Ils marchaient en silence. C’était bien une des premières fois que Terry trouvait cette absence de son aussi assourdissante. Il avait l’impression que le monde autour d’eux avait cessé de vivre. Il retint un frisson angoissé. Quelques mois après son réveil, il s’était promis de ne plus fuir, mais la vie lui rappelait cruellement qu’il n’était qu’un fugitif, qu’il le serait toujours.
Il posa son regard las sur ses compagnons. Benoît, en tête, menait la marche en compagnie de Jessie. Quelques mètres derrière eux, le groupe de Marianne, Jean et Anthony avançait d’un pas fatigué. Terry couvrait leurs arrières.
Il se demandait toujours où ils allaient pouvoir aller. Benoît avait parlé du Maroc, mais il avait peur de ne pas y être plus en sûreté qu’ailleurs. Les contacts du passeur avaient très bien pu être découverts et arrêtés. C’était pure folie que de se jeter dans la gueule du loup de cette manière. Malheureusement, il n’avait pas d’autres idées, si ce n’était une vie de vagabondage et de fuite éternelle. Cette existence ne l’attirait pas du tout. Il voulait seulement trouver un refuge, comme il l’avait fait onze ans plus tôt.
Terry était épuisé. Il aurait sans doute mieux valu qu’il soit mort, que la puce dans sa nuque l’ait achevé. Il chassa cette pensée de sa tête rapidement. Il était en vie, pour le meilleur et pour le pire… surtout le pire vu les circonstances. Désormais, il ferait tout pour ne pas être repris, car s’il l’était, sa mort serait beaucoup moins douce.
Il reporta son regard sur le paysage qui défilait. C’était l’hiver, un hiver extrêmement rigoureux qui plus est. La neige recouvrait les routes, les champs et les branchages des arbres morts. C’était un paysage d’une désolation totale, car malheureusement, cette neige n’était pas d’un blanc pur mais d’un gris boueux. L’homme ferma les yeux, tentant de chasser ces images et de retrouver la beauté du monde qu’il avait perdu un mois plus tôt. Ses muscles se contractèrent quand il se rappela son réveil. Ça avait été le jour le plus horrible de sa vie. Il s’était réveillé comme toujours dans son lit, mais ce n’était pas celui de son appartement cosy londonien. Non, c’était une couche sale et inconfortable, entourée d’une dizaine d’autres couches similaires. Sur chacune d’entre elles, se trouvait un homme endormi. Effaré, il s’était levé, avait observé les alentours sans comprendre, avant de sortir de ce qui se trouvait être une grange. À l’extérieur, il avait découvert les bâtiments typiques d’une ferme d’élevage et d’abattage. L’odeur l’avait pris aux tripes et il avait rendu de la bile. Ce fut alors qu’il comprit qu’il ne devait pas avoir mangé depuis au moins un jour. Malheureusement, ce fut également à ce moment-là que des gardes le remarquèrent. Ils le hélèrent, se firent de plus en plus menaçant. Terry sentit instinctivement que s’il ne prenait pas les jambes à son cou, il serait fini. Il s’était mis à courir.
Aujourd’hui encore, il ne comprenait pas comment il avait pu s’en sortir. Sa vie depuis ce jour n’était qu’une succession de fuites, d’errances. Il louait le ciel d’avoir pu rencontrer le passeur qui l’emmenait aujourd’hui vers le sud de la France. Rester en Angleterre était du suicide. Où se cacher sur une île ? La traversée de la Manche avait été pénible. Le britannique sentait encore la houle le secouer jusque dans ses os. Il fit un sourire cynique. Ce n’était pas juste une impression vu que les nids de poule de la route provoquaient le même genre de mouvement sur leur véhicule.
Terry se retourna vers le conducteur. Jeremy le guidait depuis quasiment deux semaines maintenant. Malgré la sollicitude dont il faisait preuve, Terry se doutait qu’il n’avait qu’une envie : rentrer chez lui et retrouver sa famille.
