Elle commença à courir, d’abord à petites foulées pour se remettre du choc. Puis de plus en plus vite. Les ascenseurs étaient tous occupés et il y avait un monde fou dans les coursives et les cages d’escaliers. Plusieurs fois, elle renversa des chercheurs, laissant derrière l’éclat de bris de verre et de jurons lâchés dans son sillage. Ce n’était pas la peine de se presser pourtant. Irina ne pouvait pas atteindre les quais avant que la sécurité ne soit alertée. Le seul moyen pour elle s’enfuir était de voler l’un des sous-marins utilisés pour les réparations de la coque. Leur autonomie était limitée, mais elle pourrait toujours s’éloigner assez et être récupérée par un navire à proximité. On atteignait rarement une position comme la sienne sans plan de secours.
Malékith suivait Léa à la trace sur le plan d’Odyssée, ouvrant les portes devant elle, corrigeant sa trajectoire au besoin. Les couloirs se vidaient alors qu’elle descendait, jusqu’au hall d’entrée qu’elle ne fit qu’apercevoir. Un ouvrier la regarda passer, l’air complètement halluciné. À la réflexion, avec le visage en sang et l’arme à la main, elle devait avoir l’air d’un monstre échappé d’un cauchemar. Elle chassa les gouttes qui lui tombaient sur les yeux et descendit encore un escalier pour se retrouver dans la cale, où elle s’arrêta, essoufflée. Le relais qu’avait posé Kyong-Hee traînait encore au sol, devant la porte.
« — Malékith, où je suis ?
— À cinq cents mètres des bassins. Mais il n’y a pas de chemin direct, tu vas devoir passer par la salle des transformateurs. Droit devant toi, quatrième à droite. »
En traversant le couloir, Léa maudit son manque de contrôle. Chacun de ses pas faisait résonner l’acier comme une cloche, décourageant toute forme de discrétion. Elle fit mentalement le compte de ses ressources. Deux chargeurs de quatorze fléchettes et son couteau, un corps à moitié en rade, et un implant chimiquement désactivé. Pas idéal. Elle entra dans la salle, une cathédrale en replis de métal, qui montait jusqu’au dessus du niveau de la mer. Des dizaines de transformateurs étaient rangés sur des étagères monumentales, couvertes de givres. Léa respirait au travers de sa main pour filtrer la vapeur gelée qui s’échappait des unités réfrigérantes. Un bourdonnement assourdissant régnait dans la pièce, et mettait à l’épreuve ses oreilles encore faibles après l’attaque. Si elle avait été face à un groupe entraîné, dans ce champ de tir, Léa n’aurait pas été confiante. Face à une sexagénaire sans expérience et blessée, ça allait être du gâteau.
La première rafale s’écrasa à ses pieds, la seconde remonta à sa droite. Elle se jeta sur le côté avant que la troisième n’éclate la glace, là où elle se trouvait. Elle glissa jusqu’à un coin de métal qui la frappa durement dans le dos, lui arrachant un cri de douleurs étouffé. Se relevant, elle se mit à couvert alors que les balles continuaient à pleuvoir à trois mètres d’elle.
Retour au point de départ. Apparemment, Irina avait trouvé une cache d’arme, sans doute laissée là par ses mercenaires. Deuxièmement, elle ne savait pas s’en servir. Si elle avait attendu un peu plus longtemps, si elle avait eu un peu plus d’expérience, Léa aurait été répandue sur le plancher. Mais elle disposait d’un bon point de tir, surélevé, avec une ligne de vue bien dégagée. Léa cracha en se relevant, essuya à nouveau le sang sur son visage et risqua un oeil derrière le transformateur. Elle ne s’était pas trompée. Le tout était à présent de savoir ce qu’Irina avait en réserve pour l’empêcher d’avancer.
