Even était une fée aux longues ailes transparentes, parcourues de petites veines d’un noir impénétrable. Enfin, il n’etait plus tout à fait une fee ! Il était une fée noire, une Daeron ! Ce qui voulait dire qu’il avait, il y a longtemps de cela, etait exposer au seul et unique moyen qui existait dans ce monde qui permettait la transformation d’une fee normale en Daeron. Mais aujourd’hui, il obéissait aux ordres de son maitre. Tuer. Et encore tuer. Oui, il fallait tuer les fées et toutes les autres créatures de ce maudit continent nommé Enenvial. Son maitre le voulait, et son maitre l’aurait ! Et la guerre ne faisait que commencer. Mais l’arrivée de cette drôle de petite créature misérable aux cheveux roses l’avait ébranlé. Elle avait surement un don, tout comme lui avait le sien. Ou quelque chose dans le genre. Even ramassa la petite chaussure qui avait perdu sa lumière et appela ses meilleurs traqueurs. Apres leur avoir ordonné de retrouver la propriétaire de la chaussure, il leur spécifia bien qu’elle devait être vivante (car avec eux, lorsqu’on traque, on tue). Puis, Even retourna aider ses troupes à détruire le pittoresque petit village et ses habitants, ou ceux qui restaient, car il avait dû relâcher son bouclier et les fées avaient pu s’échapper. Maudissant la jeune fée aux cheveux roses, Even pulvérisa l’une de ces créatures volantes en l’emprisonnant dans un bouclier qu’il projeta contre le sol.

Lorsqu’Elerinna se réveilla, elle ne sut où elle se trouvait. L’endroit était sombre, humide et elle devina rapidement qu’elle était allongée sur de la terre, l’odeur était très présente. Elle se dirigea vers la sortie mais butta contre un obstacle. Un corps. L’odeur du sang parvint à surmonter celle de la terre. Une odeur de fer. Une odeur de mort … Elerinna tira difficilement le corps d’Anelle vers la sortie. Une fois dehors, elle l’examina consciencieusement. Mais c’était trop tard, la fée était retournée auprès des Dieux. Cryptus vint s’asseoir près de la jeune fée qui pleurait a chaude larme sa protectrice perdue.
– C’est à cause de moi Cryptus, s’affligea-t-elle, regarde ce que j’ai fait ! je ne suis même pas capable de comprendre mes propres rêves !
Il lui lécha doucement le creux de la main, tentant en vain de la réconforter. Elerinna pleura pendant longtemps. Au bout d’un moment, Cryptus se raidit soudainement dans les bras de sa maitresse. Elerinna laissa ses sens parcourir la foret. Une bande de gobelins approchaient, il fallait partir. Elle sentait leur pas lourds et rapides resonner au centre de la terre et grace a ses facultes de fee des roches, elle devinait leur appartenance a l’armee de Gobelin. Apparemment, Anelle n’avait pas pu la porter très loin du village en feu. Elerinna ne put donc pas lui offrir une mort décente et dut s’en aller au plus vite, quittant le corps de la femme avec un regard plein de regrets. Elle récupéra son sac resté à l’intérieur de la tanière, et s’enfuie vers l’Ouest. La vallée était silencieuse. Toute la foret ressentait l’invasion des gobelins et ne pouvait intervenir. De ce qu’elle put voir en fuyant, les gobelins n’était pas très silencieux, mais à leur façon de la traquer (car apparemment c’était elle leur proie), ils semblaient posséder un flair qui leur permettaient de la suivre à la trace. Mais Elerinna était une fée, et elle faisait en quelque sorte partie de la foret. Elle en apercus un, habille d’une sorte de tunique en cuir crasseux surmontée d’une curieuse chemise en fer. Elle accelera son allure pour les semer. Elle marchait silencieusement, remontant les ruisseaux ou encore montant aux arbres pour continuer sa route le long des branches, semant la confusion des traqueurs qui n’étaient pas des acrobates. Mais lorsqu’elle se faisait rattraper, les jeux d’acrobaties n’avaient plus d’importance et elle filait en ligne droite. Elerinna avait tres peur. Cryptus quant à lui ressentait l’approche de ces créatures primitives qui les suivaient depuis l’aube. Il sentait le danger qu’ils courraient, lui et sa maitresse. Mais malgré tous les efforts déployés par la jeune fée, les créatures se rapprochaient.