— Nous y serons d’ici cinq minutes, indiqua le passeur. L’homme dont je vous ai parlé, Benoît Drogou, est nouveau dans le métier, mais il est doué. Sa ferme est un petit havre de paix. L’homme en lui-même est assez… particulier. Vous jugerez par vous-même.
Le fugitif se contenta de le fixer de son regard brun désabusé. Le seul espoir qui lui restait était de rester en vie, et il était bien mince. De plus, son français était bien pauvre. Jeremy lui avait assuré que Drogou parlait anglais et qu’il pourrait lui apprendre tout ce qu’il aurait besoin de savoir avant de décider de sa prochaine étape.
Ils arrivèrent alors que le soleil couchant baignait le paysage dans une atmosphère entre chien et loup. Pendant qu’ils descendaient de leur fourgonnette, un homme brun d’une trentaine d’années sortit dans la cour. Son regard foncé était dur, du genre de ceux des hommes qui ont vu trop de malheurs et d’injustice dans leur vie. Terry souhaita ne jamais posséder un tel regard. Ils s’avancèrent vers lui. Les deux collègues se serrèrent la main avec force, puis, le propriétaire des lieux se tourna vers lui. Il le dévisagea longuement, prenant son temps pour le jauger. Terry se demanda ce qu’il pouvait voir en lui. S’il était un cas désespéré, s’il valait mieux l’achever tout de suite. Il avait connu tant de bouleversements en un mois qu’il n’était plus sûr de savoir qui il était.
Finalement, un léger sourire se dessina sur les lèvres de Drogou.
— Bienvenue, mon ami. Tu n’as rien à craindre ici… tant que tu resteras dans la ferme, bien entendu.
Il avait eu la sympathie de s’exprimer en anglais. Terry hocha la tête avec reconnaissance, incapable de trouver les mots pour s’exprimer. Son interlocuteur lui jeta un regard empli de curiosité, avant de hausser imperceptiblement les épaules. Il se retourna alors vers son confrère.
— Merci Jeremy. Veux-tu dîner et passer la nuit ici ?
— Je ne dirais pas non à un bon repas, mais je reprendrai la route aussitôt après. J’ai peur que la surveillance sur la manche soit de nouveau accentuée d’ici peu.
Benoît hocha la tête avec compréhension. Des cris et des appels se firent soudain entendre de l’intérieur.
— Papa ! Papa ! T’es où ? J’ai peur !
Terry aperçut alors un garçonnet blond de cinq ou six ans sortir et se ruer vers eux. Il se jeta dans les jambes de Drogou pour y cacher son visage et y sangloter. Ce dernier esquissa une moue gênée. Il écarta légèrement son fils.
— Eh, bonhomme, je t’avais dit de rester bien sagement dans ta chambre.
— Mais je veux pas rester tout seul ! Ils vont me tuer.
— Ils ne te feront jamais de mal tant que je serai là, Anthony.
Le garçon leva les bras, le suppliant du regard de le prendre dans les siens. Benoît leva les yeux au ciel mais s’exécuta.
— Tu commences à te faire un peu trop grand pour ça, bonhomme.
Quelques instants plus tard, l’enfant se retrouva à leur hauteur et en profita pour les dévisager de ses yeux bleus perçants.
— C’est qui les monsieurs ? demanda-t-il à son père.
— Je te présente Jeremy et Terry, des amis à moi. Terry va rester vivre quelques temps avec nous.
— Il est gentil ?
Terry réussit enfin à sourire devant l’innocence du petit. Ces quelques mots en français, il les avait compris, et pour la première fois en un mois, un rayon de soleil transperçait l’univers sombre dans lequel il avait plongé.
Et effectivement, Terry était resté un long moment avec la famille Drogou. Benoît et Anthony l’avaient reconstruit plus sûrement que personne ne l’aurait fait. Et peu à peu, Terry avait retrouvé ce qui faisait de lui un homme, avait retrouvé son identité. Il avait alors décidé d’aider Benoît, coûte que coûte. Et un jour, il trouverait un moyen de mettre définitivement fin à ce monde horrible.

