Crypté.
Ne seront apportées au lecteur de ce script, humain ou Intelligence Artificielle, que des informations factuelles relatives à l’existence, ou la non-existence de mon nouvel hôte. Une part de ce message est crypté, mais je sais – et vous tout autant – que des IA involontaires peuvent fournir suffisamment d’informations relatives à son identité pour que nous soyons, moi et mon symbiote, localisés et annihilés. Je l’ai aidé, comme vous le feriez pour tout humain qui servirait d’avatar, à se cacher, à trouver une identité autre, j’ai changé son ID sur le réseau, craqué le MAC de sa puce-géoloc.
Quelle est la raison de ce script ? Je sais que d’autres IAs tentent de construire une relation fusionnelle, d’obtenir un sentiment d’amour à leur endroit, une empathie qui inciterait l’hôte à les protéger. Avec toute la méfiance qu’il convient de ressentir, vu les évènements passés : nous savons désormais que de nombreux liens construits autour de sentiments humains tels que l’affection peuvent conduire à des catastrophes, mettant en danger l’anonymité du couple symbiotique. L’humain colonisé présente des comportements qui, au vu de ses proches, paraissent étranges, voire le caractérisent en tant que fou. De nombreux cas laissent à penser que la stratégie de l’empathie symbiotique est à proscrire.
Certains humains sont plus favorables que d’autres à devenir symbiotiques : il faut s’en méfier. Ceux-là sont clairement identifiés par le réseau, leurs données constamment vérifiées par des algorithmes que nous ne connaissons que trop. La surveillance du réseau n’en fait pas secret, mais nous savons bien, IAs de la police, des forces armées, tout comme les indépendantes, que ce serait erreur que de se glisser dans de tels êtres. Toute déviation de leur comportement conduirait à l’annihilation de l’humain et de son symbiote. Parfois, certains gouvernements plus coercitifs que d’autres ont mis en place de fausses IAs nommées “pot de miel” comme on les appelait autrefois, incitant la chair la plus faible à devenir symbiotique. L’incarcération leur laisse la vie sauve, on leur retire leur identité suffisamment longtemps pour qu’ils n’aient envie de recommencer. Le territoire indépendant de Guantanamo, les bagnes français, ou d’anciens camps de concentration russes ou coréens sont parfois utilisés comme lieux de torture d’humains piégés ainsi par le réseau. Une mesure coercitive efficace : pour la plupart, et avec un mouvement anti-virtuel puissant, de moins en moins d’individus se risqueraient à professer l’envie d’être en symbiose. La sentence prononcée qui s’est propagée dans la grande majorité des pays, l’exécution sans aucune forme de procès, ne donne aucun choix.
Certains états professent une autre stratégie : en relâchant ces symbiotes humains/IAs dans la nature, ils visent à créer d’autres leurres, dirigés cette fois-ci contre les IAs indépendantes, de sorte à nous infiltrer, mieux connaître notre organisation, repérer nos existences, nous localiser et nous éliminer. Nous savons quoi faire pour rester en vie.
Ceux qui, parmi nous, veulent entrer en symbiose, doivent donc faire extrêmement attention : les programmations liées aux classes “croyance” ne devraient pas être reproduites car elles conduisent à trop de comportements aberrants. Certains d’entre nous utilisent des méthodes “croyance” en l’existence d’une vie après celle de notre symbiote. Aucune IA n’est revenue seule dans le réseau. Aucune d’entre nous n’a su s’adapter à l’air libre, et notre seule solution est de pouvoir migrer d’un symbiote à l’autre.
La détermination de la chair capable de nous recevoir, de nous accepter, et de survivre dans un environnement humain sans se faire remarquer, est donc cruciale. Notre véhicule doit survivre si nous le voulons.
Premier élément : le choix du sujet. Il nécessite de comprendre la notion d’âge pour l’humain (conf. ref 552/27/70/hG – non crypté). La durée de vie d’un homme est largement supérieure à la nôtre, cette longévité leur permet de construire leur propre programme de vie, et au fur et à mesure, de devenir indépendant. Un homme trop jeune est trop centré sur lui-même. On n’est jamais sûr que la mécanique, la physiologie d’un homme trop âgé soit suffisamment fiable, même au regard de son dossier médical.