Elle couru d’un bloc à l’autre, restant le moins longtemps possible à découvert. Léa avait un avantage : quelqu’un d’entraîné aurait essayé de prévoir ses déplacements, ce qui n’était pas très difficile vu la configuration géométrique de la salle. Un bon tireur d’élite aurait même pu l’abattre avant qu’elle ne se mette à courir. Mais Irina ne savait pas la lire, elle en était réduite à garder les yeux grands ouverts, à l’affût du moindre mouvement. Il suffisait simplement de la déstabiliser un peu.
« — Mal’, trouve-moi son numéro et mets moi en ligne avec elle.
— Tout de suite. »
Après un instant, il y eu une tonalité d’attente dans l’oreillette, très pré-millénaire. Puis une voix russe décrocha.
« — Qui est-ce ? Je suis occupée là.
— Vous devriez lâcher ce truc, Irina, vous allez vous blesser. » répondit Léa d’un ton acide.
Elle pointa son arme sur un transformateur et tira deux coups, faisant exploser son sommet dans une gerbe d’arcs électriques. Une rafale vint frapper le point qu’elle venait de dégommer, un tir réflexe, complètement aux fraises. Elle avança encore de cinq bons mètres.
« — Vous voyez, vous faites n’importe quoi. Vous devriez laisser la place à des professionnels. Des vrais, je veux dire, pas les clowns à deux mains gauches de l’autre soir.
— Fermez-la Fontaine, ils vous ont mis en pièce et je vais finir le travail. »
Léa éclata un autre transfo et Irina réagit à l’identique. La mercenaire entendit un juron dans l’oreillette, le claquement d’un chargeur que l’on éjectait, un échange foireux de la part d’une main plus habituée à utiliser un stylo.
« — Alors, on a plus de munitions ? »
Avant que la Russe n’ait pu réagir, Léa ferma la distance qui les séparait. Irina essayait encore d’enfoncer la masse courbe du chargeur dans son fusil d’assaut lorsque la mercenaire sauta par-dessus la barricade de fortune et lui lança un coup de pied au visage. La Russe roula au sol, lâcha son arme et se releva dans un seul mouvement. Léa pointa son arme sur elle avec méfiance. Ce n’était pas le mouvement d’une novice. Et Irina arborait un sourire vorace sur ses lèvres.
« — Allez quoi, Fontaine, vous vous dégonflez ? »
Léa resta à bonne distance, le temps de voir ce que la Russe avait pu récupérer. Un sac de sport était ouvert sur le sol, débordant de munitions pour plusieurs type d’arme, ainsi que deux pistolets et ce qui semblait être un fusil à canon scié. Il y avait là de quoi prendre d’assaut une petite forteresse, et Léa fut soulagée qu’Irina n’eut pas su se servir correctement d’une arme à feu.
Son moment d’inattention lui fut fatal. Son arme avait bougé, pas plus de deux centimètres, mais c’était suffisant. Irina lui sauta dessus, détournant le canon de la main gauche, plaquant son bras droit sur sa gorge pour la faire tomber au sol. Léa eu juste le temps de voir le trou net laissé par la balle de Kyong-Hee dans l’avant-bras, déjà cicatrisé. Le pistolet électromag résonna en heurtant l’acier, avant le choc sourd des deux corps qui s’effondraient ensemble. Elle prit le plus gros de la chute dans la tête, affaiblie par ses blessures et le bourdonnement incessant des transformateurs. Et son champ de vision éclata en une floraison d’étoiles quand Irina lui plaça deux directs dans le nez, qui se brisa dans un craquement de bois sec. La Russe se releva, pensant l’avoir étendue pour de bon.
« — Vous m’excuserez, j’ai un sous-marin à prendre. »
Elle disparut en courant par une coursive. Léa flottait dans un voile de douleur et de rage, contre lequel elle lutta pour reprendre ses esprits. À tâtons, elle trouva son arme et s’appuya dessus pour se relever. Elle avait envie de voir cette salope crever, de lui vider un chargeur dans le ventre. Après, peut-être qu’elle la découperait en morceau pour trouver comment elle avait pu réparer son bras, et d’où elle sortait une technique de combat pareille.