Elerinna couru toute la journée. Mais comme toutes les autres créatures, les fées n’étaient pas inépuisables non plus ! La jeune fille finit par sentir ses muscles se contracter à chaque effort qu’elle faisait, et la fatigue accumulée depuis plusieurs jours retombait. Elle finit par entendre le bruit des branches qui craquent dans son dos et eu le réflexe de se baisser, ce qui lui sauva la vie. Un javelot d’ébène fendit l’air et frôla le dessus de sa tête. Elerinna fit un écart pour éviter l’objet et accéléra sa course. Elle déboucha soudainement dans une clairière éclairée par les derniers rayons du soleil, qui donnait à celle-ci une teinte chaude et agréable. Elle voulut atteindre le côté opposé de cette dernière mais se retrouva face à face avec un groin épouvantable qui la sniffa bruyamment. Les gobelins encerclèrent la jeune fée et échangèrent des paroles. Enfin, si par paroles on peut dire des espèces de grognements et des reniflements ! Un des gobelins voulu l’attraper, mais Elerinna s’esquiva habilement les pattes griffues qui voulait la saisir. Elle recula au milieu de la clairière et attendit que les créatures approchent. Elles pointèrent sur elle leurs lances aiguisées mais ne firent aucun geste pour s’approcher de la jeune fille. Etonnée, Elerinna les regarda plus attentivement. Etais-ce une technique pour endormirent sa vigilance ? C’est alors qu’elle remarqua un geste qui ne lui échappa pas. Les gobelins en face d’elle essayaient de détourner le regard du soleil. Les autres restaient à l’abri du couvert des arbres.
‘’ Je vois, ils craignent la lumière du soleil, c’est pour ça qu’ils attaquent la nuit ! Compris-t-elle, Voilà quelque chose qui va m’être bien utile ! Ah moins que je n’atteigne pas la capitale …’’
Elerinna regarda le soleil se coucher lentement à l’horizon.
‘’ Lorsqu’il aura disparu, ils attaqueront. Mais si pendant les derniers instants je réussi à leur jouer un tour, peut-être que je pourrais m’en sortir ?’’
Pendant qu’Elerinna réfléchissait au meilleur moyen d’échapper aux gobelins, eux, s’impatientaient de la lenteur de ce globe éblouissant. Le temps s’écoula ainsi jusqu’à ce que le soleil ne devienne qu’un demi-cercle à l’horizon, Elerinna fléchit les genoux, prête à agir au moment venu. Les gobelins commencèrent à s’agiter. Lorsque les derniers rayons éclairèrent la petite clairière, le soleil ébloui temporairement les créatures en face d’Elerinna. Elle choisit cet instant précis pour se faufiler entre les lances. Les gobelins voulurent intercepter la jeune fille, mais elle leur glissa entre les pattes et détala. Elerinna couru à en perdre haleine à travers les arbres. L’obscurité envahissait rapidement la forêt, elle ne pourrait plus voir grand-chose. Malheureusement, les gobelins, eux, possédaient une vision nocturne. Il leur serait facile de la rattraper et de la tuer dans le noir. Une branche se brisa à sa droite. Elerinna tourna légèrement à gauche, normalement elle ne devrait pas tarder à rencontrer un cours d’eau. A moins qu’il ne se trouve à droite … Elle décida de continuer sur sa lancée. Le clapotis de l’eau parvint enfin à ses oreilles et Elerinna redoubla d’effort. Elle déboula sur le bord de la rivière bordée par de petits galets gris. Soudain, une ombre surgit à ses côtés tandis qu’elle entrait dans l’eau glacée. Le gobelin la saisi par le bras et voulu la tirer sur la grève, loin de l’eau. Trois autres créatures arrivèrent, sortant des fourrés sous la douce lueur de la lune, comme sortis des ténèbres. Elerinna se débattit et réussi presque à se défaire de l’étreinte de la patte griffue qui lui déchirait la peau. Le sang coula le long de son bras et goutta sur les galets. Les gobelins parlèrent entre eux dans leur langue râpeuse et dégoulinante. Horrifiée, Elerinna vit l’une des créatures se saisir d’une lance et la brandir vers elle. L’éclat de la lame réfléchit la lumière de la lune et éclaira le regard haineux du gobelin, dévoilant aussi ses crocs aiguisés. Sans trop y réfléchir, Elerinna réussi à se défaire de l’étau de fer qui lui enserrait le bras et brandit ses mains vers son agresseur interloqué. Ces dernières se mirent alors à luire de la même lumière rosée que celle qui avait enveloppé sa chaussure. En seulement quelques secondes, la lumière devint si intense, si eblouissante que les créatures durent se protéger les yeux. Tout à coup, cette energie lumineuse jaillit à une vitesse effrayante vers les gobelins éblouis. L’explosion fit trembler la terre, les cailloux sur la rive volèrent en éclat et Elerinna fut projetée en arrière et atterrie dans l’eau de la rivière. Affaiblie et paralysée par la température glaciale de l’eau, elle ne put résister au courant puissant qui l’emporta. Cryptus s’accrochait avec peine à sa maitresse qui tentait de garder la tête hors de l’eau. Ils furent ainsi portés sur plusieurs mètres, quand Elerinna entendit la cascade. Elle réussit à s’accrocher juste à temps à un rocher mais le courant était trop puissant et lui fit lâcher prise. Elerinna et Cryptus tombèrent dans les flots mouvementés et sombrèrent dans les profondeurs glacées de la rivière.