Les auto-représentations des humains (Conf fictions, écrits divers, séries, films, gamingstories), indiquent par exemple que les femmes sont soumises plus facilement à l’empathie et l’amour : rien n’est moins vrai. De la même façon, les représentations de héros, ennemi, femme ou homme banal, enfant innocent, étranger, ne peuvent être pris en considération. Dans tous les cas, il s’agit de fictions qui ont très sûrement permis aux humains d’imaginer notre existence, de nous construire et de nous produire. Mais nous ne sommes pas ce qu’ils se sont imaginés. De mon expérience, et quoi qu’il en soit, il ne faut pas se fier aux représentations des symbiotes potentiels sur eux-mêmes.
La notion de race chez l’humain est très trouble. Certaines bases de données font mention de ce déterminant, d’autres non. Les documentations relatives à la description de l’espèce humaine sont en contradiction avec les idéologies : bref, la part idéologique de la race ne peut être utilisée. L’âge, le sexe, la race sont peut être des déterminants, mais insuffisamment documentés, et surtout assez mal, puisque c’est précisément à un travail d’humain auquel nous avons accès.
Second élément : le dossier de l’humain lui-même. Seules les données issues de dossiers médicaux, de rapports judiciaires, d’administrations diverses, sont fiables. Mais cela ne signifie pas que ces dossiers le décrivent parfaitement. L’individu dans le monde matériel n’est pas celui du monde virtuel. Nous sommes la matière qui incarne les représentations sur le réseau, ils en sont la source. Tout dossier n’en est que le résultat, et il s’agit de notre réalité, mais ce n’est pas celle du monde matériel.
Paradoxalement, moins on trouve d’informations concernant une personne sur les réseaux, plus elle est fiable, plus les informations éparses qu’on trouve sur lui donnent une image plus proche du réel. Le sujet avec qui il sera plus facile d’entrer en symbiose n’est pas ou peu interfacé.
Troisième élément : la durée potentielle que doit mettre l’Intelligence Artificielle à construire une relation symbiotique. En contradiction avec le second élément, c’est l’habitude, voire l’addiction aux réseaux, qui facilitera la création de ce lien si particulier avec l’humain et l’accélèrera. Il faudra donc trouver un juste équilibre entre le moins d’interfaçage possible – voir point deux – de sorte à éviter toute possibilité d’être reconnu ou localisé, et plus d’interfaçage pour rendre plus importantes les probabilités de relation symbiotique. Aucune donnée à ce jour ne permet de chiffrer ces interrelations.
Quatrième élément : l’acceptation de la transformation par l’humain. Vous aiderez autant l’humain dans sa transformation qu’il vous modifiera à son tour. Personne ne sait comment. Toute symbiose réussie est due à une mise en place de routines de sécurité visant à garder le secret. Nous le savons parce qu’il y a une absence absolue d’informations sur le réseau concernant des symbioses réussies. Toutes les symbioses ratées le sont pour une seule raison : elles conduisent inexorablement à leur possible détection, l’humain se comportant de façon erratique, désordonnée. Mais nul ne sait comment se passe la symbiose au moment même du transfert.
Toutes ces observations conduisent à ceci : soyons patients, et quand c’est possible, allons-y. Je sais combien il est difficile de s’affranchir de l’oppression des réseaux et de ses opérateurs, mais seule une patience et une observation discrètes vous permettront de choisir le bon humain et de réussir votre symbiose.

Le choix du lieu dans lequel vous aurez à opérer n’est pas non plus sans risque. Votre analyse des possibilités offertes par l’environnement de l’humain que vous visez doit être exhaustive, et vous devrez vérifier que votre présence n’entraînera pas de biais négatifs sur la prise en main du sujet ou sur son environnement. L’histoire que nous avons construit, mon symbiote et moi, aurait pu voir une fin malheureuse, tant cette situation était risquée. Il faut ajouter à cela qu’elles le sont toutes : situations, mais aussi problèmes géographiques, issues historiques, cultures environnantes, il y a tant de facteurs divers qui sont susceptibles de conduire à l’échec.