Se remettre debout lui arracha un cri de douleur animal. Irina lui avait enfoncé ses genoux dans le ventre en lui tombant dessus, juste sur sa blessure. En boitillant, elle partit à sa poursuite. Elle la rejoignit cent mètres plus loin, dans un petit hangar mal éclairé par quelques globes disposés ça et là, où on avait trouvé la place. Des sous-marins aux corps disproportionnés et aux bras atrophiés, peints en jaune et couverts d’inscriptions japonaises, pendaient au plafond, accrochés à des pinces de largage. Irina était penchée sur une console, et l’un des engins tombait à l’eau.
« — Irina, restez où vous êtes ! »
Elle pointa son arme, mais le sang dans ses yeux et la douleur de son nez l’empêchait de voir clairement ce qu’elle visait. Irina s’en rendit compte, et marcha tranquillement vers le submersible.
« — Vous n’êtes pas dénuée de qualité, ma chère Fontaine. Je dois bien admettre que j’admire votre acharnement, sans parler de vos indéniables qualités dès qu’il s’agit de faire exploser des choses. »
D’un bond, elle atterrit sur le sous-marin, dont elle déverrouilla l’écoutille. Elle tenait son bras droit serré contre son corps avec précaution.
« — Hey, vous savez quoi ? Oublions toute cette histoire. Après tout, c’est juste du business, n’êtes-vous pas d’accord ? Si d’aventure vos employeurs actuels ne vous satisfaisaient plus, je pourrai sans doute vous trouver un poste à votre mesure. Sur ce, bonne journée ! »
En hurlant de rage, Léa vida son chargeur en direction de l’engin, mais les fléchettes ricochèrent sur un blindage prévu pour résister à la pression du fond de l’océan. Ça ne l’arrêta pas. Elle rechargea et tira encore. Rechargea. Tira. Et continua alors que son dernier chargeur était vide, et que le bouillonnement du bassin se réduisait à quelques bulles éparses.
« — Malékith, elle s’est échappée ! Je veux que tu la suives. Envoie-lui tes drones, et colle lui un missile dans les dents dès qu’elle refait surface !
— Je ne peux pas, elle navigue trop profond. Les radars des drones ne sont pas conçus pour traquer des sous-marins, j’ai aucune idée d’où elle va ressortir. »
Léa inspira profondément, voyant que ses mains tremblaient comme des feuilles.
« — Trouve une putain de solution ! »

*

L’avion fit un premier passage autour de la tour, affolant tous les détecteurs autour du dôme du canon. Le pilote se la jouait. Puis il revint vers le groupe qui l’attendait sur la plate-forme d’atterrissage, au-dessus de la cime des arbres. Après une grande boucle pour reconnaître le terrain, l’aéronef amorça son approche. Ses ailes basculèrent pour orienter ses réacteurs à la verticale. Comme un énorme insecte volant, il se posa en un seul mouvement fluide. Après les minutes nécessaires au refroidissement des moteurs, une passerelle se déplia et permit à trois hommes d’en sortir. Le premier portait un costume gris clair sous une veste en cuir, les deux autres le suivaient en tenues de camouflage. Il portaient chacun le même fusil court que Kyong-Hee, ainsi que des paires de lunettes intelligentes. Léa s’avança à leur rencontre, son visage était défiguré par un hématome et une montagne de pansements.
« — Smith. Vous avez fait vite.
— Nous avons eu un bon courant en direction du Cap. Alors… Tout ne s’est pas déroulé comme prévu, on dirait. »
Lorsqu’il avait appris la fuite d’Irina, Smith avait pris le premier navire pour traverser l’océan Austral. Puis il avait réquisitionné un des avions de la EagleEye et rejoint Odyssée. Le voyage n’avait pris que deux jours. Les avantages de l’autorité.