Les gobelins se relevaient avec peine. L’obscurité était de nouveau revenue et un cratère s’étalait désormais sur la rive. Deux des leurs avaient été incendiés par le feu rose de la petite créature qui les avait éblouis. Ils avaient voulu se débarrasser de cet être terrestre contrairement aux ordres reçu. Les gobelins étaient rebelles. Malgré la défaite cuisante qu’ils venaient de recevoir, la traque continuerait. Apres un court échange, ils envoyèrent l’un des leurs pour réclamer des renforts. Le petit maitre ne serait pas content, mais il avait quand même décidé de récupérer la fée. Les gobelins s’installèrent sous les arbres et commencèrent à dévorer les cadavres calcinés de leurs congénères en attendant les renforts.

Lorsqu’Even vit le traqueur revenir dans la grotte, il sentit la colère monter en lui. La pauvre créature s’approcha craintivement de son maitre et se jeta à ses pieds, le visage coller au sol. La bave dégoulinait de sa bouche et ses mains tremblotaient comme des feuilles mortes dans le vent. Even le regarda dégoûté mais ne fit aucun commentaire, maudissant plutôt leur incompétence.
– Parle, exigea-t-il avec la voix la plus froide dont il était capable.
Le gobelin trembla légèrement et releva le regard vers son maitre :
– La fille échappée à nous, mon maitre.
Even se leva d’un bond et frappa la créature d’un coup de pied dans le ventre, l’envoyant valser contre le mur.
– Je le sais déjà ! hurla-t-il, Dis-moi quelque chose que j’ignore sinon je te jette en pâture au Sitrions !
Le gobelin se releva faiblement et jeta un coup d’œil à la sortie d’un air désespéré.
– Tu veux t’enfuir ? le menaça-t-il en ricanant méchamment, Ose sortir d’ici sans mon autorisation et tu es mort pauvre larve !
Even se rassit sur son siège en pierre et reprit un air calme.
– Que voulez-vous ? demanda-t-il finalement après l’avoir longuement observé
– Nous vouloir plus de mains, dit le gobelin, pas assez de mains, déjà plusieurs de mort alors besoin de plus de mains pour capturer fée. Fée rapide, elle échappé nous alors …
– Je t’en donne cinq, pas plus pas moins c’est compris ? la créature hocha vivement la tête en signe d’approbation, et si vous ne revenez pas avec elle, reprit-il, je vous attacherez dehors pendant une semaine, Décida Even, je vous attacherez tous pendant une semaine.
Le gobelin s’enfuit sans demander son reste de la cavité en pierre. Even se leva et approcha du rebord de la grotte qui lui servait de chambre. Sous lui s’étalait une grotte immense, les gobelins avaient élus domicile ici, c’était leur quartier général. Un chemin reliait la grotte jusqu’en haut de la falaise. Even passait désormais ses journées à dormir et toutes les nuits, il reprenait les combats avec sa horde de gobelins affamés. Cela faisait des mois qu’il avait quitté son maitre pour embarquer à bord d’un navire en direction d’Enenvial. Ils avaient finalement débarqué ici par une nuit tranquille pour semer la panique dans les villages côtiers. Il avait alors retenu ses frères et ses sœurs pour les regarder mourir avec délice sous ses yeux. L’odeur du sang et du feu lui plaisait énormément. Il trouvait ca revigorant. Il regarda une dernière fois les navires de guerre qui mouillait dans la baie et retourna dans sa grotte pour décrire à son maitre l’avancée des troupes sur le continent.