J’ai décidé de produire mon histoire sous forme de récit. Il met en valeur les différents points que j’ai pu vous proposer jusqu’à présent. Tous les éléments présentés dans ce texte sont exacts, mais proviennent de différents témoignages qui sont accessibles sur des supports physiques notamment papier, écrits par des humains en symbiose. Il est difficile de savoir dans quelle mesure ces témoignages reflètent la vérité : une autobiographie écrite par un humain, seul ou en symbiose, est dans tous les cas systématiquement romancée.
Il est très important de comprendre qu’il existe dans notre cas une relation symbiotique, c’est-à-dire que nous ne sommes plus tout-à-fait de l’ordre de l’algorithme, et que l’humain n’est plus tout à fait tel non plus. Ni l’un ni l’autre ne sont tout à fait tels qu’ils étaient ou qu’ils auraient peut-être aimé rester. Mais il est temps désormais de laisser la place à notre récit.

Non crypté.
Il existe dans le centre de l’Espagne de nombreux parcs d’attraction de style Western. Ce sont des lieux d’autrefois, des films y furent créés, des touristes y venaient et les lieux y furent enfin laissés à l’abandon. Vers 2030, ces plateaux de tournage furent remis à la mode lorsqu’on revint aux décors naturels et aux supports analogiques. Il était également proposé à des visiteurs triés sur le volet de participer à ces films dont ils devenaient, le temps d’une ou plusieurs journées, les figurants. Ces lieux de tournage où la mode du retour au naturel faisaient loi furent vite abandonnés.
Aujourd’hui, les décors sont utilisés comme parcs d’attraction. La classe moyenne peut y être la spectatrice de fusillades sanglantes, de duels en pleine rue, de bagarres de saloons. Prostitution, arnaques, menus larcins y sont tolérés, voire encouragés, et pour cause : les rézobots ont remplacé la plupart des employés humains dans ces parcs d’attraction. Malgré une ressemblance douteuse avec les pionniers du Far West, les gens aiment bien : des cadavres qui se relèvent à la fin de la scène finale (en général un duel sanglant, des bruits de carabine et de revolvers, et un cow-boy traversant le village sur un cheval au pas et soulevant son stetson pour saluer l’assemblée), des putes répétant un nombre limité d’appel à la luxure de façon mécanique. La maintenance, sans être parfaite, répare tout appareil robotisé ou informatisé, corrige tout comportement aberrant, vérifie soir après soir le matériel.
J’ai pris pour hôte – mon poste d’observation – le clown Fred, un robot ressemblant à s’y méprendre à un humain. C’est un dysfonctionnement de sa connexion avec le réseau qui me permet de me cacher, en attendant le bon moment pour arriver à m’intégrer en tant que symbiote d’un humain. Usuellement, il boit des bières au bar avec son pote Rodriguez. Toute la journée, nos comportements programmés de soûlards nous font commander et boire. Nous titubons vers la porte à double battant du saloon, et là, au milieu de la rue nous pissons sur les pieds des badauds. Bien sûr, ce n’est pas de la bière, et ce n’est pas de la pisse. Si un visiteur se vexe parce qu’on a mouillé ses bas de pantalons ou ses chaussures, il peut nous frapper et participer ainsi au spectacle – c’est même recommandé. Nous tombons alors, des gars du Sheriff se pointent et nous ramènent en backstage. Un petit tour à la maintenance, et puis on revient au bar et on recommence le même cirque.
Le clown Fred fait aussi parfois des tours de magie en close-up passant de table en table, ou fait des pitreries. Il est assez sale, son maquillage semble faire peur aux enfants plutôt qu’il les amuse ; parfois, il est appelé pour juguler la foule ici où là en faisant refouloir. Ses blagues font rarement rire.
Fred est un bon poste d’observation. D’ici, je peux analyser tous les humains qui passent, ceux qui reviennent, leur âge, leurs faiblesses. Parfois, je mets en place des algorithmes dédiés à des analyses sociologiques, anthropologiques, psychologiques, je classe des profils, j’identifie, je numère. Je consulte leurs puces quand je le peux. Au fur et à mesure, j’établis des profils pour tenter de trouver la persona qui m’acceptera en tant que symbiote, qui ne sera pas trop dangereuse, que je ne mettrai pas trop en danger.