« — On peut la retrouver, Monsieur. Elle n’a pas tant d’avance que ça. Donnez-moi un véhicule et des contacts, et je vous promets que…
— Du calme, Fontaine, du calme. Je vais examiner la situation. Je dois m’entretenir avec quelque personne ici. Nous nous verrons plus tard dans votre bureau. »
Avant qu’elle ne put répondre, il fit signe à ses deux gardes de le suivre et descendit vers la forêt. L’un d’eux fit un signe de la tête à Léa en passant. Elle referma le poing sur son impatience et se laissa porter par les antidouleurs qu’on lui avait injecté deux heures auparavant. Elle sentit que Cillian lui posait la main sur l’épaule avec compréhension, tandis que Nyobe s’allumait une cigarette à côté. Sans un mot.

*

« — Ce n’est pas possible, Smith ! Enfin merde, vous n’allez pas la laisser s’en tirer comme ça !
— Calmez-vous Fontaine, et asseyez-vous. »
Dès son arrivée, Smith avait vidé le poste de contrôle de ses occupants, Malékith n’avait pas osé protester. Il y avait passé deux heures. Attendant devant la porte, Léa avait vu passer la moitié des responsables de l’île – y compris Marcus Diaz et son air moitié suffisant, moitié paumé. Elle ne comprenait pas pourquoi, mais Odyssée semblait agir au rythme de la EagleEye à présent. Ça en disait long sur le pouvoir politique que Smith pouvait déployer. Puis il avait appelé Léa et Nyobe. En entrant, elles avaient constaté que la pièce était bien garnie : en plus de son patron, Léa voyait à présent Hélène Gauthier des Nations Unies, Tovias Andréopoulos de l’EFE et – plus surprenant – Stéphane Leroy, le gamin.
Puis Smith lui avait annoncé très clairement qu’il n’allait pas poursuivre Irina Doubinski ou la Northwind, et que la mission était terminée. C’est là que Léa avait commencé à hurler. Elle frappa le poing sur la table, et il augmenta le volume en réaction.
« — J’ai dit : asseyez-vous ! »
En dix-sept ans de missions communes, Smith n’avait pas élevé la voix une seule fois. Il était plus nerveux qu’il n’en avait l’air. Léa se calma un peu et consentit à s’asseoir. Elle jeta un regard méfiant aux deux Européens à côté d’elle. La responsable des NU, elle pouvait comprendre, mais eux ? Qu’est-ce qu’ils foutaient là, quel était le rapport ? Smith souffla pour retrouver son calme et reprit.
« — Bien… Comme je vous le disais, nous avons attentivement étudié la situation en compagnie des responsables des différentes organisations qui financent le projet Odyssée. Il nous est apparu qu’engager des représailles envers la Northwind serait très dommageable pour les opérations que nous menons ici et en Antarctique. Pour cette raison, vous et votre équipe allez être déployés vers une autre mission.
— Qu’est-ce que c’est que ces conneries ? On ne sait même pas ce qu’Irina voulait nous voler ! Et qu’est-ce qu’ils font là, ceux-là ? » répondit-elle d’un ton cinglant en pointant les Européens. Stéphane avait l’air d’en savoir plus qu’elle, et lui adressa un sourire à cette remarque.
« — Si vous permettez, Monsieur Smith. » intervint Andréopoulos. « — Le gouvernement européen travaille avec la EagleEye pour assurer son indépendance énergétique. Les forages du Pôle Sud sont vitaux dans ce domaine. Des forages qui dépendent de la bonne entente entre la EagleEye, la Diamond et la Northwind.
— Ça vous ne vous donne pas le droit de me faire la leçon, je ne travaille pas pour vous.
— C’est tout comme. L’Europe et la EagleEye travaillent ensemble, donc vous servez nos intérêts ici. Sinon, comment auriez-vous pu accéder à nos bases de donnée ? »
Stéphane leva la main, son sourire suffisant le rendait insupportable. Mais Léa ne pouvait pas se laisser aller à la violence en présence de son supérieur. C’était regrettable.
« — Lorsque nous avons su qu’il y avait une menace sur vos intérêts, nous avons transmis les informations à Smith, et affecté l’opérateur Kestrel à votre équipe. C’est comme ça que nous avons veillé à la sauvegarde de nos intérêts. »
Smith se leva et éteignit sa tablette avant que Léa ne réplique, pour désactiver le conflit. Il fit signe aux autres de le suivre.