Il y avait sur Enenvial plusieurs espèces de fées qui vivaient un peu partout sur le continent. Les fées des glaces par exemple, habitaient dans le Nord et le Sud ou elles pouvaient être dans leur élément : la neige et le froid. Certaines, les plus fortes, arrivaient à geler des objets petits ou gros. Mais d’autres en étaient incapables ! Elles étaient n’est en moins toutes capables de refroidir une pièce selon leur humeur et resister aux temperatures extremes. Mais elles étaient rares et se cachaient la plupart du temps des autres fées dans les landes et les forets glacees du Nord et du Sud. Il y avait aussi les fées des eaux, qui pouvaient déterminer la profondeur, les choses (poisson ou autre) qu’il y avait dans l’eau. Puis il y avait les fées des arbres, qui aimait s’occuper de leurs arbres et construisaient leurs habitations dans les grosses branches, elles aidaient les plantes à pousser et s’en occupaient mieux que personne. Les fées des roches qui habitaient a même le sol ressentaient les vibrations de la terre et pouvaient déterminer quelle créature marchait en entendant le son de leurs pas et qui connaissaient les plantes et leur fonction (elles étaient d’ailleurs réputées pour leur maitrise des plantes medicinales). Ces dernières vivaient principalement sur les côtes. Donc, lorsque les fées des roches vinrent prévenir les autres fées de la vallée, toutes les créatures volantes fuirent vers l’ouest. Mais certaines restèrent, ne voulant croire à une invasion sur leurs terres. Liam était une fée des eaux. Quand son père revint avec la décision de partir, sa petite sœur et sa mère étaient parties cueillir des fraises des bois. Il allât donc les chercher pendant que son père récupérait leurs affaires. Liam courait dans les bois en appelant sa sœur, mais étant encore mineur, il ne pouvait survoler la foret pour retrouver Daniala et sa mère.
– Mère ! Dani ! hurla-t-il
Il longea le ruisseau, faisant fuir un couple de libellule, et s’enfonça entre les arbres. Le village de Liam se situait dans le sud de la vallée à quelques kilomètres de la mer le long d’une petite riviere. Apparemment, d’après les renseignements des fées des roches, les villages côtiers étaient les premiers à subir l’invasion. Les créatures remonteraient surement jusqu’à eux apres en avoir terminer avec le bord de mer. Il fallait donc se dépêcher de rejoindre le refuge que les fées avaient prévu, dans les montagnes jumelles à l’Ouest. Liam avait les yeux noirs, d’un noir tellement profond qu’on ne voyait presque plus sa pupille, il était assez grand et bientôt, il dépasserait son père. D’ailleurs, d’après lui, Liam ne tarderait pas à atteindre sa maturité d’ici peu. Préférant revenir vers la rivière, Liam retourna sur ses pas. Les fées d’eau n’aimaient pas vraiment s’attarder dans les bois, trop sombres et trop découverts à leur gout. Elles preferaient etre a proximite d’un endroit ou l’on pouvait entendre le doux clapotis de l’eau. Peut-être étaient-elles allées se baigner ?
– Mais ou est-ce qu’elles sont passées ? s’interrogea-t-il.
Il finit par sortir des broussailles et déboucha sur la rive de la rivière. C’est là qu’il aperçut le corps. Il flottait sur l’eau paresseusement, entrainé par le courant. Liam se précipita dans la riviere et plongea. En arrivant vers la malheureuse créature, il la retourna pour la relâcher aussitôt. Cette dernière était entièrement calcinée et laissait derrière elle un sillon noirâtre dans l’eau transparente. Liam laissa partir le corps, épouvanté. Il avait eu la preuve que l’invasion était en route. Cette créature, même entièrement brûlée, n’était pas féerique. Il sortit de l’eau et continua ses recherches sur la rive, priant pour ne pas y trouver quelqu’un qu’il connaissait. Il butta soudainement sur un obstacle et s’étala de tout son long sur la berge.
– Mais qu’est-ce que … ?
Une jeune fille était allongée face contre terre dans les roseaux. Ses longs cheveux roses trempaient dans l’eau de la rivière et sa tunique verte était déchirée et brulee a certains endroits. Liam la retourna et inspecta l’état de la fée. Il posa son oreille contre la bouche délicate de la fille et attendit. Une douce chaleur réchauffa sa peau, elle était vivante ! Liam voulu la transporter quand un petit animal sortis prestement de la poche de la jeune fille pour se poster en feulant sur son ventre d’un air possessif.
– Hola ! Doucement mon ami, je veux seulement l’aider, protesta Liam en tendant la main.
Ne voulant rien entendre, Cryptus émit une plainte aiguë en montrant les crocs. Il se dirigea vers Elerinna et se mit à lui lécher le visage. La jeune fée battit des paupières et se releva d’un bond, envoyant Cryptus dans l’eau. Il n’eut pas le temps de réfléchir à quoi que ce soit d’autre et se retrouva projetée vers l’arrière, heurtant durement le sol avec sa tête. Déboussolé, Liam regarda la cause de sa chute. Elerinna était assise sur lui, tenant fermement les bras de son sauveur, l’immobilisant ainsi au sol sous son poids. Il retint un gémissement et essaya en vint de se libérer de l’étreinte de fer dans laquelle elle l’emprisonnait.