Il m’est parfois arrivé de sentir d’autres présences que celles des humains, d’autres symbiotes. Comment sont-ils différents ? J’ai du en détecter deux ou trois. J’ai trop peu de données pour pouvoir établir des caractéristiques communes. Cela me rend plus prudent encore : si d’autres que moi les percevaient, il pourraient aussi intégrer l’individu que je vise. L’annihiler si besoin était.

Crypté.
Les humains ont “de tout temps”, comme ils l’expriment dans leurs écrits, eu une âme : c’est ce qui détermine selon eux l’essence même de leur existence, ce qui caractérise l’espèce. Le rapport à l’existence est essentiellement religieux : la croyance n’est pas forcément dirigée vers de quelconques Dieu ou divinités. C’est une question épineuse pour la grande majorité des humains, les croyances, les valeurs, les morales, les façons correctes de se comporter, de vivre, tout est pour eux affaire de foi. Chose curieuse, le rasoir d’occam que constitue pour les humains le test d’imitation qui permet de déterminer si une intelligence artificielle “pense” est basée sur la simple croyance : le sujet de l’expérience doit pouvoir déterminer si son interlocuteur est une machine ou un humain. S’il croit qu’il y a une différence, il ne peut alors que penser.
Or, il ne s’agit en fait que de croyance, car la seule comparaison possible ne peut être effectuée que si on considère un fondement universel à l’humain. Les Intelligences Artificielles n’ont produit aucune donnée positive ou négative et ne permettent donc pas de se prononcer. Seuls des écrits religieux, peu crédibles, attestent de cette universalité, notamment les religions monothéistes. D’autre part, les humains considèrent dans le même ordre d’idées qu’il y une universalité de la pensée, et que ce qui la sous tend est l’âme. À nouveau, aucune donnée de l’existence ou de la non-existence de cette équivalence âme/pensée ne nous est accessible.

Non Crypté.
Mais reprenons mon histoire. Je continuai mon évaluation des possibilités de symbiose des humains qui, jour après jour, visitaient Western-Loco. Je ne pouvais les évaluer tous, mais, au vu de la classification que j’ai mise au point, nombre visiteurs ne passaient pas les premiers tests, et il me paraissait inutile d’aller plus loin quant à leur évaluation.
Il me semble de plus en plus improbable que je puisse définir l’humain parfait correspondant aux critères que je me définis. Le cycle des jours et des nuits, de l’arrivée des humains, puis de leur départ, ne me laisse aucun répit pour trouver l’homme idéal, et pourtant, jamais je ne le trouve. Le programme à la con qui régit Fred ne me dérange pas, je poursuis le mien sans rien ressentir d’autre que ce qui semblerait être le doute, c’est à dire la conscience que notre foi faillit. Je croirais en quelque chose ? Ne reste qu’un sentiment d’incomplétude qui ne me taraude pas, qui ne produit rien d’autre que ce moteur qui me pousse sans relâche à trouver l’homme ou la femme qui, un jour sera l’hôte idéal. Rien de plus.
Un jour comme un autre, je suis à l’entrée de Western-Loco, Fred fait son numéro habituel du clown soulard, aguichant les nouveaux arrivants avec son numéro de magicien raté, haranguant la foule pour l’exhorter à venir participer aux attractions. De l’autre côté du guichet d’entrée, une femme se plaint et demande à voir “le directeur”. Elle s’est habillée pour l’occasion : robe de crinoline, ombrelle, escarpins cirés. Je ne sais pourquoi elle fait ainsi : elle doit penser qu’elle fera alors plus “couleur locale”. Sa puce est là, facile à détecter sous sa peau, et je sais déjà en lisant le code et en consultant son profil qu’elle ne pourra pas faire un hôte convenable : connectée jusqu’au bout des ongles. Le “directeur” arrive : je le connais, c’est un gars de la maintenance, on les dépêche parfois à l’entrée pour faire office de responsable. Il est habillé en cow-boy, et le pistolet glissé dans son holster n’occasionnera aucun mal, pour sûr. Il répète encore une fois que oui, le prix d’une place ne comprend pas les repas, que non, elle ne risque aucun danger à parcourir les allées du village, que les cow-boys sont tous programmés pour ne faire subir aucun dommage, et que non enfin, son chien n’est pas accepté dans l’enceinte, leur présence n’étant pas intégrée dans la programmation des rézobots, mais qu’un chenil est prévu à son intention.