Jessie fut soulagée quand ils arrivèrent enfin dans le village de Tarare et que Benoît les fit s’arrêter à l’ombre du haut bâtiment qu’était la gare ferroviaire. Elle en avait plein les pattes. Elle ne parvenait pas à chasser les derniers évènements de ses pensées. Elle se serait passée d’assister à de telles horreurs. Durant le peu de sommeil qu’elle avait réussi à trouver, elle avait rêvé de bûchers, d’hommes cagoulés à l’image du Klu klux klan. Tout s’était mélangé pour lui offrir des images qui la hanteraient un long moment.
Terry s’approcha de Benoît.
— Et maintenant ?
Son ami détailla longuement les alentours avant de répondre. Il observa les nombreux rails, regroupés en six voies, et s’arrêta finalement sur un train à demi chargé une centaine de mètres plus loin. Il leur désigna d’un mouvement de tête.
— On va monter dans ce train de marchandise.
Terry hocha la tête de droite à gauche.
— On ignore tout de sa destination. Il pourrait très bien aller à Germania pour ce qu’on en sait.
Benoît fit une grimace.
— La locomotive est dirigée vers le sud. Mais je vais tout de même me faufiler jusque là-bas pour vérifier. Attendez-moi ici. Je vous ferai signe si tout va bien. Vous me rejoindrez.
Ils approuvèrent. Jessie l’observa s’éloigner. Il gardait profil bas, avançait courbé en deux pour ne pas se faire repérer. Il n’y avait pas foule, mais quelques cheminots continuaient encore à charger des wagons.
Sans quitter l’homme des yeux, elle demanda au britannique.
— Comment saura-t-il avec certitude la destination du train ?
— Elle est écrite sur un panneau accroché à chaque vitre.
Cette description ramena un brusque souvenir chez la quarantenaire.
Portland. Cette simple pancarte la narguait depuis une dizaine de minutes. C’était un rappel constant à la situation actuelle. Il partait. Il en avait assez de Boston, assez d’elle et de tout ce qui faisait sa vie. Il l’abandonnait, lui laissant la charge d’Eleanor et des crédits de leur maison nouvellement achetée. Elle avait bien essayé de se révolter, mais ils n’étaient pas mariés, et les contrats bancaires étaient à son nom. Elle s’était fait avoir comme une bleue, perdue dans la confiance aveugle qu’elle lui portait. Et pourtant, elle était encore là, avec lui, l’accompagnant jusqu’au bout, jusqu’à ce que son train disparaisse dans l’horizon.
Elle reporta son regard vers lui. Il possédait toujours son air indifférent, mais elle devinait une certaine gêne au fond de ses yeux, presque du regret. Une fois encore, elle essayait de lui trouver des excuses, faisait tout son possible pour ne pas avoir à renier ces cinq dernières années. Elle ouvrit enfin la bouche.
— Que vais-je dire à Eleanor ?
Il fit une légère moue.
— Tu trouveras.
— Tu reviendras ?
— L’avenir le dira.

— Jessie ? Vous êtes toujours avec nous ?
La jeune femme sursauta devant ce brusque retour à la réalité. Terry avait posé la main sur son épaule et l’observait avec inquiétude. Elle déglutit et répondit.
— Oui. Excusez-moi, j’étais perdue dans mes souvenirs.
Il se contenta de hocher la tête, puis reporta son regard vers le train. Elle l’imita. Benoît était à proximité de l’entrée d’un wagon désormais, dissimulé dans son ombre. Il se tourna alors vers eux et leva son pouce en l’air. Terry prit aussitôt les choses en main.
— On y va. Anthony, conduis Marianne. Je m’occupe de Jean et Jessie. Vas-y.
L’adolescent acquiesça et se saisit de la main de Marianne. À l’instar de Benoît quelques minutes plus tôt, ils rejoignirent le train. Terry attendit qu’ils soient arrivés et que Benoît les ait fait monter dans le wagon pour leur donner l’impulsion du départ.
Il attrapa Jean par le bras mais laissa Jessie libre de ses mouvements.