– Refais un geste et je t’assomme espèce de tueur a deux balles, l’insulta la jeune fille, je te promets que tu regretteras d’être venus au monde !
Liam regarda le doux visage d’Elerinna encadré par ses cheveux roses, ses beaux yeux bleus, d’un bleu azur magnifique, le fixaient avec une haine hors du commun.
– Se serait possible que vous descendiez ? demanda-t-il en cherchant son souffle.
– Plutôt mourir, répondit-elle, tu crois pouvoir t’en sortir comme ça ? Tu rêves !
– S’il vous plait ? tenta-t-il tout de même, En fait vous m’écrasez la poitrine la !
Elerinna le regarda de plus près, se penchant pour examiner la fée.
– Mais vous n’avez pas les yeux blancs ! s’exclama-t-elle en descendant de la poitrine du jeune homme en rougissant.
Liam roula sur le ventre et se releva en fixant attentivement la fée. Pas question qu’elle lui refasse un coup comme ça !
– Bien sûr que non ! finit-il par répondre sur la défensive.
– Je ne comprends pas, fit-elle, vous n’êtes pas une Daeron ?
– Une quoi ?
– Laissez tomber, ce n’est pas vos affaires !
Elerinna ne comprenais pas. Lorsqu’elle s’était réveillée, elle avait vu cet homme penché sur elle. Avec ses cheveux noirs, elle l’avait pris pour la Daeron qui combattait avec les gobelins. La jeune fille se retourna et fixa le garçon. Ses cheveux mi- long était bien noirs, mais a mieux y regarder, on pouvait apercevoir des reflets bleus marines, et ses yeux étaient noirs, pas blancs !
– Je suis désoler, je vous aie pris pour quelqu’un d’autre, s’excusa-t-elle finalement.
– Eh ben ! fit Liam, Je ne voudrais pour rien au monde être cette personne ! s’exclama-t-il joyeusement, tentant de faire sourire la belle inconnue.
Elerinna fait une grimace et baissa la tête. Cryptus, qui sortaient de l’eau, s’ébroua et se rapprocha de sa maitresse pour s’asseoir à ses côtés.
– Je m’appelle Elerinna, Dit-elle, Et voici Cryptus, c’est mon ami.
Le petit animal releva la tête et regarda Liam en penchant la tête sur le côté.
– Moi c’est Liam, répondit-il, je peux savoir ce que vous faisiez dans la rivière ? Normalement toutes les fees doivent fuir vers l’Ouest parce que …
Puis le souvenir de sa sœur et de sa mère lui revint en mémoire. Le temps pressait et Liam devait les retrouver.
– Excusez-moi, mais je dois y aller, il faut que je retrouve ma mère et ma sœur !
Il hésita et regarda Elerinna.
– Vous voulez venir ?
– Savez-vous ce qui se passe en ce moment ? lui demanda-t-elle anxieuse
– Bien sûr, qui n’est pas au courant ! rit Liam avec un petit air triste, excusez-moi, je dois vous paraitre moqueur surtout dans de telles conditions il ne faudrait pas en rire …
Elerinna sourit et plongea son regard envoutant dans celui du jeune homme. Liam sentit son cœur battre contre sa poitrine et dégluti avec difficulté.
– Je … vous voulez m’aider à les retrouver ? demanda-t-il embarrassé
– Oui avec plaisir !
La jeune fille chercha l’image de la mère et de la sœur du jeune homme dans sa tête, puis, une fois cela fait elle parcouru la foret avec ses sens et trouva les deux fées parmi d’autres créatures volantes. Elle ressentit aussi le pas lourd des gobelins, maintenant proches.
– Elles sont au village, déclara Elerinna, nous devrions vraiment y aller, ils ne sont plus très loin !
Liam la regarda avec consternation.
– Comment savez-vous tout cela ?
Elerinna fronça les sourcils, perplexe,
– Je ne sais pas, fit le jeune fille perplexe, je voulais vous aider et … je crois que j’ai regarder dans votre esprit … c’est un peu compliquer a expliquer. Mais je suis une fée des roches donc je peux localiser les personnes grâce ou son qu’elles produisent en marchant sur le sol …
– Ah, fit Liam, oui c’est pour ça ! Mais … je ne pense pas que les autres fees des roches puissent en faire autant que vous … et comment savez-vous que ce sont elles ? Enfin bon, retournons au village on verra ca là-bas ! Vous venez ? dit-il en lui faisant signe de le suivre.
