute de griffes et de crocs

Que je frappais de mon épée, de taille et d’estoc.

Un combat de cent heures

Dans le sang et la sueur.

Nuits et jours, sans trêve ni repos,

Jusqu’à ce que l’un de nous finisse sur le dos.

Lorsque mon bras dans un dernier élan de vigueurTrouve une ouverture et lui perce le cœur.

La bête meurtrie s’effondre enfin,

Terrassée pour de bon par l’épée dans ma main.

Le chemin libéré, je progressais vers la citadelle

Pour délivrer de son geôlier, la mystérieuse belle.

Je l’ai trouvée enchainée au sommet d’une tour.

Elle était fière, habillée de la lumière de son premier jour.

Une beauté parfaite à la pudeur défaite

Que l’entrave donnait à mon regard, offerte.

J’ai su ce jour que le pardon existe

Il peut arriver même pour les destins les plus tristes.

Du fond lointain de ma noirceur

Un soleil magnifique s’est levé

Il avait l’aura et le parfum du bonheur,

Les yeux en amande et les cheveux dorés.

CV

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