Ces quelques dizaines de mètres parurent à la jeune femme les plus longs de sa vie. Sans cesse, elle craignait qu’on ne les remarque. Sans cesse, elle craignait que ce ne soit la fin de ses aventures. Elle sentait ses yeux s’agrandir d’effroi sans pouvoir s’en empêcher.
Quand enfin ils arrivèrent à la hauteur de Benoît, elle laissa échapper un fin soupir, qui ne dissipa pas pour autant la boule d’angoisse dans sa gorge. Le passeur leur chuchota quelques mots.
— Ce sont des marchandises pour Barcelone. Pas d’arrêt prévu. Ce wagon est définitivement chargé. Montez et cachez vous.
Elle fit un signe de tête imperceptible et monta dans le wagon. Elle écarquilla les yeux en découvrant l’intérieur. Sur une cinquantaine de mètres, des sacs en toile de jute remplis s’étalaient de chaque côté. Un couloir d’une largeur de cinquante centimètres environ permettait de circuler au milieu. Une dizaine de mètres plus loin, elle avisa qu’Anthony et Marianne avaient créé un renfoncement et s’y étaient installés. Il n’y avait guère de place pour une troisième personne, mais Jessie ressentait de toute manière le soudain besoin d’être seule. Elle continua prudemment son chemin pour s’arrêter une vingtaine de mètres plus loin. Sur environ un mètre, des sacs s’étaient renversés, créant une sorte de matelas sur le sol. Elle s’y assit et reposa son dos contre la paroi du véhicule.
La lassitude s’empara d’elle et elle sentit une larme unique couler du coin de son œil. Sa vie connaissait à nouveau un bouleversement innommable. Comment aurait-elle pu se préparer à ça ? Une rupture amoureuse et des crédits sur le dos n’étaient rien comparés à cette course pour la survie.
Dès qu’elle ait eu refermé sa porte d’entrée, Jessie s’y adossa, à deux doigts de sombrer dans le désespoir. Il était parti, la laissant dans une merde noire. Comment allait-elle s’en sortir ? Comment allait-elle réussir à payer cette superbe villa surplombant la mer ? Bien sûr, elle avait un job en or et commençait à se faire une belle réputation dans le milieu des photographes, mais ça ne suffirait jamais… Peut-être devrait-elle accepter cette proposition gracieusement payée pour ce reportage en France ? Elle s’y était toujours refusée jusque-là, préférant s’occuper d’Eleanor, mais la vie ne lui laissait plus guère le choix. Elle poussa un long soupir, tâchant de solidifier ses paupières, dernier barrage contre ses larmes.
Une voix chantante et rieuse l’interrompit dans son auto-apitoiement.
— Maman ! Maman !
Elle se força à sourire et ouvrit les yeux pour voir Eleanor courir vers elle, sa jupe à volant dansant autour d’elle. Ses cheveux châtains étaient coiffés en deux tresses retombant de chaque côté de son visage, à la mode sioux.
Jessie la réceptionna maternellement et la souleva dans ses bras. Sa fille posa les siens sur ses épaules et éclata d’un rire joyeux.
— Tu es revenue ! Je veux que tu m’emmènes au parc !
— Plus tard, sweetie.
Une moue boudeuse s’afficha sur ses traits.
— C’est quand plus tard ?
— Après le déjeuner et la sieste.
Sa moue s’accentua avant qu’elle ne demande.
— Tu promets ?
— Je promets.
Elle sourit alors, sa peine déjà oubliée, et regarda par-dessus l’épaule de sa mère.
— Il est où papa ?
Jessie eut l’impression que sa blessure se rouvrait. Qu’était-elle censé lui répondre ? Eleanor n’avait que trois ans, elle était bien trop petite pour comprendre.
— Il est parti en voyage, sweetie.
Que pouvait-elle lui répondre d’autre que cette phrase digne des plus grands clichés hollywoodien ?
— Jessie ?
Pour la deuxième fois en une demi-heure, Jessie se laissa surprendre. Elle leva les yeux pour découvrir la silhouette de Benoît dans la pénombre. Il était légèrement penché vers elle et semblait contrarié. Ça ne devait pas être la première fois qu’il l’appelait. Elle réalisa soudainement que le train était en mouvement. Elle avait dû songer plus longtemps qu’elle ne l’avait cru. Elle releva les yeux vers le passeur et l’interrogea du regard.