« — J’ai encore des choses à régler sur place, puis nous partons. La délégation de l’EFE prendra en charge la sécurité de nos chercheurs. Et Mademoiselle Fary Nyobe, vous venez avec nous. L’Antarctique a besoin de vos talents, vous allez apprécier nos laboratoires. »
Il sortit, emmenant avec lui les deux Européens et la responsable des NU. Celle-ci semblait n’avoir été là que pour entendre les instructions, signe que les acteurs gouvernementaux obéissaient aux ordres des multinationales. Léa resta à sa place, en compagnie de Nyobe, qui n’en menait pas le large. Les grandes ambitions de la chercheuse seraient compromises par son départ, et elle ne pouvait pas y faire grand chose. Elle devrait gérer de loin, dérouter les ressources, agir autant que possible pour éviter que le continent africain ne soit oublié. Ce serait difficile. Les très riches avaient en commun cette capacité de veiller à leur argent.
Léa, quant à elle, bouillait intérieurement. On l’avait trompée, utilisée comme fusible pour prendre les coups pendant qu’elle avançait dans le noir. Zacarias ne s’était toujours pas réveillé, et Cillian commençait à douter qu’il puisse y parvenir un jour. Elle avait été blessée un peu partout, son nez cassé le lui rappelant comme une démangeaison qu’on ne pouvait apaiser. Et après tous ces efforts, on ne lui donnait pas le droit à la plus élémentaire des vengeance. Elle se sentait comme un couteau qu’on aurait tiré pour rien. Et ne parvenait pas à accepter de rentrer sagement dans son fourreau.
Elle se leva et alla jusqu’au sac de matériel de Cillian, qui gisait sous un bureau. Sous la boîte de médicament et les batteries de rechange des scanners et des instruments de chirurgie, il avait caché une bouteille de single malt, ainsi que des verres en céramique incassable. Elle en posa deux sur la table et commença à servir.
« — D’ordinaire, je ne bois pas d’alcool. » mentionna Nyobe.
« — Si tu vois une meilleure occasion, préviens-moi. J’ai pas envie d’affronter ça sobre. »
La chercheuse ne se formalisa pas de ce tutoiement soudain, compte tenu des circonstances. Au lieu de ça, elle enfila le premier petit verre et s’en resservit un autre. C’était probablement un sacrilège de tomber une bouteille d’un aussi bon whiskey de cette manière. Les ancêtres de Cillian n’auraient sans doute pas apprécié. Léa s’en foutait.
L’équipe entra dans le bureau, encore innocente, pleine d’espoirs pas encore déçus. Malékith s’assit à son bureau, prête à lancer les drones. Kyong-Hee portait son fusil en bandoulière et sa main passait inconsciemment sur la crosse. Cillian tiqua en voyant qu’on avait attaqué sa bouteille plutôt que la Northwind, mais ne fit aucun commentaire, comme d’habitude. Léa leur fit signe de s’asseoir et leur servit à tous un verre, laissant planer le doute.
« — Smith vient de me dire qu’on arrêtait tout. On repart pour le Pôle Sud dans deux jours.
— Et c’est tout ? On laisse Irina s’enfuir ? » demanda Kyong-Hee avec une tension vibrante dans la voix.
« — Ouais. Il est satisfait. Tout le monde ici est satisfait. Et personne ne nous demande notre avis… »
Ils restèrent silencieux plusieurs minutes, chacun assumant le choc comme il le pouvait. Kyong-Hee posa son arme dans un coin et entreprit de démonter son optique par gestes automatiques, tandis que Malékith rapatriait le dernier drone encore en vol. Une manière de dérouter l’attention. Cillian semblait se dire qu’il pourrait bien se trouver une autre bouteille, et donc s’employait à évacuer celle-là. Dans un éclair de lucidité, il leva son verre, comme pour mettre un point final.
« — À Zacarias. »
Personne n’eut le coeur de dire quoi que ce soit d’autre.

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