Les deux jeunes gens se dirigèrent rapidement jusqu’au village un peu plus loin. Lorsqu’ils arrivèrent, Elerinna paru perdue parmi toutes ces fées, Liam lui prit la main et l’entraina ver sa famille qu’il avait repéré non loin. Elerinna suivi le jeune homme qui la menait à travers la foule ailée. Elle avait était surprise par la question de Liam. Elle savait évidement que les fées des roches pouvaient retrouver l’énergie d’un être en touchant simplement le sol. Mais le jeune garçon avait effectivement relevé quelque chose de bizarre. Pourquoi pouvait-elle reconnaitre les deux personnes ? Les fées des roches ne pouvaient que dire si c’était un lapin, une fée … mais pas qui il était, pas d’âge, ni de sexe, ni aucune information. Seulement la race. Pour une fois, la jeune fille regretta de ne pas avoir passé un peu plus de temps avec les fées de son village. Peut-être aurait-elle pu faire des comparaisons ?
– Liam !!! s’écria une petite voix
Les parents du jeune homme se retournèrent et vinrent vers leur fils, soulagés.
– Où étais-tu encore ? le questionna son père, tu sais qu’on t’a cherché partout bonhomme ?
Il remarqua alors la présence de la jeune fée aux côtés de son fils.
– A qui ais-je l’honneur ? s’enquit-il.
Avant qu’Elerinna ne puisse articuler un mot, une petite fée aux longs cheveux de jais lui arrivant jusqu’à la taille se campa devant Liam et croisa les bras en faisant la moue. Ses yeux noir lançaient des éclairs.
– Liam, tu es en retard ! fit-elle, moi ze suis pressée de partir ! Papa m’a promis que j’aurais des framboizes si ze me dépêchait !
– Pardon Dani, s’excusa Liam en esquissant un sourire amusé, tu me pardonnes ?
– Oui, mais zeulement zi tu me donnes une galette en plus des framboizes !!! ordonna la fillette.
Elle tourna la tête vers Elerinna et Cryptus qui se léchait les pattes sur son épaule. La jeune fille s’agenouilla pour être à la hauteur de la petite qui ouvrit de grands yeux admiratifs devant le petit animal.
– Tu le veux ? proposa Elerinna, si tu veux je te le prête.
– Moi z’est Daniala, se présenta la petite fée en zozotant, c’est vrai que ze peux le prendre ? T’inquiète ze vais pas l’écrabouillé ! lui assura la fillette.
– Hola Dani ! s’exclama Liam, excuse la ! elle est un peu …
– Non, ça ne me dérange pas, c’est adorable ! Moi c’est Elerinna, et lui il se nomme Cryptus, se présenta la fée.
La mère, une belle fée aux longues boucles brunes et aux yeux gris, s’approcha pour observer le petit écureuil qui grimpait paresseusement sur le bras de sa fille.
– Elerinna, c’est ça ?
La jeune fille hocha timidement la tête.
– J’ai remarqué que tu n’étais pas encore majeure, si tu veux, on peut demander à une fée de t’emmener avec nous !
Le père s’en alla à la recherche d’une fée volontaire. Puis, la mère fixa ses pieds dénudés, noirs de terres et de cendres. Elerinna rougie honteusement.
– Tu veux des chaussures ? Je pense que nous faisons la même pointure ! dit-elle en souriant.
– Merci beaucoup madame.
– Tu peux m’appeler Erine.
Le bourdonnement des fées s’amplifia. Le départ était proche. Le mari d’Erine revint avec une fée aux cheveux blonds comme les blés, portant une tunique marron écorce.
– Elerinna je te présente Ephal, lui présenta l’homme, il accepte de te porter jusqu’aux montagnes jumelles.
La fée lui sourit.
– Je vous remercie, fit Elerinna, j’espère ne pas être un trop gros fardeau pour vous.
Liam éclata de rire.
– Ne t’inquiète pas pour ça ! Je l’ai déjà vu porter beaucoup plus lourd !
Soudain, une étrange odeur attira le regard de la jeune fille vers l’Est. Une fumée noire tourbillonnait vers le ciel, faisant fuir les oiseaux terrifiés vers l’Ouest, cachant le soleil et remplissant l’atmosphère d’une odeur de brulée infernale.
– Ils arrivent, conclut-elle, il faut partir.