— Ça vous dérange si je m’assois à côté de vous ?
— Pas du tout. Allez-y.
Après un hochement de tête, il s’exécuta. Ils restèrent un long moment silencieux, avant qu’il ne se décide à prendre la parole.
— Vous semblez pensive.
— Vous aussi.
Elle entendit son sourire dans ses mots quand il répondit.
— Je ne faisais qu’écouter votre silence. Il en dit parfois plus que n’importe quelle phrase.
Malgré elle, un éclat de rire amusé sortit de ses lèvres.
— Et que vous dit le mien ?
Il croisa son regard, ses yeux pétillant de malice, avant de redevenir sérieux.
— Il me dit que vous êtes terrifiée, non seulement de la situation actuelle, mais aussi du changement. Il me dit que vous tentez de vous replonger dans votre passé, jusqu’à le rendre réel. Il me dit que vous préféreriez mille fois y retourner plutôt que d’être ici.
— Vous êtes médium ? railla-t-elle, à moitié vexée.
Ce qui la blessait était surtout qu’il était très proche de la vérité. Ici, elle n’avait plus rien. Non c’était faux, elle avait le doute, le doute que tout ce qu’elle avait vécu auparavant n’ait une part de vérité.
— Ce n’est pas tout à fait vrai, reprit-elle. Bien sûr, je suis terrifiée et préfèrerais vivre sans aucune menace de mort. Comme tout le monde dans ce genre de situation. Mais je ne suis pas certaine de vouloir revivre le passé. Ce que je voudrais… c’est savoir.
Il haussa des sourcils intrigués, mais garda le silence, la laissant libre de continuer ses confidences, ou non. Les mots s’échappèrent d’elle, attendant depuis trop longtemps de pouvoir sortir.
— Dans le monde virtuel, j’avais une fille. C’était une merveille. Toujours souriante, enjouée et câline. Nous avons vécu des moments inoubliables. Mais aujourd’hui, je ne sais pas si tout ça était réel. Je ne sais plus si ma fille a réellement existé ou si elle n’était qu’une illusion.
Ses larmes commencèrent à couler silencieusement sur ces quelques mots. Elle reprit entre deux sanglots.
— Comment puis-je supporter ça ? Est-elle en vie dans un de ces horribles centres pour manuels ? Ou n’a-t-elle toujours été qu’une série d’octets ?
Son interlocuteur ne répondit rien. Il n’y avait aucun mot pour la soulager. Lui non plus n’avait aucune certitude à ce sujet. Après un court soupir, il passa un bras sur ses épaules et l’attira contre lui. Sa détresse le touchait. Il ne comprenait que trop bien ce qu’elle pouvait ressentir. Après tout, lui aussi avait perdu un enfant.
— Il n’y a rien que je puisse vous promettre, murmura-t-il d’une voix douce mais déterminée, mais je vais faire mon maximum pour vous garder en vie. Après vous pourrez découvrir le fin mot de cette histoire.
Jessie se laissa aller contre lui, laissant enfin libre cours à ses larmes et à sa peine. Benoît resta immobile, lui offrant le seul réconfort qu’il pouvait. C’était peut-être le seul moment de calme qu’ils pourraient savourer avant longtemps. Tout en la serrant dans ses bras, il écoutait attentivement les bruits autour de lui. Tout était calme dans le wagon ; ses compagnons avaient dû s’assoupir. Seul résonnait le bruit mécanique des roues sur les rails. Les trains étaient généralement peu surveillés, et il espérait avoir été assez rapide dans leur fuite pour que ça reste ainsi jusqu’à leur arrivée en terre africo-japonaise. Il déglutit difficilement. Même s’il n’en montrait rien, il avait peur lui aussi. Trop de données restaient encore inconnues. Où seraient-ils le lendemain à la même heure ? Seraient-ils seulement encore en vie ?

49