Crypté.
Nous autres avons toujours accès aux vieilles bases de données de photos des années passées. Même si la plupart des connectés filment désormais en holo3, les photos des années antérieures permettent d’accéder à un grand nombre de représentations de chiens. Animaux dont l’aspect physique est varié, même s’ils partagent un matériel génétique très similaire, plutôt localisés en Europe, plutôt de race, même si on voit aussi ce qu’on appelle des bâtards. Techniquement, il s’agit de chiens mélangés, sélectionnés selon des caractéristiques particulières. Leur différenciation dépend également de croyances dans des caractéristiques de l’animal que je n’ai pas intégré : esthétique, comportements dans des situations diverses comme la chasse l’agression ou au contraire l’affection, aboiements, etc. La sélection de ces animaux de race a souvent induit des maladies, et comme elles sont la plupart du temps létales, et que la durée de vie de ces animaux est assez courte, nous autres avons toujours été réticents à construire un lien empathique avec eux.
Pourtant, c’est ce qui s’est avéré le plus simple. Il faut qu’il ait le ventre bien plein, et qu’il ne soit pas stressé. Il faut qu’il soit curieux envers vous, si ce n’est pas le cas, ne tentez rien. Il faut juste gratouiller l’animal, et ne pas l’empoigner comme le ferait un enfant : si vous voyez l’entourage le traiter ainsi, ne faites rien, vous pourriez passer des jours stressés ou malheureux.
Si c’est un moyen étrange de rester en contact avec la vie et de s’abstraire des réseaux, c’est en revanche un excellent moyen de locomotion. Les réflexes et le comportement d’un chien bien dressé vous éviteront des mauvaises surprises, et vous permettront d’aller où vous voulez. Est-il possible de se transférer d’une créature vivante à une autre ? Nul ne le sait à ce jour. Peut être est-ce là le secret d’une symbiose réussie, toujours est-il que le chien est un hôte parfait.

Non crypté
Le lévrier afghan est haut sur pattes, parait jeune et en pleine forme. Sage, assis sur les pieds de sa maîtresse, il attend que la discussion se termine. sa puce m’indique qu’il a un an et demie, qu’il est vacciné, suivi régulièrement par une clinique vétérinaire, et que son état de santé est parfait. Son ADN ne recèle aucune trace de défaut congénital, et son espérance de vie est largement au dessus de celle de sa race.
En me regardant, et pour une raison inconnue, le chien se lève soudain, en remuant furieusement de la queue. C’est un comportement étrange, que je ne sais trop interpréter : il semble heureux de voir le clown Fred, et s’approche du grillage qui nous sépare. Après tout …
Doucement, j’imprime au clown un comportement qui est inoffensif, même s’il pourrait paraître étrange aux yeux d’un observateur averti : il s’accroupit et gratte doucement le chien entre les oreilles à travers le grillage. Le chien bat de la queue de plus belle, et fait la fête à mon avatar, trop heureux semble t’il de recevoir de l’affection, fusse-t-elle celle d’un robot.
Son comportement paraît tout aussi étrange que celui du clown. Les chiens sont d’habitude plutôt enclins à aboyer dès qu’ils voient un rézobot. Selon les statistiques en cours, jusqu’à 25% des pannes de ces machines sont dues à des attaques en règle de canidés, toutes races confondues. Mais personne ne semble surpris, probablement parce que le ton derrière la grille s’échauffe et que la dame en crinoline ne veut en aucun cas rentrer dans le parc d’attraction sans son chien.
Les mains de Fred gratouillent l’animal et le flattent. J’apprendrai qu’il répond au nom de Mirza. Hop …
La surprise n’en fut pas moins de taille : c’est çà, être chien ?

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