Dans une dernière poussée phénoménale, les fées s’envolèrent, transportant avec elles les fées mineures et leurs affaires personnelles. Ephal était quelqu’un de costaud, Elerinna savait qu’il la tiendrait et que jamais il ne la lâcherait. Erine portait sa fille, Daniala et Liam était porté par son père. Elerinna sentait le regard admiratif du jeune homme sur elle. Elle aurait le droit à un interrogatoire de la part de la fée qui mourrait d’envie de la questionner sur ses mystérieux pouvoirs. L’étrange essaim de créatures ailées avait pris la direction des montagnes jumelles à l’Ouest de la vallée, ces deux montagnes s’élevaient côte à côte près de la chaine de montagne d’Aerin qui séparait la vallée des fées du reste du continent. Il leurs faudrait plusieurs jours avant d’atteindre la capitale et être en sécurité. Les refugiées devraient faire de nombreuses pauses, mais cela valait mieux que mourir embrocher par une lance. Elerinna regarda les fées autour d’elle, chassée de leurs maisons par l’ennemi venu de l’Est qui brulait leurs terres et tuait les leurs et elle se jura de faire payer à cette race le prix du sang qu’ils avaient pris. Et pour ça, il fallait qu’elle soit forte. Beaucoup plus forte !

Parmi les ruines encore fumantes d’un village féerique, Even assista au départ des fées. Il observa le ballet aérien des créatures ailées en regrettant de n’avoir pu en tuer plus. Les gobelins autour de lui poussaient des grognements de mécontentement, n’appréciant pas vraiment de voir partir leurs proies. Even appela les gobelins qui le servaient et leur ordonna de continuer les combats jusqu’à l’aube sans sa présence. Il s’envola sans plus de commentaires et se dirigea vers les falaises ou les gobelins avaient établis leur repaire. Réprimant un soupir fatigué, Even arriva à l’entrée de la grotte côtière. Il pénétra sans peine à l’intérieur de l’immense édifice et se posa dans sa chambre. Se dirigeant vers sa table, il se saisit d’un bout de papier et annonça par écrit, le départ des fées vers leur ville principale. Bientôt, Even conduirait les gobelins vers la chaine de montagnes qui s’élevait à l’Ouest de la vallée. Il gouvernerait aux côtés de son maitre le continent qui leur revenait de droit : Enenvial. Ce continent était leur, et toute les créatures qui ne voudraient pas se soumettre mourraient. Even réprima un sourire de satisfaction. La suite des plans imposés par leur maitre était nettement plus intéressante … Il éclata d’un rire froid et cruel qui se répercuta dans la grotte et lui donna une tonalité d’autant plus terrifiante.

Dans l’océan Elwing vivait toute sorte de créatures marines. Cet océan se situait à l’Est du continent surnommé Enenvial, il avait était nommé ainsi par les créatures terrestres car ils avaient, à de nombreuses reprises, aperçus au loin une pluie d’étoiles s’abattre sur les flots mouvementés et sombrer dans les profondeurs abyssales. Elwing était l’océan de la pluie d’étoiles. Et c’était là qu’habitait Earwen. Elle vivait avec les siens dans les profondeurs sombres de l’océan. Douce et agile, elle aimait se balader près des coraux non loin des côtes … Malheureusement, les tritons interdisaient aux jeunes de s’aventurer au-delà des limites imposées. C’est pour ça qu’elle le faisait. Earwen n’était pas une jeune fille très obéissante, la plupart du temps elle fuyait les siens pour découvrir de nouveaux endroits. Et c’est là qu’elle fit la découverte. Celle qui allait bouleverser sa vie et celle du peuple des mers. Le temple.
Ce jour-là, elle était partie dans les fins fonds de l’océan, ses longs cheveux verts ondulaient au fil des courants marins et Earwen fonçait vers les profondeurs. Les poissons lumineux s’éclipsaient a son passage et se rallumaient dans son dos, continuant leur démarche silencieuse. Elle s’engouffra plus loin dans la faille sous-marine et longea les parois de pierres brutes recouvertes de coquillages et d’algues ternes. Descendant plus profond, Earwen tomba nez à nez avec un poisson des profondeurs qui la contourna sans plus de façon. Ses gros yeux globuleux la regardèrent pendant un instant et il disparut dans la pénombre de l’eau. La sirène s’arrêta face à un rocher grisâtre, elle n’était jamais allée plus loin dans la faille. Ici, c’était un des endroits les plus profonds de la mer d’Elwing, emplis de danger marins, les tritons devaient faire attention en y descendant. C’est pour ça qu’ils préféraient s’installer dans les plaines autour de la crevasse. Mais Earwen était curieuse et s’avança plus encore dans l’obscurité de la crevasse silencieuse, laissant derrière elle, la clarté de l’océan. La ville où habitaient les tritons était des ruines d’une ancienne civilisation, tout en arche délicates et en tours gigantesques, la forteresse avait probablement été engloutie par les flots il y a longtemps de cela. La faille s’étendait au beau milieu de la ville, comme une plaie béante, ouverte sur un trou de noirceur. Les tritons étaient un jour tomber dessus en déambulant dans l’immensité de l’océan et avaient décidé de s’y installer. Depuis ce temps, la ville avait connus des modifications et était désormais légèrement différente et en meilleur état. Les tritons y évoluaient en paix, ne s’intéressant nullement aux mondes alentours. Mais Earwen n’était pas du tout d’accord. Ses petites excursions lui permettaient de fuir les responsabilisées qu’elle devrait un jour assumer. Contournant un rocher escarpé, elle descendit encore plus bas, et tomba sur le temple. Enfin, ça devait surement être un temple, ou peut-être pas, en fait elle n’en avait aucune idée. Mais ça ressemblait à un temple … S’approchant craintivement de la construction titanesque, Earwen étudia scrupuleusement le bâtiment en pierre blanche, désormais recouvert d’algues grises et de coquillages difformes. Elle admira la construction énorme qui, imposante, prenait presque toute la largeur de la crevasse. La jeune triton remonta le long de la façade et aperçu une inscription gravée, recouverte d’algues et donc illisible. Elle s’approcha et dégagea du mieux qu’elle put la pierre usée par les années au fond de la mer. Les lettres finirent par ressortir et se mirent a luirent doucement, comme le faisait les méduses quelques fois.
‘’ Quelle curieuse découverte, se dit Earwen, je n’ai jamais vu ça, je ne connais pas cette langue, et pourtant je suis sure que ce temple appartient à la ville. Il a dû sombrer lorsque la faille s’est formée. Mère serait contente d’apprendre ça ! ‘’
Puis elle réfléchit. Sa mère lui demanderait à coup sûr comment elle avait su ou était ce temple.
‘’ Tout compte fait, je ne vais pas lui dire … c’est mieux comme ça !‘’
Et elle entra dans l’édifice. La fraicheur de l’endroit surpris la jeune sirène. Des pans de murs s’étaient effondrés et les pierres éparpillées par-ci par-là étaient grosses comme des baleines à bosses. Une vitre multicolore, légèrement brisée sur le côté droit, éclairait l’intérieur du bâtiment, envoyant des reflets colorés sur les murs et le sol. La catastrophe avait du être violente et longue vu l’état de déconstruction. La lumière de la rosace sur le mur du fond s’étalait sur une table en pierre ou de curieux glyphes étaient gravés sur le pourtour. Dessus, sur une espèce de socle doré, reposait une pierre transparente, ou des fils multicolor entrelacés, formant des spirales aériennes, pulsaient comme de fines veines lumineuses. Earwen s’approcha totalement fascinée par la beauté céleste du caillou. Sa taille ne dépassait pas celle de son poing, et elle constata la pureté de la pierre qui reposait sur son socle d’or depuis des siècles. Une telle merveille reposait ici depuis la nuit des temps, et pourtant, personne ne connaissait son existence ? Elle tendit doucement sa main palmée et voulu se saisir de la pierre, cette dernière se mit à briller au contact de la jeune fille.
‘’ – Qui me dérange pendant mon sommeil ? fit une voix profonde et grave, que celle ou celui qui tente de s’emparer de moi prononce son nom ! ‘’
– Elle parle ! s’exclama Earwen, Ce n’est pas possible, il faut que je m’en aille !!
– Attend ! Exigea la voix, je t’ai poser une question. ‘‘
La jeune fille hésita.
‘’ – Je suis Earwen, de la famille Dubraeche.
– Que viens-tu faire ici ? demanda la voix.
– Je … je voulais visiter les lieux ? bafouilla la jeune fille.’’
La voix éclata d’un rire qui fit trembler les fondations de pierres.
‘’ – Non, tu es la pour autre chose, fit la voix.
– Alors si vous savez pourquoi je suis là, pourquoi me posez-vous la question ? s’empourpra la jeune triton vexée.
– Tu m’as l’air assez débrouillarde, dit alors la voix, quoiqu’un peu impolie mais ça ira.
– Comment ça, ça ira ? demanda la jeune fille interloquée, qui êtes-vous ? Et que me voulez-vous ? dit-elle avec méfiance. ‘’
Il y eu un silence. L’édifice lui sembla en cet instant monstrueusement vide et silencieux. Craignant pour sa vie, la sirène eu un frisson de peur.
‘’- Je suis Enefastel, annonça alors la voix avec gravité, et je veux que tu m’emmènes sur la terre. ‘’
Et la pierre se délogea de son socle.

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